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Le frappeur de choix a 40 ans

Revue de presse

Jacques Doucet, Journal de Montréal, le 22 août 2013

Jacques Doucet

D’aucuns s’accordent à dire que le règlement du frappeur de choix ne fait pas l’unanimité, autant chez les gérants du baseball majeur que chez les partisans. Chez les hommes, lorsqu’on arrive à 40 ans, on dit souvent qu’il arrive à une phase critique de son existence.

Et je ne parle pas du démon du midi!!!

Ce règlement, le # 6.10, a toujours été l’objet de controverse et il semble que cela s’amplifie en cette année d’anniversaire. C’est un débat qui ne prendra fin qu’une fois qu’il sera aboli dans la Ligue Américaine (LA) ou que la Ligue Nationale (LN) décidera de l’adopter. Et le commissaire Bud Selig se contente de dire qu’un peu de controverse entre les deux circuits majeurs, ce n’est pas aussi mauvais qu’on le croit.

Selig a voté en faveur de l’adoption de ce règlement en 1973, lorsqu’il était propriétaire des Brewers de Milwaukee, alors une concession de la Ligue Américaine. Un règlement qui a été adopté afin de prolonger la carrière de joueurs vieillissants, incapables de jouer en défensive sur une base régulière.

Somme toute, des joueurs dont le seul véritable talent est celui de frappeur!

Ce qui a fait l’affaire de l’Association des joueurs, car les frappeurs de circuits sont plus souvent qu’autrement les mieux rémunérés du baseball, donc la moyenne salariale des syndiqués a augmenté.

D’ailleurs, l’an dernier, la moyenne des salaires des frappeurs de choix était la deuxième plus élevée des majeures (8,1 M$), derrière celle des joueurs de premier but (8,6 M$). Le plus bel exemple est David Ortiz, des Red Sox de Boston, qui vient de dépasser Harold Baines au chapitre des coups sûrs par un frappeur de choix. Il est âgé de 37 ans et touche un salaire de 14 M$.

Qui a tort? Qui a raison?

Dans l’Américaine, ce règlement permet aussi à des équipes de garder certains de leurs meilleurs joueurs dans leur formation, comme c’est le cas du receveur étoile Joe Mauer, avec les Twins du Minnesota. En raison de ses problèmes au genou, Mauer peut donc agir comme frappeur de choix et le gérant Ron Gardenhire ne perd pas son coup de bâton lorsqu’il juge nécessaire de le remplacer comme receveur pour ménager ses genoux.

Et, l’argument le plus frappant des partisans du frappeur de choix, c’est que le spectateur aime bien mieux voir frapper un Big Papi que n’importe lequel lanceur des majeures!

Et ils n’ont pas tort…

Tandis que ceux qui n’aiment pas ce règlement soutiennent qu’il y a beaucoup moins de stratégies en fin de match puisque le gérant n’a pas à remplacer son lanceur par un frappeur suppléant dans des situations critiques.

Et ils n’ont pas tort non plus…

Ceux qui préfèrent des matchs à pointage élevés aux duels de lanceurs vous diront que depuis l’instauration de ce règlement, la moyenne collective des frappeurs de la LA a été supérieure à celles des frappeurs de la LN au cours de chacune des 40 dernières années! La dernière fois que les frappeurs de la LN ont eu une moyenne collective à ,270 fut en 1939.

Selig a récemment reconnu que d’autres changements géographiques de clubs majeurs pourraient éventuellement entraîner l’abolition du règlement dans la LA ou encore son adoption dans la LN.

Cette année, lorsque les Astros de Houston ont quitté la LN pour se joindre à la LA, le calendrier quotidien devait comporter au moins un match entre des équipes des deux ligues.

La controverse devient plus évidente cette saison chaque fois qu’une équipe de la LA rend visite à une équipe de la LN.

Dans une telle situation, elle ne peut utiliser le frappeur de choix et ses lanceurs doivent se présenter au bâton. Et s’ils obtiennent un coup sûr ou un but sur balles, ils doivent courir sur les buts. Donc, deux situations auxquelles ils ne sont pas confrontés dans leur ligue, d’où un risque accru de blessure.

Attendez-vous à des hauts cris en fin de saison alors que certaines équipes de la LA iront jouer sur des terrains de la LN alors que certaines de leurs rivales recevront, elles, la visite de clubs de la LN et qu’elles pourront avoir recours au frappeur de choix!

Imaginez-vous la réaction du gérant des Tigers, Jim Leyland, si son équipe n’est pas encore assurée de participer aux séries ou encore du championnat alors que pour le dernier week-end de la saison, il se retrouvera à Miami contre les Marlins et qu’il devra se résigner à voir son frappeur de choix Victor Martinez sur le banc!

Leyland est catégorique. Un jour ou l’autre, il faudra que les règlements soient uniformes dans les deux circuits. Mais il ajoute qu’il n’est pas assuré de vivre assez vieux pour le voir….
Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

Remplis sous: Baseball et softball Mots clés:
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