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« Être « red shirt » n’est tout de même pas si mal que ça » – Jean-François Dumais-Fyfe

Les nôtres les universités et collèges américains

Texte et recherches de Jacques Lanciault

Jean-François Dumais-Fyfe

Laval, le 29 mars 2011 - Dans les collèges américains, il y a les joueurs réguliers, ceux qui voient leurs noms être inscrits sur la feuille d’alignement match après match et il y a ceux qui sont de l’équipe, mais qui ne sont appelé à jouer qu’à l’occasion, soit pour donner congé à un régulier, soit pour agir en urgence dans une situation donnée. Il y a toutefois une autre catégorie de joueurs de qui on ne parle pratiquement jamais, il s’agit des « réservistes », ceux que l’on nomme en argot américain, les red shirt! Jean-François Dumais-Fyfe, qui au Québec porte les couleurs des Bisons de Saint-Eustache de la Ligue de baseball élite du Québec, en est un et il a accepté de nous parler de l’expérience qu’il vit actuellement avec l’équipe de baseball de la Rogers State University de Claremore en Oklahoma.

Pour les athlètes de haut niveau, la priorité est d’être toujours dans l’action, c’est donc une évidence que d’affirmer qu’on ne choisit pas d’être réserviste. « L'expérience de red shirt est un bon sacrifice à faire pour accéder, peut-être, à un poste régulier, comme recrue, l'an prochain », nous écrit Jean-François.

Mais, le quotidien d’un red shirt n’est pas très différent de celui des autres joueurs de l’équipe, comme nous l’explique Jean-François : « En gros, je fais tout ce que les joueurs de l'équipe font. C’est-à-dire que je prends part aux séances d’entraînement, aux matchs inter-équipe, aux exercices d’avant-matchs (pour les rencontres à domicile seulement toutefois), bref tout, tout, tout, sauf qu’en théorie, je ne devrais disputer aucun match officiel avec notre équipe. La seule possibilité que mon nom soit inscrit sur l’alignement est que l'un des joueurs réguliers se blesse et qu'il n’y ait aucun autre joueur pour le remplacer. »

Lorsqu’un joueur est étiqueté red shirt, son année ne compte pas dans le maximum de quatre ans où un athlète peut évoluer au sein du réseau collégial et universitaire américain. Et ce, même s’il était utilisé pour remplacer un joueur blessé, du moins jusqu’à ce qu’il dispute un certain nombre de matchs.

Le joueur fait tout de même partie de l’équipe et à ce titre, il a l’obligation d’être présent pour toutes les rencontres des siens à domicile. Toutefois, il n’accompagne pas ses coéquipiers dans leurs périples sur la route!

Un avantage pour les études… surtout pour la première année
Jean-François voit tout de même un avantage à cette situation : « Cela me permet de suivre tous mes cours, de me concentrer sur mes études et d’ainsi obtenir de bons résultats. De plus, étant donné que mon année ne compte pas au chapitre du baseball, je pourrai compléter mon programme de Business administration – entrepreneurship en cinq ans plutôt qu’en quatre, ce qui allège mon parcours! »

D’y aller à un rythme plus lent n’est certes pas de refus, notamment pour les francophones qui doivent s’adapter à un milieu tout à fait différent de ce qu’ils ont connu au Québec.

D’ailleurs, Jean-François a éprouvé certaines difficultés à s’adapter. Non pas en raison de la langue, qu’il maîtrisait déjà bien au Québec, mais plutôt en raison de la grande distance qui le séparait de ses amis et de sa famille. « Si ça n’avait pas été de l’éloignement, ce qui a d’ailleurs mis fin à la belle relation que j’entretenais avec ma copine, je crois que j’aurais trouvé cela plutôt facile de m’adapter ici. Les gens sont très accueillants, ils sont généreux et ouverts et, blague à part, les filles ici aiment bien les étrangers et leur accent exotique! »

Côté barrière de la langue, Jean-François n’a pas été incommodé du tout, même s’il ne se considérait pas parfaitement bilingue au départ du Québec! « J'étais déjà très bon en anglais avant d’arriver ici, mais il m’a tout de même fallu un bon deux mois avant de devenir totalement bilingue, c’est-à-dire de penser en tout temps en anglais. »

C’est donc dire que même avec son statut de red shirt, le joueur de baseball originaire de Boisbriand savoure pleinement son expérience dans les collèges américains. « Question qualité de vie, je dirais que c'est pas mal la belle vie. Avoir une partie de ses études payées pour étudier, s'entraîner et jouer au baseball, c’est quand même super. C'est certain que je ne vis pas dans le même luxe qu'à la maison au Québec, ici tout est petit : les chambres, les lits, la salle de bain que l’on partage à deux… et surtout la cuisine! On est loin, mais très loin des repas préparés par ma mère ha! ha! Mais, à mon âge, le luxe est bien accessoire. »

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