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Un véritable champion

Revue de presse

Antony Da Silva-Casimiro, Info07.com, le 21 mai 2015

Sébastien Boucher

LIGUE CAN-AM. Le nom des Champions n'est peut-être pas le meilleur pour une équipe sportive, mais il colle bien à la peau de son joueur étoile, Sébastien Boucher.

Et pas uniquement pour les titres remportés avec son ancienne équipe les Capitales de Québec ou le championnat des frappeurs, mais plutôt par l'attitude positive qu'il adopte et apporte au sein de l'équipe.

Il faut remonter à ses premières années dans le monde du baseball pour comprendre le Gatinois. Joueur de soccer à ses débuts en raison du sang nigérien qu'il coule dans ses veines, Boucher jouait toujours avec des cousins plus âgés que lui. «J'étais le plus petit du groupe en plus. Quand t'es le plus petit et le plus jeune aussi, il faut que tu te dépasses pour être au même niveau que les autres. Ça te force à être meilleur et à t'améliorer.»

Sa première équipe? À Hull, niveau moustique B… avec Guadeloupe. «J'aurais préféré un meilleur nom. Mais c'est là que j'ai pris le goût au baseball. Je voulais y jouer depuis longtemps. Je le faisais au parc avec mes cousins, mais je voulais être dans une équipe», lance-t-il en riant.

Jeune garçon à l'époque, il rêvait de pouvoir jouer sur un vrai terrain de balle. Peu longtemps après, sa mère se remarie et déménage sur l'avenue McArthur à Ottawa. Ça tombait bien, puisqu'elle n'était qu'à quelques mètres de l'ancien stade des Lynx d'Ottawa. Un parc qui gagnait par le passé le prix du plus beau terrain du continent.

Si Boucher aimait s'y rendre quand il résidait à Gatineau, il ne manquait pas une occasion de le faire une fois qu'il a traversé la rivière. Pédalant sur son vélo, il se payait un billet – avec l'argent que sa mère y avait donné – ou il allait dans le champ à pique-nique à côté des gradins où un vendeur de hot-dogs traînait. «J'essayais d'attraper les fausses balles.»

À cette époque, le stade était plein à craquer. Dix mille spectateurs qui se déplaçaient pour voir une équipe AAA, le club-école des fameux Expos de Montréal. «J'entendais les matchs de ma maison quand la foule criait. J'ai toujours aimé l'atmosphère de ce bruit.»

Quelques années plus tard, Boucher a pu y goûter, en voyageant au Canada et aux États-Unis à titre de joueur professionnel. Mais rien n'était comme le stade de la rue Coventry. En 2010 avec les Capitales, il avait pris part à un match hors-concours pour retester le marché. On comptait à peine 2000 personnes dans les estrades.

«Mais j'avais ma famille et mes amis qui étaient là juste pour moi. Une bonne centaine de personnes. C'était quelque chose. La dernière fois qu'il y avait eu autant de monde que je connaissais, c'était à mon mariage.»

La perle rare
Il ne faut pas s'étonner si Sébastien Boucher a décidé de quitter les Capitales de Québec – première équipe qu'il a rejointe lorsqu'il a fait une croix sur les Majeures – pour revenir dans son patelin. Même lorsqu'il s'est entendu avec l'organisation québécoise, celle-ci savait qu'il demanderait à être échangé à Ottawa, si cette dernière revenait dans la Ligue Can-Am.

«Les dirigeants n'étaient pas amers. Ils le savaient et n'ont jamais voulu garder un joueur contre son gré. Si un joueur voulait aller jouer ailleurs, ils allaient tout faire pour l'accommoder. Et je connais bien les gars à Québec. Ce sont mes amis.»

Et pourquoi vouloir jouer pour un club d'expansion et ne pas attendre quelques années le temps que celle-ci se développe? Pour la famille, qui a fait beaucoup de sacrifices. Surtout Nathalie, l'épouse de Boucher. Travaillant à Ottawa, elle n'a pas raté beaucoup de matchs des Capitales.

«Elle faisait 4h30 de route pour me voir jouer. Elle est même venue me voir plusieurs fois aux États-Unis quand j'étais dans les filiales. Elle en a beaucoup fait pour moi. Elle m'a toujours supporté. C'est ma plus grande fan.»

Lorsque le voltigeur gatinois parle d'elle, il la décrit comme une perle rare. Ou plutôt LA perle rare. Il se souvient qu'elle avait passé trois semaines avec lui au Texas au début de leur relation. Un moment idéal, car à ce moment, l'équipe de Boucher avait peu de matchs et une seule séquence de trois parties à l'extérieur.

Ce qui est ironique derrière tout ça, c'est que les amis du secondaire de l'ancien espoir des Mariners de Seattle et des Orioles de Baltimore sont les mêmes que ceux de sa femme. Mais le chemin des deux amoureux ne s'est croisé qu'à un concert de musique. Ils ont par la suite gardé contact lorsque Boucher est retourné au pays de l'oncle Sam.

Les déplacements ont diminué lorsqu'il est venu habiter dans la Vieille-Capitale en 2009. Trois ans plus tard, les amoureux ont soldé leur union à Québec. Et depuis quelques mois, le père de deux enfants – Matteo et Simon – n'est plus séparé de sa famille par 500 km.

L'excitation à son comble
Difficile de trouver une personne qui a plus hâte au début de saison que Sébastien Boucher. Il est excité et il le fait savoir. Il pourra enfin jouer au parc de son enfance, qui porte désormais le nom du stade Raymond Chabot Grant Thornton.

L'unique francophone de la formation ottavienne avoue cependant avoir de la difficulté à chiffrer des objectifs. Avec les Capitales, c'était plus facile, puisque l'équipe était déjà établie. Là, avec les Champions, tout le monde part à zéro.

«On est que trois joueurs qui ont joué dans le circuit. Jon Talley, Alex Nunez et moi. Il y a aussi Joe Riley, mais il était une recrue l'an dernier avec Québec. C'est donc difficile de dire si on va être fort tout de suite. On n'a pas encore vu la chimie sur le terrain.»

Mais Boucher vante la qualité des frappeurs et des lanceurs, précisant que le personnel d'entraîneurs – dont il fait partie – est satisfait de voir le noyau de joueurs qui s'est amené dans la capitale fédérale. Le club d'expansion pourrait jouer pour ,500. «Même plus. On va être compétitif. Le potentiel est très fort.»

Le Gatinois aura 34 ans cet automne. Il peut encore donner du bon baseball, étant l'un des cogneurs de puissance dans le circuit Wolff. Mais des facteurs pointent comme quoi il en est à ses derniers millages.

D'abord, il voulait finir sa carrière chez lui. Puis, il est joueur, mais aussi entraîneur des frappeurs, ce qui est un bon moyen pour un athlète de demeurer dans le monde du baseball professionnel. Il travaille aussi avec les jeunes athlètes du programme sport-études baseball à la polyvalente Nicolas-Gatineau, en plus d'être un des entraîneurs à l'académie de baseball.

À Québec, il disait à sa femme que ça allait être la dernière saison et qu'il allait ensuite prendre sa retraite pour revenir avec sa famille. «Mais chaque fois, je revenais une autre saison. En ce moment, avec le début de saison qui approche, je ne peux pas dire que ça va être ma dernière. Je veux jouer», conclut-il.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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