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La « Fuggerei » d’Augsbourg : le plus ancien ensemble de logements sociaux au monde !

Texte et photos de Céline et Jacques Lanciault

Voici le 28e d’une longue série de reportages relatifs à un fascinant voyage en Allemagne que nous avons réalisé avec Voyages Lambert à l’automne 2015!

La Fuggerie, Augsbourg, Allemagne

Augsbourg, Bavière, Allemagne, jeudi 15 octobre 2015 – Wow ! Des logements sociaux au XVIe siècle en Allemagne. Plus précisément à Augsbourg… à une période où cette cité vivait son âge d’or en Europe. Impressionnant ! Et plus encore, le complexe créé au début des années 1500, « la Fuggerei », accueille toujours des déshérités cinq cents ans plus tard !

L’endroit est calme et charmant et l’on comprend facilement pourquoi la liste d’attente des gens désirant obtenir un logement à cet endroit est si longue… surtout quand on sait que le loyer annuel est fixé… à moins d’un euro !

Photo ci-dessus : Les coquettes petites maisons à pignons de la « La Fuggerei » sont pour la plupart couvertes de vignes ». Des vignes qui ont plus de cinquante ans…, ayant été plantées après la guerre.»

Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.

Nous quittons les confortables bras de Morphée un peu avant 6 heures ce matin ! C’est tôt, mais la poursuite de nos découvertes de l’Allemagne nous y oblige… Nous devons quitter Dinkelsbülh au plus tard à 8 heures… étant attendus à Augsbourg pour 10 heures !

Nous devons sortir à l’extérieur pour nous rendre déjeuner au restaurant de l’hôtel, car comme mentionné dans notre texte précédent, notre chambre est située dans un des bâtiments annexes du Luis Hezelhof Hotel de Dinkelsbühl.

Lorsque nous sortons, un peu avant 7 heures, il fait noir comme chez le loup… et il pleut. Mais la direction de l’hôtel avait prévu le coup et elle met un bac de parapluies à la disposition de ses clients! Nous en profitons.

Après une courte promenade sous la pluie, nous sommes parmi les premiers à entrer au restaurant. Une chance, car une dizaine de minutes plus tard, c’est la cohue ! Le petit-déjeuner est excellent. En fait, les croissants sont les meilleurs que nous avons mangés en Allemagne à ce jour.

Après avoir récupéré notre bagage à main dans notre chambre, nous rejoignons les autres membres de notre groupe à l’autocar stationné sur la rue principale.

Gabor, notre chauffeur, lance son véhicule à l’assaut du bitume à l’heure prévue, soit 8 heures.

« Nous roulerons durant environ une heure et demie avant d’arriver à Augsbourg », nous indique notre accompagnatrice de Voyages Lambert, Krystyna Wozniak.

« Après notre visite guidée à Augsbourg, ajoute-t-elle, nous filerons vers le château de Neuschwanstein où notre réservation pour la visite de l’intérieur du château est prévue pour 16 h 50 ! Mais, nous devons y être une heure à l’avance… sans quoi notre réservation risque de ne pas être respectée ! »

« Nous aurons donc l’occasion d’explorer les alentours du château avant notre visite dirigée… elle qui ne dure qu’une trentaine de minutes… Il s’agit d’une promenade dans quelques pièces du château… guidée par un audioguide ! »

Nous roulons sur une route de campagne pratiquement déserte. Il n’y a qu’un autre car de touristes devant nous.

Des champs de cultures s’étirent à perte de vue. Hors des petits villages que nous traversons, il n’y a que quelques rares maisons.

Nous apercevons le Danube pour la première fois. « Il s’agit du deuxième plus long fleuve d’Europe après la Volga », note Krystyna.

Nous arrivons à Augsbourg à 9 h 55 et lorsque nous descendons du car, il ne pleut plus. Nous allons à la rencontre de notre guide locale ici, une charmante jeune dame prénommée Sabine.

Guide locale, Augsbourg, Allemagne

Photo ci-dessus : Notre guide locale à Augsbourg, Sabine !

« La Fuggerei »
Après les présentations d’usages, celle-ci nous indique que nous allons commencer notre exploration de la ville d’Augsbourg, une belle cité à l’histoire particulièrement riche, en pénétrant dans le plus ancien ensemble de logements sociaux au monde qui soit encore en fonction de nos jours : « la Fuggerei » !

