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La pandémie aura aussi des répercussions sur le sport d’élite au Québec

Revue de presse

Frédéric Daigle, La Presse Canadienne, le 10 mai 2020

ABC

On le sait, le sport amateur au Québec est durement touché par la pandémie de la COVID-19. Mais qu'en est-il du sport d'élite, voire de l'avenir même de certaines associations ?

«Ça, c'est un enjeu à court terme, a déclaré Maxime Lamarche, directeur général de Baseball Québec, au cours d'un entretien avec La Presse canadienne jeudi. D'une part, le repêchage du Baseball majeur, on ne sait toujours pas comment ça va se passer: est-ce que ce sera cinq rondes, 10 rondes, 20 rondes ? Pour nos jeunes dont c'est l'année de repêchage, c'est un enjeu, qu'on ne contrôle pas.»

C'est maintenant connu : il ne sera que de cinq rondes — 150 joueurs — laissant en plan des milliers de joueurs qui s'attendaient à être repêchés par une organisation de la MLB, dont quelques Québécois.

Mais ce n'est pas qu'au sommet de la pyramide que l'incertitude règne. Les joueurs qui s'apprêtent à faire le saut vers le niveau universitaire sont également dans l'attente.

«On ne sait pas ce qui va se passer avec la réglementation dans la NCAA, a ajouté Lamarche. Comme ils ont été obligés d'annuler une grande partie de leur calendrier, ils ont statué que les joueurs de dernière année (senior) vont pouvoir revenir pour une dernière saison, comme si tout le monde avait une année gratuite. Mais que se passe-t-il alors avec ceux qui devaient se joindre au programme ? Ont-ils encore droit à leur bourse ? Les joueurs qui sont à leur deuxième année de junior college et qui ont signé avec une université l'an prochain ont-ils encore leur place ? C'est notre grande inquiétude au niveau du sport d'excellence.

«Plus localement, certains joueurs de 22 ans dans la Ligue de Baseball Junior élite du Québec pourraient rater leur dernière saison. D'un autre côté, nous avons un très beau palier d'accueil avec la Ligue sénior élite, qui est rendue tellement forte que les jeunes ne se ramassent pas chez eux à ne plus jouer.»

L'inquiétude est la même chez Soccer Québec.

«Les programmes élite se demandent quand ils vont démarrer et s'ils vont démarrer, a reconnu Martin Chamberland, son directeur général. On parle de la Première Ligue de soccer du Québec, de la Ligue élite du Québec et des programmes AAA dans les clubs.

«Dans une première phase, les jeunes ne pourront pas s'entraîner ensemble: ce sera de l'entraînement individualisé, par position. C'est certain qu'ils auront toutefois hâte de se mesurer aux autres, il faudra faire preuve de patience.

«Quant aux activités de détection, toutes nos activités des équipes du Québec sont mises sur pause. Le programme des Jeux du Québec a été reporté d'un an. Nous avons pris comme décision que les jeunes qui devaient y participer en 2020 pourront le faire en 2021.»

L'Académie Baseball Canada, le Centre national de haute performance de Soccer Québec ainsi que les sports-études de toutes les fédérations sportives québécoises sont également en pause, obligés d'attendre la reprise des classes.

Même les Jeux du Québec ont été touchés. La 55e finale des Jeux, qui devait être présentée cet été à Laval, a été repoussée à l'an prochain. La 56e finale, prévue cet hiver à Rivière-du-Loup, est sérieusement compromise.

«Si nous avons une décision à prendre (pour Rivière-du-Loup), il faut qu'elle soit prise rapidement, a expliqué le directeur général de Sports Québec, Alain Deschamps. Nous avons établi que la fin septembre est la date butoir, car à cinq ou six mois des Jeux, nous avons d'immenses dépenses en achat de matériel et de nourriture à payer. Si on annule à deux mois des Jeux, cet argent serait alors une perte sèche. Vers la fin mai, nous allons considérer toutes nos options et celle de reporter (la 56e finale) figure parmi celles-ci.»

Des impacts financiers
La crise risque même d'avoir un impact sur l'avenir de certaines associations, particulièrement au soccer, où les plus importantes d'entre elles ont plusieurs employés rémunérés, comme les directeurs techniques.

«C'est certain que l'impact est important pour les clubs et les associations régionales, a admis M. Chamberland. Nous avons une structure où il y a beaucoup de salariés, notamment chez les clubs comptant plus de 1000 joueurs. Oui, ça aura un impact et la reprise devra se faire en douceur. Nous avons déjà discuté avec nos associations afin de leur rappeler qu'elles devront être le plus flexibles possible avec les clubs qui reposent sur des employés salariés.»

«Certaines fédérations pourraient se retrouver en graves difficultés, surtout au niveau de leur permanence, a fait valoir M. Deschamps. On regarde toute sorte de scénarios. Nous avons des analyses déjà préparées que nous voulons finaliser et bien documenter. Au sortir de la COVID, nous ferons des représentations auprès du Conseil du Trésor s'il y a lieu.»

Est-ce que les parents se feront refiler la facture?

«Peut-être que l'adhésion passera de 210 à 250 $ dans certaines associations, mais ça ne passera pas à 450 $», a estimé M. Lamarche.

Déjà, les permanences des fédérations de soccer et de baseball du Québec en ressentent les contrecoups.

«À la fédération, tous nos employés temporaires contractuels ont été mis à pied de façon temporaire. Ça touche environ le quart de notre personnel. Les 23 employés permanents ont pour l'instant gardé leur emploi», a expliqué Martin Chamberland.

«Nous avons géré ça de façon serrée et coupé dans nos dépenses, a ajouté Maxime Lamarche. La moitié de mon équipe est en mise à pied temporaire pour l'instant. Nous étions neuf employés permanents et cinq à temps partiel; nous roulons maintenant avec quatre permanents seulement, y compris moi-même. On pourrait passer à trois en juin et possiblement à deux si la saison est annulée.

«S'il n'y a pas de saison, je n'aurai pas les sommes pour payer un staff permanent à l'année et ce ne serait pas juste pour les parents, qui versent une cotisation à leur association pour développer le sport amateur. De prendre cet argent-là pour maintenir les emplois, ce n'est pas notre mission.»

Il en va de même pour certains projets de développement.

«Où nous étions les plus forts à Baseball Québec, c'était dans le développement. Pour faire ça, on pigeait dans les surplus. Comme je n'ai plus de surplus, il y a des projets pilotes qui devront être mis sur la glace pour un certain temps.»

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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