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Phillippe Aumont, coincé en banlieue

Sylvain St-Laurent, Le Droit, 4 juillet 2014

Phillippe Aumont(Allentown) Quand les Lynx d'Ottawa ont disputé leur dernière saison au Canada, en 2007, les Phillies étaient fiers d'annoncer qu'ils déménageaient leur club-école quelque part en banlieue de Philadelphie.

Si Allentown est vraiment la banlieue, disons que c'est la banlieue très, très, très éloignée.

Quand on quitte la ville de l'amour fraternel, il faut prévoir entre 75 et 90 minutes pour atteindre le Coca-Cola Park, domicile des IronPigs de Lehigh Valley. La route est longue et franchement monotone. Une fois arrivé à destination, on pourrait difficilement se sentir plus loin des ligues majeures.

Photo ci-dessus : Phillippe Aumont espère toujours avoir sa chance avec les Phillies, mais son contrat arrive à échéance à la fin de la saison et le principal intéressé n'est pas accroché à la seule idée de lancer à Philadelphie. « Il y a 29 autres équipes dans les majeures. Je ne me casserai pas la tête.»

Au moins, le stade est beau. La foule est bruyante. Lors du passage du Droit, dimanche dernier, il y avait près de 10 000 personnes dans les gradins. Tant qu'à être coincé dans les ligues mineures, ce n'est pas un mauvais endroit où gagner sa vie.

« Je n'ai pas de commentaires là-dessus », lance plutôt sèchement Phillippe Aumont.

Les anciens Lynx se portent bien dans leur nouveau domicile.

Leur lanceur gatinois a l'air un peu moins bien.

À 25 ans, Aumont passe - bien malgré lui - un autre été dans cette région qui compte un peu plus de 800 000 habitants. Un quatrième.

Ses intentions ne pourraient pas être plus claires. « Je veux m'en aller d'ici, c'est certain. »

En ce sens, il n'est pas différent des autres joueurs qui évoluent dans les mineures. Il veut jouer dans les majeures. Il ne le dira pas clairement, mais on sent qu'il commence à croire qu'il n'obtiendra jamais cette chance s'il demeure associé aux Phillies.

« Si je suis confiant ? Oui pis non. Je me lève chaque matin et je viens ici. Je ne pense même pas aux Phillies. Peu importe ce qu'ils font, je m'en sacre. Je n'y pense même pas. Je viens au terrain, je me fais du fun avec les boys. Quand je viens au travail, c'est pour travailler. »

Aumont travaille. Pour cela, il n'y a pas de doute. La veille de son entrevue avec LeDroit, il avait effectué une de ses meilleures sorties de la saison. Il avait réussi cinq retraits sur des prises en deux manches et un tiers de travail.

Il n'a pas subi une seule défaite à ses 10 dernières sorties. Durant cette période, il a alloué seulement trois points mérités en 17 manches et deux tiers.

On ignore si les gens s'en rendent compte « en haut ». Aumont a effectué un seul - très court - séjour dans les majeures cette saison. Il a été utilisé deux fois en relève avant d'être renvoyé.

« Ils m'ont dit que je devais lancer plus de prises. J'étais là depuis deux jours à peine. Dans mes huit sorties précédentes, j'avais juste lancé des prises. Dans mes trois, quatre sorties qui ont suivi mon retour dans les mineures, ce fut la même chose. J'imagine que je n'ai aucun contrôle sur la situation. Ce sont eux qui paient, ce sont eux qui décident où je joue. »

Le nom du géant de six pieds et sept pouces a bien été imprimé dans un tabloïd la semaine dernière. Un journaliste du Philadelphia Daily News l'a cité en exemple, dans une chronique visant à décourager le directeur général des Phillies de procéder à une vente de feu.

Échanger des vedettes établies contre des jeunes espoirs comme Aumont, a-t-il écrit, ça vaut rarement la peine.

« Il est facile de passer des commentaires quand on se trouve dans les estrades. Les gens n'ont aucune idée de ce qu'ils parlent. Tant que tu n'as pas mis le pied entre les lignes blanches, sur un terrain de baseball, tu ne peux pas savoir », s'insurge l'ancien choix de première ronde des Mariners de Seattle.

Son contrat arrive à échéance à la fin de la saison. « Il y a 29 autres équipes dans les majeures. Je ne me casserai pas la tête. Moi, je veux jouer au baseball. J'aime ça, jouer au baseball. Si ça ne fonctionne pas ici, ça fonctionnera ailleurs. Je veux jouer au baseball pis je veux avoir du fun. That's it. »

Aumont complète l'entrevue avec la tête haute. Il dit qu'en continuant à bien lancer, le vent va bien finir par tourner en sa faveur. « Il n'y a rien que je ne peux pas faire, assure-t-il. Je vais continuer d'avoir la tête dure. Je vais réussir.»

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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