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Le circuit miraculeux de Patrick Deschênes

Revue de presse

Carl Tardif, Le Soleil, le 11 juillet 2020

Alouettes de Charlesbourg 1997

De tous les championnats remportés par les Alouettes, celui de 1997 reste de loin le plus dramatique. Avec deux retraits et un déficit d’un point à la dernière manche d’un septième match, Patrick Deschênes avait frappé un circuit de deux points contre les Cards de LaSalle pour donner le troisième titre de suite aux Alouettes de Charlesbourg.

«Je pense ne pas avoir fait le tour des buts en courant, j’avais sauté trois fois et je m’étais rendu au marbre», illustre en riant l’auteur de ce coup historique réalisé le 23 septembre 1997.

Patrick Deschênes avait déjà rêvé de frapper un tel circuit, mais pour lui, le scénario imaginé dans la tête de l’enfant qu’il a été s’est matérialisé.

«Je me souviens de toute la présence au bâton, j’étais tellement nerveux. Sur le premier lancer, je m’étais élancé dans le vide sur une balle lancée à deux pieds du marbre. Je ne pensais pas au circuit, je voulais juste ne pas être le dernier retrait. Avec un compte de trois balles et une prise, Gordie O’Brien, qui était l’un de leurs meilleurs lanceurs, m’a envoyé une courbe et je ne l’ai pas manqué», rappelle Deschênes qui avait transformé un déficit de 2-1 en victoire de 3-2.

Photo ci-dessus : Les Alouettes de Charlesbourg, champions de leur division en saison régulière et champions des séries éliminatoires 1997 dans la Ligue de baseball Montréal junior... pour une troisième année consécutive! Rangée du haut de gauche à droite: Guy Roy, Patrick Deschênes, Jean-Sébastien Langlois, Martin Pouliot, Sébastien Lachance, Olivier Lépine, Mathieu Côté, Philippe Genest, Louis Turcot, André Roy, Stéphane Pouliot. Rangée du bas: Joce Blais, François Laverdière et Tommy Castegan. (Photo : Gilles Corbeil Archives de la LBJÉQ))

La saison suivante, Deschênes lancera un match parfait pendant la finale menant au quatrième championnat de suite de l’équipe. Clin d’œil du destin, son filleul, William, évolue maintenant avec les Alouettes.

«On s’entend pour dire que Pat Deschênes a brûlé la ligue. Le monde disait que c’était le fun de venir nous voir jouer, mais qu’après trois manches, les matchs étaient finis… Imagine, un soir, Pat avait frappé trois circuits et produit neuf points, mais il n’avait même pas été le joueur du match», raconte Olivier Lépine, qui a vécu les cinq premières conquêtes, dont la dernière en 1999 malgré un poignet fracturé et une promotion avec les Capitales de Québec.

«Le meilleur»
Tous les anciens interrogés dans le cadre de ce reportage sont unanimes à propos de Deschênes, qui a ensuite évolué dans les filiales des Mets et connu du succès avec les Capitales.

«Il est le meilleur joueur avec qui j’ai joué, il avait un talent naturel incroyable», admet Joce Blais, à propos de celui qui jouait à toutes les positions dans le junior.

Deschênes avait gradué avec les Alouettes dès l’âge de 17 ans, la même année que Lépine. Quelques mois plus tard, les deux recrues allaient contribuer à la première conquête du championnat.

«Il lançait, il frappait, il jouait au troisième et au premier but. Il a commencé au deuxième but, à ses débuts. Ce n’est pas compliqué, il faisait tout bien sur le terrain. Il n’y a pas de doute dans mon esprit qu’il a été le joueur par excellence de cette dynastie», soutient l’ancien gérant Martin Pouliot, sans toutefois négliger la contribution de tous les autres joueurs qui remplissaient leur rôle à la perfection.

D’ailleurs, Pouliot hésitait à donner son top 5 des meilleurs joueurs de cette époque.

