Capitales de Québec : «Spécial K.» Gélinas!

Revue de presse

Mario Morisette, Le Journal de Québec, le 16 septembre 2010

Une performance incroyable, indescriptible, exceptionnelle, une domination totale de l’adversaire.

Les qualificatifs ronflants fusaient de toutes parts, hier soir, dans le vestiaire des Capitales de Québec pour dépeindre la prestation de travail de Karl Gélinas.

Qui sait, à l’exemple de son ami Michel Simard, qui annoncé il y a plusieurs semaines qu’il accrochait son gant au clou de la retraite au terme de la saison 2010, Gélinas en était peut-être hier à sa dernière présence devant ses partisans québécois.

Le grand droitier a lancé un match complet à l’occasion d’une victoire de 1-0 des Capitales sur les Colonials de Pittsfield devant quelque 3 000 spectateurs au Stade municipal.

La formation québécoise prend ainsi les devants par 2-1 dans cette série finale au meilleur de cinq parties.

Le match numéro quatre sera disputé ce soir. Les Capitales auront l’occasion de conserver le trophée Arthur E. Ford pour une douzaine de mois. La dernière équipe qui a défendu avec succès son titre de champion sont les Jackals du New Jersey, vainqueurs en 2001 et 2002.

Ivan Naccarata a produit le seul point de la partie, à l’aide d’un triple à la huitième manche. Cette frappe a poussé Goefrey Tomlinson jusqu’au marbre.

Handicapé par une blessure chronique à la hanche, Tomlinson aurait pu se contenter d’un simple. Le vétéran a toutefois embrayé en deuxième vitesse et il a battu le relais du voltigeur Wes Fink.

« Il y avait longtemps que je n’avais pas couru à plein gaz autour des sentiers! Le gazon était mouillé et je me suis dit que c’était l’occasion idéale de tester le bras de ce voltigeur (recrue). Puis je n’avais pas glissé tête première depuis une dizaine d’années!

Avec deux retraits au tableau, le premier but était donc ouvert quand Naccarata, un frappeur gaucher, a affronté Kyle Zaleski, le partant droitier des Colonials qui avait déjà près de 120 lancers au compteur.

Avec un compte de 2-0, on a cru que « Nac » obtiendrait une passe intentionnelle et que les visiteurs opteraient pour croiser le fer avec Josh Colafemina.

«Je suis très surpris et très heureux en même temps que les Colonials aient défié Naccarata. Il leur a fait mal pendant toute la saison », a dit le gérant des Capitales, Pat Scalabrini.

Douze retraits!
Revenons à Gélinas, qui a eu droit à une ovation dans les instants qui ont suivi le dernier retrait du match. Insistants, les fans l’ont obligé à revenir sur le terrain pour un rappel!

À son premier match complet de neuf manches depuis 2005, Gélinas a éventé 12 frappeurs à l’aide de prises, a saupoudré cinq coups sûrs, mais n’a alloué aucune passe.

« Cette performance, indescriptible, est sans doute la plus belle que j’aie vue depuis que je suis associé avec les Capitales », a plaidé Scalabrini.

« La pression sur les épaules de Karl était immense. Il conservera des souvenirs impérissables de cette soirée.

Reste maintenant à aller chercher la troisième et dernière victoire.

«C’était malade mental!» - Karl Gélinas

Karl Gélinas a eu des flashback de la dernière saison quand il a vu le stade se lever d’un trait pour saluer sa performance.

«Ça m’a rappelé le dernier match lancé par Éric Gagné et sa victoire au troisième match pivot de la finale face aux Tornadoes de Worcester. C’était malade mental!»

Gélinas a usé de deux tirs pour déséquilibrer les frappeurs des Colonials. «On a bien mélangé la rapide et la glissante pendant toute la soirée. Je crois n’avoir lancé que quatre ou cinq changements de vitesse. Je n’ai pas refusé un signal de Pierre-Luc (LaForest, le receveur) du match! Nous étions sur la même page», a expliqué Gélinas qui a dit avoir prédit à Ivan Naccarata qu’il ferait la différence avant son triple. D’autres ont aussi réclamé la paternité de cette prédiction. Quand un gars a cogné 124 coups sûrs durant la saison, sa cote est élevée!

«Je n’avais pas lancé de match complet depuis ma victoire contre les A’s d’Oakland, enfin le club-école des A’s en août 2005. Évidemment, cette victoire n’avait pas été aussi émotive que celle de ce soir», a ajouté Gélinas.

À ses deux départs depuis le début des séries éliminatoires, le grand droitier a blanchi l’adversaire pendant 16 manches. Pas vilain pour un gars dont on croyait la carrière terminée à cause d’un malaise à l’épaule au mois de juillet!

LaForest emballé
LaForest était aux premières loges pour apprécier la prestation de Gélinas. «Comment vais-je faire pour dormir ce soir?», s’interrogeait LaForest, excité comme un enfant à la veille de Noël. Il est vrai que madame a débarqué en ville hier!

«Karl a été incroyable et très agressif sous la pression. Il ne voulait absolument pas débarquer du monticule. Ce gars-là, je le prends dans mon bunker n’importe quand!»

LaForest estime que les fans et les joueurs vivent une série finale exceptionnelle. «Trois matchs ont été décidés par un point. La victoire aurait pu aller d’un bord comme de l’autre. N’oublions pas que leur lanceur (Zaleski) a aussi été dominant.»

Muselé trois fois par le bras des Colonials, Naccarata avait changé de bâton pour sa dernière parade dans le rectangle.

«J’ai pris un bâton plus léger et plus court. Il m’a, à nouveau, défié avec une cutter sur le coin intérieur et je n’ai pas raté cette balle», a expliqué Naccarata.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.