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Art public – « C’est compliqué » (Sara Erenthal)

Texte, recherches et photos de Jacques Lanciault

Au fil de nos voyages, nous avons admiré très souvent des œuvres d’art dans les rues, sur les murs, devant les édifices, dans les parcs, etc.! Curieusement lorsque nous sommes chez nous, au Québec, nous prêtons moins attention et souvent ne les remarquons pas. Pourtant, l’art public est en pleine effervescence au pays!

Depuis déjà quelques années, nous partagerons avec vous les œuvres de chez nous que nous avons découvertes au fil de nos déplacements! Voici le 183e de notre série de reportages sur nos trouvailles…

C’est compliqué, Sara Erenthal, Montréal, Québec

Montréal, Québec, 17 août 2019 – Depuis quelques années déjà, le boulevard Saint-Laurent et ses environs ont été transformés en un véritable musée à ciel ouvert, et ce, grâce au « Festival MURAL »!

Événement annuel international, qui en était en 2019 à sa huitième édition, le festival a beau n’être que d’une semaine par an, il dote le quartier d’un héritage artistique des plus riches.

Lors d’une balade à laquelle nous avons participé le 17 août dernier, promenade ayant pour but de découvrir le Montréal des tags et des graffitis, nous en avons profité pour ajouter bon nombre de murales à notre collection… dont « C’est compliqué », une œuvre réalisée par l’artiste américaine Sara Erenthal pour le festival MURAL 2018.

La murale, commanditée par le Musée du Montréal juif, est située au 4019 rue Saint-Dominique, sur le mur arrière du cinéma l’Amour.

D’ailleurs l’artiste a commenté son œuvre sur sa page Facebook en écrivant ce qui suit : « En signant ma murale intitulée “C’est compliqué”, peinte au dos de Cinéma L’AMOUR, un théâtre porno à Montréal, qui était jadis un théâtre yiddish, mon titre ne pouvait pas être plus approprié! »

Mentionnons que le cinéma l’Amour a été préservé de façon presque intacte depuis son ouverture, en 1914. Le cinéma s’appelait alors « Le Globe » et présentait des films en yiddish ou des pièces de vaudeville.

Il faut préciser ici que Sara Erenthal est une artiste autodidacte… élevée dans une famille juive ultra orthodoxe et qui a réussi à échapper à un « mariage arrangé »… en joignant les rangs de l’armée israélienne.

L’histoire de l’artiste est un véritable roman. Lors de mes recherches en vue de la rédaction de ce texte, j’ai trouvé un article publié sur le site Internet « Le Point culture » fort intéressant sur la jeune femme de 36 ans. Le texte de l’article est présenté ci-dessous en « Revue de presse ».

Photo ci-dessus : La murale « C’est compliqué », une œuvre de l’artiste américaine Sara Erenthal, affiche un visage féminin aux courbes noires stylisées soulignées de lèvres rouges, une image que l’artiste elle-même définit comme son autoportrait!

Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.

C’est compliqué, Sara Erenthal, Montréal, Québec

C’est compliqué, Sara Erenthal, Montréal, Québec

Photos ci-dessus : Les personnages de la murale « C’est compliqué », une œuvre réalisée par l’artiste américaine Sara Erenthal.

C’est compliqué, Sara Erenthal, Montréal, Québec

Photo ci-dessus : Signature et crédits!

L’artiste Sara Erenthal, du monde juif ultra-orthodoxe aux galeries de Brooklyn

Revue de presse

Agence France-Presse, Le Point culture, le 14 mars 2018

Cheveux courts, piercing dans le nez et jean usé, Sara Erenthal est l’une des étoiles montantes des artistes de rue à New York après avoir rompu, il y a une vingtaine d’années, avec le monde juif ultra-orthodoxe de son enfance et de son adolescence.

Sara Erenthal

Photo ci-dessus : L’artiste de rue Sara Erenthal dessine son emblématique visage de femme, le 28 janvier 2018 dans une rue de Tel-Aviv.

Fin 2017, le site Artnet mentionnait cette New-Yorkaise de 36 ans, née à Jérusalem dans une famille membre d’une des sectes les plus radicales du judaïsme ultra-orthodoxe, parmi dix « street artists » à suivre de près, dans la lignée du Britannique Banksy.

Ses œuvres, peintures murales ou dessins au marqueur sur des objets mis au rebut, fleurissent dans les rues de Brooklyn, un quartier où la galerie en vue FiveMyles lui a ouvert ses portes l’an dernier.

