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Un véritable musée des beaux-arts… le Museo Nacional de Arte Decorativo de Buenos Aires
Texte et photos de Céline et Jacques Lanciault
Voici le 22e d’une série de reportages sur notre superbe odyssée à Buenos Aires en Argentine, un périple réalisé à la fin de l’hiver 2016!
Buenos Aires, Argentine, vendredi 4 mars 2016 - Pour la dernière visite de notre sixième journée à Buenos Aires, nous entrons au Museo Nacional de Arte Decorativo. Évidemment, nous nous attendons à admirer des chefs-d’œuvre d’architecture intérieure, des décorations, du mobilier et de l’ameublement! Oui, nous en verrons, mais nous verrons aussi beaucoup, mais vraiment beaucoup d’œuvres d’art de « grands maîtres »!
Des sculptures de Jean-Baptiste Carpeaux, d’Auguste Rodin, d'Antoine Bourdelle, et autres. Des toiles de Lucas Cranach, de Jean-Honoré Fragonard, d’Henri Fantin-Latour, de Claude-Michel Clodion et même une de Charlie Chaplin!
Une superbe visite.
Photo ci-dessus : Le « Salón de Madame », avec l’utilisation du mot « Madame » dans le titre espagnol de la pièce, est décoré dans le style Louis XVI avec des fauteuils confortables, des tables et des secrétaires du XVIIIe siècle. C’était la pièce où Josefina de Alvear de Errázuriz recevait ses amis chaque semaine.
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Il est 16 heures et nous sommes maintenant devant l’édifice du musée national des arts décoratifs, le Museo Nacional de Arte Decorativo de Buenos Aires en espagnol.
Comme nous l’avons mentionné dans notre texte précédent, ce musée a été créé en 1937. Il prend place dans l’édifice qui fut à l’origine la résidence de la famille de Josefina de Alvear et de son mari Matías Errázuriz Ortúzar.
Photo ci-dessus : Le bâtiment, conçu par l’architecte français René Sergent (1865-1927), a été construit en 1911 dans le style éclectique français qui fit tant fureur dans la ville de Buenos Aires au début du XXe siècle.
Devant l’édifice prennent place quelques belles sculptures, dont La Culpa de Luis Torralva (1902-1985), un élève d’Antoine Bourdelle, et Banderas de Ricardo Dagá (1931- ).
Photos ci-dessus : « La Culpa », une œuvre réalisée en 1931 par le sculpteur chilien Luis Torralva, un élève d’Antoine Bourdelle… qui avant de devenir sculpteur fut, dans les années 1920, le plus grand joueur de tennis du Chili.
Photo ci-dessus : Une œuvre en marbre du sculpteur argentin Ricardo Dagá intitulée « Banderas ». L’artiste l’a réalisée entre 2001 et 2005… alors âgé de plus de 70 ans.
Nous entrons. Il nous en coûte 20 pesos argentins chacun, une véritable aubaine.
La première pièce dans laquelle nous pénétrons est l’antichambre. Au centre de la pièce, il y a une très belle sculpture en marbre. Elle est de Joseph Pollet (1814-1870) et est intitulée « La Noche ».
Photos ci-dessus : L’œuvre de l’artiste Joseph Pollet, né à Palerme en Italie de parents français, s’intitule « La Nuit ». Elle montre une jeune femme endormie, dont la tête tombe sur son épaule droite. Elle a les yeux fermés et ses muscles sont détendus. Ses bras sont levés et ses mains tiennent des fleurs derrière sa tête, alors qu’elles laissent tomber le voile que ses doigts retiennent. Le corps forme une arche qui reste dans un équilibre délicat, les pieds se croisant au-dessus du sol.
Sur les murs, il y a deux grands tableaux, des portraits de femmes importantes de la famille ayant habité les lieux! Les deux toiles de format géant ont été réalisées à 30 ans d’intervalle par le même peintre, Joaquín Sorolla y Bastida (1863-1923), un artiste catalan.
Photo ci-dessus : Une toile montrant madame Cornelia Ortúzar de Errázuriz, une œuvre peinte en 1907 par l’artiste espagnol Joaquín Sorolla y Bastida.
Photo ci-dessus : Et maintenant madame Josefina de Alvear de Errázuriz, une œuvre réalisée par le même artiste en 1937.
Il y a également une autre sculpture dans la pièce, une œuvre que nous connaissons bien. Elle est d’Auguste Rodin et a pour titre « Le baiser ». Mais ici, elle est titrée La eterna Primavera!
