Bénis par un bonze au centre de méditation bouddhiste Vipassana Dhura… au Cambodge

18
Avr/200

Texte, recherches et photos de Céline et Jacques Lanciault

Voici le 35e d’une longue série de reportages relatifs à notre périple au Vietnam et au Cambodge, un voyage réalisé en novembre 2019

Phnom Penh - Oudong, Cambodge, lundi 18 novembre 2019 — Ce matin, à notre deuxième jour dans la capitale du Cambodge, Phnom Penh, nous partons en expédition en direction de l’ancienne capitale du pays, Oudong.

Dans un premier temps, nous nous arrêterons sur un site bouddhiste très impressionnant, le Centre de méditation bouddhiste Vipassana Dhura.

Outre d’y admirer une immense et superbe pagode, des jardins magnifiques et des monuments splendides, nous recevrons également la « bénédiction des vénérables », et ce, après avoir été fort bien préparés pour cet événement par notre guide pour la partie cambodgienne de la croisière sur le Mékong, Chamrouen.

Par la suite, nous nous rendrons en « charrette à bœufs » à une autre pagode, beaucoup plus âgée celle-là, et où nous pourrons admirer de très belles fresques.

Mais, allons-y d’abord de nos souvenirs de notre passage à la pagode Vipassana Dhura.

Photo ci-dessus : Céline et quelques membres de notre groupe de voyageurs Lambert en position de recueillement alors qu’un des bonzes de l’endroit nous offre la bénédiction des vénérables.

Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.

N.-B. : Pour regarder le diaporama des photos présentées sur cette page, cliquez sur n’importe laquelle des photos.

Comme tous les matins ou presque depuis le début de notre périple dans le Sud-Est asiatique, notre réveille-matin fait entendre ses bips sonores à 5 h 45.

Un peu à l’image des derniers jours, le ciel affiche nuages et soleil ce matin.

Après notre petit-déjeuner au restaurant du bateau, le Mékong Prestige, nous descendons et nous nous rendons dans le stationnement du port où nous attend notre autocar.

Notre guide, Chamrouen, y est déjà sur place et nous souhaite le bonjour.

Dès que le bus prend le départ, Chamrouen nous indique que « nous filons vers le nord en direction de la ville de Oudong, un trajet qui devrait nous prendre environ 45 minutes », dit-il.

« Oudong, ajoute-t-il a été la capitale du Cambodge de 1618 à 1866. C’est dans cette ville que fut signé en 1863, entre le roi Norodom et l’amiral de La Grandière, le traité assurant la protection de la France au Royaume du Cambodge face au Siam et à l’Annam. »

« En 1974, les Khmers rouges ont pris la ville… et l’ont littéralement rasée, déportant, entre autres, quelque 20 000 habitants. »

« Aujourd’hui, il ne reste que très peu de vestiges de l’ancienne ville… mais elle est encore fréquentée par les Khmers qui viennent rendre hommage à leurs anciens rois en se recueillant devant leurs stūpas. »

Notre guide continue à nous dresser l’historique du pays, ce qui est un peu normal, car il nous informe qu’il a étudié à l’université en archéologie et en histoire.

Il mentionne aussi « qu’après son service militaire, il a travaillé au ministère des Affaires étrangères. À la fin de la guerre civile, en 1999, beaucoup de soldats ont été démobilisés, dont lui qui a alors agi pour une courte période comme garde du corps. »

« Avant le IIe siècle de notre ère, les Khmers vivaient de la chasse, de la pêche et de l’agriculture. Mais, à compter du IIe siècle, en raison de la présence tout près de la route maritime de la soie, ils ont commencé à commercer.

Du Ier au VIe siècle, la capitale du pays était située près du Vietnam, dans la ville de Kalduch. Dès l’an 802, on retrouve toutefois le siège du pouvoir khmer, près d’Angkor au nord du lac Tonlé Sap. Il y restera jusqu’au début du XVe siècle.

Puis, le roi et sa cour durent quitter Angkor suite à sa destruction par les Siamois. Après y avoir été pendant 630 années, ils se sont installés d’abord à Phnom Penh, en 1434, puis à Basan en 1494, et plus tard à Longvek et à Oudong de 1618 à 1866. Finalement, la capitale revint à Phnom Penh au XIXe siècle. »

Déclin d’Angkor
« On situe le début du déclin d’Angkor à l’année 1432. Plusieurs raisons ont contribué à cette chute de puissance.

1- L’invasion des Siamois, eux qui n’avaient pas de pays. En effet, ils n’étaient qu’une petite minorité ethnique… Malgré cela, les Khmers se sont alliés aux Siamois pour combattre les Vietnamiens.

2- La guerre civile au Vietnam, un conflit de religion qui a éclaté à la fin du XIIIe siècle.

3 - Une sécheresse qui dura 30 ans et qui a touché les quelque deux millions d’habitants d’Angkor. À l’époque, il s’agissait de la ville la plus populeuse du monde. À Pékin, il y avait 700 000 habitants, à Paris, un peu plus de 50 000 et à Londres environ 40 000!

