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Juin/15
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Le chic type de l’avant-champ

Revue de presse

Carl Tardif, Le Soleil, le 6 juin 2015

Jonathan Malo

(Québec) À 31 ans, ses attentes ont changé. Les objectifs personnels ont cédé le pas au plaisir de se retrouver dans un groupe où l'esprit d'équipe fait foi de tout, où les chiffres les plus méritoires s'inscrivent dans la colonne des victoires. Jonathan Malo, le joueur de deuxième but des Capitales de Québec, cadre parfaitement dans cette philosophie instaurée par Michel Laplante et poursuivie par Patrick Scalabrini.
Portrait d'un chic type!

Photo ci-dessus : Jonathan Malo en est à sa quatrième saison avec les Capitales de Québec. Le joueur d'avant-champ a été réclamé au repêchage par les Mets de New York en 2002 et en 2003. Il a de plus été l'arrêt-court régulier de l'équipe canadienne de 2009 à 2012. (Photo : LE SOLEIL, YAN DOUBLET

Jeune, Jonathan Malo souhaitait être le meilleur joueur des ligues majeures dès que son regard d'enfant croisait une étoile filante. Il n'a peut-être pas réalisé son rêve, mais le baseball l'a comblé. Encore aujourd'hui, le numéro 15 se plaît sur le losange du Stade municipal, où il vient d'entreprendre sa quatrième saison dans l'uniforme blanc à rayures bleues.

«Ce n'est pas difficile d'avoir du plaisir quand tu joues au baseball. Comment ne pas être heureux à l'idée de passer ses journées en compagnie de Michel, Patrick, Karl Gélinas et les autres, je pourrais tous les nommer... L'ambiance que l'on retrouve à Québec est beaucoup plus amusante que celle des ligues mineures. Ce n'est pas pour rien que plusieurs gars étaient prêts à s'amener en ville dès le mois d'avril», indiquait-il dans un long entretien avec Le Soleil avant le début de la saison.

Il vient de plonger dans sa 11e campagne professionnelle. Et à moins d'une blessure, il disputera son 1000e match dans les derniers jours du présent calendrier régulier, lui qui a commencé la saison à 922 parties au compteur. Un parcours qui l'a mené dans les hautes sphères de l'organisation des Mets de New York.

«Ça commence à faire une longue carrière. J'ai vécu de belles choses. Je pensais que ça tirait à sa fin, mais si Baseball 360 [un concept unique de boutique à Québec] me permet de survivre au plan financier, peut-être que je pourrais jouer pendant encore quelques années. Avec les idées qui sortent du chapeau de Michel, d'autres projets pourraient naître. Jusqu'à présent, j'ai passé trois belles saisons avec les Capitales, qui forment déjà l'une des plus belles expériences de baseball de ma vie.»

Natif de Saint-Roch-de-L'Achigan, Malo a grandi avec une casquette sur la tête et un gant à la main. Fils unique d'un joueur de balle molle, le produit des Associés de Laval, dans le baseball junior majeur, a aussi fréquenté l'Académie de baseball du Canada. En 2001, il portait d'ailleurs les couleurs de l'équipe nationale junior.

Sélectionné par les Mets
Après deux saisons passées à l'ABC à Montréal, les Mets le réclament en 40e ronde du repêchage de 2002. Il se dirige alors vers le collège de Miami-Dade, où une campagne plus difficile l'empêche d'être mis sous contrat au terme de la période permise pour le faire.

«Je n'avais pas connu une grosse saison, l'adaptation au calibre américain avait été difficile. Je n'avais pas reçu d'offre, mais les Mets m'avaient à nouveau repêché en 2003 [48e ronde]. J'avais changé de collège pour me retrouver à Northeastern [le même fréquenté avant lui par Gélinas et aussi appelé NEO], en Oklahoma, et là, ça avait vraiment bien été, de sorte que j'ai signé mon premier contrat», expliquait celui qui prendra ensuite la direction de la Ligue d'instruction en Floride.

Il ne s'éternise pas plus d'un an dans les ligues de recrues, se retrouve au niveau A pendant deux saisons et fera la navette entre le AA et le AAA lors des quatre suivantes. Son flirt avec les majeures surviendra en 2009. Indirectement, c'est aussi l'année où son rêve s'envole.

«On m'avait confié un poste régulier dans le AAA, même si j'étais un joueur d'utilité dans le AA la saison précédente. Pendant le premier mois, j'en ai arraché, autant à l'attaque qu'en défensive. Je ne le cache pas, c'est là que j'ai raté ma chance. Il y a toujours une fenêtre qui s'ouvre, mais elle peut se refermer assez vite et ç'a été mon cas.

«Le but ultime de tout joueur est d'atteindre les majeures, j'en aurais été vraiment fier, mais je ne perçois pas cela comme étant une déception. Je trouve dommage que ça ne soit pas arrivé parce que j'étais vraiment près du but, mais ce n'était pas la fin de ma vie.»

À défaut des ligues majeures, il s'est promené, jouant dans une ligue d'hiver avec les Tigres de Chinandega, au Nicaragua, participant à des tournois internationaux à Cuba, Porto-Rico, au Panamá, en Europe et aux États-Unis avec l'équipe nationale senior.

«Si le baseball avait été présenté aux Jeux olympiques de 2012, j'y serais sûrement allé», soutient l'arrêt-court régulier de la sélection canadienne de 2009 à 2012, qui a été réserviste à l'avant-champ à la Classique mondiale de 2013.

En 2012, il s'amène à Québec pour s'aligner avec les Capitales. Il avait entendu parler du climat de travail favorable au Stade municipal, «mais il n'y a rien comme de la constater. En fait, c'est encore mieux de le vivre en personne», précise celui dont l'équipe profite présentement d'une rare fin de semaine de congé. Le boulot reprend lundi, à Trois-Rivières.