L’artiste, dont le nom pourrait être tiré d’une nouvelle en yiddish du défunt prix Nobel Isaac Bashevis Singer, s’est rendu en Israël en début d’année, une première dans sa vie d’artiste professionnelle.

Une cinquantaine de ses œuvres ont été exposées à « Bait Haadom » (la Maison rouge), galerie du quartier branché de Shapira à Tel-Aviv.

Et dans le secteur ultra-orthodoxe de Jérusalem - dont fait partie le quartier de Mea Shearim où elle est née -, elle a dessiné ce qu’elle définit comme son autoportrait et qui est devenu sa signature : un visage féminin aux courbes noires stylisées soulignées de lèvres rouges. 

Coupure avec la famille
Ce visage presque expressionniste, décliné selon les supports, les moments de la vie et les sentiments qui l’animent, « c’est un autoportrait, c’est moi dans toutes mes variations, et c’est aussi toutes les femmes, tout le monde », explique l’artiste en anglais, la langue dans laquelle elle se sent le plus à l’aise.

Parfois, cet « autoportrait subconscient » comme elle le définit, prend la forme d’une petite fille à l’allure sage, avec des nattes, celle qu’elle était à Mea Shearim puis à Brooklyn.

Sara Erenthal est issue d’une famille membre des Neturei Karta, une branche très radicale de la mouvance ultra-orthodoxe connue pour son observance stricte de la loi juive et son opposition au sionisme, parce que, selon eux, l’établissement d’un état juif est interdit avant la venue du Messie.

Alors qu’elle n’avait que quelques années, ses parents ont quitté Jérusalem pour s’installer dans un quartier ultra-orthodoxe de Brooklyn, où elle a passé la plus grande partie de son enfance et de son adolescence.

« Quand j’avais 17 ans et demi, nous sommes rentrés en Israël. Quelques mois après, mes parents m’ont dit qu’ils avaient trouvé quelqu’un pour moi, sans vraiment me laisser le choix », confie-t-elle.

« J’ai eu cette intuition que c’était le moment, que si je ne partais pas tout de suite, je ne partirais jamais. Je n’ai pas eu une enfance heureuse. J’ai cessé de croire en Dieu quand j’étais très petite, sans jamais l’exprimer. Il y avait aussi des disputes avec ma famille », relate-t-elle, ajoutant, sans plus de détails, qu’elle n’est plus en contact avec elle.

Elle fuit sa famille et se présente au bureau de recrutement de l’armée pour effectuer son service militaire, obligatoire en Israël pour filles et garçons, mais dont sont généralement exemptés les jeunes ultra-orthodoxes.

Elle passe par un kibboutz, village collectiviste où elle apprend l’hébreu alors qu’elle ne parlait que le yiddish, puis fait son service, pendant près de deux ans, dans l’administration d’une unité d’infanterie.

Open your eyes
« Le service militaire a en fait été mon introduction au monde laïque », se souvient-elle.

Elle rentre à New York, vivant de petits boulots et traînant un « sentiment de vide » qui prend fin avec un séjour de près d’un an en Inde au cours duquel elle commence à dessiner.

« C’est en Inde que j’ai commencé à me développer en tant qu’artiste », dit-elle. « Jusque-là, je ne pensais pas que je pouvais être une artiste. Dans ma famille, je n’avais pas été exposée à l’art contemporain, ni à la culture en général, nous n’allions jamais au musée ».

De retour à New York, elle se tourne rapidement vers l’art de rue, se sert d’objets abandonnés comme supports puis s’essaie aux peintures murales. Progressivement, elle accompagne ses dessins de messages.

Beaucoup sont spontanés, « inspirés par mes sentiments du moment » ou par les objets eux-mêmes. Certains sont plus militants, même si elle dit vouloir éviter toute provocation.

Lors de son passage à Jérusalem, elle a accompagné son graffiti, sur une fenêtre abandonnée, de ces mots : « Open Your Eyes » (« Ouvre les yeux »).

« Ces mots sont une invitation à prendre un temps de réflexion », dit-elle. « C’est un message subtil au cas où quelqu’un en aurait besoin. Je ne cherche pas à dire aux juifs ultra-orthodoxes comment mener leur vie. Je ne cherche à convaincre personne. Si quelqu’un doit voir ce message, il le verra ».

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

Sara Erenthal

Pour lire nos textes sur l’art public, vous pouvez accéder à nos pages web en cliquant sur le lien suivant : Art public au Québec... murales, sculptures, monuments, installations, etc.

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