Angkor avait réussi à s’attirer la faveur des populations, et ce, grâce à son ingénieux système d’irrigation qui permettait à chaque famille de produire quatre tonnes de riz par année!

Mais, en raison de la longue sécheresse, beaucoup ont été obligés de s’exiler vers Phnom Penh… et ce, en empruntant le Mékong.

4 - Finalement, dû au trop grand nombre d’habitants, la maladie s’est installée à demeure dans la ville.

La capitale du pays a été installée à Oudong en 1618, après que les Siamois eurent brûlé la capitale Longbec. Le pouvoir khmer est demeuré à Oudong jusqu’en 1866… »

« En 1848, les Siamois et les Vietnamiens se sont partagé le territoire du Cambodge, utilisant le Mékong comme frontière. Le Cambodge venait de disparaître des cartes géographiques. »

« Les résultats de ce partage ont fait que la Thaïlande était alors composée de 90 % de Khmers. Il s’y en retrouve aussi un grand nombre au Laos. »

« Il faudra attendre en 1863 et la signature du traité assurant au Cambodge la protection de la France face au Siam et à l’Annam, pour revoir le Royaume du Cambodge sur l’échiquier mondial. »

La religion d’État : le bouddhisme
« Plus de 95 % de la population du Cambodge pratique la religion bouddhiste.

Il y a aussi des croyants de trois autres religions, des musulmans, des protestants et des catholiques, mais ils sont très peu nombreux.

Les musulmans du Cambodge proviennent du Vietnam, ce sont les Chams. Ils ont été chassés de leur royaume du centre du Vietnam par les Vietnamiens et se sont exilés au Cambodge.

Initialement, les Chams étaient hindouistes, mais au fil des ans ils se sont convertis à l’islam.

Avant le XIVe siècle, il n’y avait pas de musulman en Asie.

Aujourd’hui, si une bouddhiste marie un musulman, elle doit se convertir à l’islam… et est de ce fait bannie à vie de sa communauté.

Avant 1994, chaque Cambodgienne mettait en moyenne huit enfants au monde, aujourd’hui, le taux est de 2,7 enfants par mère. Cette réduction est en grande partie due aux moyens contraceptifs plus disponibles. »

Notre guide nous raconte une anecdote relative à la campagne d’informations sur l’utilisation des préservatifs!

« Lors des rencontres visant à informer les Cambodgiennes sur l’utilisation des préservatifs, on se servait d’une banane pour démontrer comment placer le préservatif… Avec comme résultat que neuf mois plus tard, toutes les femmes du village étaient enceintes, celle-ci ayant continué d’enfiler les préservatifs distribués par l’État… sur les bananes! »

Wow! Le centre de méditation bouddhiste Vipassana Dhura
Notre premier arrêt du jour approchant, Chamrouen commence à nous parler de notre prochaine visite.

« Dès notre descente de l’autocar, nous allons nous rendre directement à la pagode où nous allons recevoir la bénédiction d’un bonze, la “bénédiction des vénérables”. Celle-ci est encadrée par un rituel très strict, mais n’ayez crainte je vais vous indiquer ce que vous devez faire, et ne pas faire, lorsque nous serons sur place. »

Nous descendons à 9 heures au Centre de méditation bouddhiste Vipassana Dhura.

Photos ci-dessus : La superbe pagode du Centre de méditation bouddhiste Vipassana Dhura.

« C’est un important centre de méditation bouddhique et il est très réputé », affirme notre guide.

« De nombreux fidèles, tout comme de nombreux touristes viennent ici pour des séjours de méditation plus ou moins longs. »

« Le Centre a été construit en 1997… au coût de 10 millions de dollars américains. »

Le site est très beau. Il y a plusieurs impressionnants bâtiments superbement décorés et surtout en très bon état.

Tout autour, il y a de beaux jardins où fleurissent de nombreux bougainvilliers.

Nous montons des marches de la pagode.

Photos ci-dessus : Deux chiens en bronze et six nāgas dorés aux interminables corps de serpent encadrent les fidèles qui empruntent l’escalier pour atteindre la porte de la pagode.

Photo ci-dessus : Tout près de la pagode, il y a une très très haute colonne.

Photo ci-dessus : Nous apercevons également un petit temple où il y a une statue de Bouddha.

Photo ci-dessus : Un superbe jardin dominé, lui aussi, par une statue de bouddha.

Photo ci-dessus : Tout le tour de la pagode, des jardins sont magnifiquement entretenus.

Photo ci-dessus : Partout les nāgas arborent des corps de serpents sans fin.

Photos ci-dessus : Au loin, nous pouvons apercevoir un gigantesque « stūpa » surmonté d’une haute colonne affichant un animal au sommet.

Photo ci-dessus : Et un autre bâtiment au toit magnifique.

« Il y a 200 moines qui vivent ici », affirme notre guide.

Nous entendons des psaumes bouddhistes qui sont probablement chantés par les moines.

« C’est comme de la musique pour les bouddhistes. Ça aide à déstresser », souligne notre guide.