« C’est en 1521 que Jacob Fugger créa cet ensemble d’habitations destiné à héberger les habitants pauvres d’Augsbourg, du moins ceux non responsables de leur pauvreté. »

« La famille Fugger, une famille de marchands et de banquiers du Saint-Empire romain germanique, domine la finance européenne à la fin du Moyen-Âge et pendant la Renaissance. On considère que Jacob Fugger rassembla la plus grande fortune privée de son temps. »

La Fuggerei, Augsbourg, Allemagne

Photo ci-dessus : Dans un des jardins de « La Fuggerei », on peut admirer le buste du fondateur de la cité, Jakob Fugger.

« Le complexe que fit construire Fugger est constitué de 67 maisons de 2 étages totalisant 140 habitations, toutes identiques les unes des autres et disposant chacune d’une entrée distincte. La cité compte également une église, des fontaines et des jardins. »

« Cette « petite ville dans la ville » s’étale sur huit ruelles et est entourée d’un mur d’enceinte où trois portes permettent d’accéder aux habitations. »

La Fuggerei, Augsbourg, Allemagne

Photo ci-dessus : Une des petites ruelles de la « La Fuggerei ».

La Fuggerei, Augsbourg, Allemagne

Photo ci-dessus : Un plan de la ville d’Augsbourg, datant de 1572, montre tout au centre, l’emplacement de la Fuggerei. (Photo provenant d’Internet)

La Fuggerei, Augsbourg, Allemagne

Photo ci-dessus : Chacune des habitations a sa porte individuelle.

« Les critères d'admission à un logement n’ont pas changé depuis l’époque du sieur Fugger », lance notre guide. « Il faut être d’Augsbourg et y avoir vécu au moins deux ans, être dans le besoin sans en être responsable et être catholique. Si on est admis, outre de payer le loyer annuel, il faut s’engager à réciter quotidiennement… un Pater, un Ave et un Gloria ! »

« C’est un comité qui décide de l’attribution des logis…, et ce, en appliquant strictement les critères établis par Fugger… il y a presque 500 ans ! Malgré ces critères particulièrement stricts, il y a une liste d’attente… et l’attente moyenne est de sept ans ! »

La Fuggerei, Augsbourg, Allemagne

Photo ci-dessus : Une statue de la Vierge arborant une épée dans le cœur !

« Tout comme les critères d’admission, le prix n’a pas varié d’un iota depuis le Moyen-Âge. Le loyer annuel correspond toujours à un florin rhénan, c’est-à-dire l’équivalent de 88 centimes d’euro à notre époque ! »

Les gens ont vraiment de la chance de rester dans un endroit pareil.

« Aujourd’hui, les habitants sont surtout des personnes âgées vivant seules ! Mais il y a aussi quelques couples, affirme Sabine. »

« C’est toujours une des sept fondations mises sur pied par la famille Fugger qui assure le financement des opérations de « La Fuggerei ». »

« Ce qui est particulier, c’est que vous en tant que touriste payez 4€ (3€ pour les groupes) pour accéder au site… soit plus de quatre fois le loyer annuel ! »

« La Fuggerei a été lourdement touchée par les bombardements alliés lors de la Deuxième Guerre mondiale. En 1950, des travaux de reconstruction ont été amorcés à partir des restes des maisons. La petite église Saint-Marc a, quant à elle, été entièrement rebâtie. »

« Le site dispose aujourd’hui d’un musée. Il prend place dans l’ancienne habitation de son résident le plus célèbre, soit le grand-père de Wolfgang Amadeus Mozart.

La Fuggerei, Augsbourg, Allemagne

Photo ci-dessus : Une plaque commémorative rappelle que le grand-père de Mozart a habité ici.

Nous y entrons. Nous devons nous pencher, car les portes sont basses.

Il s’agit d’un appartement de trois pièces, une chambre, un salon et une cuisine, dans l’état architectural d’origine, ce qui nous montre comment vivaient les gens à cette époque.

La Fuggerei, Augsbourg, Allemagne

La Fuggerei, Augsbourg, Allemagne

Photos ci-dessus : Des meubles d’origine peuvent être admirés dans le petit musée.

Nous sortons et continuons notre promenade dans une des huit rues de la petite cité.

Au croisement de quatre ruelles, il y a une fontaine distribuant de l’eau potable.

La Fuggerei, Augsbourg, Allemagne

Photo ci-dessus : Il y a un petit magasin, ou prennent place un café et un biergarten ouvert lorsque la température est propice.

La Fuggerei, Augsbourg, Allemagne

Photo ci-dessus : Un coin de verdure a été aménagé pour les résidents.

La Fuggerei, Augsbourg, Allemagne

Photo ci-dessus : Une ancienne pompe où les habitants de l’époque moyenâgeuse pouvaient « tirer » leur eau.

La Fuggerei, Augsbourg, Allemagne

Photo ci-dessus : Une autre statue décorant une des maisons.