Jonathan Malo

Photo ci-dessus : À l'été 2009, Jonathan Malo était au seuil des ligues majeures. (Photo LE SOLEIL, YAN DOUBLET)

Une fenêtre qui ne s'ouvrira pas
Camp d'entraînement de 2009, Jonathan Malo vient de compléter une saison où «je n'avais rien fait de spécial». Mais une invitation venue du champ gauche le surprendra : un bon matin, on lui demande de se joindre au groupe des ligues majeures des Mets de New York.

À la fin d'un exercice matinal, le gérant Jerry Manuel s'approche de lui : «J'ai bien aimé la manière dont tu captais les roulants, je vais voir si tu ne pourrais pas être notre deuxième but partant dans quelques jours...» L'intention de l'ancien joueur des Expos surprend Malo. «Ça arrivait de nulle part, c'était à la fois inespéré et inattendu», avoue-t-il, aujourd'hui.

Au baseball, on ne sait jamais qui t'observe. Il suffit parfois de tomber dans l'oeil de quelqu'un et celui-ci devient ta carte d'entrée, ton protecteur. Dans le cas de Malo, c'était le gérant des Mets!

Et celui-ci avait tenu sa parole, car peu de temps après, le Québécois était inséré dans l'alignement partant d'un match de la Ligue des pamplemousses à Kissimmee, contre les Astros de Houston. «Je pensais qu'il allait m'utiliser en huitième manche, mais non, j'avais vraiment commencé le match. J'ai ensuite passé le reste du camp à m'entraîner aux deux niveaux [majeur et mineur], au champ intérieur comme extérieur.»

Puis, les rumeurs voulant qu'il pourrait se tailler un poste ont commencé à circuler. Des journalistes le questionnaient à cet effet, notamment quand les Mets ont retranché Jose Valentin, un joueur d'utilité d'expérience.

«Je ne me faisais pas d'idée. Même que je me demandais d'où ça sortait. J'avais joué dans le AA la saison précédente et je ferais le saut dans les majeures, je me disais : "Ben voyons donc". Je n'y croyais pas, ça n'avait aucun sens.»

Après une série de matchs hors-concours à City Field, le nouveau stade des Mets, on lui confirme finalement qu'il sera cédé à la filiale AAA de Buffalo. Là-bas, il frappe son Waterloo. «On jouait à tous les jours contre les filiales des Red Sox et des Yankees, face à des joueurs d'expérience, ça été un premier mois difficile. J'en arrachais, autant au bâton qu'en défensive. Après cela, j'ai fait la navette entre le AAA et le AA, j'étais redevenu un joueur d'utilité», relate-t-il sans amertume.

À un appel des grandes ligues
À l'été 2009, les Mets le rappellent en raison d'un trop grand nombre de joueurs blessés. Mais on lui dit de rester à l'hôtel, histoire de ne pas ébruiter sa venue. Il regarde le match à la télévision, espérant être invité au stade, le lendemain.

Quand son téléphone sonne, son coeur bat. Au bout du fil, un journaliste new-yorkais lui demande s'il est bel et bien à New York. «Je ne savais pas quoi répondre, on m'avait interdit de le dire, mais je trouvais que les nouvelles allaient vite... En huitième manche, j'ai reçu un autre message des Mets, me disant qu'on n'aurait finalement pas besoin de moi, de prendre tel vol pour m'en retourner... Quand je vois ça, je me dis : " Oh boy! J'ai vraiment passé proche".»

Des éloges et des roulants
Ernie Whitt, gérant de la sélection nationale et ancien receveur des Blue Jays, est élogieux envers Jonathan Malo, qu'il a déjà qualifié comme étant l'un des meilleurs joueurs d'avant-champ défensif que le Canada n'a jamais eu. «J'ai toujours eu du plaisir à capter des roulants, je le ferais une journée de temps sans me tanner. J'ai été un peu déçu qu'on nomme Cole Iorg [un ancien choix de première ronde] au poste d'arrêt-court no 1 de l'équipe nationale après l'avoir été pendant quatre ans.»

Dans la rue avec un Gretzky
Basée en Arizona pendant la Classique mondiale, l'équipe canadienne est invitée à un BBQ chez Justin Morneau. Pour s'amuser, le premier-but avait organisé un match de hockey-balle dans la rue. Quelques jeunes se joignent au groupe. «Il y en avait un avec un bâton de 300 $ dans les mains, c'était un des fils à Wayne Gretzky, qui était son voisin...» rappelle Jonathan Malo.

La «fiesta»
À la Classique mondiale, le Canada a été impliqué dans une violente bagarre générale contre le Mexique, où le releveur des Capitales Jay Johnson s'en était notamment donné à coeur joie. Appelé à remplacer un joueur expulsé, Jonathan Malo était le frappeur suivant après la «fiesta» et la foule de l'Arizona, à majorité partisane du Mexique, ne cessait pas de crier. «J'avais reçu un but sur balles. En arrivant au premier but, Adrian Gonzalez [des Dodgers] m'avait dit que les gens demandaient au lanceur de m'atteindre...»

«Hé Malo, quoi de neuf?»
Jonathan Malo a été le coéquipier dans les filiales de plusieurs joueurs réguliers des Mets de New York, comme David Wright, Daniel Murphy, Matt Harvey, Jon Niese, Lucas Duda, etc. À la Classique mondiale, en 2013, Wright a frappé un double important contre le Canada. Posté au deuxième but, il lui lance : «Hé Malo, quoi de neuf? Je ne voulais pas trop le montrer, mais j'étais content qu'il m'aborde...»
Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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