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Le jour où Abraham Toro est devenu ambidextre

Revue de presse

Benoît Rioux, Canoe.ca, le 15 juin 2016

Abraham Toro

Repêché par les Astros de Houston vendredi dernier, le Québécois Abraham Toro le doit peut-être à ce fameux jour où il est devenu, un peu par hasard, frappeur ambidextre.

«C'est arrivé d'une drôle de façon, a reconnu Toro, en riant. J'en étais à ma première année avec l'ABC (Académie de baseball du Canada) et on "niaisait" après la pratique en frappant de notre mauvais côté. De la gauche, j'ai frappé la balle à la clôture. Ç'a commencé comme ça.»

Photo ci-dessus : Abraham Toro (Photo Sébastien St-Jean / Agence QMI)

Jusque-là, Toro était un frappeur droitier. Il tentait parfois, pour s'amuser, quelques élans de l'autre côté à l'entraînement, mais jamais lors des matchs.

À ce moment, Joël Landry était l'entraîneur-chef du programme haute performance. Il se souvient précisément des circonstances.

«À la fin des entraînements, on faisait des jeux et ceux qui gagnaient n'avaient pas besoin de ranger l'équipement, a-t-il raconté. Ce jour-là, c'était celui qui frappait la balle le plus loin, en étant du mauvais côté du marbre, qui était dispensé des tâches.»

«Dès les premiers élans, on voyait qu'Abraham avait une aisance, a repris Landry. Un peu par hasard, on a découvert une petite mine d'or.»

Sans tarder, on a évidemment commencé à exploiter le gisement. Si bien que quelques années plus tard, Toro a été sélectionné au cinquième tour lors du repêchage du baseball majeur.

SOUS CONTRAT
Le jeune homme de 19 ans a justement reçu son contrat de l'organisation des Astros. Après avoir réglé les traditionnels problèmes de visa, il devrait se joindre, dans quelques semaines, au club-école de Greenville, dans l'Appalachian League, qui regroupe les recrues.

Au cours de sa récente saison avec les Trojans du Seminole State College, en Oklahoma, Toro a réussi 20 circuits en 55 matchs. Or, 80% de ses longues balles ont été frappées du côté gauche. Il a aussi maintenu une moyenne au bâton de ,439 et produit 86 points.

«Je qualifierais Abraham de frappeur puissant de la gauche et de frappeur intelligent de la droite, a noté Marc-André Ronda, son entraîneur actuel chez les Orioles de Montréal, dans la Ligue de baseball junior élite du Québec (LBJÉQ). Si ça n'avait pas marché du côté gauche, je ne sais pas si Abraham serait là où il est aujourd'hui. Les clubs recherchent des joueurs avec des qualités rares et un gars qui frappe de la gauche avec puissance, c'est toujours bon, surtout que la plupart des lanceurs sont des droitiers.»

Tout comme Landry, Ronda se réjouit du cheminement de Toro, lequel a trop souvent été boudé par l'équipe nationale canadienne.

«C'est le plus grand passionné de baseball que j'ai connu et un travailleur acharné, incomparable avec personne», a encensé Ronda.

SOIRÉE SPÉCIALE
Définitivement, les Orioles s'ennuieront de Toro lorsqu'il quittera bientôt pour les États-Unis, mais tous ses coéquipiers sont surtout fiers et heureux pour lui.

L'équipe de la LBJÉQ honorera d'ailleurs Toro et Louis-Philippe Pelletier (aussi repêché par les Astros, au 20e tour), ce jeudi au stade Gary-Carter, avant le match contre le Royal de Repentigny. Toro et Pelletier devraient alors en être à leur dernier tour de piste avec les Orioles.

LA FIERTÉ D'UN GRAND FRÈRE
Douglas Toro a été envahi d'une grande joie quand son jeune frère Abraham a été sélectionné au cinquième tour (157e au total) par les Astros de Houston, vendredi dernier, lors du repêchage du baseball majeur.

«J'étais la personne la plus heureuse du monde», a-t-il suggéré.

«Honnêtement, si je veux parler de manière personnelle, Abraham, c'est mon projet à moi, a indiqué le grand frère, sans vouloir prendre un crédit qui ne lui revient pas. Tout ce que je savais, je lui ai montré.»

Les deux frangins ont plus de 12 ans de différence. Ainsi, quand Douglas est débarqué au Québec en provenance du Venezuela avec ses parents, il allait se faire un devoir de transmettre la culture du baseball à son petit frère, lequel est d'ailleurs né dans la Belle Province.

«Au Venezuela, c'est un rêve qui est là pour tous les jeunes de jouer au baseball, c'est commun, a noté Douglas. Avec moi et quelques cousins, Abraham a grandi là-dedans et il aime ça.»

Lui-même un excellent joueur, Douglas Toro a évolué dans la Ligue de baseball junior élite du Québec, avec les Ducs de Longueuil, puis aux États-Unis: d'abord avec le Crowder College (Missouri) et ensuite à l'Université Lynn, en Floride. Il a aussi porté les couleurs des Capitales de Québec, dans la Ligue Can-Am.

«C'est ma défensive qui m'a empêché d'aller plus loin, a estimé Douglas. Je ne voulais pas que ça arrive à Abraham.»

UN BON MODÈLE
Clairement, Douglas en a frappé des balles à son petit frère, non loin du domicile familial, dans l'arrondissement de Greenfield Park, à Longueuil.

«Mon frère, c'est vraiment la personne qui a été le plus importante pour moi dans le baseball, a lui-même reconnu Abraham. Quand j'étais petit, je voulais faire comme mon grand frère et devenir le meilleur possible. Il m'a aussi aidé au niveau mental, pour l'approche au bâton. Il me disait toujours: "si tu frappes 40 circuits, tu dois aussi savoir déposer un amorti". Une autre phrase qu'il m'a souvent répétée : "quand tu joues au baseball, il y a toujours quelqu'un qui te regarde".»

Le petit Abraham y a trouvé un élément de motivation. Et plus que jamais, il y a beaucoup de gens qui l'observent.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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