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La pression est tombée

Revue de presse

Propos de Pierre-Luc Laforest recueillis par Robert Latendresse, RDS.CA, le 13 juin 2012

Pierre-Luc LaforestLes choses vont bien pour les Capitales de Québec. Au moment d'écrire ces lignes, nous accusons un demi-match de retard au classement sur le New Jersey. On sent de plus en plus que l'équipe est rodée et que les joueurs d'expérience donnent le ton. Tout le monde devient soudainement plus relaxe et laisse tomber la pression.

Les joueurs répondent bien à la pression de jouer dans une ligue indépendante, parce qu'il existe vraiment une pression. Je sais que dans le baseball affilié, certains regardent les ligues indépendantes de haut. Il faut savoir qu'il y a dix ans, les ligues indépendantes étaient presque inexistantes, mais le regard des joueurs a changé. Le bassin de joueurs a augmenté et le nombre de ligues aussi. De plus, il se joue du très bon baseball.

Des gars comme Josué Peley, Jonathan Malo, Sébastien Boucher ou moi avons tous joué dans les ligues mineures et un peu dans les ligues majeures, et notre objectif premier n'était pas de jouer dans le baseball indépendant. Le rêve de tous les joueurs est de se retirer comme joueurs des majeures au moment où on le choisit. Jouer dans une ligue indépendante demande donc une adaptation et, comme Québécois, on sent peut-être plus de pression parce que nous jouons chez nous et que nous avons tendance à nous en mettre plus sur les épaules.

Au début, on a l'impression que tous les yeux sont tournés vers nous et que tout le monde en veut plus de nous. L'ajustement est plus mental que physique. Jusqu'à maintenant ça se passe bien pour les Québécois des Capitales parce qu'ils ont de très bonnes statistiques, mais les gars sont placés dans une situation où ils ne peuvent pas gagner. S'ils ont du succès, tout le monde dira que c'est juste normal. Si les statistiques ne sont pas au rendez-vous, on se le fait reprocher parce qu'on joue chez les professionnels. J'ai vécu une pareille situation à mon arrivée et c'est pourquoi j'ai tenu à en discuter avec les gars. Je leur ai dit qu'il était normal de ressentir plus de pression parce qu'on joue chez nous. J'ai dit aux gars de cesser de s'en faire et de se contenter de jouer. Après la discussion, j'ai senti que la pression était tombée chez eux.

Les joueurs qui arrivent dans la Ligue Can Am en provenance des ligues affiliées arrivent parfois avec un degré de confiance élevé, voire même un peu d'arrogance, mais de la bonne arrogance. Ceux qui ont vraiment une attitude arrogante ne demeurent pas longtemps avec nous. Ceux-là se retrouvent très souvent devant rien et c'est la fin de leur carrière. Les gars doivent saisir leur chance et ils doivent comprendre et accepter qu'ils évoluent dans une ligue indépendante.

Il y a d'autres ligues indépendantes qui existent comme la Ligue Atlantique qui misent sur d'anciens joueurs du baseball majeur ou d'anciens de niveaux AA ou AAA. Contrairement à nous, ils n'ont aucun ratio de recrues ou de vétérans ce qui fait que le calibre est un peu plus élevé, mais ça prive aussi le circuit de belles surprises. Comme la Ligue Can Am exige la présence de recrues dans les clubs, nous donnons une chance à des jeunes qui n'en auraient pas eu autrement. Il y a deux ans par exemple, un jeune de la Saskatchewan, Andrew Albers, est passé par Québec comme recrue et il a connu beaucoup de succès. Aujourd'hui, il évolue au niveau AA dans la filiale des Twins du Minnesota. Albers n'aurait jamais joué dans la Ligue Atlantique en 2010 parce qu'on ne lui aurait même pas donné une chance.

Ça progresse bien
De mon côté, je poursuis ma rééducation afin de renforcer mon genou gauche et le travail avec le thérapeute sportif Jean-Philippe Poulin rapporte les fruits escomptés, parce que je sens que j'ai fait de réels progrès, mais je ne suis pas encore prêt à effectuer un retour au jeu. On a mis l'accent sur la musculation pour stabiliser ma hanche et mon genou afin de diminuer la pression. J'ai recommencé à courir et les sensations ne sont pas toujours bonnes. Si je reviens au jeu, je pense que je vais devoir apprendre à jouer en dépit de la douleur.

Je n'ai toujours pas décidé si j'allais reprendre ma place dans l'équipe, car si je reviens ça voudra dire que les Capitales devront retrancher un joueur. Comme l'équipe va plutôt très bien, je ne veux rien faire pour nuire à la formation. En plus, on dispute 33 parties en 30 jours ce mois-ci, alors il est important de miser sur beaucoup de lanceurs. Si je revenais au jeu, c'est probablement T.J. Stanton, notre releveur numéro un, qui écoperait. Ce serait dommage parce qu'il lance très bien et qu'on a besoin de lui.

Contre l'Association américaine
Nous avons eu l'occasion de disputer des parties interligues il y a quelques jours contre l'équipe de St. Paul et nous avons pu constater que le calibre de ce circuit ressemblait beaucoup au nôtre. D'ailleurs, on a enlevé deux des trois parties de cette série.

