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Les manches de vie de T.J.

Revue de presse

Carl Tardif, Le Soleil, le 28 mai 2016

T.J. Stanton

(Québec) À l'instar d'un match de baseball, le parcours de vie de T.J. Stanton pourrait se décliner par manches, mais la partie n'est pas terminée. À force de labeur, de questionnement, d'essais et d'erreurs, le sportif de la Floride a réussi à développer son indépendance sur le monticule et en fait profiter les Capitales de Québec dans son rôle d'instructeur des lanceurs.

Photo ci-dessus : L'instructeur des lanceurs des Capitales, T.J. Stanton, a d'abord brillé au football avant de se concentrer sur le baseball. (Photo : Le Soleil, Erick Labbé)

Été 2009, Fargo, quelque part dans l'État du Dakota du Nord. T.J. Stanton s'y trouve après un premier arrêt à Québec, où il lancera bien, «mais pas d'une façon exceptionnelle». À 26 ans, il cesse d'écouter tout le monde et fait à sa tête. Bingo!

«Je me cherchais comme lanceur. J'étais convaincu d'avoir le talent pour réussir, mais je devais comprendre certaines choses par moi-même. En 2009, il y a eu un déclic, tout a changé. En toute humilité, je suis devenu très bon», relate-t-il au Soleil devant son casier au Stade municipal.

En 2011, il revient à Québec, transformé comme lanceur, mais aussi comme personne. Entre ses deux passages, le joyeux luron grassouillet de 6'4 " s'est délesté d'une trentaine de livres. Il sera l'un des meilleurs releveurs de la Ligue Can-Am à ses deux dernières saisons en 2011 et en 2012, couronnées par des championnats.

«Quand je suis arrivé à Québec, en 2006, je pensais n'y être que pour deux semaines, encaisser mon chèque et repartir. J'avais les cheveux longs, raffolais des ailes de poulet, faisais la fête, détestais m'entraîner et je n'étais pas très professionnel. À l'hiver 2008, passé en Australie, je me suis repris en main... parce que je voulais plaire à ma blonde», dit en riant celui qui fréquente Emie Thivierge depuis huit ans.

Il vit en permanence dans la région depuis cinq ans, le couple ayant élu domicile à Saint-Lambert-de-Lauzon. Après avoir fait 1000 métiers pendant les saisons mortes, dont la distribution de Publi-Sac, Stanton besogne désormais à temps plein dans le baseball avec les Capitales, leur Académie, le programme sport-études et celui de l'ABC. «Je peux dire que ma vie est scindée en deux : la première, pas très sérieuse jusqu'à 26 ans, et la deuxième, quand j'ai rencontré ma blonde, ce fut un point tournant.»

Brillant quart-arrière
Travis James Stanton - d'où son surnom T.J. - est né il y a 35 ans à Port St. Lucie, en Floride, dans une famille où la mère Joi est directrice des sports d'une école secondaire et le père Rob est notamment responsable des arbitres de football, de basketball et de baseball du comté. Son frère cadet est un entraîneur de baseball à Western Oklahoma, où il dirige le fils d'Eddie Lantigua, John Anthony.

Jeune, T.J. brille d'abord comme quart-arrière au football. Il reçoit quelques offres pour rejoindre un collège, «mais pour trois bourses d'études à cette position, l'Université de la Floride, par exemple, en distribuait 22 pour des lanceurs. La loi de la moyenne m'a donc amené au baseball. J'avais plus de succès au football, mais je n'aurais pas pu faire carrière dans ce sport», avoue celui qui était reconnu à l'école secondaire pour sa puissance... au bâton.

Son choix de collège s'avère un choc à la maison, dont le coeur bat pour les Hurricanes de Miami. «Nous étions - et sommes - des grands fans de football collégial. Ce qui me manque de la Floride, c'est d'ailleurs les batailles épiques à ce sujet. Même quand j'étais à UF, personne n'a jamais enfilé un chandail de cette équipe chez moi. En fait, j'allais aux matchs Miami/Florida costumé en partisan de Miami même si je jouais au baseball pour la Floride. J'étais un peu fou...»

Il n'y passera qu'une saison, transférant ensuite dans un collège junior, d'où les Braves d'Atlanta en feront leur choix de 27e ronde. Au lieu de signer avec eux, il passe une troisième année à l'école, cette fois à l'Université North Florida. Au terme de celle-ci, il délaisse les études pour les rangs professionnels et se joint aux Goldeyes de Winnipeg, en 2004, voyant cela comme sa porte d'entrée vers le baseball affilié.

«Je voulais être un joueur pro et je n'avais aucun intérêt dans un plan B. Ça n'a pas été ma meilleure décision de lâcher l'école, mais la vie est ainsi faite, on ne peut pas revenir en arrière.»

Tout le dirigeait vers Québec
Stanton obtient sa chance avec les Angels de Los Angeles, mais ne passe qu'une saison dans leurs filiales en 2005. «J'aurais aimé avoir cette occasion à 30 ans, quand je comprenais tout...» Il roulera ensuite sa bosse dans les grands marchés du baseball indépendant, comme St. Paul, New Jersey, Québec, Fargo et les Capitales, à nouveau.

