7
Sep/12
0

«C’est maintenant à mon ton tour » – Phillippe Aumont

Revue de presse

Propos de Phillippe Aumont recueillis par Robert Latendresse, RDS.CA, le 7 septembre 2012

Phillippe Aumont

Je vis une expérience totalement différente des ligues mineures depuis mon rappel par les Phillies de Philadelphie. Je me sens bien avec le grand club et les choses vont très bien pour moi.

C'est ironique parce qu'au moment de mon rappel, je commençais à ressentir de la fatigue à mon bras droit. Je me suis alors dit intérieurement que je me devais d'être capable de continuer à jouer pendant cinq ou six semaines et je vous dirais que j'ai l'impression que mon bras est neuf tellement je me sens bien. J'imagine que l'adrénaline a chassé ce début de fatigue et que ça m'aide quand je rentre dans un match. Le bras est en santé et j'ai du fun.

Photo ci-dessus : Phillippe Aumont, avec le receveur Steven Lerud, après son premier sauvetage. (Photo PC)

Du baseball, c'est du baseball. Que ce soit dans les rangs mineurs ou dans le baseball majeur, le sport demeure le même, mais c'est évident qu'au niveau où je suis, ce n'est pas pareil.

Mes participations aux camps des ligues majeures m'ont donné une petite idée de ce qui m'attendait au niveau de la routine d'un joueur professionnel. Je savais déjà comment une recrue devait se comporter devant les vétérans.

Ce qui change beaucoup, c'est l'environnement, comme au niveau des transports puisque nous voyageons en avion. On doit aussi avoir une belle tenue et respecter un code vestimentaire. Il y a des vêtements que l'on portait quand on jouait en bas qu'on ne peut pas porter dans le baseball majeur. Comme joueur, je représente l'équipe, et l'image des Phillies est importante. On joue tous les soirs devant 45 000 personnes et les parties sont télévisées, alors il est important d'être un bon ambassadeur du club.

J'apprends encore à connaître les gars. Comme recrue, je prends ma place sans faire de bruit et sans déranger les vétérans. Si l'un d'entre eux m'invite, alors j'accepte l'invitation pour mieux les découvrir. Disons que j'apprends de loin sans trop parler. L'opportunité est bonne pour moi et pour les autres jeunes joueurs de laisser une bonne impression à la direction des Phillies pour s'assurer de faire partie des plans en 2013.

Depuis mon arrivée avec l'équipe, je ne peux pas dire que j'ai appris beaucoup de choses. Dans le fond, le moment est venu pour moi de mettre en pratique tout ce que j'ai pu apprendre depuis des années. Le temps n'est plus à l'apprentissage. Le temps est à la performance en espérant, comme lanceur, de mettre le plus de zéro au tableau.

Premier sauvetage
J'ai obtenu un premier sauvetage en carrière lundi contre les puissants Reds de Cincinnati. Je dois dire que j'ai été surpris qu'on fasse appel à moi pour terminer la partie alors que nous avions une avance de 4-1. Il faut dire que la veille, Jonathan Papelbon avait connu une neuvième manche difficile et je pense que le gérant voulait lui donner une journée de congé pour retrouver ses esprits.

Quand on m'a demandé de me réchauffer, j’ai senti immédiatement l'adrénaline monter plus haut que d'habitude. J'étais nerveux, mais comme nous avions trois points d'avance, je me suis dit que j'avais une marge de manoeuvre devant moi.

Quand je me suis pointé au monticule, je ne pensais plus, j'ai plutôt agi mécaniquement comme je suis habitué à le faire. J'ai concédé deux petits coups sûrs qui n'ont pas traversé l'avant-champ et un point, mais en aucun moment je n’ai paniqué. Je savais que j'affrontais les Reds, une des deux meilleures équipes du baseball jusqu'ici cette saison et je savais donc qu'ils comptent sur d'excellents joueurs et qu'ils seraient menaçants. C'était la deuxième fois que j'affrontais cette formation et je savais qu'elle était redoutable.

J'aurais préféré ne pas donner de point, mais je m'en suis bien sorti. On a eu la victoire, et moi, mon premier match préservé. Je n'aurais jamais cru que ce moment arriverait aussi tôt dans ma carrière, soit dès ma quatrième sortie.

Quand je me réchauffais, Papelbon s'est aussi réchauffé, comme il le fait lorsque l'équipe est en avance en fin de partie. Lui, il ignorait que c'était moi qui serais appelé. Quand la neuvième a commencé, on s'est mis à marcher tous les deux vers la porte qui mène au terrain et on s'est arrêté pour se regarder. C'est là que l'entraîneur a dit, « Phillipe, c'est à ton tour. » Il y a eu une erreur de communication parce que Jonathan a su plus tard que l'équipe voulait lui donner une journée de repos. Il était un peu vexé de s'être réchauffé pour rien.

La plupart des joueurs m'ont félicité après la rencontre pour ce premier sauvetage. L'équipe va authentifier la balle et la placer dans un présentoir pour que je puisse la garder en souvenir.

J'ai goûté au plaisir de terminer des parties dans les ligues mineures et j'ai goûté au plaisir de le faire dans les ligues majeures et je sais que c'est un travail que j'aimerais faire. Mais avant d'y arriver, il me reste encore du chemin à faire. Les Phillies misent sur Papelbon pour encore quelques années alors on verra ce qui va arriver. Entre-temps, je tente de me positionner comme le spécialiste de la huitième manche, celui qui prépare la table au releveur numéro un. C'est là que ça commence. N'oublions pas que Mariano Rivera a d'abord été celui qui mettait la table à John Wetteland avec les Yankees de New York avant de devenir ce qu'il est devenu. Je peux prendre la même avenue moi aussi.

Je pense que j'ai déjà cette mentalité qui est propre au spécialiste des fins de partie. Je dirais que je ne le démontre pas autant que d'autres, mais je l'ai.

À l'oeil, on constate que Papelbon est différent et vraiment intense. Cette mentalité transpire dans sa personnalité, ce qui n'est pas le cas avec moi, mais quand je monte sur le monticule, c'est une question de vie ou de mort pour moi parce que je suis prêt à faire n'importe quoi pour obtenir un retrait. S'il faut que je colle le frappeur avec une rapide près des oreilles, je vais le faire croyez-moi. Comme releveur, tu as une mission à accomplir et il n'y a rien sur mon chemin qui va m'arrêter.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

Commentaires (0) Trackbacks (0)

Aucun commentaire pour l'instant

Laisser un commentaire


Aucun trackbacks pour l'instant