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Michel Simard: le baseball dans la peau

Revue de presse

Jean-François Tardif, Le Soleil, le 31 mai 2020

Michel Simard, Alouettes de Charlesbourg

Dix ans après avoir pris sa retraite du baseball affilié, Michel Simard continue de fustiger les frappeurs adverses avec ses balles de feu. Et les baseballeurs de la Ligue senior devront s’y faire. Ce n’est pas demain la veille que le lanceur droitier des Blue Sox de Thetford Mines compte accrocher son gant.

«Je ne pense pas à arrêter de jouer», avoue Simard qui a porté les couleurs des Capitales entre 2007 et 2010. «Si on me demandait si je serais capable de mettre fin à ma carrière, je répondrais non. Mon départ par semaine avec les Blue Sox, j’en ai besoin. J’ai hâte qu’il arrive. Et deux-trois jours avant de lancer, je suis excité. J’aime aussi le fait de donner une performance sportive devant les gens, de ressentir l’adrénaline que t’apportent leurs encouragements et leurs applaudissements. Et je suis chanceux. On a toujours de belles foules à Thetford Mines. Les partisans des Blue Sox sont incroyables. Je les adore.

Photo ci-dessus : Michel Simard a défendu les couleurs des Alouettes de Charlesbourg pendant toute sa carrière à l'exception des dernières semaines de la saison 2002. Il joua alors pour les Diamants de Québec à qui il avait été échangé à la date limite des transactions.

«Présentement à cause de la COVID, on est arrêté. Je ne vois plus mes amis de baseball comme c’était le cas lors des années passées et je n’ai plus ce sentiment qui m’anime à chaque fois que je monte sur le monticule. Tout ça me manque vraiment beaucoup. Et je ne suis pas content. Ça affecte mon humeur.»

Michel Simard joua son baseball junior avec les Alouettes de Charlesbourg et les Diamants de Québec. Recruté par plusieurs collèges américains, il choisit d’aller à St. Petersburg College, en Floride. En 2002, saison au cours de laquelle il remporta 10 victoires sans subir la moindre défaite, il présenta une moyenne de points mérités de 2,97, obtint 95 retraits au bâton et ne donna que 20 buts sur balles. La même année, il fut réclamé en 25e ronde (744e) du repêchage des joueurs amateurs par les Angels d’Anaheim. Il passa quatre saisons dans l’organisation californienne et il débuta même la campagne 2006 dans le AA (Arkansas). Cette saison fut cependant sa dernière dans le baseball affilié.

«Sur le coup, ce fut un gros deuil à faire. J’avais tellement sacrifié des choses, mis d’efforts, et passé de temps sur les terrains de balle et au gym à m’entraîner. Et tu dois te dire que c’est fini, que tu n’atteindras pas ton objectif ultime. Tu te remets en question et tu te demandes si tu vas être capable de faire autre chose, le baseball étant le seul domaine où tu étais vraiment bon.

«L’important quand ça arrive, c’est d’être capable de te regarder dans le miroir et de te dire que tu as vraiment tout fait pour atteindre ton objectif. Moi, je me suis toujours entraîné fort, j’ai fait attention à moi, j’ai été discipliné, etc. Mais rendu dans le AA, les choses ont commencé à être plus difficiles. Je pense que c’était une question de talent. Je n’étais peut-être pas assez bon pour évoluer à ce niveau-là. J’avais atteint le maximum que je pouvais atteindre. Et même si ma transition a même été difficile, ce constat m’a aidé à passer à travers ma déception.»

De retour au Québec, c’est avec les Capitales que Simard s’aligna en 2007. Une opportunité qui fut aussi pour lui une belle porte de sortie au baseball affilié. Non seulement il a pu continuer à jouer au baseball, mais il le faisait à un niveau compétitif, dans une organisation solide et chez lui à la maison.

«J’ai vraiment été chanceux. Les Capitales nous mettaient dans un environnement très professionnel, que ça soit au niveau des gens qui gravitaient autour de l’organisation, du personnel dans les bureaux, des entraîneurs, du terrain, etc. L’équipe faisait de la publicité, elle organisait des promotions et elle avait une très bonne couverture médiatique. Et il y avait des partisans. Je disais souvent en blague à ma sœur, qui est procureure de la couronne, «c’est quand la dernière fois que 3000 personnes se sont levées pour t’applaudir après que tu ailles gagné une cause?». Moi j’étais privilégié. Ça m’arrivait après une victoire.»

«Parallèlement, l’organisation mettait à chaque année sur le terrain un club qui nous inspirait, qui nous faisait penser que l’on pouvait gagner le championnat. C’était hyper motivant. Tout ce que l’on avait en tête c’était de nous dépasser pour gagner. Et en plus, c’était spécial parce que je pouvais le faire à la maison. Pour moi, ça faisait une grosse différence et c’était une motivation de plus.»

Simard, qui a eu la chance de jouer avec les Capitales alors que l’équipe alignait beaucoup de Québécois, des joueurs qu’il connaissait et qui sont devenus des amis, indique que jouer dans sa ville ne lui avait jamais apporté de pression supplémentaire. Au contraire. Il dit qu'il s’est toujours senti appuyé par les amateurs de baseball de la Vieille capitale. «C’était tout le temps plaisant d’entendre les encouragements des gens, de les entendre crier en français de belles choses. «Pis lâche pas Michel, let’s go, tu es capable.»»

