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Un nouveau défi pour Alex Anthopoulos

Le Montréalais se plaît dans ses nouvelles fonctions avec les Dodgers de L.A.

Revue de presse

Jonathan Guay, Le Journal de Montréal, le 1er octobre 2016

Alex Anthopoulos

LOS ANGELES | Nouveau pays, nouvelle ville, nouvelle équipe et nouvelles fonctions. En se joignant aux Dodgers de Los Angeles à titre de vice-président des opérations baseball le 12 janvier dernier, le Montréalais Alex Anthopoulos se doutait que le vent en provenance de l’Ouest en serait un de changement.

Architecte des récents succès des Blue Jays de Toronto, Anthopoulos a pris la planète baseball par surprise en refusant, en octobre 2015, de prolonger son aventure comme directeur général et vice-président des opérations baseball de la formation torontoise.

Une décision prise quelques jours après avoir vu l’équipe qu’il avait bâtie de ses mains atteindre les séries éliminatoires pour la première fois en 22 ans.

«Ce fut sans aucun doute une des plus grosses décisions de ma carrière, reconnaît au Journal de Montréal Anthopoulos, rencontré au Dodger Stadium en marge des festivités entourant le Week-end de Vin Scully. Quand ta famille est impliquée, c’est d’autant plus déchirant.»

L’annonce aux enfants

Père d’une jeune famille de deux enfants, Anthopoulos savait que l’annonce du déménagement ne serait pas facile, d’autant plus que sa progéniture a vu le jour et grandi dans la Ville Reine, près de ses amis.

«Lorsque ma conjointe et moi avons fait l’annonce, mon fils de quatre ans ne comprenait rien, souligne l’homme de 39 ans avec un grand sourire. Nous aurions pu lui dire que nous déménagions sur la lune et il aurait été d’accord avec ça! Par contre, ma fille de six ans comprenait davantage. Par moments, elle était excitée, par d’autres, un peu moins.»

Ses rejetons ont d’ailleurs commencé l’école il y a deux semaines dans le même établissement fréquenté par le garçon du président des Dodgers, Andrew Friedman.

«Ma fille réalise que nous sommes aux États-Unis et que c’est différent, indique Anthopoulos, qui habite avec sa famille à une vingtaine de minutes de son travail. Deux jours avant de commencer l’école, elle pleurait, car elle s’ennuyait de ses amis. Et je la comprends. Mais après la première journée d’école, elle est revenue toute souriante à la maison. Ça m’a enlevé un poids sur les épaules.»

Adaptation

Les Anthopoulos ont vite constaté qu’il n’y a pas seulement le décalage horaire qui frappe lorsqu’on déménage de l’est du Canada à l’ouest des États-Unis.

«Je me souviens d’une fois où ma fille pratiquait l’alphabet. Elle disait la lettre Z avec l’accent canadien! [se prononce [zi] aux États-Unis]. Mais quand mon gars est revenu de la garderie avec une chemise des Raptors de Toronto et un coton ouaté Roots, c’est là que je me suis rendu compte que nous n’étions plus au Canada.»

La famille prévoit néanmoins retourner à Toronto et à Montréal le plus souvent possible afin de voir parents et amis.

«Quand j’étais plus jeune, j’habitais à Montréal et je passais mes week-ends à Victoriaville. Tandis que l’été, j’étais en Grèce dans ma famille. Je suis excité, car ma femme est Portugaise. Mes enfants vont être exposés à différentes cultures et ça m’emballe.»

Les Anthopoulos souhaitent d’ailleurs profiter de l’essor de la communauté hispanique en Californie.

«Culturellement, ça va être bon pour mes enfants, raconte le paternel. Ils vont pouvoir s’ouvrir sur le monde. Je peux parler cinq langues correctement, et j’aimerais que mes enfants puissent faire pareil.»

Nouvelle réalité
S’il portait les chapeaux de DG et de V.-P. à Toronto, Anthopoulos s’est débarrassé du premier couvre-chef en arrivant sous le chaud soleil de la Californie.

Mais il ne se la coule pas douce pour autant.

«C’est très différent d’être seulement vice-président, mentionne-t-il. Mais c’est un changement agréable. Quand ça fait plusieurs années que tu es dans labusiness, tu constates que les titres, ça ne change pas grand-chose.»