Photo ci-dessus : Un homme tient une jeune femme nue avec son bras droit… tout en l’embrassant! Les positions prises par les deux corps entrelacés résultent en une série de lignes arabesques offrant un jeu dynamique de lumière et d’ombre. Une œuvre magnifique réalisée par Auguste Rodin au XIXe siècle.
Sur un des murs prend place une toile en relief. Elle est titrée Cortejo de Bacantes. Elle est de Claude Michel (1738-1814), un artiste français qui œuvrait sous le pseudonyme de Clodion.
Photo ci-dessus : Un relief en terre cuite en forme d’assiette qui montre un groupe de six jeunes femmes joyeuses dans la cour. Elles sont habillées de robes légères et vont pieds nus. Elles participent à une fête orgiaque appelée Bacchanale, organisée en l’honneur de Bacchus, dieu du vin. L’œuvre est de l’artiste français Clodion.
Nous changeons de pièce et arrivons dans le Salón de Madame! Elle est décorée de meubles de style Louis XVI avec des fauteuils confortables, des tables et des secrétaires du XVIIIe siècle.
Photo ci-dessus : Le « Salón de Madame », la pièce où Josefina de Alvear de Errázuriz recevait ses amis chaque semaine.
Sur un des murs, il y a une tapisserie provenant de la manufacture des Gobelins de Paris. Elle date du XVIIIe siècle et elle représente Don Quijote curado por la Sabiduria, c’est-à-dire « Don Quichote guérit par la sagesse ».
Photo ci-dessus : Une tapisserie du XVIIIe siècle offrant encore aujourd’hui de superbes couleurs. La tapisserie a été réalisée à partir d’un dessin du peintre français Charles Coypel (1694-1752).
Sur un autre mur, une toile de Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) est affichée… il s’agit de El sacrificio de la Rosa, « Le sacrifice de la Rose ».
On y voit une jeune fille assise près d’un autel affichant une attitude d’abandon. Un personnage adolescent déploie ses ailes qui enveloppent la jeune femme… tout en brûlant de son flambeau une rose sur l’autel de l’Amour!
Photo ci-dessus : « Le Sacrifice de la Rose », une œuvre réalisée par l’artiste-peintre français Jean-Honoré Fragonard vers 1780.
Il y a une série de vases en porcelaine chinoise.
Photo ci-dessus : Une pièce en porcelaine chinoise.
Nous arrivons dans le « Grand hall », une pièce avec un très haut plafond. Il s’agit de la plus grande pièce de la résidence, la seule à double hauteur. Une galerie prend place à la mezzanine de trois des quatre côtés de la pièce… qui est décorée de cinq lustres. C’est autour de cette pièce que se développent toutes les activités de la maison.
Il y a un magnifique foyer.
Photo ci-dessus : Un des magnifiques foyers du « Museo Nacional de Arte Decorativo de Buenos Aires »… une œuvre d’Auguste Rodin! Il date de 1913 et fait 19,5 mètres de long par 15,7 mètres de large et il est haut de 10,8 mètres !
Et un non moins magnifique escalier!
Photo ci-dessus : Un escalier décoratif!
Sur une table prennent place deux arbalètes!
Photo ci-dessus : Une arbalète de chasse provenant d’Allemagne et datant des XVIe ou XVIIe siècles.
Les murs sont couverts de trois tapisseries « flamencos » tissées à Bruxelles à la fin du XVIe siècle. Elles sont de fils de laine, de soie, d’or et d’argent. Elles ont été réalisées dans l’atelier de Cornelius Mattens, selon les dessins de l’artiste italien Giulio Romano.
Photo ci-dessus : Une des trois superbes tapisseries qui décorent la pièce.
Photo ci-dessus : Un tableau de Lucas Cranach l’Ancien (1472-1553) intitulé « Lamentaciones sobre Cristo Muerto ».
Un tableau d’El Greco prend également place sur un des murs.
Photo ci-dessus : Une Vierge à l’enfant!
Nous passons ensuite dans le Salón Comedor. Une salle à manger décorée selon le style baroque français de l’époque de Louis XIV. Matías Errázuriz et Josefina de Alvear ont organisé des repas fréquents et de nombreuses rencontres sociales dans cette pièce. Jusqu’à vingt-quatre personnes pouvaient s’asseoir confortablement à la table qui prend place dans la pièce.
Photo ci-dessus : Nous pouvons y admirer deux porcelaines de Chine sur une petite table en marbre.
