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La nouvelle réalité du baseball junior

Revue de presse

Nicolas Ducharme, Le Nouvelliste, le 17 juillet 2016

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LBJÉQ

(Trois-Rivières) La Ligue de baseball junior élite du Québec a procédé à une importante révolution le printemps dernier en adoptant un tout nouveau calendrier. Les équipes disputent dorénavant 42 matchs, plutôt que 50, mais en 76 jours plutôt que 91. Une toute nouvelle réalité qui s'avère payante, mais très taxante pour les joueurs.

Photo ci-dessus : Le visage du baseball junior élite québécois a été considérablement remodelé cette saison alors que le nombre de matchs a été revu à la baisse, tout en étant disputés sur une plus courte période de temps. (Photo Olivier Croteau)

En plus de diminuer le nombre de matchs, la LBJEQ a privilégié les rencontres intra-division. Les rivalités n'en sont que meilleures, mais aussi l'intérêt des spectateurs, plus familiers avec les équipes situées à proximité géographique.

«Montréal vient d'affronter Saint-Eustache trois matchs de suite. C'était intense, ça jouait et il y avait du monde! Il y a des frappeurs qui ont été atteints... par pur hasard!», rigole le président du circuit, Rodger Brulotte, bien heureux du succès de ce nouveau calendrier condensé.

«On est très satisfait. Nous aurons encore un calendrier non équilibré (plus de matchs dans la division) en 2017», souligne-t-il.

À l'origine, le changement ne devait pas être frappant, mais la météo est venue compliquer les plans. Avec plusieurs parties remises, les équipes se retrouvent à disputer un marathon de matchs en peu de temps afin d'être en mesure de compléter le calendrier pour le 24 juillet. Par exemple, les Aigles de Trois-Rivières sont au coeur d'une séquence de 12 matchs en 14 jours afin de conclure la saison. Les Castors de Charlesbourg, eux, seront en action neuf fois en sept jours à partir de lundi. Des horaires plus exigeants que ceux des Ligues majeures, puisque l'équipe visiteuse doit revenir au bercail après la majorité des matchs.

«Je ne trouve pas ça négatif, mais ça peut être perturbant pour certaines organisations, parce que c'est du changement. Mais je suis de ceux qui pensent que le baseball, plus tu le pratiques souvent et meilleur tu seras. Ça n'a pas affecté l'engagement des joueurs ici, mais il y a d'autres équipes que oui», souligne le gérant des Aigles, Jean-Philippe Lemay, qui estime qu'avec cette nouvelle réalité, le développement du baseball local sera encore plus important dans les prochaines années.

Soudainement, avec un tel horaire de jeu, la LBJEQ prend des airs de ligue estivale de baseball collégial, comme on retrouve aux États-Unis. Dans ces circuits, tel la renommée Ligue de Cape Cod, se retrouvent certains des meilleurs espoirs des Ligues majeures qui disputent chaque jour des matchs de neuf manches pendant deux mois. Deux différences colossales existent toutefois entre les deux circuits: alors que les joueurs de la Ligue de Cape Cod ne font que jouer au baseball et sont hébergés par des familles d'accueil, ceux de la LBJEQ ont, pour la grande majorité, des emplois. De plus, le territoire de la Ligue de Cape Cod s'étend sur une centaine de kilomètres pour 10 équipes. Dans la LBJEQ, Gatineau et Saguenay sont séparés par 650 km!

«C'est difficile pour le physique, surtout pour les plus vieux. J'ai 22 ans, et les fins de semaine de cinq matchs, c'est l'enfer, surtout quand il fait 30 degrés. C'est quelque chose!», mentionne le vétéran des Aigles Martin Gagnon entre deux étirements avant d'être l'un des derniers joueurs à quitter le terrain après un match contre l'Académie de baseball du Canada.

De jour, Gagnon est soudeur et travaille 40 heures par semaine. Son coéquipier Ismaël Ballard, lui, se dirigera vers l'hôpital après la rencontre, où il a un emploi de nuit. C'est la réalité de la grande majorité des athlètes du circuit Brulotte.

