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Le mot du jour : lo-fi

Textes et recherches de Jacques Lanciault

Je consigne ici le fruit de recherches sur le sens, l’étymologie, l’écriture ou encore la prononciation de certains mots ou expressions sur lesquels je bute, ou qui tout simplement suscitent ma curiosité au fil de mes lectures...

Mardi 5 septembre 2017

Sophie Chartier, Le Devoir, le 25 août 2017

La langue de Molière a-t-elle des limites qui ouvrent la porte aux emprunts ? Cet été, Le Devoir se penche sur certains mots anglais récents de plus en plus utilisés en français et qui n’ont pas trouvé d’équivalent juste dans notre langue. Aujourd’hui : lo-fi.

À la recherche de réconfort, certains mélomanes se tourneront, par les jours mélancoliques, vers le clavier désaccordé et la voix de fausset de Daniel Johnston. Ou quoi de mieux qu’une vieille cassette « qui griche » de Nirvana ou Sebadoh pour accompagner des moments de frustration ?

Voile de bruit blanc, coupures soudaines, échos, distorsions en tout genre ; les imperfections sonores de l’enregistrement artisanal sont vues comme des gages d’authenticité. Le « lo-fi », plus qu’un procédé technologique d’enregistrement, est devenu le signe d’une mentalité de rejet des conventions.

Avant tout, de quoi parle-t-on, exactement, lorsqu’on emploie l’expression lo-fi ? La contraction de l’expression « low fidelity », ou basse fidélité, était d’abord réservée aux productions faites à la maison, de qualité « démo ». La cassette quatre pistes est souvent citée comme outil de prédilection.

« Le terme “lo-fi” signifie un son de qualité inférieure, des chansons enregistrées à la maison, par exemple », explique le journaliste et chroniqueur musical Olivier Robillard Laveaux.

Dans son contexte
Lorsqu’il tente d’exprimer la réalité du lo-fi en français, Olivier Robillard Laveaux hésite. « C’est une très bonne question. Quel mot on pourrait employer ? », demande-t-il. Il avance d’abord « son de piètre qualité », mais cette formule n’exprime pas le côté artisanal et artistique de la démarche.

« Pour décrire, souvent, je vais parler d’un son sale, je pense », ajoute-t-il, le doute dans la voix.

« L’histoire des musiques populaires se véhicule souvent dans le spectre anglophone, précise Danick Trottier, professeur de musicologie à l’UQAM. Tenter de le traduire irait à l’encontre du sens commun. Ce sont des musiques tellement rattachées au monde anglophone. »

L’universitaire compare avec le mot « grunge », un autre terme musical, dont l’interdépendance avec le lo-fi est limpide. « Il n’y a rien à faire avec ça ! On ne peut pas sortir ces courants de leur contexte d’émergence, qui est anglophone. »

Dans ses écrits scientifiques, le professeur Trottier préconise l’emploi en anglais, expliqué en français en notes de bas de page.

« Ce sont des concepts qui sont tellement intégrés, ajoute-t-il. Les traduire les vide d’une partie de leur sens. Dans le cas précis du son lo-fi, on parle non seulement de la technique d’enregistrement, mais aussi d’une perception très subjective que l’on veut inciter chez l’auditeur. Essayer de traduire cette subjectivité en français, ce serait difficile. »

Revue de presse publié par Jacques Lanciault.

Photo ci-dessus : La démarche «lo-fi» d’artistes comme Beck était considérée dans les années 1990 comme «l’antithèse de Bon Jovi». (Photo: Stephane de Sakutin Agence France-Presse)

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