Photo ci-dessus : Et un dragon, « Perro de Fô », provenant de la dynastie Ming (1368 à 1644).
Photo ci-dessus : Une représentation de Louis XIV, le roi Soleil.
Photo ci-dessus : Deux statues torches encadrant une porte.
Photo ci-dessus : Une des grandes tables.
Photo ci-dessus : Une fort jolie sculpture.
Photos ci-dessus : Une magnifique tapisserie flamenco du XVIe siècle.
Photo ci-dessus : Une autre Vierge à l’enfant.
Nous nous assoyons pour regarder un petit film nous présentant les rénovations réalisées au toit de l’édifice et aux jardins en 2015.
Nous arrivons dans une pièce nommée Jardín de Invierno, une pièce qui fait le lien entre la salle à manger et la salle de bal. C’est ici que se tenait l’orchestre durant les réceptions. Elle servait également de fumoir.
Dans un couloir, il y a une sculpture en bronze de Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875). Elle est titrée El pequeno pescador napolitano, « Le petit pêcheur napolitain ».
Photo ci-dessus : Une des nombreuses versions du « Pêcheur à la coquille » aussi appelée « Pêcheur napolitain », une œuvre réalisée en 1858 par l’artiste français Jean-Baptiste Carpeaux.
Photo ci-dessus : Eh oui, et une autre fois, « Le Penseur » d’Auguste Rodin.
Photos ci-dessus : Une jarre en porcelaine de Sèvre datant du XIXe siècle… aux très belles couleurs
Nous montons à l’étage où se trouvent les galeries que nous avons vues tantôt.
Dans un coin de la première pièce où nous entrons, il y a une très belle statue en marbre sur une table. Il s’agit d’une réalisation de Jules Roulleau (1855-1895) intitulée Hebe y el Aguila de Jupiter, soit « Hébé et l’aigle de Jupiter ».
Photo ci-dessus : Dans la mythologie grecque, Hébé est la fille de Zeus et d’Héra. Elle personnifiait la jeunesse. Sa mère l’a livrée à Héraclès en mariage. Avec lui, elle a eu deux fils Alexiares et Aniceto.
Et les œuvres se suivent… une après l’autre!
Photo ci-dessus : Statues intitulées « Rytmo », une œuvre du sculpteur argentin Alberto Lagos (1885-1960).
Nous revoyons une miniature de la statue équestre du général Carlos María de Alvear… une œuvre du sculpteur français Antoine Bourdelle.
Photo ci-dessus : « La pescadora », du peintre espagnol Fernando Álvarez de Sotomayor y Zaragoza (1875-1960).
Photo ci-dessus : Une sculpture de bois. « Rey mago Camino a Belem »… un fragment provenant d’un retable du XVIe siècle.
Photo ci-dessus : Une belle horloge datant de 1770. Elle représente l’Alliance entre la France et l’Autriche. Elle est de Jean-Louis Prieur (1732-1795).
Nous passons maintenant dans un autre petit salon, le Salón de Familia, là où est conservée la collection de 200 portraits miniatures d’origine européenne. Il s’agit d’une donation de la comtesse Rosario Schiffner de Larrechea de Zubov, en mémoire de sa fille Tatiana. Il s’agit de la plus grande collection du genre en Amérique.
Dans cette salle prennent place également de magnifiques tableaux d’artistes importants tels que Jacob Cuyp, Carle van Loo, Jean Laurent Mosnier, Giovanni B. Lampi, entre autres.
Photo ci-dessus : Portrait de la princesse Kourakine, de Jean Louis Voille (1744-1796), un portraitiste français.
Il y a un superbe tableau de la comtesse Rosario Julia Zoubov. Elle est née en 1892 à Rosario de Santa Fe en Argentine. Son père, Emilio Oscar Schiffner, prussien, et sa mère Rosario Segunda de Larrechea, argentine, ont fait fortune dans la production de cannes à sucre et l’immobilier. Ils font partie des grandes fortunes du pays.
La comtesse, une des plus riches héritières d’Argentine, passe son enfance à voyager entre Buenos Aires, Berlin, Londres, etc.
Photo ci-dessus : La comtesse Rosario Julia Zoubov, un portrait réalisé par Zinaïda Serebriakova (1884-1967).
Photo ci-dessus : Une autre toile époustouflante. Elle est titrée « Familia holandesa con vista de Rhenen », elle est une œuvre réalisée en 1941 par Jacob Gerritsz Cuyp (1594-1652) et son fils Albert Cuyp (1620-1691).
