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Alex Anthopoulos: l’incroyable parcours d’un passionné

Revue de presse

Denis Poissant, Journal de Montréal, le 17 février 2011

Alex AnthopoulosDUNEDIN, Floride - En 2000, Alex Anthopoulos triait le courrier des joueurs des Expos bénévolement. Neuf ans plus tard, à 32 ans seulement, il accédait au prestigieux poste de directeur général des Blue Jays. Une passion intarissable pour le baseball a tracé son incroyable parcours.

Photo ci-dessus : Le Montréalais Alex Anthopoulos, dg des Blue Jays, en mission. (Photo Associated Press)

1992
Des amis l’amènent aux Expos. Felipe Alou et sa bande de jeunes loups « rockent le stade ». C’est la piqûre pour le baseball. Il écoute même à la radio les stations de New York retransmettant les matchs, à peine audibles. « Le baseball m’obsédait. »

1998
Après le décès de son père, il prend la relève de sa petite entreprise de chauffage et ventilation.

2000
Après deux années à se taper des journées de 16 h, il se réveille un beau matin avec un blues intense. « Estce que je veux faire ça le restant de mes jours? me suis-je dit. Je détestais ce travail. J’ai décidé de prendre une chance, de tout faire pour vivre ma passion. Je ne voulais pas avoir de regrets plus tard. »

Il sollicite toutes les équipes du baseball majeur. Les Marlins lui offrent un stage en relations communautaires, mais une histoire de visa lui bloque le chemin.

Il parvient à joindre Jim Beattie, dg des Expos, au téléphone. « Quand il a répondu, j’ai raccroché! J’étais terrorisé. Puis j’ai pris mon courage à deux mains...»

On lui offre un « emploi »; trier le courrier des joueurs, bénévolement.

Il s’acquitte de sa tâche avec diligence. Au point de refuser un emploi de 40 000 $ dans une banque de Toronto. Sa tante, avec qui il reste à Montréal, le traite de fou.

Opportunité; un emploi à 7$ de l’heure pour faire des photocopies dans le département médias.

Les soirs de matchs, il accompagne les recruteurs et s’abreuve de leurs connaissances. « J’étais comme une éponge ». Certains employés des Expos se moquent de lui et l’appellent « Super recruteur » en raison de son implication.

Le directeur du recrutement international Fred Ferreira le remarque et lui offre un autre « emploi » non rémunéré; l’aider dans son école de développement en Floride. Il n’hésite pas une seconde.

2002
L’aventure floridienne dure deux ans. Logé et nourri dans un Holliday Inn, il voit à tout, des sandwichs au transport des joueurs. Se rend au Japon et en République dominicaine pour parfaire ses connaissances en recrutement. « Mais je ne pouvais plus continuer à travailler bénévolement bien longtemps. Peut-être deux mois encore, pas plus. Après, le rêve de baseball serait terminé et je me serais vu dans l’obligation de chercher un vrai travail. »

Le nouveau dg des Expos Omar Minaya lui donne une chance dans le recrutement. Il revient de Floride en avion avec l’impression « d’avoir gagné la 6/49 »; un emploi de 25 000 $. « Michael Barrett m’a vu embarquer et m’a dit : Aye, t’as enfin fait l’équipe. T’as une job!» Ses responsabilités augmentent et il fera du terrain comme responsable du recrutement au Canada.

2003
Anthopoulos bosse sept jours sur sept. Un poste d’assistant au directeur du recrutement l’attend, mais l’incertitude entourant l’avenir de l’équipe lui fait peur. Il quitte pour les Blue Jays, pour un poste moins prestigieux. « J’ai vécu mes plus belles années avec les Expos, c’était difficile de quitter. Mais je ne voulais pas prendre de chance en raison des histoires de visa. »

2006
Il est nommé assistant au directeur-général J.P. Ricciardi.

2009
Ricciardi est congédié. Anthopoulos lui succède.

Le Montréalais procède au plus gros échange de l’équipe, envoyant le lanceur Roy Halladay aux Phillies.

«ON VEUT SE BATTRE POUR LE CHAMPIONNAT»

En poste depuis moins d’un an et demi comme directeur général des Blue Jays, le Montréalais Alex Anthopoulos, 33 ans, a transformé cette franchise embouteillée dans la puissante division Est de l’Américaine et qui cherchait sa voie depuis une décennie.

Fini les complexes. Les Blue Jays veulent maintenant rivaliser d’égal à égal avec les Yankees et les Red Sox.

« L’objectif n’est plus juste de présenter une bonne équipe, souligne Anthopoulos, deuxième plus jeune dg des majeures derrière Jon Daniels, des Rangers du Texas.

« On veut mettre sur pied des formations qui ont le potentiel de se battre pour le championnat, qui peuvent aspirer à remporter la Série mondiale. »

Les Blue Jays ont réussi l’exploit deux fois au début des années 1990, quand l’organisation affichait la masse salariale la plus élevée du baseball. La chute du dollar canadien leur aura par la suite donné un sérieux coup dans les flancs, au même titre que les Expos.

Opérant avec un budget limité, les Jays ont coupé à gauche et à droite pour limiter les dégâts.

Maintenant, le discours a changé.

Dans la cour des grands
Le président Paul Beeston a même déclaré récemment que la ville de Toronto a les moyens de se payer une équipe de 150 millions, dans le même ordre que les Red Sox.

Surtout que les Jays sont propriété de Rogers Communications, une entreprise de 16 milliards $ capable d’en prendre sur ses épaules.

Anthopoulos oeuvre dans cette atmosphère de renouveau. Et tripe autant qu’à l’époque où, bénévolement, il triait le courrier des joueurs des Expos dans l’espoir fou, un jour, de gagner sa vie avec le baseball.

Ce jour est arrivé. Non seulement Anthopoulos gagne très bien sa vie, merci.

Mais son travail lui attire des éloges de partout. Les espoirs de l’organisation étaient classés au 28e rang des majeures au début de la saison dernière par la revue Baseball America. Ils sont rendus au quatrième rang!

Ses pairs vantent son éthique, son acharnement. On le surnomme le « percepteur d’espoirs »...

11,6 Millions $ en bons de signature
On reconnaît ici la recette des Expos, là où Anthopoulos a appris l’ABC du métier comme recruteur : développer des jeunes.

Au dernier repêchage, les Jays ont accordé 11,6 millions $ en bonis de signatures, soit le troisième montant le plus important dans l’histoire des majeures.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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