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Le Palio: ils sont fous, ces Siennois!

Revue de presse

Louise Gaboury, Le Devoir, le 11 avril 2015

Palais Farnèse, Rome, Italie.

Le Palio de Sienne attire tous les regards deux fois par année, le 2 juillet et le 16 août. Cette folle course de chevaux qui exacerbe la rivalité entre contrades ne dure que quelques minutes autour de la splendide Piazza del Campo. Elle donne pourtant lieu à des semaines de préparation, de tractations et de cérémonies avant et, pour les gagnants, à des semaines de réjouissances après… Mais le Palio n’est que la pointe de l’iceberg de la vie des contrades siennoises.

Photo ci-dessus : Une partie de la piazza del Campo de Sienne. (Photo Jacques Lanciault, 2009)

On peut dater les origines du Palio de Sienne à la Renaissance, même s’il y a eu dans la ville des jeux de guerre au Moyen Âge. À chaque Palio s’affrontent 10 des 17 contrades de la ville, selon des règlements codifiés en 1729, où le hasard garde une place.

Les contrades ont des noms évocateurs et colorés : la Tortue, l’Onde, la Louve, la Coquille, l’Oie, le Hérisson, le Dragon, la Chouette, l’Escargot, la Panthère, l’Aigle, la Chenille, la Licorne, le Mouton, la Girafe, la Forêt et la Tour. Le choix du thème a pu être inspiré de la mythologie, d’un certain exotisme ou d’images de la Renaissance. Depuis, les « mascottes » marquent l’identité des contrades.

« Tout est symbolique à Sienne », explique Simonetta Losi, qui nous reçoit sur le territoire de l’Onde à laquelle elle appartient. Les couleurs de l’Onde sont le blanc et le bleu, son animal est le dauphin et sa devise : « La couleur du ciel et la force de la mer ». En plus de représenter l’eau, l’Onde rappellerait également les collines siennoises.

Ces 17 contrades, qui représentent les quartiers de Sienne, sont à la base de l’organisation sociale et politique de la ville. Chaque contrade est dotée d’une sorte de mini-Parlement où on pratique la démocratie directe. « Le vote se fait à main levée, sauf quand il concerne des personnes », précise la guide.

« Placée sous le signe de la solidarité, chaque contrade a son église et ses servicescommunautaires. C’est comme une grande famille. Nos racines sont dans la contrade et chacun travaille selon ses capacités et ses moyens pour le bien commun. Les membres sont incités à donner le meilleur d’eux-mêmes, en argent ou en temps avec le bénévolat », poursuit-elle. C’est toujours à leur contrade que va la loyauté des Siennois.

On est d’une contrade parce qu’on y est né. On n’en change pas ; ce serait terriblement mal vu. La contrade est présente tout au long de la vie, de la naissance à la mort. Le baptême officiel se fait là. C’est le seul qui compte. Le sentiment d’appartenance est ici très fort.

Il existe des contrades alliées et des contrades ennemies, et les alliances peuvent évoluer dans le temps. Les mariages peuvent être déchirants puisque les Siennois pourraient éventuellement se marier avec quelqu’un d’une contrade ennemie. Les enfants nés en dehors de la ville seront « adoptés » par la contrade du père ou de la mère.

Trois petits tours…
Le Palio, une fête laïque quoique toujours dédiée à la Madone (le 2 juillet à Sainte-Marie de Provenzano et le 16 août à Notre-Dame de l’Assomption), fait partie intrinsèque du patrimoine de la ville toscane. Le jour du Palio, les chevaux sont bénis dans l’église de la contrade qu’ils représentent, ce qui peut donner lieu à des scènes cocasses.

En fait, le jour du Palio, le spectacle se passe beaucoup dans la rue, où les cortèges des contrades se succèdent tambour battant, avant que jockeys et chevaux ne s’affrontent sur une des plus belles places du monde pour une épreuve aussi brève que dangereuse.

Pendant le Palio, les contrades alliées nes’aident pas. Sur le Campo, elles sont toutes rivales, ce qui n’empêche pas des alliances temporaires, non pour gagner, mais pour tenter d’arracher la victoire à une contrade ennemie.

Le Palio doit son nom au drapeau de soie colorée (palio) remis à la contrade victorieuse. Son motif change à chaque course. Il y en a de splendides et d’autres très anciens dans la collection conservée au Musée de la contrade de l’Onde, au sous-sol de son église.

Quoique très fréquenté par les étrangers, le Palio n’est pas d’abord une attraction touristique. Il est la manifestation ultime de la culture et des traditions de la ville. C’est un moment magique pour saisir la folie de la cité, mais la contrade, pour les Siennois, demeure plus importante que le Palio.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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