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Barnes, le musée iconoclaste de Philadelphie

Revue de presse

Mathieu Perreault, La Presse+, le 21 octobre 2017

Barnes Foundation, Philadelphie, Pennsylvanie, États-Unis

PHILADELPHIE — Peu de gens le savent, mais un musée de Philadelphie abrite la plus grande collection au monde de Renoir et de Cézanne. Mise sur pied par un riche iconoclaste, la Fondation Barnes expose ses œuvres exactement comme les avait arrangées son fondateur, sans fil conducteur évident. Après une âpre bataille judiciaire, la Fondation a pu déménager de la banlieue au centre de Philadelphie il y a cinq ans. Histoire d’une visite inoubliable.

Photo ci-dessus : L’édifice qui abrite depuis 2012 la collection de la « Barnes Foundation » est moderne et épuré et si son extérieur est superbement aménagé, mais c’est à l’intérieur que se cache la véritable caverne d’Ali Baba!
(Photo : Jacques Lanciault 2015)

Pour lire notre texte sur une visite à la Barnes Foundations, cliquez sur le lien ci-contre : Le Musée « The Barnes Foundation », une véritable caverne d’Ali Baba!

Né dans un milieu ouvrier, Albert Barnes a fait fortune au début du XXe siècle avec un médicament prévenant la cécité chez les bébés dont la mère avait la gonorrhée. Marié à une riche héritière new-yorkaise, il était parfois regardé de haut par la bourgeoisie de Philadelphie, selon Deirdre Maher, directrice des communications de la Fondation. « Il a gardé de ces expériences la conviction que n’importe qui pouvait apprécier l’art et qu’il fallait que ce soit une expérience esthétique et non intellectuelle. »

Albert Barnes a donc aménagé les salles de son immense collection, achetée à Paris par son ami d’enfance William Glackens, devenu peintre, selon son propre goût. Des impressionnistes côtoient ainsi des œuvres du Moyen-Âge. Et dans une salle, Barnes avait installé deux dames plantureuses de Renoir de chaque côté d’un mur, au-dessus de larges chaises adaptées à leur ample popotin.

Ailleurs, un bougeoir de bois torsadé de la campagne française répond au motif d’une robe sur un Cézanne. Autre conviction de Barnes : les tableaux ne devaient être identifiés que par leur auteur et leur nom, sans date ni fiche explicative.

Albert Barnes est mort dans un accident de voiture en 1951, à 79 ans. Dans son testament, il laissait 10 millions US à la Fondation Barnes, qui devait laisser les toiles exactement comme elles étaient placées dans les salles, ne jamais les prêter à d’autres musées et donner des cours d’art et d’horticulture abordables à la population.

Vers la fin des années 80, la villa de Merion, en banlieue de Philadelphie, devait être rénovée et seule une poignée de visiteurs pouvait admirer les chefs-d’œuvre de Barnes chaque jour, faute de système de climatisation.

La Fondation a dû se battre en cour contre les riches habitants de Merion, qui voulaient conserver ce joyau artistique à portée de la main, avant de pouvoir déménager au centre de Philadelphie, à l’encontre des dernières volontés d’Albert Barnes. Le nouveau musée de la Fondation a ouvert ses portes en 2012 et fêtera en octobre son cinquième anniversaire avec des conférences, notamment, dont l’une portera sur le respect du passé, par les architectes qui ont signé le musée.

Voici les grandes lignes d’une visite de la collection.

MATISSE
Les salles du nouveau musée ont été organisées à peu près comme celles de Merion, y compris une grande salle centrale arborant dans sa voûte un triptyque commandé en 1930 par Albert Barnes à Henri Matisse, La danse. Une galerie au deuxième étage a été aménagée pour bien observer le triptyque de l’artiste français.

On y trouve également un autre chef-d’œuvre de Matisse, La joie de vivre. Peint en 1905-1906, ce tableau a au départ appartenu à l’écrivaine américaine Gertrude Stein avant d’être acheté pour 4000 $ par Barnes pendant la Première Guerre mondiale.

« LE RENOIR AMÉRICAIN »
« Le Renoir américain », c’est le surnom de William Glackens, l’ami d’enfance d’Albert Barnes qui l’a aiguillé vers des artistes français alors peu connus, dont Barnes a pu acquérir des œuvres pour des bouchées de pain (il a été notamment le premier collectionneur de Chaïm Soutine).

La Fondation Barnes possède aussi une quarantaine d’œuvres de Glackens, dont quelques portraits de la famille Barnes. Glackens faisait partie d’une école réaliste américaine s’intéressant aux petites gens, l’Ash Can School, un nom alors synonyme de « poubelle ».

FER
Dans chacune des salles du musée, de nombreux objets en fer composent des frises autour des toiles. « Barnes aimait beaucoup l’art français de métal du Moyen-Âge », explique Deirdre Maher, directrice des communications de la Fondation. De nombreux outils de la ferme ainsi que des portions plus ou moins décoratives de portes sont au menu.

ARBORETUM
L’arboretum du musée original, à Merion, est toujours ouvert et entretenu. On y trouve des sentiers dans les bois, des jardins en étages et différentes espèces qu’on apprend à connaître par les visites guidées. « Barnes tenait à l’éducation populaire, alors on a toujours des cours d’horticulture, la passion de son épouse Laura, en plus des cours d’art dans notre nouveau bâtiment du centre-ville », dit Deirdre Maher.

L’arboretum de Merion est sur une ligne de métro de Philadelphie. Certains cours ne durent que trois ou quatre semaines, à raison d’une fois par semaine, et il y a des cours plus intensifs d’une semaine l’été.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

Remplis sous: É.-U. - Philadelphie, Voyages Mots clés:
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