Les Aigles se croisent les doigts

Revue de presse

Nicolas Ducharme, Le Nouvelliste, le 28 juin 2015

(Trois-Rivières) Dame Nature ne semblait pas vouloir collaborer, dimanche après-midi, alors que les averses tombaient sur la ville de Trois-Rivières, menaçant l'annulation du retour tant attendu du lanceur Éric Gagné dans l'uniforme des Aigles de la Ligue Can-Am.

Vers 14h30, la Ligue Can-Am a annoncé qu'aucune décision ne serait prise avant 19h. L'organisation des Aigles invitait les partisans à arriver au moins deux heures avant le match, puisque des milliers de personnes sont attendues au stade Fernand-Bédard. On avait bon espoir de battre le record de concession, avec plus de 4500 spectateurs.

Le match devait, à l'origine, se mettre en branle vers 17h05.

Photo ci-dessus : Les Aigles ignoraient toujours, en milieu d'après-midi dimanche, s'ils pourraient disputer la rencontre du retour d'Éric Gagné, face aux T-Bones de Kansas City. (PHOTO: SYLVAIN MAYER)

Gagné: un phénomène
Pierre-Luc Laforest le rappelait à son directeur général René Martin la semaine dernière: chaque fois qu'Éric Gagné prenait place sur le monticule du Stade municipal de Québec il y a six ans, plus de 6000 personnes s'entassaient dans les gradins du vétuste bâtiment.

Photo ci-dessus : Éric Gagné fait partie des actionnaires des Aigles depuis la création de la franchise, à l'automne 2012. (PHOTO: SYLVAIN MAYER)

Vous ne serez donc pas surpris de lire que la direction des Aigles a préparé le coup pour dimanche soir. On attend entre 4500 et 5000 amateurs de baseball de partout au Québec, une occasion unique donc pour le club de tisser de nouveaux liens.

Dans ces heureuses circonstances, aussi bien s'assurer que la campagne de séduction s'avère une réussite! «On ne refusera personne à l'entrée», promet Martin, qui rappelle qu'en plus des 3900 sièges du stade Fernand-Bédard, la terrasse SJD Construction peut accueillir environ 500 personnes.

De l'espace pourrait être créé près du garage sur la ligne du premier but, tandis que plusieurs fans préféreront rester debout, entre les deux sections de sièges gris. «On va s'assurer que ça circule. Une dizaine d'agents de sécurité travailleront et nous augmentons le nombre de concessions. La Cage aux Sports va s'adapter en conséquence. Tout le monde sera bien servi!»

René Martin tient d'ailleurs à remercier le directeur général de Baseball Québec, Maxime Lamarche, pour ses conseils et son appui. «On a eu une conférence téléphonique avec lui jeudi matin. Au niveau de la billetterie, entre autres, il nous a fait quelques précieuses recommandations.»

Les chandails numéro 38 identifiés Gagné sont disponibles à la boutique du stade depuis le début de la série contre Kansas City. La vedette du jour participera à une séance d'autographes après la partie, si partie il y a. Parions qu'ils seront des dizaines à vouloir le rencontrer. Chose certaine, ils seront des milliers à l'acclamer au moment de son arrivée sur le terrain... si Dame Nature le veut bien.

Plus qu'un coup de marketing
Bien sûr que le retour d'Éric Gagné permettra aux Aigles de renflouer les coffres. Mais ce match représente bien plus qu'un coup de marketing selon les dirigeants de l'organisation.

Michel Côté, l'un des actionnaires parmi les plus impliqués dans la cause du baseball professionnel à Trois-Rivières, salue l'initiative de son collègue.

«Il a été le point de mire des Québécois et des Canadiens dans le baseball. Il investit de son temps pour venir lancer ici. C'est monsieur Cy Young, notre seul en fait! Il s'agit d'un geste de coeur, il faut le voir comme ça.»

Marc-André Bergeron partage son avis. «On est chanceux de l'avoir avec nous. C'est une occasion unique d'aller chercher de nouveaux fans ailleurs au Québec. D'ailleurs, s'il y a des gens qui doutent de la pertinence de son retour, je pense qu'il est mieux placé que nous tous pour savoir qu'il y a une différence entre s'amuser dans une pratique et une situation de match!»

UN MODÈLE
Avec ses lunettes à la monture noire et la chanson Welcome to the jungle qui résonnait au Dodger Stadium chaque fois qu'il s'amenait sur la butte en neuvième pour préserver une victoire de son équipe, Éric Gagné a inspiré des milliers de jeunes lanceurs au début des années 2000.

David Leblanc fait partie du groupe. «Il a commencé à connaître du succès dans le baseball majeur au moment où, pour moi, ce sport est devenu encore plus sérieux dans ma vie. C'est une idole! Plusieurs personnes l'ignorent, mais Éric finance encore le programme de l'Académie de baseball du Canada, où j'ai eu la chance de jouer. C'est l'Académie qui m'a aidé par la suite pour aller jouer aux États-Unis.»

Photo ci-dessus : Le receveur Simon Gravel connaît bien Éric Gagné. (PHOTO: STÉPHANE LESSARD)

Pour sa part, le receveur substitut des Aigles Simon Gravel a eu la chance de s'entraîner chez Gagné, en Arizona pendant la dernière saison hivernale. Un privilège, soutient-il.

«Éric, c'est un des plus grands fans de baseball que je connais. Ce n'est pas pour rien qu'il s'entraîne en vue d'un retour, et ce en dépit des blessures.»

Gravel ne compte pas parmi les sceptiques qui estiment que la sortie de Gagné sera limitée à deux ou trois manches, ce soir au stade Fernand-Bédard.

«Il a tellement dominé dans les majeures et un record lui appartient toujours. Il est encore là, je vous le dis! Même s'il est un peu vieux et que le dos ne se porte pas aussi bien, moi, je crois en lui.»

Et Gagné croit en son poulain. Les deux s'échangent des textos depuis quelques semaines afin de se préparer pour le grand soir. «Je fais juste lui répéter que j'ai hâte d'être son receveur. Il me répond Tu es bien mieux d'être prêt!" On a du plaisir, c'est avec des gars comme lui qu'on apprend.»

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.