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Fin tragique pour l’étoile montante Oscar Taveras

Revue de presse

Marc-Antoine Godin, La Presse, le 27 octobre 2014

Oscar Taveras

Il y a deux semaines à peine, le jeune voltigeur des Cards de St. Louis Oscar Taveras frappait un circuit en série de championnat. L'un des espoirs les plus en vue des majeures, et assurément l'un des meilleurs joueurs à être passé par le réseau de développement québécois, est maintenant disparu.

Photo ci-dessus : Oscar Taveras, l'un des espoirs les plus en vue du baseball majeur, a perdu la vie dans un accident de la route, dimanche, en République dominicaine. Le jeune homme a notamment effectué un passage remarqué au sein du réseau de développement québécois entre l'âge de 12 et 16 ans.

L'athlète de 22 ans, que la revue spécialisée Baseball Americaavait identifié comme le troisième joueur le plus prometteur de 2014, a perdu la vie dans un accident de la route entre Sosua et Puerto Plata, en République dominicaine. Sa copine Edilia Arvelo, âgée de 18 ans, a également péri.

Un porte-parole de la police a indiqué à l'Associated Press que Taveras avait perdu le contrôle de sa Chevrolet Camaro avant de déraper hors de l'autoroute. La pluie pourrait avoir été un facteur dans la tragédie.

«Nous tous du baseball majeur sommes en deuil ce soir, ébranlés par cette nouvelle qui nous fend le coeur, a indiqué le commissaire Bud Selig dans un communiqué.

«C'est avec le coeur lourd que nous jouons le cinquième match de la Série mondiale à la mémoire de ces deux jeunes personnes. »

La nouvelle a atterré les Cards, assombri le déroulement de la Série mondiale et touché au passage le baseball québécois. Car il faut savoir que Taveras a vécu à Montréal de 12 à 16 ans et s'est révélé une véritable étoile filante lors de son passage ici.

«Je suis incrédule. Oscar a l'âge de mon fils, ça n'a pas de bon sens», a avoué Alex Agostino, un dépisteur des Phillies de Philadelphie qui en 2007 avait permis à Taveras, malgré ses 15 ans, d'accéder au midget AAA qui réunit les meilleurs Québécois de 16 à 18 ans.

Des airs de Guerrero
Le directeur technique de Baseball Québec, Sylvain Saindon, se rappelle de la première impression que lui avait laissée Taveras lorsqu'il était adolescent.

«Je me souviens de l'avoir vu lors d'une pratique en gymnase et de m'être tout de suite dit "wow", raconte Saindon. C'était un gars longiligne, un frappeur ambidextre, et son bras gauche lançait à 80 miles à l'heure depuis le champ extérieur.

«Il montrait tellement de belles choses, son synchronisme était excellent, et il n'y avait aucune balle trop haute ou trop basse qui était à son épreuve. En ce sens-là, il rappelait beaucoup un certain Vladimir Guerrero...»

En dépit de ses 15 ans, Taveras était devenu en 2007 le voltigeur de centre régulier d'Équipe Québec aux championnats canadiens des moins de 18 ans. Même l'équipe nationale canadienne s'était informée de son admissibilité pour un poste malgré son jeune âge.

«C'était un bon coéquipier, un gars très apprécié, et aussi un gars qui ne s'en faisait pas, se rappelle Saindon. Déjà à l'époque, c'était un très bon compétiteur mais, comme plusieurs gars de la République dominicaine, il voulait surtout s'amuser sans trop penser à demain.»

Son ancien gérant chez les Marquis de Montréal, Claude Roy, soutient qu'on pouvait voir dès le premier coup d'oeil qu'il avait les outils pour réussir.

«Sa vitesse de bâton était bien au-dessus de la moyenne, a mentionné M. Roy. En fait, tout le monde s'entendait pour dire que la dernière fois qu'on avait vu un joueur avec une telle vitesse de bâton, c'était Russell Martin.»

Taveras fait ses valises
Comment se fait-il qu'Oscar Taveras ait quitté Montréal du jour au lendemain?

«On voulait l'aider un peu au plan académique et l'intégrer à un programme de sports-études en l'envoyant à la polyvalente Édouard-Montpetit, se souvient Alex Agostino. Car jusque-là, il allait à une école de quartier. Mais au dernier moment, pouf! il a disparu. Son père lui avait suggéré de rentrer en République dominicaine - où sa mère demeurait toujours - afin qu'il profite d'un statut de joueur autonome dès l'âge de 16 ans.

«L'éducation n'était pas une priorité pour lui et on voit pourquoi: il a atteint les majeures à 22 ans.»

S'il était resté au Québec, Taveras - qui possédait la citoyenneté canadienne - aurait été assujetti aux règles du baseball majeur et n'aurait été admissible au repêchage qu'après avoir terminé son cours secondaire. En choisissant de retourner en République dominicaine, il a pu obtenir des Cards un boni de signature de 140 000 $.

Passer par le repêchage assure généralement aux jeunes joueurs de meilleurs bonis que s'ils signent un contrat en Amérique latine, là où les organisations embauchent une multitude de joueurs, dont plusieurs pour une bouchée de pain.

«Même s'il est parti, ça démontre que de jouer son Pee-wee AA, son Bantam AA et son Midget AAA au Québec ne l'a pas empêché de se développer, note toutefois Agostino. Où que l'on soit, la crème finit toujours par remonter à la surface...»

Le meilleur depuis Pujols?
Malgré d'excellentes performances dans le AAA en début d'année, les Cards hésitaient à rappeler Taveras en raison de technicités contractuelles. Or, les blessures leur ont forcé la main, si bien que le super espoir a fait ses débuts dans le baseball majeur le 31 mai.

Il a claqué un circuit dès sa deuxième présence au bâton.

À sa première saison dans les majeures, il a frappé pour ,239, cogné 3 circuits et produit 22 points en 80 matchs. C'est cependant en série de championnat que Taveras a connu son principal fait saillant alors que son circuit en solo lors du deuxième match de la série face aux Giants de San Francisco a permis aux Cards d'égaler la marque 3-3. Ils allaient remporter ce soir-là leur seule victoire de la série.

«Je crois qu'il peut devenir une star», disait lundi dernier le gérant des Cards Mike Matheny lors de sa conférence de presse de fin de saison.

«Il l'a prouvé en certaines occasions. Jusqu'à la toute fin, il a été très, très compétitif. Il voulait être là tous les jours. On voit des choses offensivement qui nous excitent.»

Le directeur général John Mozeliak, lui, a déjà qualifié Taveras de meilleur espoir au bâton que les Cards ont produit depuis Albert Pujols.

«Je ne peux tout simplement pas le croire, a-t-il confié dimanche dans un communiqué. J'ai rencontré Oscar pour la première fois lorsqu'il avait 16 ans et je me souviendrai toujours de lui comme d'un formidable jeune homme qui était un athlète doué et doté d'un amour contagieux de la vie.»

Taveras est le troisième joueur actif des Cards qui perd la vie en moins de 15 ans. Le lanceur Darryl Kile est mort dans son sommeil en 2002 tandis que le lanceur Josh Hancock a péri en 2007, lui aussi dans un accident de la route.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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