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Mieux comprendre sans pour autant l’accepter

Revue de presse

Marc De Foy, Journal de Montréal, le 8 novembre 2011

Jacques Doucet Les Expos sont partis pour Washington depuis sept ans déjà, mais l'amour et la passion de Jacques Doucet pour le baseball demeurent intacts.

Doucet a encore le rôle de descripteur dans le sang. Les gens de Québec peuvent l'entendre à la radiodiffusion des matchs des Capitales.

En septembre, il a fait ses débuts à TVA Sports pour décrire les rencontres des Blue Jays. Rodger Brulotte et lui reviendront en studio pour une soixantaine de matchs l'an prochain, mais il serait prêt, à 71 ans, à reprendre la route pour rapporter les faits et gestes de l'équipe torontoise durant ses 162 rencontres.

Photo ci-dessus : Jacques Doucet procède aujourd’hui au lancement du deuxième tome de l’ouvrage Il était une fois les Expos (Photo Ben Pelosse, Agence QMI)

On reconnaît bien là un vieux routier du métier. À 83 ans, Vin Scully est encore au micro avec les Dodgers de Los Angeles. Ernie Harwell, qu'on surnommait The Voice of Summer, est demeuré en fonction jusqu'à 84 ans avec les Tigers de Detroit.

Doucet a été La voix de l'été au Québec durant 33 ans, mais il a vécu avec les Expos durant leurs 36 années d'existence.

Aujourd'hui, son coauteur, le scénariste Marc Robitaille, et lui procèdent au lancement du deuxième tome de leur ouvrage Il était une fois les Expos.

Robitaille aurait aimé modifier la fin de l'histoire, mais c'était impossible. Cette fois-ci, il ne faisait pas dans la fiction, il devait composer avec la réalité.

MÉNARD DONNE SA VERSION
Pour les besoins de la cause, après des demandes répétées de Doucet, l'ancien président du conseil d'administration des Expos, Jacques Ménard, a accepté de donner sa version des faits dans l'épisode au cours duquel les partenaires québécois ont permis au duo Loria-Samson de prendre le contrôle de l'équipe.

Le financier bien connu ne fait pas de déclarations fracassantes. Ç'aurait pu être le cas s'il avait parlé de Claude Brochu, mais il avait posé comme condition de ne pas parler de celui qui était le commandité du groupe qui avait acheté la concession de Charles Bronfman.

«J'ose croire que la lecture du volume va permettre aux gens de mieux comprendre ce qui s'est passé dans ce dossier, sans pour autant l'accepter», dit Doucet.

LE SPORT A SA PART DU GÂTEAU
Deux semaines après le dernier match des Expos, Doucet avait déjà fait son deuil. Car comme il le dit, ça ne lui aurait servi à rien de se frapper la tête dans les murs. Il n'y avait plus rien à faire.

Par contre, il est toujours aussi déçu de la façon dont les choses se sont terminées.

«Le départ des Expos n'est pas dû à une ou deux personnes, estime-t-il.

«Tous les copropriétaires qu'on a rencontrés ont reconnu leurs torts. Ils ne voulaient plus investir.»

Doucet pense que les médias et les gouvernements ont également leur part de responsabilités.

«Autant Le Journal de Montréal que La Presse ont cessé de suivre l'équipe sur une base régulière lorsque le baseball majeur a annoncé son intention de dissoudre les Expos, de sorte que les amateurs s'en sont désintéressés. Les gros joueurs du monde des communications comme Quebecor et Power Corporation ne figuraient pas au nombre de la clientèle corporative.

«Pour ce qui est des gouvernements, j'ai eu un petit haut-le-coeur lorsque Lucien Bouchard a vanté les mérites de la nouvelle salle de l'Orchestre symphonique de Montréal. Je n'ai rien contre les arts, bien au contraire, mais il ne faut pas oublier le sport.»

On se rappellera que M. Bouchard était au pouvoir quand le gouvernement québécois s'est opposé à l'octroi de fonds publics pour la construction d'un nouveau stade.

Doucet pense qu'un seul politicien aurait pu sauver les Expos, mais cet homme n'était plus de ce monde au moment des événements.

