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Nostalgie d’une joyeuse époque!

Village global : les années 60 au Musée des Beaux-arts de Montréal

Un reportage de Jacques Lanciault rédigé dans le cadre d’un cours de journalisme à l’Université de Montréal

Montréal, le 8 novembre 2003 - Dehors la pluie tombe, le froid et l’humidité me transpercent jusqu’aux os, c’est dimanche, un sombre dimanche de novembre. Ma montre indique 13 heures. Le hall d’entrée du Musée des beaux-arts de Montréal (MBA) bourdonne d’une fébrilité qui me semble inhabituelle. Aucun guichetier n’est libre, partout des visiteurs attendent en ligne pour acheter leurs billets. Mais quelle est donc cette exposition qui attire autant de curieux? Picasso? Rembrandt? Riopelle?

Les visiteurs s’agglutinent autour des préposés à l’accueil. Ceux-ci débitent leur petit boniment à répétition : « ici, à votre gauche, vous prenez l’ascenseur, l’exposition Le village global : les années 60, occupe le troisième étage. » Voilà! Comment n’y avais-je pas pensé plus tôt?

Les années 60 : la Révolution tranquille, les Beatles, l’Expo 67, la conquête de l’Espace, l’expansion phénoménale de la télévision, une décennie de souvenirs pour une foule de Québécois aujourd’hui dans la cinquantaine ou la soixantaine. Tous ou presque ont été les acteurs de cette époque extraordinaire. Pas surprenant qu’ils profitent, en si grand nombre, de cette occasion unique de ressasser des souvenirs enfouis dans leur mémoire depuis plus de 30 ans.

But premier de ma visite au MBA, l’exposition Le mois de la photo. Mais là, le choix populaire m’incite à changer mes projets. Un reporter, dit-on, doit être capable de se retourner sur une pièce de dix cents. Alors, vivement le village global!

D’entrée de jeu, nous pénétrons dans une petite, mais très petite salle de cinéma. Sur l’écran, une fusée spatiale, Appolo XI, s’apprête à quitter la rampe de lancement : 3, 2, 1, 0, la fusée s’élève sur un impressionnant nuage de flammes et de fumée. Quel déferlement de pollution ! Certes suffisant pour semer l’idée du protocole de Kyoto.

Au-dessus de nous plane une reproduction à l’échelle de la capsule spatiale Spoutnik lancée par les Russes en 1957. « Mon Dieu que c’est petit, lance une dame à l’homme qui l’accompagne. » Déjà, la magie du retour en arrière fait son œuvre, tout comme les personnes qui m’entourent, je suis ébloui.

Suivront quelque 250 œuvres : peintures, dessins, collages, sculptures, meubles, films, etc., tous ces objets éparpillés sur les présentoirs selon quatre grands volets typiques aux années 60 : Espace, Médias, Désordre et Changement.

Partout, des gens en rangs d’oignons devant les œuvres exposées, des têtes qui dodelinent de gauche à droite pour tenter de voir un petit bout de film présenté sur l’un ou l’autre des dizaines de téléviseurs disposés ça et là à l’entrée d’une autre pièce, des « s’cusez madame, s’cusez monsieur » qui fusent de toute part lorsque des visiteurs se faufilent devant d’autres spectateurs pour poursuivre leur visite : si toutes les expositions du Musée des beaux-arts de Montréal attirent autant les foules, la direction de l’établissement devra penser à prolonger ses heures d’ouverture.

Soudain, je m’immobilise. Devant moi, un mur, aussi grand qu’un écran de cinéma. Un mur où quelque 300 pochettes de disques 33 tours reprennent vie. Toutes mes années de jeunesse défilent sous mes yeux : Magical Mystery Tour, Sgt Peppers lonely hearts club band et l’album blanc des Beatles, In-A-Gadda-Da-Vida du groupe Iron Butterfly, Santana Abraxas de Santana, l’album en forme d’hexagone des Rolling Stones, Messe pour le temps présent de Maurice Béjart, wow! De haut en bas, de bas en haut, de droite à gauche, de gauche à droite, mon regard reste accroché. Que de souvenirs!

Puis arrive la pièce maîtresse de l’exposition placée en fin de parcours par les responsables de l’événement. La dernière salle, la toute dernière œuvre présentée. La foule l’entoure. Impossible de voir ce que c’est. Zigzag par-ci, petite poussée par là, un pas en arrière, finalement je parviens à me faufiler jusqu’au premier rang : merveilleux! Une véritable une œuvre d’art! Comme une grande toile sculptée en forme d’automobile, une toile psychédélique s’entend, une Porsche cabriolet 1965 trône sur un piédestal. Couleurs flamboyantes. Peinte à la main par Dave Richards, œuvre réalisée à la demande expresse de la reine du rock, la chanteuse Janis Joplin, la propriétaire du véhicule.

Les années 60, de fébriles et de joyeuses années. Il ne reste plus maintenant qu’à attendre une exposition sur les années 2000 : le 11 septembre, le SRAS, les feux de forêts, l’Afghanistan, l’Irak, la Corée du Nord, la fin du monde quoi…

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