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Revue de presse : Manifestations en Grèce – L’éternel Grec

Serge Truffaut, Le Devoir, le mercredi 10 décembre 2008

Émeutes 2008 en Grèce.

Depuis quatre jours, la Grèce est le théâtre d'affrontements violents entre les forces de l'ordre et des milliers d'étudiants révoltés par la mort de l'un d'entre eux tombé sous les balles de la police. À la différence de manifestations antérieures, celles des derniers jours se sont déroulées à Athènes, mais également dans les autres grandes villes du pays. Bref, du nord au sud, de l'est à l'ouest, la jeunesse exprime sa colère avec une conviction si marquée qu'elle met en relief la profondeur du malaise qui l'habite.

Notre photo : Les émeutes en Grèce.

La cause de ce ras-le-bol est un cocktail fait de chômage élevé chez les diplômés, d'un salaire minimum qui est en fait un salaire de misère, de compressions budgétaires qui ont paupérisé les fonctionnaires en général et le personnel enseignant en particulier, d'un fort rejet de la mondialisation des marchés et enfin de la corruption d'un gouvernement que la majorité de la population estime par ailleurs incompétent.

Économiquement, il faut préciser que la Grèce est confrontée à une crise budgétaire parmi les plus vives observées en Europe. Voilà, la flotte marchande grecque est la plus importante qui soit dans le monde. Or, cette activité a été frappée de plein fouet, et bien avant d'autres, par une réduction du transport des marchandises jamais vue depuis des décennies. En clair, les caisses des armateurs sont actuellement vides. Le problème? Le transport maritime est le plus gros contributeur au budget de l'État après le tourisme.

Le gouvernement conservateur actuellement au pouvoir n'a rien trouvé de mieux que de réduire encore les services publics que d'autres avaient réduits avant eux et après que d'autres... Cela fait des années et des années que les gouvernements successifs usent du même «truc» comptable: sabrer les services publics. Parmi les plus touchés, si ce n'est le plus touché, le ministère de l'Éducation.

Les Jeux olympiques de 2004 ont coûté trois fois plus cher que prévu. Qu'ont fait les responsables politiques depuis lors? Ils ont sabré les services publics sans jamais faire la lumière sur les tours de passe-passe, les escroqueries, histoires de vandales et autres qui ont hissé cette fiesta sportive à des niveaux financiers sidérants ou plutôt outranciers. À l'évidence, ça ne passe plus, et il se trouve...

Il se trouve que l'on est en Grèce et non en Italie au Portugal ou en Espagne. Et alors? Si le fatalisme est familier à ces trois derniers, il a toujours été étranger au Grec. Tout au long de son histoire, l'inventeur de la démocratie s'est distingué par son recours à la révolte quand il y avait lieu de se révolter. Mussolini en Italie, Salazar au Portugal, Franco en Espagne sans oublier Pinochet au Chili ont dirigé pendant des lunes et des lunes. Alors que le régime des colonels en Grèce a sombré au bout de sept ans lorsque les étudiants de l'École polytechnique, où ont commencé les présentes émeutes, ont exprimé leur mépris envers les gradés. Et ce, parce que l'ADN du Grec, si l'on peut parler ainsi, est ainsi fait qu'il se rebelle parce qu'il refuse la souffrance.

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