«Il y a Pat [Deschênes], Joce Blais, Marc-André Charbonneau, Stéphane Pouliot et Guy Roy, mais aussi les frères Lépine et plusieurs autres. Il y en aurait tellement à nommer, c’est quasiment injuste de faire un tel classement. Moi, je dirigeais la parade, mais je ne suis pas celui qui jouait de la trompette. Je n’étais qu’un maillon d’une chaîne très solide et nous avions aussi de très bons administrateurs qui nous faisaient confiance», illustrait-il en parlant de l’ensemble de l’organisation et non pas seulement ce qu’on voyait sur le terrain.

Après les six championnats de 1995 à 2000, les Alouettes ont une autre fois triomphé en 2013 sous la férule de l’entraîneur-chef Dave Dufour. Plusieurs membres de cette glorieuse époque ont reproduit le tout à Thetford Mines, dans le baseball senior, où les Blue Sox ont gagné six des sept derniers championnats, dont cinq de suite de 2013 à 2017.

Surplus de bagues!
Ajoutez à cela quelques championnats de ces mêmes joueurs avec le Rouge et Or, et la cour devient pleine. «À la fin, on avait tellement de bagues qu’on se faisait faire toutes sortes de choses comme souvenirs», mentionne Guy Roy.

Cette saison, les Alouettes seront dirigés par Frédéric Lajoie, un homme de baseball de Trois-Rivières qui était l’adjoint de Pouliot avec les Voyageurs de Jonquière. Leur premier match au parc Henri-Casault est prévu le mardi 21 juillet contre les Diamants de Québec, champions en titre de la LBJEQ, deux jours après un premier duel régional au Stade Canac, le dimanche 19 juillet (17h).

Depuis 2011, Québec (quatre) et Charlesbourg (1) revendiquent cinq des neuf derniers championnats du circuit, signe que la qualité du baseball junior à Québec se maintient toujours.

DES ANNÉES FASTES POUR LE BASEBALL
Si les Alouettes ont complètement dominé la scène du baseball junior de 1995 à 2000, il y avait beaucoup d’action sur les losanges de la Vieille Capitale.

Entraîneur-chef des Diamants, André Lachance sera nommé directeur technique de Baseball Québec en 1996, ouvrant ainsi la porte à Sylvain Saindon, qui deviendra leur entraîneur-chef en 1997.

La même année, le Stade municipal sera le théâtre de la Série internationale de l’Amitié, qui a vu de futurs joueurs des ligues majeures comme Rick Ankiel (Cards de St. Louis) et Michael Cuddyer (Twins du Minnesota) se produire à Québec dans un tournoi qui regroupait les meilleurs joueurs de 18 ans et moins du Canada, des États-Unis, de l’Australie et un regroupement de joueurs québécois de calibre junior de 21 ans et moins.

En 1999, les Capitales de Québec ont rejoint les rangs de la Ligue Northeast, évoluant ensuite dans les ligues Northern et Can-Am. Ils auraient été membres de la Ligue Frontier, en 2020, si la saison n’avait pas été annulée.

Cette même saison sera aussi propulsée par la mise sous contrat de plusieurs joueurs de la région par le baseball affilié. Ainsi, le lanceur Reggie Laplante (un ancien des Diamants et des Alouettes) est repêché en sixième ronde par les Yankees de New York, Patrick Deschênes se retrouvera dans les filiales des Mets et Jean-Sébastien Langlois dans celles des Braves.

Pour sa part, Michel Laplante séjournera dans la famille des Expos après avoir conservé une fiche de 11-2 à sa première campagne avec les Capitales.

Sur une note plus triste, l’ancien lanceur des Giants de San Francisco et des Twins du Minnesota Georges Maranda, qui a donné son nom au stade de Lévis, est décédé en 2000, tout comme l’arbitre Jacques Delisle, un personnage du baseball junior pendant cette période.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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