La retraite
Simard connut un passage exceptionnel avec les Capitales. En quatre saisons, il réussit 358 retraits au bâton et ne donna que 117 buts sur balles et il compila un dossier de 40 gains contre 22 revers. En 2008, il obtint même une fiche de 13-2. À la fin de cette campagne, il crut en ses chances de retourner dans le baseball affilié. Mais son souhait ne s’est jamais réalisé. «Ça ne m’a pas dérangé plus qu’il le fallait même si j’y ai cru pendant un petit bout».

Il restait un mois à la campagne quand en août 2010, Simard surpris tout le monde en annonçant qu’il se retirerait à la fin de la campagne. Il venait de terminer son baccalauréat en relations industrielles et il sentait qu’il était temps pour lui de passer à autre chose. Aimant toujours beaucoup jouer au baseball, il avait cependant moins de plaisir à voyager. Et il pensait que le temps était venu de passer à autre chose dans sa vie.

«J’ai bien vécu avec ma décision dans les mois suivant la fin de la campagne. Quand la saison 2011 s’est amorcée, la transition a été plus difficile. Je ne pouvais pas m’empêcher de suivre les Capitales dans les journaux, de regarder des matchs à la télé ou de les écouter à la radio. Je me disais : “bon, je ne suis pas là. Je ne joue plus au baseball professionnel.”»

«Je pense que la plupart des athlètes ont quelque chose qui n’est pas réglé quand ils prennent leur retraite. Moi, je n’ai pas réalisé mon rêve d’atteindre les majeures. Même si je l’ai accepté, je ne serais jamais capable de le régler.»

Travaillant aujourd’hui dans le domaine des relations de travail, Simard est conseiller syndical depuis huit ans. Il donne des services conseils aux syndicats locaux et aux syndicats affiliés au niveau de leurs services d’organisation, de leurs assemblées générales, de leur gestion interne, de leurs statuts et règlements, etc.

«Un travail que j’adore. Le fait d’avoir été capable de trouver une autre passion et de faire un travail que j’aime a facilité ma transition après le baseball. Je me sens vraiment ultra-privilégié parce que j’ai tout le temps fait des choses que j’ai voulu faire. Une belle richesse et un beau cadeau que la vie m’a donnés et dont je profite au même titre que des valeurs que le baseball m’a transmises et qui me servent dans mon travail comme d’avoir une préparation adéquate, de la rigueur, de travailler en équipe, d’écouter les conseils et de les assimiler les conseils comme il le faut, etc.»

QUESTIONS/RÉPONSES

Q Fait marquant de ta carrière

R Le championnat de 2010 avec les Capitales. J’avais lancé le dernier match de la série.

Q Performance marquante

R Les Jeux du Canada en 2001. Tous les recruteurs étaient présents pour voir jouer Adam Loewen et Jeff Francis. J’avais closé le match contre l’Alberta en retirant les trois frappeurs au bâton sur neuf lancers et j’avais fait siffler le radar à 91 milles à l’heure. À la suite de ce match, un paquet de recruteurs avait donné leur carte d’affaires à Richard Emond qui me les avait remises. Cette performance-là m’a ouvert les portes à plein de niveaux. C’est notamment elle qui m’a permis d’avoir des entrées dans les collèges américains, moi le petit gars qui n’était pas connu avant les Jeux du Canada. Elle m’a donné une belle visibilité qui m’a permis de franchir les échelons un petit peu plus rapidement.

Q Idoles de jeunesse

R Mon idole de jeunesse quand j’étais vraiment jeune, c’était Vincent Lachance qui jouait pour les Alouettes de Charlesbourg. J’ai grandi à trois rues du parc Henri-Casault. Et mon père a toujours eu des billets de saison pour les matchs des Alouettes. Mon rêve à l’époque, c’était de jouer pour les Alouettes et mon joueur préféré c’était Vincent Lachance.

Q Ce dont tu t’ennuies le plus de ta carrière professionnelle

R La gang de chum avec qui tu passes 100 jours sur 108 et la camaraderie que tu développes avec ces gars-là. Et bien entendu la foule quand je lançais au Stade municipal.

Q Ce dont tu ne t’ennuies pas

R Les quatre jours entre mes départs.

Q Entraîneur marquant

R Michel Laplante. Il n’a pas juste fait de moi un meilleur joueur de baseball. Il a également fait de moi une meilleure personne. Michel avait cette capacité à recentrer tout le monde et à nous emmener à respecter les Capitales. Il nous donnait les moyens pour que l’on n’entache pas la réputation de l’organisation. Michel m’a aussi marqué par le côté adulte avec lequel il nous entraînait. Avec lui c’était toujours «prend tes responsabilités, tu es un grand garçon, tu sais ce que tu as à faire pour bien performer et pour gagner». J’ai aussi beaucoup apprécié toute la stabilité qu’il nous apportait.

Q Dans 10 ans

R Je me vois à la même place que je suis actuellement. J’espère que ma vie sera un copier-coller de celle que j’ai en ce moment parce que je suis très heureux avec ma plus vieille et ma deuxième qui s’en vient.

Q Rêve ou défi

R En dehors du fait que je veux que mes enfants soient en bonne santé et des choses comme ça, mon rêve c’est de juste pouvoir jouer au baseball le plus longtemps possible et d’être capable de performer aussi bien que je le fais présentement dans la Ligue senior.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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  1. Merci, j ai bien aime cet article.

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