«Cette année, j'ai perdu un joueur qui est policier. Mon deuxième-but travaille à Wall Street, j'en ai un dans l'armée... c'est fou! La plupart de mes gars travaillent, ils n'ont pas le choix, et je dois être flexible avec eux. Je ne dirai pas à un d'aller travailler au salaire minimum pour jouer au baseball sinon je vais le perdre», indique Jean-Nicolas Blanchet, le pilote des Castors de Charlesbourg.

Dans ces conditions, quel joueur ne voudrait pas aller aux États-Unis, plutôt que de vivre à un tel rythme au Québec? Pourtant, après avoir fait l'expérience des ligues estivales collégiales au sein de la Perfect Game Collegiate Baseball League, dans l'État de New York, Raphaël Gladu a décidé de revenir à Trois-Rivières.

«Je suis resté au Québec pour pouvoir m'entraîner tous les jours. Dans les ligues estivales collégiales, tu ne peux pas t'entraîner, tu es épuisé. Quand j'ai joué là, les premiers mois c'était correct, mais à la fin, je n'étais plus capable. Il y a plein de joueurs qui sont partis. On joue des neuf manches tous les jours, et tu manques de temps pour aller au gym. Ici, avec des matchs de sept manches, je pense que c'est parfait», souligne celui qui évolue avec les Bulldogs de Louisiana Tech dans la NCAA.

«Je pense que les gars contrôlent un peu mieux leur énergie dans le junior. Mais oui, ils se fatiguent plus vite (cette saison), et c'est à nous de prévenir. On n'a pas le choix d'avoir un physiothérapeute cette année parce que les gars ont mal partout», avoue Blanchet.

Vivement les éliminatoires
Si la charge de travail du nouveau calendrier en essouffle quelques-uns, tous ont hâte que les séries éliminatoires s'amorcent. Pour la première fois, les équipes pourront compter sur leurs meilleurs atouts, qui ne seront pas dans les collèges américains.

«Tout ce qu'on va avoir souffert dans l'année, on va pouvoir être récompensé en séries. Les clubs qui avaient moins de profondeur et qui perdaient leurs joueurs de calibre en séries, ce ne sera plus le cas. Ça monte le calibre», note Gagnon. Une opinion que tous les intervenants semblent partager, bien que certains regrettent que 12 des 13 équipes soient des séries, un nombre trop important à leurs yeux.

Grâce à ce nouveau calendrier, le tournoi éliminatoire se conclura au début du mois de septembre, plutôt que trois semaines plus tard. Rodger Brulotte semble bien heureux de voir que tous ses joueurs seront sur les bancs d'école à la mi-septembre, pas seulement ceux partis au pays de l'Oncle Sam.

«Je veux protéger les Québécois qui vont à l'école. Par exemple, un joueur qui va à l'UQTR, à St. Lawrence à Québec ou l'Université de Montréal, mais qui ne joue pas pour une équipe de cette ville, il faut penser à lui aussi. On a essayé d'éviter qu'un joueur joue sur semaine et revienne à 2 h du matin chez lui. Sauf pour la finale, mais elle sera disputée du jeudi au dimanche.»

Un changement payant
Au-delà du marathon de matchs et des séries éliminatoires, le nouveau calendrier aura eu un autre effet bénéfique: celui de renflouer les coffres des organisations de la ligue, qui ne roulent pas sur l'or. À défaut de plaire à tous, les six rencontres intra-division ont attiré davantage de spectateurs, en plus de réduire la distance des déplacements.

«Il y a plus de matchs locaux et plus de rivalités. Financièrement, ça donne un coup de main, parce qu'il n'y a plus personne qui donne une cenne pour le baseball junior! Ça nous a permis d'alléger le fardeau des petits gars, qui bien souvent payent pour jouer, malgré ce que le monde peut penser», conclut Blanchet.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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