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Éric Gagné, le gâchis des gâchis

Revue de presse

Nicolas Ducharme, Le Nouvelliste, le 25 août 2016

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Éric Gagné

Un copropriétaire gagnant du Cy-Young qui décide d’aller lancer un match pour une équipe rivale, il ne manquait que ça pour conclure une saison de misère pour les Aigles de Trois-Rivières. La cerise sur le sundae d’une campagne où tout ce qui pouvait mal aller a mal été. Un vrai gâchis.

Comment les Oiseaux ont-ils fait pour échapper une telle opportunité? Oui, il aurait été bizarre de voir Gagné sur la butte après qu’il ait annoncé sa deuxième retraite l’an dernier sur ce même monticule. Mais avouons-le, on a vu bien plus ridicule dans la Ligue Can-Am par le passé. Même les principaux intéressés ne comprennent pas encore ce qu’il s’est passé.

Photo ci-dessus : Après une performance devant plus de 6000 personnes en 2015, Éric Gagné aurait pu enfiler de nouveau l'uniforme des Aigles. À la surprise générale, c'est celui des Champions d'Ottawa qu'il portera.

Le coup aurait permis aux amateurs de sourire le temps d’un match dans cette saison si morne et mettre un peu d’argent dans les coffres.

Mais d’un autre côté, Éric Gagné qui décide d’aller lancer pour les Champions d’Ottawa, c’est Éric Gagné qui pense à… Éric Gagné. Je ne peux pas croire qu’il n’y avait pas moyen de s’entendre entre les deux parties et éviter ce gigantesque malaise qui laisse comprendre que tout ne tourne pas rond au deuxième étage du Stade Stéréo Plus. On est en droit de se demander si Gagné sera de retour comme actionnaire de l’équipe la saison prochaine. Le principal intéressé maintient que oui, on verra bien.

Des erreurs en séries
Cette dernière saga ne fait que s’ajouter aux nombreux faux-pas de l’organisation cette année. Des faux-pas et des concours de circonstances qui ont fait mal à l’image de l’équipe.

Il y a bien sûr eu ce début de saison catastrophique qui a placé l’équipe dernière pour le pourcentage de victoires en Amérique du Nord, toutes ligues confondues. En l’espace de 20 matchs, les Aigles ont perdu tout ce qu’ils avaient gagné en popularité après leur championnat de 2015.

Il y a eu le congédiement de Pierre-Luc Laforest. Est-ce que le gérant méritait la porte? Sa fiche indiquait que oui. Mais Laforest était aussi un ambassadeur, grandement apprécié des partisans. Le Felipe Alou de Trois-Rivières. Plusieurs amateurs l’ont eu de travers, et la saga qui s’en est suivie avec Maxime Poulin n’a pas aidé à la crédibilité du club. Un congédiement durant l’entre-saison, plutôt que de le faire maladroitement en milieu de campagne sans réel plan de relève, aurait été plus gagnant.

Il y a aussi eu toute cette épopée lorsque l’équipe a annoncé que le stade Fernand-Bédard allait changer de nom. Encore une fois, l’organisation a agi maladroitement en ne donnant pas à M. Bédard le respect qui lui revenait en lui annonçant la nouvelle au téléphone. Le revers de la médaille, c’est que le club avait raison de vendre la façade de l’édifice, puisqu’il en va de sa survie. On ne parle pas ici des Red Sox de Boston qui vendraient le nom du Fenway Park pour engranger quelques millions $ de plus pour ses actionnaires. On parle d’une équipe dont le budget se rédige presque assurément à l’encre rouge annuellement qui se fait offrir une entente d’une grande valeur. Le tout après un long processus auquel, je le rappelle, M. Bédard avait donné son aval. On ne crache pas au visage d’un commanditaire d’une telle importance à la dernière seconde parce que la famille du principal intéressé n’est pas d’accord.

Et n’oublions pas le dossier Javier Herrera, dont on attend toujours un dénouement. Les Aigles ne pouvaient se permettre d’évoluer sans un de leur quatre vétérans pendant près de la moitié de la saison comme ils l’ont fait sans en payer le prix. Ils ont tenté le coup, et ce fut l’échec.

C’est sans compter les nombreux blessés, les portes tournantes dans le vestiaire, une expérience client moins généreuse et un certain essoufflement de la part des partisans et de l’organisation. Même à la radio, la station CFOU a amputé de sa diffusion les analystes, faute de moyens. Voilà pourquoi vous ne m’entendez plus, ainsi que mes collègues Louis-Simon et Vincent Gauthier, cette saison.

Lorsqu’on regarde toutes ces erreurs, on constate une certaine improvisation dans le mode de direction des Aigles. Et on l’a aussi senti lorsque le président Marc-André Bergeron et le directeur général René Martin ont émis des commentaires bien différents sur le même sujet dans les médias. L’expression «deux têtes valent mieux qu’une» est valable, à condition que les deux têtes communiquent ensemble. Bergeron devra assurément assouplir ses méthodes, agir moins instinctivement et émotivement ainsi qu’apprendre de ses erreurs s’il veut éviter que le bateau coule. Mais, comme les autres actionnaires, il est dans ce bateau avec les bonnes intentions.

Des comparaisons qui ne tiennent pas
Il faut dire que les Aigles ne l’ont pas facile, puisqu’ils sont comparés aux Capitales et aux Cataractes en termes de professionnalisme. Mais les Capitales ont 16 saisons derrière la cravate lors desquelles ils ont appris de leurs erreurs. Les Aigles sont loin d’avoir fini d’apprendre de leur modèle de la Vieille Capitale.

Quant aux Cataractes, souvenez-vous qu’il n’y a pas si longtemps, il s’agissait d’une concession moribonde, jouant devant un aréna Jacques-Plante à moitié vide. Il aura fallu un nouveau groupe d’actionnaires déterminé et un aréna flambant neuf pour remonter le club.

De plus, les Cataractes ont un avantage que les Aigles n’auront jamais: ils jouent au hockey. Vous savez, le hockey, ce sport qui attire 10 fois plus de spectateurs que le baseball au petit écran. Quand on sait à quel point les Québécois sont en grande majorité monosportifs, attirer des foules de plus de 2500-3000 personnes dans le vieux stade de l’avenue Gilles-Villeneuve, dans un petit marché comme Trois-Rivières, relève de l’exploit et démontre à quel point les Mauriciens sont des amateurs de baseball. Mais aussi que les gens de la grande région de Montréal se déplacent pour venir voir l’équipe. Tout ça alors que les médias montréalais snobbent le circuit, contrairement à la LHJMQ.

Du baseball en 2017?
Avec de tels déboires, il est normal de s’inquiéter pour l’avenir de l’équipe. Je le suis. Quel gâchis ce serait que de la voir partir après tout l’argent et l’huile de bras qui ont été investis au Stade Stéréo Plus, mais aussi pour les nouveaux amateurs de baseball, dont les répercussions se font sentir jusque dans le nombre d’inscriptions chez Baseball Mauricie, en forte hausse. D’ailleurs, le nombre de spectateurs aux matchs, malgré une saison si catastrophique, ne connaît pas une baisse drastique.

Le problème, c’est qu’avec une colonne vertébrale fragile, des erreurs, les Aigles ne pourront pas en commettre éternellement. Des changements s’annoncent à l’horizon, dont au niveau des propriétaires de l’équipe. Du nouveau sang qui pourrait aider grandement et surtout, un signe clair qu’il y aura du baseball de la Ligue Can-Am à Trois-Rivières l’an prochain. Et cette fois, les Aigles devront livrer la marchandise.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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