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Un changement de carrière précipité pour Phillippe Aumont

Revue de presse

Jean-François Plante, Le Droit, le 11 juillet 2020

Phillippe Aumont

L’été que nous vivons suit un printemps pas comme les autres. Toutes les sphères de la société ont été affectées par la pandémie et le confinement. Dans cette série « l’été de nos personnalités », les médias de la Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i) vont à la rencontre des personnalités de tous les domaines : politique, sports, science, culture, vie communautaire afin de savoir comment se passera leur été. Des conversations libres que nous vous présentons chaque samedi.

Il y a quatre mois, Phillippe Aumont était au sommet de son art. Après une saison dominante chez les Champions d’Ottawa et avec l’équipe canadienne sur la scène internationale, le lanceur gatinois de 31 ans venait d’obtenir son meilleur contrat depuis son boni de signature de 1,9 million $US à son entrée dans le baseball majeur en 2007.

En mars, il se trouvait en Floride au camp des Blue Jays de Toronto où il avait de réelles chances de retourner dans les Ligues majeures pour la première fois depuis 2015.

Photo ci-dessus : Phillippe Aumont s’affairera aux travaux manuels de la ferme pour les premières années d’exploitation alors que sa conjointe veillera aux tâches administratives. (Photo : Simon Séguin-Bertrand, Le Droit)

Puis, le virus de la COVID-19 a frappé. Le monde s’est arrêté pendant des semaines. Cette pause inattendue a amené le géant de 6’7’’ à réfléchir à son avenir. Se sentant impuissant face à un virus inconnu, il a voulu prendre le contrôle de sa destinée et il s’est découvert une nouvelle passion.

Il y a deux semaines, avec sa conjointe Frédérique Déry, il a devancé son plan de retraite de quelques années en louant une ferme de 221 acres près de l’aéroport de Gatineau. Avec l’aide du propriétaire actuel Denis Dubé, l’ancien des Phillies de Philadelphie va se mettre à pratiquer la serriculture.

Pendant toute sa vie adulte, le bras et la main droite de Phillippe Aumont ont représenté son « pain et [son] beurre ». Soudainement, ce sont ses deux bras qui seront mis à contribution pour exploiter la deuxième partie de sa carrière.

« Je frottais des balles de baseball. Maintenant, je vais frotter des mottes de terre pour la concasser ! Au baseball, ma seule job, c’était de lancer. Ici, je vais être mon propre patron. Le potentiel est infini. Je vais toucher à tout. Je n’ai qu’à saisir les occasions qui vont se présenter », lance celui qui a déménagé dans son nouveau domaine la semaine dernière.

Sans pandémie, Phillippe Aumont porterait peut-être l’uniforme des Blue Jays cet été. Il a bien aimé son expérience au camp en février et mars.

« J’étais proche d’un retour au baseball majeur. J’étais bien avec les Blue Jays. C’est une belle organisation, mais je ne tripais pas non plus. Je n’avais pas la même flamme. Puis la pandémie est arrivée et ma flamme s’est éteinte. J’accroche mes crampons, mais je ne serai pas le seul. Les sacrifices ne valent pas le coût pour plusieurs joueurs. Je ne me voyais pas séparé de Fred et Gabrielle (son premier enfant) pendant des mois. Pourquoi mettre ma santé en danger pendant que les partisans pourront me regarder à la télévision en toute sécurité dans leurs maisons ? »

Élément déclencheur
Profondément attachée à son Outaouais natal, Frédérique Déry caressait déjà le rêve d’avoir une ferme quand elle avait « six ou sept ans ». Pour elle, c’était un projet de retraite, mais quand son chum a vu le documentaire The biggest little farm, il a eu la piqûre.

« On avait commencé les démarches pour trouver une ferme quand une personne nous a suggéré de visionner ce documentaire. Il y a longtemps que Phillippe songeait à sa deuxième carrière. Quand il est tombé là-dessus, il a eu le coup de foudre. »

C’est tout nouveau, tout chaud. Il a beaucoup de travail devant lui pour redémarrer l’entreprise existante qui avait cessé ses opérations depuis quelques années, mais Aumont est énergisé par son projet.

« Le propriétaire veut tellement m’aider. Il a déjà réussi à me transmettre sa propre passion. Je cherchais quelque chose pour m’allumer. J’ai pensé à devenir policier. Je voulais un job pour être avec des boys. Pompier, ça m’intéressait. J’ai même appelé l’Armée canadienne, mais elle ne m’a jamais donné de nouvelles. La serriculture, je n’y avais pas pensé, mais ça vient me chercher profondément. J’ai le goût que notre famille soit autosuffisante. Sans fermiers, le monde n’existe pas. »

Une ferme moderne
La ferme Pure Alternative va commencer à produire des légumes en serre en décembre. « Nous voulons apporter une touche moderne. Nous visons la biodiversité. La technologie a bien avancé. Nous voulons nous en servir pour améliorer le rendement et la qualité des produits. »

Pendant que le lanceur à la retraite va s’occuper du travail manuel dans les premières années, sa conjointe va s’occuper du volet administratif tout en gardant son travail au gouvernement fédéral afin d’assurer une stabilité à la famille pendant le démarrage de l’entreprise. Frédérique Déry a un baccalauréat en administration. C’est elle qui a préparé le plan d’affaires.

« À partir de la troisième ou quatrième année, nous prévoyons ajouter une troisième serre et Phillippe ne pourra pas fournir à la demande tout seul. C’est là que nous allons commencer à embaucher des employés. Il y a plein de programmes avec les étudiants et les travailleurs étrangers », dit-elle.

Entourée de champs et de boisés à perte de vue, la famille Aumont/Déry est en véritable campagne, mais à partir de son balcon, on peut voir l’hôtel Hilton Lac-Leamy au loin.

« C’est notre paradis. Nous sommes dans notre ville avec nos familles, nos amis. Tous nos besoins sont comblés pour le début d’une nouvelle aventure », disent-ils.

Au baseball, les lanceurs arrivent à maturité entre 27 et 32 ans. À ce compte, ce choix de première ronde des Mariners de Seattle en 2007 est encore un peu jeune pour se retirer de son sport, mais il voit les choses d’une autre façon.

« J’ai juste 31 ans. C’est encore jeune pour commencer une autre carrière ! »

EN RAFALE

Un plan principal pour l’été ?

« Réveiller la ferme et travailler à redémarrer l’entreprise (horticole) qu’il y avait ici avant. »

Un souvenir d’un été d’enfance ?

« C’est sûr que c’est relié au baseball et je vais toujours me souvenir d’où c’est parti. Dans la cour avec mon père. Il arrivait de travailler à 16 h. Il était habillé comme je le suis aujourd’hui. Il prenait sa mitaine et on allait se lancer la balle. Des fois, ça pouvait durer une heure, une heure et demie. Il était mon receveur. »

Un souhait pour l’automne ?

« D’avoir construit ma nouvelle serre et d’avoir avancé dans le projet parce que nous débutons notre calendrier de production le 1er décembre. Ça s’en vient vite. »

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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