La Fuggerei, Augsbourg, Allemagne

La Fuggerei, Augsbourg, Allemagne

Photos ci-dessus : On y retrouve également un beau jardin.

« Dans la cité », il y a trois portes, signale Sabine. « Au Moyen-Âge, elles étaient fermées à compter de 20 heures. Si on arrivait passer cette heure, il fallait sonner à la porte de bœuf pour entrer ! Une amende de 50 centimes était imposée au retardataire, et cela jusqu’à minuit. Après cette heure, la sanction était augmentée à un gulden… un montant beaucoup plus élevé. »

« Aujourd’hui, prend soin de nous indiquer notre guide, ça ferme à 22 heures. »

La Fuggerei, Augsbourg, Allemagne

Photo ci-dessus : Lorsque les portes sont fermées, aujourd’hui après 22 heures, c’est à cela que ressemble les portes de la Fuggerei. (Photo provenant d’Internet)

Nous entrons dans une autre habitation. Il s’agit d’un appartement-témoin meublé à la « moderne ». Les meubles sont de type « Ikea », simple et fonctionnel.

« L’appartement d’une chambre a une superficie de 60 mètres carrés. »

La Fuggerei, Augsbourg, Allemagne

La Fuggerei, Augsbourg, Allemagne

La Fuggerei, Augsbourg, Allemagne

La Fuggerei, Augsbourg, Allemagne

Photos ci-dessus : Un appartement de la Fuggerei… aujourd’hui !

Nous sortons par l’arrière du logement et arrivons dans un petit jardin fleuri. « Tous les appartements du rez-de-chaussée en ont un », nous certifie notre guide !

Au fond du jardin, il y a une remise, un cabanon, « qui est partagé par les résidents de deux logements », ajoute-t-elle.

En marchant vers la sortie, nous constatons que nous n’avons croisé aucun véhicule automobile. « Une situation normale, puisque plusieurs ruelles de « La Fuggerei » sont piétonnes », précise Sabine.

Filant vers les portes du complexe, notre guide complète le portrait de la famille Fugger en lançant la devise de la famille, soit : « Mets le temps à profit », Nütze die Zeit en allemand… ce que semble avoir suivi à la lettre les Fugger !

Direction le centre historique
Nous quittons la cité et marchons à la suite de notre guide sur une rue commerciale, multiethnique. Il y a des commerces tenus par des Grecs, des Turcs, des Italiens, etc.

« De par le nombre de sa population, 280,000 habitants, Augsbourg est la troisième ville en importance de la Bavière, après Nuremberg et Muchich ! »

« Augsbourg a été fondée par les Romains en l’an 85 avant avant Jésus-Christ. À l’époque des Romains, elle était considérée comme une capitale. »

« Nous traversons un quartier nommé « Le faubourg Saint-Jacques ». Il s’agit du secteur des artisans. »

« Augsbourg est une ville d’eau », ajoute Sabine. La rivière Lech coule en son cœur et y est rejointe par la Wertach. Des canaux alimentés par ces deux rivières serpentent dans la cité sur quelque 170 km. » Nous comprenons mieux pourquoi c’est si humide.

Notre guide locale affirme que les « Souabes » sont avares et économes, tandis qu’elle est bavaroise, donc, concède-t-elle en riant à gorge déployée : « dépensière ! »

Nous nous arrêtons devant la maison natale de Bertolt Brecht (1898-1956), un dramaturge, metteur en scène, critique théâtral et poète allemand… pas toujours apprécié en son pays. Communiste pour le parti national socialiste d’Hitler et plus tard pas assez socialiste pour le pouvoir politique de la RDA !

Brechthauss, Augsbourg, Allemagne

Photo ci-dessus : La maison natale de Bertolt Brecht abrite aujourd’hui un musée et un mémorial à son honneur.

Nous traversons un pont au-dessus d’une rivière agitée et continuons notre balade en montant dans la ville haute, croisant au passage plusieurs tramways.

Sabine en profite pour nous mettre en garde : « Il faut être prudent face aux tramways. Les chauffeurs d’ici ont la réputation de ne pas stopper leur véhicule même s’il y a des piétons ! »

Augsbourg, Allemagne

Photo ci-dessus : Petit cours d’eau où le courant semble plutôt puissant !

Nous entendons un carillon sonner au rythme d'une musique de Mozart. « Ce sont les cloches de la tour de Perlach, la Perlachturm en allemand, que nous verrons un peu plus tard au cours de notre visite », souligne Sabine.

Méli-Mélo
Augsbourg est une ville située dans le Land de Bavière, en Souabe bavaroise, sur la « Route romantique ».

