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Les mots du jour : fruste ou frustre

Textes et recherches de Jacques Lanciault

Je consigne ici le fruit de recherches sur le sens, l’étymologie, l’écriture ou encore la prononciation de certains mots ou expressions sur lesquels je bute, ou qui tout simplement suscitent ma curiosité au fil de mes lectures...

homme_enrageJeudi, 18 décembre 2014

Source de la recherche
Le paragraphe suivant d’un éditorial de Serge Truffaut publié dans le quotidien Le Devoir du 15 décembre 2014 :

«La publication du rapport sur l’exercice de la torture par la CIA horripile au plus haut point les vétérans des gouvernements Bush et Obama ainsi que les ambitieux, tant démocrates que républicains, qui convoitent le poste présidentiel, enjeu d’une élection en 2016. Car tous adhèrent, à des degrés divers il est vrai, à la fin qui justifie les moyens. À une politique échafaudée par un fruste

Définition
Le dictionnaire du correcteur électronique Antidote définit l’adjectif fruste comme suit : «Sans finesse, sans fignolage. Qui ignore les rudiments du savoir-vivre, dont le tempérament est rude et grossier. Exemple : Un homme aux manières frustes.»

La banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française attire notre attention sur le fait que nous utilisons parfois à tort le mot frustre pour fruste. En effet, la forme frustre n’existe pas et constitue un barbarisme.

L’adjectif fruste vient de l’italien frusto « usé », issu du latin frustum « morceau ». En français, l’adjectif fruste désigne couramment une personne ou, par métonymie, un trait de comportement ou de caractère qui manque de finesse, qui est mal dégrossi.

Exemples :

- Dans ce milieu raffiné, mon grand-père apparaissait comme un homme fruste, un lourdaud qui manquait d’éducation. (et non : frustre)

- Les manières frustes de Simon indisposent parfois ses collègues. (et non : frustres)

L’adjectif fruste a pour sens premier « usé par le frottement »; il peut ainsi se dire de pièces de monnaie ou de statues usées, dont le relief s’est peu à peu effacé avec le temps. En ce sens, l’adjectif évoque aussi ce qui est vieux, primitif, rudimentaire, d’où l’extension de sens que le mot connaît aujourd’hui puisqu’il qualifie couramment des choses plus ou moins grossières ou rudes, des personnes, des manières, un esprit, une technique, un style, une poésie, etc., qui dénotent un manque de raffinement.

Cette évolution sémantique a de toute évidence été influencée par le rapprochement avec le mot rustre. En effet, la forme fautive frustre est probablement due à un croisement phonétique et sémantique avec rustre « grossier », qui partage avec fruste une partie de son sens. On peut aussi évoquer l’influence possible du verbe frustrer. Notons enfin que cette erreur remonte au XVe siècle, où fruste se disait et s’écrivait déjà à tort frustre.

Remplis sous: La folie des mots Mots clés:
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