16
Août/19
0

« The Migration Series » de Jacob Lawrence : des tableaux porteurs de message!

Textes et photos de Céline et Jacques Lanciault

Voici le 30e d’une série de reportages relatifs à notre exploration de la ville de Washington, la capitale américaine, un beau périple de douze jours réalisé au printemps 2019!

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Washington D.C., États-Unis, dimanche 31 mars 2019 -
Wow! L’exposition permanente de la Phillips Collection est vraiment très impressionnante!

Déambulant d’une salle à l’autre, nous avons admiré plusieurs toiles d’artistes que nous chérissons. Des Bonnard, Van Gogh, Renoir, Cézanne, Matisse, Picasso, etc., en plus de découvrir les œuvres de peintres que nous ne connaissions pas comme Winslow Homer, James Abbott McNeill Whistler et Marjorie Acker Phillips!

Mais, une salle en particulier nous a particulièrement impressionnés, soit celle où est présentée une série de tableaux, l’œuvre de Jacob Lawrence intitulée « The Migration Series »

Il s’agit de 60 petits tableaux portant sur la migration des Africains-Américains provenant du Sud rural vers le Nord industriel des États-Unis. Cette série a été réalisée par Lawrence en 1940 et 1941, alors qu’il était âgé de 23 ans.

Certains tableaux sont tout simplement dérangeants!

Puis, avant de quitter le musée, nous nous sommes attardés quelques instants à tenter de comprendre (sans réussir, précisons-le) le sens des œuvres de l’exposition temporaire « I am an Island » de l’artiste cubaine de plus de 90 ans Zilia Sánchez.

Photo ci-dessus : La toile qui nous a probablement le plus dérangés est celle portant le numéro 15, dont la phrase percutante est : « There were lynchings », c’est-à-dire « Il y a aussi eu des lynchages ».

Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.

N.-B. : Pour regarder le diaporama des photos présentées sur cette page, cliquez sur n’importe laquelle des photos.

Nous entrons dans une salle consacrée toute entière à une série de tableaux réalisée en 1940 et 1941 par l’artiste Jacob Lawrence (1917-2000), « une des figures de proue du mouvement culturel afro-américain dit de la “Renaissance de Harlem” », mentionne à son sujet l’encyclopédie libre Wikipédia.

La série titrée « The Migration Series » compte 60 petits tableaux très colorés portant sur la migration des Africains-Américains provenant du Sud rural vers le Nord industriel des États-Unis.

Assez curieusement, ils ne sont pas titrés, ils sont numérotés. Toutefois, pour chacun d’eux, on peut lire une phrase percutante!

La série sur la migration a été intitulée à l’origine « La migration des nègres »!

Nos lectures sur Internet nous ont appris que : « Lawrence a conçu la série comme une œuvre unique, plutôt que comme des peintures individuelles. Il travailla sur toutes les peintures en même temps, afin de leur donner une sensation d’unité, tout en maintenant les couleurs uniformes d’un tableau à l’autre. »

« Il a écrit des légendes d’une phrase pour chacune des soixante peintures expliquant certains aspects de l’événement représenté. Ainsi, la série crée un récit, en images et en mots, qui raconte l’histoire de la "Grande Migration". »

« Lawrence a créé les 60 peintures de la série en 1940 et 1941, alors qu’il n’avait que 23 ans. Il a pu réaliser son œuvre grâce à un financement de la Works Progress Administration, l’une des agences New Deal du président Franklin D. Roosevelt. »

« La série est basée sur la grande migration des Afro-Américains du sud rural au nord urbain qui a commencé dans les années 1910. La première partie de la migration a duré jusqu’en 1930 et a impliqué environ 1,6 million de personnes. »

Les tableaux décrivent l’état désastreux de la vie des « Noirs » dans le Sud, caractérisé par des salaires médiocres, des difficultés économiques dues au charançon du cotonnier, qui pendant les années 1920, a contribué à l’appauvrissement des fermiers du sud, et par un système de justice manipulé à l’encontre des travailleurs de couleur.

Le Nord offre de meilleurs salaires et un peu plus de droits, même s’il n’est pas sans problèmes; les conditions de vie n’y étant pas faciles en raison du peuplement beaucoup plus grand des villes, ce qui a entraîné de nouvelles menaces telles les épidémies de tuberculose.

En conclusion de l’œuvre, le dernier tableau note que la migration se poursuit. Les migrants se déplaçant toujours vers le nord dans les années 1950 et 1960… Conclusion prémonitoire s’il en est une, car même aujourd’hui en 2019…

Il est à noter que lorsque la série a été réunie et exposée à Washington DC en 1993, elle a été renommée « La série de la migration »… De plus, presque toutes les légendes ont été réécrites. Notamment, pour éliminer le terme « nègre », qui neutre en 1941, était tombé en disgrâce par la suite!

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : La phrase expliquant le tableau numéroté 1 est la suivante : « During World War I there was a great migration north by southern African Americans. ». Toutefois, originalement elle était plutôt « During the World War there was a great migration North by Southern Negros. »

Pour les autres tableaux que nous présentons, nous n’avons pas indiqué le texte original, seulement celui de 1993. Nous avons également présenté le texte intégral en anglais… la traduction risquant parfois d’être moins percutante!

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Le tableau numéro 3 affiche, quant à lui, la phrase suivante : « From every southern town migrants left by the hundreds to travel north ».

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Le tableau numéro 9 : « They left because the boll weevil had ravaged the cotton crop ».

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : La toile numérotée 11 porte, quant à elle, la mention suivante : « Food had doubled in price because of the war ».

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : « The crops were left to dry and rot. There was no one to tend them », est la phrase illustrant le tableau numéro 13.