Photo ci-dessus : Portrait de Tatiana Zubov, réalisé par Marie Thérèse Geraldy (1884-1965), une artiste peintre française. La jeune fille était l’enfant unique des comtes Zubov. Née en 1924, elle mourut très jeune en Uruguay en 1957.
Photo ci-dessus : Un magnifique plateau de porcelaine.
Finalement, nous passons rapidement sur la Galeria de los Tapices, la galerie des tapisseries, d’où nous avons une belle vue sur l’étage inférieur. Les tapisseries retracent la vie du prophète Tobias.
Nous croisons une belle chambre à coucher tout en rouge et une salle de bain quasi aussi grande que la chambre! Puis, nous voyons la chambre du fils des propriétaires!
Nous redescendons et nous retrouvons dans l’Escritorio. C’est le bureau privé de Matías Errázuriz. La décoration est de style Louis XVI et a été conçue par André Carlhian.
On peut y admirer un tableau de Charlie Chaplin, Retrato de una Joven.
Photo ci-dessus : Une toile peinte par Charles Chaplin et intitulée « Portrait d’une jeune fille ».
Photo ci-dessus : Une nature morte… du peintre du réalisme, le Français Henri Fantin-Latour (1836-1904).
Nous sortons à 17 heures… enchantés de notre visite.
Nous revenons tranquillement à l’appartement, marchant sous la pluie.
Nous arrivons à 17 h 45… évidemment épuisés.
À suivre…
Le Museo Nacional de Bellas Artes qui présente une collection des plus impressionnantes, dont majoritairement des chefs-d’œuvre des plus grands artistes européens… Pierre-Paul Rubens, Lucas Cranach l’Ancien, Diego Velázquez, William Adolphe Bouguereau, Auguste Rodin, Édouard Manet, Vincent Van Gogh, Edgard Degas, Berthe Morisot, etc., et aussi de grands peintres argentins, Prilidiano Pueyrredon, Benito Quinquela Martín, etc.
Photo ci-dessus : Notre deuxième coup de cœur chez les peintres argentins… Benito Quinquela Martín (1890-1977)!
Pour lire nos textes précédents sur Buenos Aires, cliquez sur les liens suivants :
1er texte: En route pour Buenos Aires en Argentine!
2e texte: Buenos Aires : plaza de Mayo, Casa Rosada... et de beaux monuments!
3e texte: La Catedral Metropolitana de Buenos Aires… un véritable musée!
4e texte: Les musées du Cabildo et du bicentenaire de l’indépendance argentine!
5e texte: La Galería General Güemes et les Galerías Pacífico!
6e texte: De l’art résolument moderne au Centro cultural Borges!
7e texte: Fascinante « flânerie » sur la calle Florida de Buenos Aires!
8e texte: Buenos Aires : première incursion dans le mythique quartier San Telmo!
9e texte: Les Porteños manifestent… la Basílica de Nuestra Señora de la Merced!
10e texte: Café Tortoni, église San-Ignacio... et place des héros des Malouines!
11e texte: L’Avenida 9 de julio et la plaza del Congreso… Wow!
12e texte: Plaza Houssay, faculté de Médecine de l’Université et Palacio de Aguas Corrientes!
13e texte: Le magnifique parc de la Plaza Lavalle et le superbe Teatro Colón!
14e texte: La synagogue, l’Obélisque de Buenos Aires… et le magnifique Palacio Barolo!
15e texte: Gomero, monuments et église superbe: la Basílica Nuestra Señora del Pilar!
16e texte: Buenos Aires : le cimetière de la Recoleta. Wow!
17e texte: L’enfilade de parcs de l’avenida del Libertador... de monuments (1re partie)
18e texte: L’enfilade de parcs de l’avenida del Libertador... de monuments (2e partie)
19e texte: Encore des monuments, le planétarium et le superbe « Jardin japonais »!
20e texte: Le Museo de Arte Latino Americano... des artistes du «Nouveau Monde»
21e texte: Buenos Aires : la plaza República de Chile… encore de superbes monuments!
Bibliographie
Atlas en fiches, Buenos Aires, Éditions Atlas, 2008;
Cartoville - Buenos Aires, Guides Gallimard, 2014;
Buenos Aires, Le petit futé, 2014, 360 pages;
Encyclopédie libre Wikipédia, Argentine, Buenos Aires, Plaza de Mayo, Casa Rosada, et plusieurs autres pages;
Escale à Buenos Aires, Ulysse, 2014, 176 pages.
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