Le « Musée de la Yougoslavie » ou plutôt le « Centre mémoriel Josip Broz Tito »!

Texte, recherches et photos de Céline et Jacques Lanciault

Voici le 35e d’une longue série de reportages relatifs à un voyage époustouflant qui nous a menés d'Innsbruck à Bucarest en passant par une longue croisière sur le Danube. Un périple que nous avons réalisé au printemps 2023.

Belgrade, Serbie, dimanche 30 avril 2023 - Notre promenade à la découverte du parc et de la forteresse Kalemegdan de Belgrade a été fort agréable et des plus intéressante.

Notre visite de la capitale de la Serbie se poursuit d'un « tour de ville » en autocar… qui nous mènera au Musée de la Yougoslavie… là où nous irons d'un retour en arrière, et ce, à l'époque où Belgrade était la capitale de la Yougoslavie et que son président était le maréchal Tito!

Notre visite du Musée de la Yougoslavie nous amènera en effet à parcourir l'histoire du pays à travers le personnage omniprésent de Josip Broz Tito…

Photo ci-dessus : Une superbe sculpture du maréchal Tito, Josip Broz Tito, qui prend place tout près du tombeau de l'ancien numéro un yougoslave.

À notre sortie du parc de la forteresse Kalemegdan, nous marchons quelques minutes et nous remontons dans le car à 9 h 50…

Notre véhicule traverse le secteur de l'Université de Belgrade où nous voyons la place des Étudiants.

À un coin de rue, il y a foule! On y tourne un film et nous apercevons de nombreux acteurs vêtus comme des prêtres orthodoxes.

Nous passons devant un très beau monument équestre! Il honore la mémoire du prince Mihailo (1823-1868), le prince Michel Obrenovitch III en français.

Michel fut prince de Serbie de 1839 à 1842 et à nouveau de 1860 jusqu'en 1868, date à laquelle il fut assassiné.

Le « prince » en Serbie, c'est comme le roi du pays. À l'époque du prince Michel, le pays est toujours sous le joug des Turcs et c'est « La Sublime Porte », suzeraine de la Serbie, qui a accepté son arrivée au pouvoir.

Photo ci-dessus : Le monument équestre du prince Mihailo a été conçu par le sculpteur italien Enrico Pazzi (1818-1899). Il a été érigé en 1882 sur la place de la République, « la place de la joie et de la tristesse », souligne notre guide locale en Serbie, Svetlana… sans que nous comprenions vraiment ce qu'elle voulait dire.

Nous passons devant l'Hôtel de Ville, puis devant le Parlement de la Serbie.

Photo ci-dessus : Le parlement de Serbie a été construit entre 1907 et 1936. Ce bâtiment a une histoire particulièrement trouble nous apprend l'encyclopédie libre Wikipédia.

« L'architecte Konstantin Jovanović (1849-1923) conçut des plans pour le Parlement de Serbie en 1891. Mais un concours fut ouvert en 1902, remporté par l'architecte Jovan Ilkić (1857-1917), qui, en fait, proposait une variante du projet de Jovanović.

La première pierre de l'édifice fut posée par le roi Pierre Ier de Serbie en 1907. La construction fut retardée en raison de la Première Guerre mondiale…

Durant le conflit, Ilkić mourut au camp austro-hongrois de Nežider, un camp pour interner des civils pendant la Première Guerre mondiale. Ses plans furent perdus!

Après la guerre, la construction reprit avec de nouveaux plans, ceux de Pavle Ilkić, le fils de Jovan Ilkić. Il reçut l'aide de l'architecte russe Nikola Krasnov (1864-1939), notamment pour l'aménagement intérieur.

Les travaux ne furent achevés qu'en 1936. Le bâtiment est caractéristique du style académique serbe de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. »

Notre autocar poursuit sa route en descendant une longue rue en pente, passant devant les bâtiments de ministères, dont celui de la défense, « qui fut bombardé par l'OTAN en 1999… et laissé ainsi à l'abandon », souligne notre guide.

« D'ailleurs ajoute-t-elle, la reconstruction de la ville résultant des bombardements n'est pas encore terminée aujourd'hui. »

Nous traversons le quartier des ambassades, dont celle du Canada, un bâtiment tout en blanc, puis un quartier résidentiel. Nous passons devant une gare et croisons un grand parc.

Photo ci-dessus : En autocar, nous passons devant cette maison dont la clôture extérieure est décorée de murales.

Le Musée de la Yougoslavie
Peu après le parc, notre chauffeur immobilise son véhicule et nous descendons. Il est 10 h 10.

