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Plus qu’un gérant, un ambassadeur

Revue de presse

Louis-Simon Gauthier, Le Nouvelliste, le 13 juillet 2016

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Pierre-Luc Laforest

COMMENTAIRE - Les Aigles de Trois-Rivières n'ont pas simplement perdu un gérant lundi, ils ont laissé filer un ambassadeur.

Lorsque Trois-Rivières a rejoint les cadres de la Ligue Can-Am en novembre 2012, tous se réjouissaient de l'embauche de cet ancien receveur professionnel, un rare Québécois à avoir atteint les Ligues majeures de baseball, et ce, à une position névralgique.

Photo ci-dessus : Pierre-Luc Laforest quitte Trois-Rivières avec une bague de championnat, et ce, en dépit d'un rendement négatif cumulé de ,422 durant son séjour. (Photo : François Gervais)

À l'époque, on avançait que l'arrivée de Laforest ajoutait une certaine dose de crédibilité au marché trifluvien, méconnu des autres clubs du circuit à l'époque, hormis les Capitales de Québec.

Au printemps 2013, le principal défi de Laforest consistait à convaincre des joueurs, pour la plupart d'origine américaine, à passer l'été dans une ville de taille moyenne... et francophone, de surcroît. Un mandat colossal, mais qu'il a relevé avec brio, les Aigles flirtant avec une place en séries éliminatoires jusqu'à la mi-août.

Surtout, les représentants de cette première cohorte avaient passé le mot: Trois-Rivières constituait bel et bien un marché viable et il était plaisant d'y jouer et d'y vivre.

Le bagage d'expérience de Laforest, qui avait lui-même roulé sa bosse à travers l'Amérique pendant plus de 15 ans dans le baseball affilié, a sans doute facilité leur intégration. Un entraîneur bilingue misant sur autant de contacts au Canada et aux États-Unis, on les compte sur les doigts d'une seule main. Son côté rassembleur a également été vanté. Il était d'abord et avant tout un player's coach, expression couramment utilisée dans le milieu.

L'année 2014 s'est avérée plus difficile, notamment en raison d'importants changements à l'administration, mais encore une fois, le style de gérance de Laforest semblait plaire à plusieurs intervenants du monde du baseball. On apprenait d'ailleurs lors du bilan de fin de saison que des équipes des Majeures s'intéressaient à ses services pour leur réseau affilié respectif.

Persuadé qu'il avait encore du travail à abattre en Mauricie, Pierre-Luc Laforest est revenu pour une troisième saison l'an dernier, faisant fi de ces campagnes de séduction entreprises par les Yankees de New York, les Phillies de Philadelphie et les Rays de Tampa Bay.

L'équipe se dirigeait encore vers un cul-de-sac quand il a pris les choses en mains au mois d'août. Après avoir renvoyé un joueur chez lui, il a su rallier ses troupes pour remporter le championnat de la Can-Am, l'un des titres les plus improbables des dernières années dans le circuit.

Sur le terrain du Stade Yogi-Berra au New Jersey, en plein coeur des célébrations le 20 septembre, les vétérans du club louangeaient le travail de leur équipe d'entraîneurs, particulièrement de Laforest. La direction tenait le même discours.

Évidemment, tout le monde s'attendait à ce que les succès s'enchaînent cet été. Le gérant avait même déclaré ce printemps, avec une pointe d'arrogance sympathique, que les Aigles voulaient répéter leurs exploits sauf que cette fois, ils soulèveraient le trophée à la maison, devant plus de 4500 personnes. On connaît la suite.

Mais peut-on vraiment blâmer le travail du gérant pour les erreurs répétées de ses joueurs à l'avant-champ? Est-ce à lui de constamment rappeler à ses protégés qu'il y a un couvre-feu à respecter? Est-ce que Pierre-Luc Laforest contrôle les allées et venues à l'infirmerie?

Aussitôt libéré il y a un mois, Eric Grabe, une des nombreuses victimes du début de campagne cauchemardesque, a pris la peine de rédiger un message sur les réseaux sociaux, rendant hommage à son ancien patron. Pour lui, aucun doute: «Pete» est le meilleur gérant qu'il aura côtoyé.

Pierre-Luc Laforest quitte Trois-Rivières avec une bague de championnat, et ce, en dépit d'un rendement négatif cumulé de ,422 durant son séjour. Peu d'observateurs auraient osé se commettre sur les chances des Aigles de remporter le titre au cours de leurs trois premières saisons. Sauf Laforest. Dès mai 2013, il se montrait confiant de bâtir un club gagnant, de «créer une culture gagnante».

Il aura gagné son pari. L'association prend fin de manière abrupte, comme c'est souvent le cas dans le monde du sport. Or, l'une des dernières scènes dont on aura été témoins de son règne avec les Aigles est cette solide prise de bec avec l'officiel Ian Kelley, dimanche dernier. Une scène qui rappelle jusqu'où Laforest était prêt à aller pour défendre ses joueurs. Les expulsions, il les a collectionnées au cours de son passage à la barre des Oiseaux!

Dommage que les joueurs n'aient pu lui rendre la pareille plus souvent pendant ces quatre années, surtout en considérant que son emploi dépassait les cadres des qualifications du simple gérant. Impliqué dans la communauté - son statut le rendait plus populaire que bien des joueurs -, il n'hésitait pas à prodiguer des conseils pour l'entretien du terrain.

Dénicher un gérant de sa trempe ne sera pas une tâche facile pour les Aigles de Trois-Rivières. Les ambassadeurs, ça ne court pas les rues.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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