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Les boys de la dernière chance

Revue de presse

Sylvain St-Laurent, Le Droit, le 5 décembre 2019

CHRONIQUE / Au cœur de cette histoire, il ne faut pas l’oublier, il y a un stade. Un sympathique petit stade de baseball, qui a perdu son lustre d’antan, mais qui n’a pas atteint la fin de sa vie utile.

Ce stade, c’est une infrastructure unique. C’est le seul stade de baseball qu’on a. Si on voulait construire quelque chose d’équivalent, de nos jours, il faudrait probablement investir entre 60 et 70 millions $.

Dans les dernières semaines, les élus de la Ville d’Ottawa devaient se poser une question fondamentale. La capitale canadienne a-t-elle vraiment envie de continuer d’entretenir son parc de balle, en bordure de l’autoroute 417 ?

L’autre option était de mettre le terrain en vente. On aurait sans doute pu en tirer un bon prix. Un promoteur aurait sans doute été heureux d’en faire son acquisition, pour ensuite changer la vocation du site.

Continuer ou ne pas continuer.

Donner une – ultime – chance aux ligues mineures indépendantes ou mettre un terme à l’aventure après 25 ans.

Photo ci-dessus : Le stade Raymond Chabot Grant Thornton d'Ottawa mieux connu sous le nom de parc RCGT. (Photo Étienne Ranger, Archives, Le Droit)

Le conseil municipal a pris la décision de continuer. Tant mieux pour ceux qui aiment le sport.

Tant qu’à prendre cette décision, on a bien fait de miser sur le partenariat des frères Katz, de Winnipeg, et de l’Ottawa Sports and Entertainment Group (OSEG).

Les Katz ont déjà connu du succès dans le monde du baseball. Les Goldeyes de Winnipeg sont un exemple à suivre. Les gens d’OSEG connaissent bien la communauté d’affaires d’Ottawa-Gatineau. Ils misent déjà sur une petite armée d’employés et une certaine crédibilité dans le milieu.

L’autre groupe qui souhaitait reprendre le flambeau n’avait rien de tout cela. Il aurait été obligé de travailler très fort pour établir sa crédibilité. Les chances de réussite, à long terme, auraient été moindres.

J’ai passé un coup de fil à Winnipeg, mardi matin. Quand Regan Katz a répondu, j’ai commencé par le féliciter d’avoir franchi une étape importante dans le processus.

« Thanks... I think », a-t-il répondu.

Il était enthousiaste, mais pas trop. Juste assez.

Les grandes lignes de l’entente sont jetées, mais le bail n’a pas été signé. Le diable est dans les détails. On sabrera le champagne quand tout sera réglé, pas avant.

Et M. Katz sait sans doute que le plus dur viendra quand le bail sera signé.

Les Lynx sont disparus en 2007, au terme d’une très longue glissade vers la futilité.

Des entrepreneurs du web ont tenté de prendre la relève dans la ligue Can-Am, en 2008. Ils ont fermé boutique au bout d’une saison. On les a très rapidement oubliés.

Miles Wolff, commissaire de la Can-Am, était convaincu qu’il serait facile de faire de l’argent à Ottawa. Il a passé cinq étés à chercher des gens à qui vendre les Champions. Il a fini par lever les feutres, en laissant une importante dette derrière lui.

Regan Katz est convaincu, comme tous ceux qui l’ont précédé, que le résultat sera différent, cette fois.

« Une combinaison de facteurs ont fait en sorte que les autres ont éprouvé des difficultés. Il faut s’assurer de trouver notre niche. Il faut plaire aux familles. Il faut s’assurer de s’impliquer dans la communauté », m’a-t-il dit, encore une fois, cette semaine.

Offrir un produit abordable pour faire sortir les familles et se faire voir dans tous les événements communautaires. Tous les gens qui ont précédé les Katz nous ont dit la même chose.

C’est un peu comme un restaurateur qui nous dit que, pour faire un bon cheeseburger, il faut d’abord obtenir du bœuf haché de première qualité.

Pas besoin de nous le dire. On le sait.

M. Katz insiste. « Le secret, c’est d’offrir un produit unique. Il ne faut pas avoir peur de faire les choses différemment. En faisant les choses différemment, on finit par trouver sa niche. J’y crois, sincèrement. C’est pourquoi, entre autres, on voit des clubs des ligues mineures indépendantes connaître du succès dans des marchés où on retrouve des équipes des ligues majeures. C’est le cas à Chicago, notamment. »

« Si tu me dis qu’il n’y a pas de familles dans la région d’Ottawa, on est dans le trouble. Si on ne peut pas trouver des gens qui aiment les sorties pas trop coûteuses, dans toute la région, on est dans le trouble. »

« Nous avons déjà discuté avec des gens qui ont très hâte de voir ce que nous pouvons apporter à Ottawa. »

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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