« Les familles cambodgiennes apprécient grandement avoir un enfant moine. La vie de moine transforme le caractère de la personne qui embrasse cette vie. C’est souvent un virage à 180 degrés. »

« Les moines ne sont pas forcés à demeurer moines toute leur vie. »

« Les femmes sont moniales… et elles s’occupent des activités ménagères! »

« Après la période des Khmers rouges, beaucoup de veuves ont décidé de devenir bonzesses en apprenant les textes sacrés. »

Nous sommes le seul groupe pour le moment.

Nous entrons dans la pagode… après avoir enlevé nos souliers.

Photos ci-dessus : Un autel surmonté d’une impressionnante statue de Bouddha domine les lieux.

La bénédiction

Photo ci-dessus : Un bonze est assis au sol et nous attend.

Chamrouen nous indique que nous devons nous agenouiller en prenant soin de garder nos pieds en arrière…

Photo ci-dessus : Notre groupe de Voyages Lambert en recueillement.

Photos ci-dessus : Une très très rare occasion où l’on voit Céline sans son crayon et son carnet de notes.

Durant plusieurs minutes le bonze psamoldie dans une langue que nous ne comprenons pas… pendant que les visiteurs se recueillent les mains jointes.

Au terme de ses prières, le bonze se met à lancer de petits bourgeons de jasmin.

Photo ci-dessus : Céline a ramassé quelques bourgeons de jasmin.

Par la suite, le bonze offre de se faire photographier avec les touristes… moyennant un don! Notre guide informe les dames du groupe, qu’elles ne doivent en aucun cas toucher au bonze.

Photos ci-dessus : Des membres de notre groupe photographiés avec le bonze au terme de la bénédiction des vénérables.

Il y a de nombreuses fresques sur les murs et sur le plafond et pas moins de 16 immenses colonnes brunes et or.

Photos ci-dessus : De magnifiques fresques décorent les murs et le plafond de la pagode.

Nous sortons et Chamrouen nous demande de nous asseoir sur les marches… il souhaite nous parler du bouddhisme!

« Le bouddhisme peut être qualifié de “philosophie” ou de “religion”, voire des deux.

Ses origines se situent en Inde au VIIe siècle avant J.-C. avec les premières années de la vie de Bouddha, Siddhārtha Gautama, qui selon certains serait né en 623.

L’hindouisme est plus ancien, lui qui date de 2000 ans avant J.-C., mais l’Islam est plus récent, lui qui a commencé au VIe siècle de notre ère.

Quant au christianisme, il se situe tout au centre.

La mère de Bouddha est décédée alors que son enfant n’avait que 7 jours. Bouddha a donc été éduqué par son père et sa tante… et protégé de toute vue extérieure du palais où il vivait.

Un jour, alors que Bouddha venait d’avoir 16 ans, son père a demandé à des Brahmans quel serait l’avenir de son fils.

Le plus âgé des deux a dit que si Bouddha devenait roi, il serait le roi de l’Univers ! Le plus jeune a tout simplement répondu que Bouddha serait Bouddha.

Le père prit peur et encouragea son fils à se marier, malgré son jeune âge.

Bouddha est alors demeuré avec son épouse de l’âge de 16 ans à 29 ans… et ce, sans jamais sortir du palais. Puis un jour, sont épouse lui annonça qu’elle était enceinte.

À 29 ans Bouddha a demandé à son père de sortir hors du palais. Son père a alors fait reproduire les jardins intérieurs du palais, à l’extérieur.

Mais Bouddha a réussi à sortir des jardins avec l’aide de son cocher… et il a alors vu la vraie vie… les vieux, les malades, la pauvreté. Il a alors compris que lui aussi vieillirait et qu’il mourrait un jour.

Il a rencontré un moine affichant une tête rasé et une robe de couleur safran, marchant pieds nus. Il a discuté avec lui et celui-ci lui a appris que le seul moyen d’éviter la douleur était de brûler les trois péchés capitaux : le désir, la passion et l’ambition.

Il faut atteindre le nirvana qui est la dernière étape, l’extension de la douleur correspondant au cycle de la réincarnation.

On doit alors quitter la roue de vie…

“Quand on plante un bananier, on ne peut s’attendre à cueillir des mangues…”

Dans la religion bouddhiste, il y a deux écoles de pensée : le petit et le grand véhicule!

Le “petit véhicule” c’est dans le fond “aide-toi et le ciel t’aidera”, tandis que le “grand” est la religion qui est le chemin le plus long pour atteindre le nirvana… mais on y transporte plus de gens! »

Photos ci-dessus : D’où nous sommes installés dans les marches de l’escalier, la vue sur le site est magnifique.

Photo ci-dessus : Le drapeau du Cambodge flotte sur le site de Vipassana Dhura.

Photo ci-dessus : Tout comme le drapeau du bouddhisme… que notre guide nous explique.

« Le drapeau bouddhiste affiche cinq couleurs verticales :

Bleu, pour la méditation
Jaune clair pour la juste pensée
Rouge pour l’énergie spirituelle
Blanc pour la foi sereine
et safran pour la combinaison des quatre éléments précédents, en somme, l’intelligence!

Les couleurs horizontales, elles, signifient la non-discrimination des cinq continents! »

Nous nous relevons et continuons notre exploration des lieux.