Pour quelqu’un qui a toujours travaillé pour des organisations professionnelles au nord de la frontière (Expos et Blue Jays), quelle est la plus grande différence comparativement à évoluer dans un marché américain?

«C’est drôle que tu me poses la question, car j’y ai pensé récemment. Quand tu rencontres quelqu’un qui vient du Canada, il y a une connexion instantanée.

«Je suis également plus patriotique pour mon pays, car avant je tenais ça pour acquis, poursuit-il. Maintenant, j’ai l’opportunité d’apprécier mes racines canadiennes.»

« ÇA N’AVAIT RIEN DE PERSONNEL »

LOS ANGELES | Plusieurs personnes s’expliquent encore mal qu’Alex Anthopoulos ait tourné le dos aux Blue Jays, une organisation où il a gravi les échelons et fait ses griffes comme homme de baseball au cours des 12 dernières années.

«Ce n’est pas une décision que tu prends tout seul, explique Anthopoulos. J’en ai longuement parlé à ma femme et à des amis proches. Selon ce que je ressentais, je n’étais pas sûr d’être heureux et de vouloir continuer ainsi.»

L’élément déclencheur pourrait avoir été l’arrivée de Mark Shapiro au poste de président de la formation torontoise après le départ de Paul Beeston, au terme de la saison 2015.

Beeston, qui avait offert le poste de directeur général à Anthopoulos, donnait carte blanche à ce dernier pour les décisions reliées au baseball. Toutefois, plusieurs soupçonnent qu’Anthopoulos n’aurait pas eu la même liberté d’action sous l’administration Shapiro.

«Plusieurs choses ont été écrites au sujet de mon départ. Pourtant, je n’en ai jamais évoqué publiquement les raisons, dit-il. J’aurais peut-être dû être plus ouvert, mais je crois que certaines choses doivent rester privées. Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup d’avantages à expliquer ma décision.»

Pas pour l’argent
Pour qu’il refuse d’apposer sa griffe au bas d’une prolongation de contrat très alléchante et d’une longue durée avec l’équipe qui lui a tout appris, il y avait certainement quelque chose qui dérangeait Anthopoulos.

«Je ne voulais pas prendre une décision basée sur l’argent, précise-t-il. Je comprends pourquoi les gens sont curieux, mais j’espère qu’ils vont comprendre pourquoi je conserve ma vie privée. Tout ce que je peux dire, c’est que ça n’avait rien de personnel envers qui que ce soit.

«Si j’avais eu encore des années à mon contrat, je serais resté, a-t-il ajouté. Vous ne m’auriez pas vu résilier mon contrat. Je crois que, lorsque tu signes un contrat, tu te dois de l’honorer. Et c’est ce que j’ai fait.»

Une chose à la fois
Au cours des dernières semaines, d’autres ouï-dire envoyaient Anthopoulos avec les Twins du Minnesota dans le rôle de directeur général.

En bon politicien, le Montréalais d’origine grecque n’a ni confirmé ni infirmé les murmures à son sujet. Sa réponse laisse toutefois croire qu’il y a eu une discussion entre les deux parties.

«Je viens d’arriver à Los Angeles et de déménager ma famille. J’ai accepté le poste ici, car je sais que j’ai l’occasion d’être ici pour longtemps. Si mon but avait été de me promener, je n’aurais pas déplacé ma famille ici.»

Sera-t-il de retour dans le feu de l’action un jour comme DG?
«Ce n’est pas dans mon esprit pour l’instant. Ma tête est avec les Dodgers. Mais ça ne veut pas dire que mon opinion ne va pas changer dans 10 ans», a-t-il conclu, laissant du même coup la porte entrouverte.

Alex Anthopoulos

39 ans | Né à Montréal

Détenteur d’un diplôme en économie de l’Université McMaster, à Hamilton
Commence sa carrière en 2000 avec les Expos en tant que stagiaire non rémunéré
Devient coordonnateur du dépistage en 2002
Se joint aux Blue Jays en 2003
Devient directeur général adjoint en 2005
Promu directeur général en 2009
Fiche de 489-483 comme DG
Directeur de l’année en 2015 selon Sporting News

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

Remplis sous: Baseball et softball Mots clés:
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