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Le nouveau défi de Martin

Revue de presse

Denis Poissant, Le Journal de Montréal, le 11 février 2013

L’expérimenté receveur se joint aux jeunes et fougueux Pirates

Russell Martin

BRADENTON - À 30 ans (il les fêtera ce vendredi), Russell Martin amorce un nouveau chapitre dans sa carrière. Celui de vétéran établi au sein d’une jeune formation, les Pirates de Pittsburgh, devenus la risée du baseball en raison de deux décennies de médiocrité.

Le receveur montréalais le sait et l’assume.

«Si on garde un esprit positif et qu’on travaille de la bonne façon, on peut changer l’histoire», a-t-il déclaré hier à l’ouverture du camp d’entraînement de l’équipe, à Bradenton, en Floride.

Son chandail jaune serin et ses espadrilles fluo contrastaient de façon saisissante avec la sobriété grise et bleu marine des Yankees.

«J’ai dû changer ma garde-robe», a-t-il dit en riant.

Dans le Bronx, Martin n’était qu’un joueur parmi une constellation de vedettes, Le neuvième frappeur de la formation. À Pittsburgh, ce sera autre chose.

«Ici, j’aurai plus de leadership, car je crois avoir atteint un niveau de maturité au baseball, dit-il. Avec les années, j’ai dirigé plusieurs lanceurs aux personnalités bien différentes. Ma responsabilité est de savoir comment les encourager pour bien gérer les situations de tension.»

Moins de maux de tête
L’un d’eux est A.J. Burnett, son ancien coéquipier avec les Yankees, qui a rebondi la saison dernière avec les Pirates.

En se revoyant hier, ils se sont enlacés en rigolant. Parfois bouillant, Burnett a l’un de ces tempéraments spéciaux que les bons receveurs doivent calibrer.

«On a une bonne profondeur et du talent avec Burnett, James McDonald, Francisco Liriano et Wandy Rodriguez», dit Martin, heureux de renouer avec la Ligue nationale.

«Peu importe la ligue, dans le fond, le baseball reste le baseball. C’est juste que dans la Ligue américaine, pour un receveur, il y a des dangers d’un bout à l’autre de l’alignement des frappeurs. Ça finit par vous donner des maux de tête. Dans la Nationale, on a un peu plus de latitude pour se sortir d’une impasse.»

Réputation établie
La réputation de Martin derrière le ¬marbre est établie. C’est lui qui, dans les majeures depuis 2006, a pincé le plus de coureurs tentant de voler, pour un total de 216.

De leur côté, les Pirates ont été atroces à ce chapitre en 2012 avec seulement 19 coureurs retirés sur 173. C’est pourquoi l’organisation n’a pas mis de temps à mettre Martin sous contrat.

Le Québécois entend aussi faire résonner son bâton, qui régresse depuis quelques saisons. Bien qu’il ait cogné 20 circuits en 2012, il n’a maintenu qu’une maigre moyenne de ,211.

«Si tu essaies trop de frapper des circuits, tu vas en réussir, mais ta moyenne va baisser, analyse Martin. J’étais “mindé” plus puissance avec les Yankees, car toute l’équipe était comme cela, à part Derek Jeter.»

Conseils de Jeter
Dans sa cage d’entraînement en Arizona, il a d’ailleurs suivi de précieux conseils que lui a prodigués la légende des Yankees, inimitable pour frapper la balle en lieu sûr à tous les champs.

«Son approche est parfaite. Il tente toujours de faire contact avec la partie intérieure de la balle, ça lui permet d’avoir plus de contrôle et de frapper souvent dans le milieu, où le joueur le plus vulnérable en défense, c’est le lanceur. Tu commences à te mettre dans le trouble quand tu frappes l’extérieur de la balle. J’ai beaucoup travaillé cet aspect, et visionné plusieurs vidéos de moi en 2006 et 2007.»

Ces années-là ont été ses meilleures dans le baseball, avec des moyennes respectives de ,282 et ,293. «C’est comme sur un tee de golf. Si j’en frappe 10 de toutes mes forces, je vais en avoir juste une sur la coche. Avec une approche plus modérée, on a plus de constance. Plus de doubles, donc plus de points produits.»

Maturité
Martin, on le voit, a pris de la maturité pour parler ainsi. Son entraîneur des frappeurs à Los Angeles, Don Mattingly, lui disait sensiblement la même chose et il faisait un peu (pas mal...) la sourde oreille.

Le receveur s’est aussi reposé plus qu’avant durant la saison morte, ce qui lui a permis de recentrer ses priorités.

«Je suis en amour et tout va bien, confie-t-il. Et puis je me suis rapproché de ma famille, ma sœur, ma mère, mon père, et j’ai pris du temps pour visiter ma grand-mère. À travers tout cela, j’ai eu moins de distractions. Je mange mieux, je sors moins et je prends moins d’alcool.»

Voilà donc Martin prêt à entreprendre son plus grand défi: briser le cycle de 20 saisons perdantes consécutives, un record absolu du sport professionnel.

«Ce sera excitant, dit-il. J’ai hâte que ça commence.»

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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