Je dirais que les deux circuits offrent du baseball de qualité qui s'équivaut. Si on jouait 20 parties contre cette ligue, il y a de fortes chances que l'on en gagnerait la moitié. Ce circuit a fait ses preuves et, comme dans la Ligue Can Am, elle a de bonnes et de moins bonnes équipes.

J'ai entendu des gars qui disaient en début de saison que si nous étions dans leur ligue, on n'aurait pas gagné quatre championnats de suite. Je ne sais pas si on aurait gagné aussi souvent, mais je peux vous garantir qu'on n'aurait pas mal paru. Pour nous, ces déclarations ne sont qu'un élément de motivation de plus.

Les débuts de Maxim St-Pierre
Transformé en lanceur, Maxim St-Pierre a bien fait en trois présences au monticule. Sa première sortie en relève samedi le 2 juin contre Rockland a été difficile, mais on s'y attendait. On voyait bien qu'il avait les nerfs à fleur de peau. On espérait simplement qu'il n'oublie pas de respirer! Il s'est retrouvé aussi dans une situation qui n'était pas facile alors qu'il a affronté le coeur de l'alignement composé de frappeurs gauchers. Dans l'ensemble, on était content, car cette première sortie a permis de faire tomber les papillons.

On l'a senti plus solide dès sa deuxième sortie cinq jours plus tard contre Worcester avec deux manches de travail. Il était confortable à sa deuxième manche de travail en prenant son temps et en ne paniquant pas avec un coureur sur les sentiers. Il était plus en contrôle et il parvenait à ralentir la partie. C'est encourageant.

Entre-temps, il a continué à travailler sur sa mécanique, sa vélocité et son moral. Il doit apprendre à être plus constant avec sa variété de tirs. Il a passé 15 ans dans les ligues mineures comme receveur alors il sait analyser les frappeurs. Ça va l'aider comme lanceur.

Un trio de partants punché
Nous misons sur un trio de partants des plus solides comme l'an dernier avec Karl Gélinas (5-0), Bryan Rembisz (3-0) et John Mariotti (3-1). Ces trois lanceurs avaient des statistiques semblables en 2011. C'est avantageux de pouvoir compter sur des lanceurs de cette qualité, car ils nous donnent une chance de gagner tous les soirs.

Il y a aussi Jeff Duda, notre releveur numéro un la saison dernière qui est maintenant partant. Comme Maxim, il doit faire des ajustements, car il n'est pas facile de passer de l'enclos des releveurs à un poste comme partant. Duda fait du bon boulot. Il n'a généralement aucun problème lors des quatre premières manches, mais ça se complique quand les frappeurs se présentent au bâton contre lui pour la troisième fois. Comme releveur, il n'est pas habitué d'affronter les mêmes joueurs plus d'une fois.

Duda a le potentiel pour lancer pendant sept manches à chacune de ses sorties, mais comme les frappeurs, il doit s'ajuster. C'est un peu le jeu du chat et de la souris. Jeff doit apprendre à connaître les frappeurs, qui ont tous au moins une faiblesse au bâton et savoir exploiter leurs vulnérabilités.

Par ailleurs, les Capitales ont apporté des changements au personnel de lanceurs ces derniers jours en mettant sous contrat le gaucher Justin Wiley et en libérant Adam Kudryk. Je ne connais pas beaucoup Wiley qui sort du niveau collégial et qui n'a jamais lancé dans les rangs professionnels. C'est un peu une boîte à surprise. C'est un ancien joueur de l'équipe, Giancarlo DiPrima, qui a recommandé son embauche à la direction. Comme les statuts de la ligue nous obligent à avoir une recrue dans la formation, nous avons jeté notre dévolu sur Justin, qui pourra montrer jeudi contre les Tornadoes de quel bois il se chauffe puisqu'il sera notre partant.

La jambe de Jose Canseco
Nous jouons à Worcester, contre l'équipe qui mise sur l'ancien frappeur de puissance du baseball majeur Jose Canseco. Âgé de 47 ans, il continue de rouler sa bosse et je suis heureux de voir un gars qui a dominé son sport à son époque dans notre ligue. À son âge, il a l'air d'un joueur de 26 ans. Sans farce. Il est imposant et il semble en pleine forme. Il n'y a pas beaucoup de gras sur son corps. C'est juste du muscle.

La semaine dernière, il a malheureusement raté la série contre les Capitales à Québec et certains spectateurs devaient être déçus de ne pas le voir au Stade municipal. Il s'est absenté en raison, dit-on, d'une jambe enflée, ce qui lui a fait rater l'avion!

Comme joueur, on respecte ceux qui comme lui ont joué dans les ligues majeures aussi longtemps, mais il n'a pas droit à un traitement spécial des autres clubs. On regarde Canseco et on est en admiration en raison de ce qu'il a fait durant sa carrière, mais d'un autre côté, on se demande s'il est un bon joueur pour son équipe. Il faut se questionner sur son impact sur l'esprit d'équipe et s'il aide son club comme quatrième frappeur. Puis, la journée où il décide de mettre la pédale douce, il n'apporte rien à son club et ça crée de l'animosité dans le vestiaire. Si les joueurs commencent à le détester, ça risque de vite devenir un cancer dans l'équipe.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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