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : « Tenant farmers received harsh treatment at the hands of planters. » Voici la phrase illustrant ce qui est présenté sur le tableau numéro 17.

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Pour le tableau numéro 19, le texte révisé en 1993 est : « There had always been discrimination ».

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Tandis que la phrase pour le tableau numéro 21 est : « Families arrived at the station very early. They did not wish to miss their trains north ».

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Une très courte mention pour le tableau no 23 : « The migration spread ».

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Une autre belle image (33), dont le texte explicatif est : « Letters from relatives in the North told of the better life there ».

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : « They left the South in great numbers. They arrived in the North in great numbers. » L’explication du tableau numéro 35.

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Une autre phrase, celle accompagnant le tableau numéro 37 : « Many migrants found work in the steel industry ».

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Le tableau numéro 43 marque une lueur d’espoir. Le texte de 1993 mentionne ceci : « In a few sections of the South leaders of both black and white communities met to discuss ways of making the South a good place to live », ce qui peut se traduire par : « Dans quelques parties du Sud, les dirigeants des communautés Noires et Blanches se rencontrent pour discuter des moyens de faire du Sud un endroit où il fait bon vivre ».

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Le tableau numéro 45 précise ceci : « The migrants arrived in Pittsburgh, one of the great industrial centers of the North ».

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Et pour le tableau 49 on note : « They found discrimination in the North. It was a different kind. » Une discrimination d’un genre bien différent dans le nord!

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Le tableau 45 est expliqué par la phrase cinglante suivante : « African Americans, long-time residents of northern cities, met the migrants with aloofness and disdain ».

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Une image affreuse (tableau numéro 55), expliquée comme suit : « The migrants, having moved suddenly into a crowded and unhealthy environment, soon contracted tuberculosis. The death rate rose ».

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Le tableau numéro 57, nous apprend que les femmes noires ont été les dernières à arriver. « The female workers were the last to arrive north ».

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Mais le « Nord » a aussi des avantages… comme le démontre le tableau 59 « In the North they had the freedom to vote. »

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Et le tableau numéro 60 tient lieu de conclusion, mais non de fin « And the migrants kept coming ».

The Migration Series, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Une photo de l’auteur de cette série, Jacob Lawrence.

Exposition temporaire : « Soy isla » de Zilia Sánchez
Nous sortons et nous rendons dans une autre salle où, cette fois-ci, il y a des photos. Elles sont titrées : « Sanchez Albums - Familly and Friends! »

L’artiste, Zilia Sánchez (1926- ) est Cubaine et si nous avons bien calculé… elle est âgée de 93 ans! Le titre de son exposition est « Soy isla », « Je suis une île » en français.

La documentation sur l’exposition mentionne ceci :

« Sánchez dit souvent “Soy isla”, exprimant ainsi son désir d’une pratique solitaire et sans compromis. C’est aussi une métaphore de son expérience d’artiste insulaire - connectée et déconnectée des courants artistiques continentaux et traditionnels, tels que l’art concret, l’art abstrait et l’art minimaliste.

Son œuvre est caractérisée par des formes réductrices, des lignes épurées et des courbes sensuelles évoquant le corps féminin, le travail de Sánchez fait souvent référence aux protagonistes de la mythologie antique et des motifs lunaires tout en laissant présager l’ambiguïté. »

Ses œuvres sont présentées dans plusieurs salles, des œuvres particulièrement difficiles à décrire.

Soy isla, Zilia Sánchez, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Un autoportrait de l’artiste, nous apprend la petite plaquette informative. Une toile réalisée en 1954.

Soy isla, Zilia Sánchez, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Une maquette de « I am an Island » (1972-1992).

Soy isla, Zilia Sánchez, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Une œuvre intitulée « Moon with tattoo ». vous m’en direz tant!

Soy isla, Zilia Sánchez, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Et celle-ci intitulée « Amazons », une œuvre de 1978.

Soy isla, Zilia Sánchez, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : « Topology » une œuvre de 2016, réalisée alors que l’artiste, Zilia Sánchez, venait de souffler 90 bougies!

Soy isla, Zilia Sánchez, Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Un très bel escalier… devenu pour l’occasion « hall d’exposition »!

Avant de quitter, nous regardons un petit film nous montrant l’auteur en train de réaliser ses œuvres.

Conçue comme un documentaire sur l’artiste, la vidéo présente la dernière interview en date de la Cubaine Zilia Sánchez. Il a été tourné au printemps 2018 à San Juan, Porto Rico.

Nous sortons à 15 h 45… fort heureux de cette belle découverte qu’est la Phillips Collection.

Nous marchons jusqu’à la station de métro Dupont Circle. Nous y arrivons à 16 h 15. Grimpons dans un wagon de la ligne rouge et transférons sur la ligue jaune à la station Gallery Place filant ainsi en direction de notre station… Eisenhower.

Comme nous l’avons déjà fait au cours de la semaine, nous nous arrêtons au restaurant « Subway » et nous achetons chacun sandwich que nous allons « déguster » dans notre chambre.

Lorsque nous sortons du restaurant, la navette vient tout juste de s’immobiliser! Chanceux. Nous arrivons à notre chambre à 17 h 30…

À suivre…
De retour à la National Gallery of Art… pour l’exposition temporaire « Tintoretto »… et bien d’autres!

Exposition Tintoretto, National Gallery of Art, Washington D.C., États-Unis

Photo ci-dessus : Une toile de Jacopo Robusti, dit Tintoretto (1518-1594), intitulée « La création des animaux ». L’œuvre réalisée entre 1550 et 1553 est un prêt de la « Galerie dell'academia » de Venise.

Remplis sous: Nouvelles Mots clés:
Commentaires (0) Trackbacks (0)

Aucun commentaire pour l'instant

Laisser un commentaire


Aucun trackbacks pour l'instant