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Otto López : en route vers les ligues majeures

Revue de presse

Frédérick Duchesneau, La Presse, le 1er avril 2021

Otto López, Blue Jays de Toronto

Membre de l’organisation des Blue Jays de Toronto, le Dominicain Otto López se rapproche graduellement des grandes ligues. Malgré un parcours atypique, entre son pays natal et le Québec.

La première année d’Otto López au Québec n’a pas été facile. Mais pas ardue non plus. « Un peu inconfortable » sont les mots qu’il utilise.

Le Dominicain est débarqué à Montréal à 11 ans, en 2010.

« J’étais un enfant. Je ne savais pas trop ce qui se passait. C’était un peu dur pour moi à cause de la langue et de toutes les autres différences », se souvient-il.

En République dominicaine, il vivait avec sa grand-mère. Sa mère travaillait aux États-Unis, tandis que son père habitait le Québec depuis longtemps, avec ses enfants nés d’une autre union.

Puis, le paternel, camionneur, s’est séparé et a fait venir Otto à Montréal, afin qu’il y fasse ses études. Sa mère a alors aussi pris le chemin de la métropole.

Photo ci-dessus : Otto López a fait ses premiers pas dans le baseball organisé au Québec. (Photo : Asen Vinlove, Archives USA Today Sports)

« Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu mon père. Il voulait qu’on soit tous ensemble. On s’est tous rassemblés. C’était comme une réconciliation qu’on a faite », raconte le baseballeur, qui est actuellement à Dunedin, en Floride.

Ce renouement familial, ces moments passés avec ses proches ont grandement facilité l’acclimatation à sa nouvelle vie. Bien que, pour la communication, il a fallu un peu de temps.

« Avec mes neveux, ç’a été familier tout de suite. Mais ils parlaient tous français, j’étais le seul qui ne comprenait rien ! C’était un peu dur, mais ils m’ont aidé et je l’ai appris assez vite. Je dirais qu’en moins d’un an, je pouvais parler pas mal avec les autres. »

López est désormais trilingue.

Et puis, il y a eu le classique météorologique. Après quelques mois, il a compris pourquoi nombre de ses nouveaux concitoyens prenaient annuellement un vol en sens inverse…

Je ne m’attendais pas à l’hiver parce que je suis arrivé au début de l’été. Je ne pensais pas qu’il allait faire aussi froid ! Le plus dur, ç’a été le premier. Je pensais que ça n’allait jamais finir !

« Avec le temps, je me suis habitué. Et j’ai commencé à connaître plusieurs sports, comme le hockey, le ski. J’aime explorer, essayer. Ça m’a aidé à connaître plus de monde aussi. »

On n’ira pas jusqu’à dire que le Dominicain a envisagé une carrière dans la LNH. Le jeune López s’est limité au hockey de rue, mais il a bien aimé.

« Il est où, López ? »
Dans son pays d’origine, López avait commencé à toucher au baseball vers l’âge de 5 ou 6 ans. Pas étonnant, la République dominicaine étant une pépinière de joueurs de balle reconnue.

Mais, de la même manière qu’il pratiquera plus tard le hockey dans sa patrie d’adoption, López ne s’adonne alors au baseball que dans la rue, avec les copains. Pour le plaisir.

Paradoxalement, ses premiers pas dans le baseball organisé se feront donc au Québec, nettement moins réputé pour la balle que sa terre natale.

Dès son premier printemps à Montréal, on l’inscrit dans une ligue. Et il ne tarde pas à attirer les regards.

Jasmin Roy, aujourd’hui recruteur pour les Blue Jays au Québec, n’est pas celui qui a recommandé López à la formation torontoise. Lorsque le Dominicain a signé avec Toronto en 2016, Roy était avec la centrale de recrutement du baseball majeur. Mais il le connaissait bien.

López a joué quatre étés dans le réseau québécois, de 2011 à 2014. Roy a commencé à épier le joueur à sa saison de 14 ans.

"C’était un gars qu’on suivait et on avait fait des rapports sur lui. Déjà, il ressortait du lot avec ses qualités physiques, son bras, son élan au bâton." Jasmin Roy, recruteur pour les Blue Jays de Toronto au Québec

En 2014, le jeune joueur fait partie des Ailes du Québec, l’équipe élite provinciale des 17 ans et moins. Il a 15 ans. Sa formation remporte le bronze aux championnats nationaux. Ce sera sa dernière saison dans le réseau québécois.

« Comme recruteur, les étés suivants, les autres me demandaient : “Il est où, López ?’’ », raconte Roy.

López était rentré en République dominicaine depuis l’automne 2014. Un de ses oncles avait des contacts dans des académies, à Santo Domingo, et l’a fait admettre dans l’une d’elles. Après avoir difficilement réussi à obtenir l’assentiment des parents d’Otto.

« Si, cette année-là, il ne s’était rien passé, je serais retourné à Montréal pour étudier et reprendre le baseball là-bas », indique le joueur.

Mais ça s’est très bien déroulé.

Objectif : AA
En 2016, Otto López signe un contrat avec les Blue Jays.

Deux ans plus tard, avec les Canadians de Vancouver, dans la Northwest League (niveau A, saison courte), il termine premier de son équipe pour la moyenne au bâton (,297).

En 2019, avec les Lugnuts de Lansing, dans la Midwest League (niveau A), il remporte le championnat des frappeurs du circuit avec une moyenne de ,324.

Puis, l’année dernière, est survenu ce que vous savez. La pandémie de COVID-19 lui aura permis de revenir passer la saison estivale auprès de famille et amis, à Montréal, tout en s’entraînant avec les moyens du bord. En octobre, quelques jours après son 22e anniversaire, il a regagné la République dominicaine pour jouer dans la ligue d’hiver.

Fin novembre, les Jays l’ont intégré dans leur formation de 40 joueurs, un vote de confiance clair envers leur jeune classé 12e espoir de l’organisation, selon MLB Pipeline.

Il y a un peu plus d’une dizaine de jours, il a été retranché du camp d’entraînement des majeures, non sans avoir laissé une bonne impression.

« Il progresse bien. Il suit le parcours normal d’un gars de son âge et il est apprécié de l’organisation. Tout le monde l’aime, affirme Roy. C’est un de ceux qui travaillent le plus fort, il est reconnu pour ça. »

López a surtout joué au deuxième but pendant le camp, où il a notamment réussi cet attrapé spectaculaire, le 24 mars, contre les Yankees de New York.

Mais il a également été employé à l’arrêt-court et dans les trois champs. On lui a d’ailleurs demandé de perfectionner son jeu en défense au champ extérieur, lui qui a toujours été un joueur d’avant-champ.

« C’est assurément un atout dans son jeu. Il pourrait devenir un “super utility” et jouer plus souvent. Je pense qu’il va bien dans ce modèle-là », analyse Roy. À la manière d’un Cavan Biggio ou d’un Ben Zobrist, cite-t-il en exemple.

Après cette année perdue, difficile d’évaluer dans quelle classe aboutira López en 2021. « On ne sait pas vraiment où on en est », constate-t-il lui-même.

Mais il aimerait bien atteindre le niveau AA, à tout le moins. Les Fisher Cats du New Hampshire, en l’occurrence.

« J’aurais l’impression qu’il serait rendu là, l’appuie Jasmin Roy. Parce que l’an passé, il aurait dû être dans le A fort longue saison, donc, je ne serais pas surpris. Et pour un gars qui était au camp des majeures, habituellement, tu ne retombes pas dans les saisons A. J’ai l’impression qu’il a de bonnes chances. En tout cas, il va être bien positionné dans l’organisation, c’est sûr. »

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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