« Nous allons voir la maison de Tito, sans la visiter toutefois, lance notre guide, car on est à y réaliser de grands travaux de rénovation. »

« Cette maison a été construite dans les années 1960 pour recevoir des visiteurs officiels… et pour y entreposer les nombreux cadeaux reçus par le maréchal Tito en tant que haut dirigeant (ou plutôt seul dirigeant) de la Yougoslavie. »

« Tout à côté, ajoute Svetlana, il y a le musée de la Yougoslavie, une institution créée en 1996, que nous allons visiter. »

Photo ci-dessus : Le superbe édifice du Musée de la Yougoslavie à Belgrade. (Photo provenant de Wikipédia)

Nos recherches nous ont appris que « Le Musée de la Yougoslavie » est l’un des musées les plus visités de Serbie.

Il prend place justement sur le complexe résidentiel où habitait Josip Broz Tito.

Il est composé de trois sites d'exposition : le « Musée du 25 mai », dédié aux expositions thématiques actuelles, le « Vieux musée », avec l’exposition permanente présentant un échantillon représentatif de la riche collection du musée, et la « Maison des fleurs », qui est en fait le Mausolée de Tito.

Les trois bâtiments sont reliés au cœur d'un vaste parc qui abrite vingt sculptures d’importante valeur artistique. »

Nous entrons dans un édifice où notre guide et notre accompagnatrice de Voyages Lambert, Ivana, procèdent à l'achat des billets pour le groupe. Puis après avoir validé nos tickets, nous ressortons à l'extérieur, dans un parc installé sur une colline où nous devons gravir de nombreuses marches pour accéder au musée.

Photo ci-dessus : Nos billets à 400 dinars chacun pour la visite du Musée de Yougoslavie.

Photo ci-dessus : Dans l'édifice où nous validons nos billets, il y a une grande photo. Nos recherches sur Internet nous apprennent « qu'elle représente le plus grand festival de gymnastique au monde! Le festival Sokol tenu à Prague. Tous les 5 à 6 ans, les femmes et les hommes qui composent l'association Sokol se retrouvent pour un festival de gymnastique qui rassemble parfois 30 à 40 000 participants. La photo nous montre une vue du stade de Prague lors des exercices de masse des Sokols ».

En montant vers l'édifice du musée, nous croisons de nombreuses œuvres d'art.

Photos ci-dessus : Deux très belles sculptures pour lesquelles, malheureusement, nous n'avons pas réussi à identifier ni le titre ni l'auteur.

Photos ci-dessus : Assez curieusement, cette statue s'intitule « Fontaine ». Elle a été réalisée par l'artiste serbe originaire de Bosnie-Herzégovine Sreten Stojanović (1898-1960).

Photo ci-dessus : Une autre belle statue, un joueur de flûte, dont nous n'avons pas d'informations.

Photo ci-dessus : Une statue datant de 1958 et intitulée « Réfugiée ». Elle est l'œuvre de l'artiste serbe Mira Jurišić (1928-1998). Elle a été offerte en cadeau à Tito par la ville serbe de Užice le 30 octobre 1975.

Photos ci-dessus : Une sculpture représentant l'ancien numéro un yougoslave Josip Broz Tito (1892–1980).

Nous entrons dans un édifice où il y a de nombreuses photos, en noir et blanc, pour la plupart, qui sont affichées.

Notre guide attire notre attention sur une grande photo représentant l'ultime étape du « Relais de Tito », c'est-à-dire l'étape où le dernier coureur de la longue course à relais remet le témoin au président du pays, Josip Broz Tito… en lui souhaitant « Bonne fête ».

Photo ci-dessus : Un relais de la jeunesse, la « Titova stafeta », qui se termine le jour de l'anniversaire officiel de Tito, le 25 mai, ici à Belgrade, au stade JNA, un stade construit après la Seconde Guerre mondiale.

« La Titova stafeta, continue Svetlana, est une vieille tradition instaurée en 1945, lors de la libération de la Yougoslavie. »

Durant tout le mois de mai, le flambeau passait de main en main au cours d’une longue course de relais qui traversait toutes les républiques de la Fédération de Yougoslavie, selon un parcours chaque année différent.

Le flambeau arrivait finalement à Belgrade le 25 mai, jour anniversaire du maréchal Tito.

Le « Relais de Tito » était le principal symbole de la fête de la jeunesse en Yougoslavie.

La passation du témoin a été un événement auquel ont participé des milliers de jeunes de toute la Yougoslavie. Au terme de la course, l'un d'eux passait le relais à Tito… en lui souhaitant un joyeux anniversaire!

Ce jour-là, diverses manifestations sportives et célébrations avaient lieu dans les écoles. Tout se déroulait sous le slogan de la fraternité et de l'unité, qui unissait les différentes nationalités au sein de la Yougoslavie.