La cité compte sur une population d’un peu plus de 280,000 habitants.

Aujourd’hui, Augsbourg est une ville universitaire et industrielle.

Ayant été fondée d’une colonie romaine en 85 avant Jésus-Christ, Augsbourg figure parmi les villes les plus anciennes d'Allemagne avec Trèves et Cologne.

La Souabe est une région historique d'Allemagne, anciennement nommée Royaume de la Souabe, et aujourd’hui une des sept régions administratives de l'État libre de Bavière.

Le mot souabe désigne en français aussi bien les habitants de la région que le dialecte qu’il parle.

À suivre…
La cathédrale Notre-Dame d’Augsbourg!

Cathédrale Notre-Dame, Augsbourg, Allemagne

Photo ci-dessus : Le clocher de la cathédrale Notre-Dame d’Augsbourg.

Textes précédents :
Vous pouvez lire les textes précédents de nos reportages sur l'Allemagne en cliquant sur les liens ci-dessous ou en accédant directement à l'onglet "Allemagne" de la rubrique « Voyages » de la barre de menu.

Notre voyage en Allemagne : Trajet proposé par "Voyages Lambert"

1er texte : Willkommen in Köln… Bienvenue à Cologne, sur les berges du Rhin!

2e texte : Cologne: sa cathédrale, ses berges sur le Rhin et ses belles maisons !

3e texte : À Aix-la-Chapelle… sur les traces de Charlemagne!

4e texte : La cathédrale d’Aix-la-Chapelle ou Charlemagne en pièces détachées!

5e texte : La Porta Nigra et le Haupmarkt, la place du Marché!

6e texte : L’imposante cathédrale de Trèves et son cloître!

7e texte : Trèves : l’ancien palais du prince-électeur… et la basilique romaine de Constantin!

8e texte : Trèves, métropole romaine... dont le cœur bat toujours… au Musée de Rhénanie!

9e texte : Bernkastel-Kues… ville aux bellissimes maisons médiévales à colombages !

10e texte : Cochem : fontaines, église aux magnifiques vitraux, une mosaïque, etc.!

11e texte : Coblence… de passage seulement et c’est dommage !

12e texte : De Coblence à Bacharach… au fil du Rhin romantique!

13e texte : Bacharach sublime découverte d'une ville...

14e texte : Heidelberg : le Vieux pont et le Chemin des philosophes… pour commencer !

15e texte : Le château de Heidelberg… et surtout ses impressionnantes ruines !

16e texte : Les jolies places au cœur de la vieille ville de Heidelberg et l’église Saint-Esprit !

17e texte : Bad Wimpfen : une haute tour, une superbe église et de jolies maisons...

18e texte : L’Hôtel Eisenhut de Rothenbourg… Wow !

19e texte : Wurtzbourg : l’imposante forteresse de Marienberg !

20e texte : Le « Maître de Wurtzbourg » : Tilman Riemenschneider !

21e texte : Wurtzbourg : Vieux Pont, centre historique, cathédrale et Résidence! (1re partie)

22e texte : Wurtzbourg : Vieux Pont, centre historique, cathédrale et Résidence! (2e partie)

23e texte : Rothenbourg: l'église Saint-Jacques, des tours médiévales..., etc. !

24e texte : Nuremberg: les ruines d’un centre de congrès nazi, un château… !

25e texte : Nuremberg : l’église Saint-Sébald… et une vue imprenable sur la rivière Pegnitz!

26e texte : Nuremberg: l’église Saint-Laurent, la vieille ville, les saucisses et le procès!

27e texte : Dinkelsbühl : une belle cathédrale, de jolies maisons et une touchante légende !

Bibliographie
Aachen, Aix-la-Chapelle, guide de la ville et de la cathédrale,, Édition Michael Imhof Verlag, 2011, 31 pages;

Allemagne, Guide Vert, Michelin guides touristiques, 2015, 690 pages;

Allemagne, faits et réalités,, Societäts Verlag, 2010, 192 pages;

Allemagne, des villes vivantes, Office national allemand du tourisme, 2010, 198 pages;

Atlas en fiches,, Éditions Atlas, 2008;

Cartoville - Berlin, Guides Gallimard, 12e édition ;

Encyclopédie libre Wikipédia Allemagne, Cologne, Aix-la-Chapelle, Trèves et plusieurs autres pages;

LonelyPlanet - Berlin , Publication LonelyPlanet, 2013, 352 pages;

Patrimoine mondial de l'UNESCO, Éditions UNESCO, 2009, 832 pages;

Trèves, à la découverte de la plus vieille ville d’Allemagne,, Rahmel-Verlag, 48 pages.

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