«À Winnipeg, j'ai connu Patrick Scalabrini, Maxime Poulin, Brad Purcell, Hal Lanier; avec les Angels, j'ai rencontré Karl Gélinas et Michel Simard. Tout m'amenait donc à Québec, où j'y ai croisé un gérant peu orthodoxe en Michel Laplante. À l'un de mes premiers matchs, il était venu me demander si j'aimais les couleurs de notre uniforme!!! C'était sa façon de me faire sentir à l'aise. J'ai réalisé que c'était un endroit où je pouvais avoir ma place. En l'espace de quelques jours, tout s'est mis à rouler et on a gagné notre premier championnat.»

L'objectif demeure le même, seule la façon de l'atteindre a changé!

Un futur gérant... mais pas à Québec
Dans quelques saisons, ce n'est pas le titre d'instructeur des lanceurs qui accompagnera le nom de T.J. Stanton dans l'alignement d'une équipe. Son nom viendra au sommet de la hiérarchie, puisqu'il vise un poste de gérant, idéalement dans la Ligue Can-Am.

Fidèle partenaire de Patrick Scalabrini depuis la saison 2013, Stanton ne pousse pas l'audace jusqu'à viser le siège occupé par celui qu'il a rencontré, une première fois, lors de son passage avec les Goldeyes de Winnipeg, en 2004, et qui avait besoin d'un homme de confiance à ses côtés.

«Je ne serai pas gérant d'une équipe à Québec. Ça me déçoit, mais Patrick ne s'en ira pas demain matin. Il est en parfait contrôle, ici, et me prépare bien pour passer à une autre étape. Il n'est pas obligé de le faire, mais il m'implique dans toutes les décisions, même si, à la fin, c'est lui qui décide.»

L'hiver dernier, Stanton a passé le processus d'embauche pour le poste de gérant des Miners de Sussex County, mais en fin de compte, l'ancien lanceur des majeures Bobby Jones a été nommé, «une excellente décision», convenait le second au fil d'arrivée.

La saison dernière, Stanton a accepté le poste de gérant par intérim des Grays, l'équipe itinérante de la Ligue Can-Am, où il voyait à tout... parce qu'il était seul à bord. «Ç'a été une expérience incroyable. Bien sûr, le fait que je revenais avec les Capitales pour le début de séries était rassurant, car ce n'est pas habituel qu'un coach s'en va et que son poste précédent l'attend...»

Stanton aimerait diriger un club dans la Can-Am, sinon ailleurs dans le baseball indépendant. Il se voit dans un groupe incluant Scalabrini (Québec), Pierre-Luc Laforest (Trois-Rivières), Sébastien Boucher (Ottawa). «Non seulement avons-nous des philosophies identiques, mais nous sommes tous très compétitifs, ce serait vraiment le fun. Je fais confiance à Miles Wolff [le commissaire de la Ligue], qui pourrait me référer en temps et lieu», dit celui qui s'inspire pour la gestion du terrain, les joueurs, le vestiaire et les distractions de ceux qui l'ont dirigé à Winnipeg, St. Paul, New Jersey, Fargo et Québec.

Plaidoyer pour le français
Il appelle cela de la confiance irrationnelle, mais cette audace lui permet aujourd'hui de converser en français, comme elle l'avait poussé à plonger dans le baseball professionnel sans expérience. Lorsqu'il a commencé à fréquenter sa copine Emie Thivierge, T.J. Stanton (photo) a prêté le serment de respecter la langue de chez nous. En fait, l'Américain de la Floride est devenu l'un de ses plus fervents défenseurs!

«Tous les joueurs de l'extérieur qui débarquent ici voient bien que c'est différent d'ailleurs. Et tout part de la protection de langue. Dans un monde idéal, tout le monde serait bilingue, mais il est important que le français soit préservé, j'en suis convaincu à 100 %. Pour moi, c'était important de parler le français. Je voulais montrer à la famille d'Emie à quel point je respecte le Québec, sa culture. Si nous avons des enfants, ils parleront à leurs grands-parents dans leur langue, que l'on soit à Québec ou aux États-Unis.»

T.J. Stanton sur...

Le coéquipier ultime
«Goefrey Tomlinson, sans aucune hésitation. Il était un leader exemplaire, il était très dur avec lui-même, ne se plaignait jamais, jouait malgré les blessures et la douleur. Il ne parlait pas beaucoup, mais ses actions en disaient long sur son attitude et son désir de vaincre», dit T.J. Stanton à propos de l'ancien voltigeur de centre des Capitales.

Un lanceur gagnant
«Si j'avais à choisir un lanceur pour remporter un match important, Karl Gélinas et Matthew Rusch seraient l'un d'eux, mais je penserais aussi à Jeff Duda. Il était tellement compétitif que ça pouvait lui nuire tellement il poussait son bras jusqu'à la limite. J'ai beaucoup appris mon métier d'instructeur des lanceurs avec lui. Karl et Matthew sont des athlètes naturels, tandis Duda était trop gros, trop petit, pas assez de puissance pour respirer l'odeur du baseball affilié, mais ça ne l'empêchait pas d'être dominant», à propos de l'ancien partant des Capitales auteur d'une fiche de 27-3 en deux saisons.

Un exemple à suivre
«Quand Patrick D'Aoust est débarqué avec les Capitales, en 2008, il n'était pas encore vraiment bon. En fait, il était une recrue et pas dans une condition physique exemplaire. Mais à mon retour, en 2011, il était l'un des meilleurs receveurs de la Ligue Can-Am, un joueur respecté et un meneur dans le vestiaire. Il a bâti sa carrière et représente bien ce que sont les Capitale

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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