Le relais a eu lieu pour la première fois en 1945 et a été officialisé comme fête nationale en 1957! Il s'est poursuivi après la mort de Tito en 1980 et a eu lieu pour la dernière fois en 1988. »

Photo ci-dessus : Un des témoins du « Relais Tito » est exposé sous verre.

« Pendant 10 ans, souligne notre guide, les Yougoslaves ont souligné le 4 mai l'anniversaire du décès de Tito, qu'ils vénéraient, par une minute de silence partout au pays. »

Photos ci-dessus : De 1982 à 1991, dans plusieurs villes de Yougoslavie, des sirènes se faisaient entendre le 4 mai vers 15 heures pour signaler une minute de silence pour rendre hommage à Josip Broz Tito décédé à cette date en 1980.

Photos ci-dessus : Les funérailles de l'homme fort de Yougoslavie en photos. Le président français, François Mitterand et le président cubain, Fidel Castro déposent des fleurs sur la tombe de Tito.

Nous sortons et arrivons dans une sorte de patio fleuri où se trouvent les tombeaux des époux Tito.

Photo ci-dessus : La pierre tombale de l'épouse de Tito, Jovanka Broz (1924-2013), décédée le 20 octobre 2013.

Photo ci-dessus : La tombe de Tito… à un jet de pierre de celle de son épouse.

« Après la mort de Tito, souligne notre guide, le nouveau gouvernement a laissé l'épouse du président à elle-même, sans ressource, dans la misère. »

D'ailleurs, l'encyclopédie libre Wikipédia nous apprend que : « Le 27 juillet 1980, moins de trois mois après la mort de Tito, des hommes font irruption dans la résidence de Jovanka Broz. Ils saccagent les lieux, lui confisquent tous ses biens et placent la désormais veuve en résidence surveillée. »

« Après avoir vécu dans l'isolement le plus complet pendant de 30 ans, les autorités serbes lui restituent, en juin 2009, ses papiers d'identité et lui accordent une petite retraite et un lieu de vie convenable. »

« Toutefois, ajoute Svetlana, ils lui ont interdit d'écrire ses mémoires! »

Photo ci-dessus : Tout près de la pierre tombale de Jovanka Broz, un buste de son mari a été installé.

Photo ci-dessus : Une magnifique toile représentant Tito en train de lire.

« Il était un hédoniste. Il devait posséder tout ce qu'il y avait de plus beau. Il n'était communiste qu'en parole », affirme notre guide.

Nous déambulons… nous voyons sa table de travail, sa bibliothèque et encore plusieurs photos.

Nous ressortons dans le jardin de sculptures pour quelques minutes.

Photos ci-dessus : Une sculpture intitulée « Printemps ». Elle date de 1957 et a été réalisée par le sculpteur serbe Sava Sandić (1915-2010). La sculpture est un cadeau de la Serbie donné à Tito en 1959.

Photo ci-dessus : « The carrying of the wounded », en français « Le transport des blessés », une sculpture réalisée en 1946 par le sculpteur yougoslave Antun Augustinčić (1900-1979).

Photo ci-dessus : Une sculpture de l'artiste yougoslave et croate Frano Kršinić (1897-1982) intitulée « Fisherman »!

Photo ci-dessus : Une sculpture d'un artiste anonyme au titre plutôt curieux : « Personification of the Railway »!

Nous entrons dans un deuxième musée où il y a d'autres photos, des armes, des objets d'époques!

Photo ci-dessus : Une affiche du film intitulé « Bube u glavi », ce qui peut se traduire en français par « Des bogues dans la tête ». Il s'agit d'un long métrage yougoslave tourné en 1970 et réalisé par Miloš « Miša » Radivojević (1939- ). C'est un drame psychologique sur deux jeunes amants émotionnellement et mentalement instables. À travers le flash-back, ils racontent ce qu’ils ont fait avant de se retrouver à l’asile.

Photo ci-dessus : Tito… fumant la pipe.

Photo ci-dessus : Deux mannequins vêtus de costumes traditionnels.

Photo ci-dessus : Une carte du « Royaume de la Yougoslavie » de 1918 à 1941.

« De son métier, Tito était serrurier », mentionne Svetlana. Elle ajoute qu'il aimait photographier… Elle a certainement voulu dire qu'il aimait être photographié!

À suivre…
Visite de la superbe église orthodoxe Saint-Sava, la deuxième plus grande église chrétienne orthodoxe au monde!

Photo ci-dessus : L'église Saint-Sava, dont la construction n'est toujours pas terminée, devait être achevée en 2019… soit exactement 800 ans après que l’Église serbe orthodoxe eut acquis, en 1219, le statut de Patriarcat avec pour premier patriarche Saint-Sava! La construction de l'édifice est exclusivement financée par des dons.

Pour lire les autres textes de ce périple, cliquez sur ce lien : Croisière sur le Danube... et un peu plus