Éric Gagné: un investisseur sérieux

Revue de presse

Pierre Durocher, Le Journal de Montréal, le 29 août 2015

Le baseball me manque à ce temps-ci de l'année et je me suis donc retrouvé avec plaisir vendredi soir à Trois-Rivières pour assister au retour d'Éric Gagné au monticule.

J'ai adoré ma soirée. Il faisait un temps splendide et il régnait une ambiance électrisante au stade Fernand-Bébard.

Ce joli stade de baseball, qui a été rénové en 2009, était rempli à craquer par une foule de plus de 6 000 spectateurs.

Photo ci-dessus : Éric Gagné. (Photo Agence QMI, Andréanne Lemire)

Éric Gagné a atteint ses divers objectifs: 1-il voulait aider son équipe, les Aigles, à remporter la victoire, ce qui fut fait; 2- il voulait attirer l'attention sur la ligue Can-Am et remplir les gradins; 3-il voulait démontrer à ses quatre enfants que même à l'âge de 39 ans, le bonhomme est encore capable de lancer des rapides à 93 milles à l'heure. Gagné n'a alloué que deux coups sûrs en quatre manches et un tiers de travail et les Aigles menaient 3 à 1 lorsqu'il a quitté le monticule. Mission accomplie.

Gagné a laissé savoir en fin de soirée qu'il s'agissait d'une seule et unique expérience, qu'on ne le reverrait plus au monticule dans un match de la ligue Can-Am, lui qui est copropriétaire des Aigles. Game Over.

J'ai pu discuter un bon moment avec lui avant le début du match. L'ancien récipiendaire du trophée Cy Young et détenteur de quelques impressionnants records à ses belles années avec les Dodgers m'a confirmé qu'il serait fort intéressé à investir dans le retour d'une équipe de baseball majeur à Montréal.

C'est du sérieux. Gagné a confié avoir eu des discussions avec un groupe d'investisseurs potentiels.

«Je serais très intéressé à investir dans le projet si jamais Montréal se voyait offrir la chance de ravoir, un jour, une concession de baseball majeur. Je vais assurément m'impliquer si le dossier continue d'aller de l'avant. On peut former un bon groupe d'investisseurs locaux qui, appuyés possiblement par un Américain, serait en mesure d'apporter le financement nécessaire pour obtenir une concession et construire un stade.»

Il trouve que le dossier progresse normalement, étapes par étapes, comme celui de Québecor dans le cas d'un retour possible d'une équipe de la LNH à Québec.

Voilà un discours que Warren Cromartie et ses nombreux alliés ont dû fort apprécier. Gagné a touché, à titre de salaires, plus de 40 millions de dollars au cours de sa carrière de 11 ans dans les ligues majeures.

Il possède donc les moyens financiers pour se joindre à un groupe d'investisseurs composé de Stephen Bronfman, Mitch Garber et Larry Rossy.

Je demeure sceptique au sujet du retour d'une équipe à Montréal, car ça va coûter une fortune. Mais comme me le soulignait Gagné, les choses ont bien changé dans le baseball majeur depuis le départ des Expos en 2004, notamment au sujet des droits de télévision.

Le plus gros pépin actuellement est celui du dollar canadien, qui ne cesse de dégringoler face à la devise américaine.

Mais bon. Ce projet pour ramener les Expos à Montréal est à son stade embryonnaire. Dans 3-4 ans, le dollar canadien pourrait bien avoir réussi à remonter la pente, sait-on jamais?

Gagné a répété vendredi soir qu'il avait commis des erreurs au cours de sa carrière, en utilisant des produits dopants (hormones de croissance). Il n'est pas le seul joueur à l'avoir fait.

Certains lecteurs l'accuseront d'être un tricheur mais Gagné a le droit au pardon, selon moi.

Il a investi pour devenir coactionnaire des Aigles à Trois-Rivières, il a aidé bon nombre de joueurs de baseball québécois ces dernières années et il se dit prêt maintenant à s'impliquer pour ramener une équipe à Montréal.

On verra bien ce que ça va donner, mais on ne peut pas lui en vouloir d'essayer de faire bouger les choses au Québec.

Ce fut une semaine bien spéciale pour moi. Guy Lafleur qui me parle à coeur ouvert des problèmes de son fils Mark, des légendes du Canadien qui me confient leur tristesse devant la maladie d'Alzheimer qui afflige leur ancien coéquipier Henri Richard et enfin, cette soirée magique de baseball à Trois-Rivières, qui n'était pas sans me rappeler l'époque où les Expos jouaient leurs matchs au parc Jarry.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.