Il fait référence à l'ancien maire de Montréal, Jean Drapeau, qui de concert avec son maître d'oeuvre en matière de sport, Gerry Snyder, avaient convaincu la Ligue nationale d'accorder une concession à Montréal en 1968 même si la ville ne possédait pas de stade de baseball.

«Si Jean Drapeau avait été là, il n'aurait jamais laissé partir les Expos, j'en suis sûr, affirme Doucet.

«Il aurait déplacé mer et monde.» Doucet a peut-être raison. Mais il aurait fallu aussi que le baseball fasse un ménage dans ses méthodes de gestion.

RELÈVE INEXISTANTE
À partir du moment où Charles Bronfman a décidé de ne plus jouer le jeu des gros propriétaires qui se laissaient aller à des dépenses de fou pour embaucher des joueurs autonomes, il ne s'est trouvé personne comme lui pour prendre lui succéder.

«Si son fils Stephen avait été plus vieux lorsqu'il a vendu, il aurait pris la succession, dit Doucet.

«Lors de l'un de ses derniers camps d'entraînement, Charles m'avait dit qu'il n'y avait malheureusement personne de prêt à prendre la relève.

«Avant le départ de l'équipe, Stephen était prêt à embarquer, mais il ne voulait pas être le chef de file.»

Sept ans plus tard, Doucet déplore qu'on ne retrouve pas la moindre petite plaque à Montréal rappelant qu'une équipe du baseball majeur a joué dans nos murs de 1969 à 2004.

«Au moins, les gens qui s'intéressent au baseball et qui veulent savoir ce qui s'est passé au cours de toutes ces années ont ces deux bouquins relatant l'histoire des Expos, reprend Doucet.

«Il y a quand même 50 millions de spectateurs qui ont assisté aux matchs au parc Jarry et au Stade olympique. Ce n'est pas rien.»

Au risque de passer pour radoteur, on va le répéter quand même : quel horrible gâchis!

* * *

Y a-t-il quelqu'un prêt à dépenser un milliard?
Alors que le retour des Nordiques se veut davantage qu'une possibilité, peut-on rêver à la renaissance des Expos?

Au cours des derniers mois, Rodger Brulotte a dévoilé, après y avoir fait la sourde oreille pendant longtemps, qu'un groupe travaille dans le but de ramener une équipe du baseball majeur à Montréal. Pour le moment, ces gens préfèrent rester dans l'ombre.

Ces gens dorment-ils en couleur? comme dirait le bon ami Jean Perron.

«Rodger en parle plus sérieusement maintenant, mais j'ai plus de réserve, répond Jacques Doucet.

«Je ne connais personne qui aimerait investir un milliard là-dedans. Car c'est le prix qu'il en coûterait.

«On parle de 500 millions pour la construction d'un nouveau stade et de 350 à 400 millions pour l'achat d'une équipe. Selon mes calculs, ça fait tout près d'un milliard.»

Le gouvernement québécois s'étant déjà avancé à défrayer jusqu'à 50 pour cent de la facture du nouveau Colisée à Québec, on peut se demander s'il serait prêt à investir dans la construction d'un stade de baseball à Montréal.

Quant au gouvernement fédéral, aussi bien faire une croix là-dessus.

Les conservateurs savent que les Québécois n'ont pas voté en grand nombre pour eux aux dernières élections.

L'intérêt est encore là
Quant à l'identité de propriétaires potentiels, la mode est aux géants des communications, mais Quebecor est déjà engagé envers Québec tandis que Rogers possède les Blue Jays et leur stade.

«L'intérêt pour le baseball n'est pas mort au Québec», affirme Doucet.

L'ancien descripteur des matchs des Expos souligne que le nombre d'adeptes du baseball est à la hausse depuis quelques années à Baseball Québec.

Il fait aussi valoir qu'il existe une tradition insoupçonnée pour le baseball chez nous.

Les amateurs ont adoré les Expos.

«Entre 1975 et 1985, les Expos étaient plus populaires que le Canadien», rappelle-t-il.

C'est peut-être incroyable pour les partisans du Canadien d'aujourd'hui, mais c'est la stricte vérité.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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