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Face à l’histoire, Bédard était à bout de forces

Revue de presse

Marc Brassard, Le Droit, le 23 juillet 2013

Erik BédardUn match sans point ni coup sûr, c'est assez rare.

Un match sans coup sûr où un lanceur accorde des points et encaisse la défaite, ce l'est encore plus.

Érik Bédard est devenu le neuvième membre de ce club exclusif dans l'histoire des ligues majeures samedi dans une défaite de 4-2 de ses Astros de Houston aux mains d'un de ses anciens clubs, les Mariners de Seattle. Le dernier à qui c'était arrivé tout en lançant six manches ou plus était Matt Young, des Red Sox de Boston, en avril 1991.

Lors de cette rencontre présentée au MinuteMaid Park de Houston, l'ami Érik a obtenu 10 retraits sur des prises, mais il a aussi alloué cinq buts sur balles, un manque de précision qui, combiné à deux balles passées et un ballon-sacrifice, avait permis aux Mariners de marquer leurs deux premiers points, non-mérités.

En septième manche, le gaucher de Navan a obtenu un retrait avant d'allouer un but sur balles et de prendre le chemin des douches après avoir effectué 109 tirs. Un double alloué par le releveur Jose Cisnero, après un autre but sur balles, a ajouté un autre point, mérité celui-là, à sa fiche.

Au baseball, on n'entend pas à rire avec un match où un lanceur flirte avec l'immortalité qui vient avec la réalisation d'un tel exploit.

Bédard a donc été la cible de critiques parce qu'il a remis la balle à son gérant Bob Porter quand il est allé le voir au monticule au cours de cette septième manche.

Porter lui avait laissé la décision de quitter la rencontre ou non entre les mains. «Le plan était de voir s'il pourrait connaître une (7e) manche rapide. Il était au bout du rouleau. Quand je suis allé le voir en riant et que je lui ai laissé la décision, il a juste dit 'je n'en peux plus' et m'a donné la balle», a-t-il raconté aux journalistes de Houston après le match.

Au-delà d'amateurs et d'analystes qui n'en reviennent pas, il y a aussi des pairs de Bédard qui n'étaient pas d'accord avec sa façon de faire: «Je n'aurais pas fait ce qu'il a fait, a dit le lanceur des Mariners Joe Saunders à l'Associated Press. J'aurais fait les choses différemment et je pense que beaucoup de monde pense la même chose.»

«Plus rien dans le bras»
Ce n'est pas Bédard qui va se faire dicter une ligne de conduite par les autres, cependant. Le gars est passé à travers trop d'épreuves au fil de sa carrière et il se balance pas mal de ce que des observateurs de l'extérieur peuvent penser.

«Je ne comprends pas les gens qui me critiquent à ce sujet. Mon pitch count était tout simplement trop élevé et je n'avais plus rien dans le bras. Ma rapide était passée de 92-93 milles à l'heure au début du match à 85-86 à la fin et j'éprouvais des problèmes de contrôle. J'imagine que c'est facile quand ce n'est pas toi qui lance, et quand ce n'est pas toi qui as subi trois chirurgies à l'épaule», m'a-t-il confié hier.

Faut-il rappeler que Bédard a été blessé plus souvent qu'à son tour au cours de sa carrière de 10 ans dans le baseball professionnel. Mais depuis deux saisons, à Pittsburgh l'an passé ainsi que cette année à Houston, il a été relativement épargné par les blessures.

«J'aime mieux lancer deux années de plus que d'obtenir un match sans coup sûr de 150 lancers qui serait mon dernier match en carrière, comme ça semble être arrivé à Johan Santana», note-t-il.

Le gaucher Santana avait eu besoin de 134lancers en juin de l'an dernier pour obtenir le premier match sans point ni coup sûr de l'histoire des Mets de New York, alors qu'il revenait d'une opération à une épaule. Il n'a pas terminé la saison 2012 et a eu besoin d'une autre chirurgie à l'épaule, lui qui n'a pas lancé cette saison.

La bonne nouvelle pour Érik Bédard dans cette histoire, outre le fait qu'il lance bien malgré une fiche perdante (3-7, avec une MPM de 4,41), c'est que son patron, Bo Porter, n'a pas de problème avec sa façon de faire. Il avait d'ailleurs l'intention de le retirer du match lui-même bien avant qu'il se rende en neuvième manche.

«J'ai toujours dit à nos partants qu'ils doivent faire le travail en moins de 120 lancers. C'est une question de santé et de protéger le joueur et de comprendre les ramifications qui peuvent suivre ce genre de stress sur votre bras. Il faut tout prendre en considération dans une telle situation», a-t-il souligné.

Reste à voir si une telle performance rendra Érik Bédard plus attrayant sur le marché des échanges, la date limite étant le 31 juillet et les Astros, le pire club des majeures, pouvant fort bien le refiler à un autre club contre un ou deux espoirs.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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