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Un autre Lantigua se présente au bâton

Revue de presse

Carl Tarfif, Le Soleil, le 10 mai 2014

John Anthony Lantigua (Québec) Toute comparaison serait à la fois injuste et inappropriée. Il porte le même nom, mais là s'arrête le jeu du miroir. Son père a peut-être rédigé plusieurs pages du livre des records des Capitales de Québec, mais John Anthony Lantigua commence à peine à écrire les premières lignes de son histoire dans le baseball.

Photo ci-dessus : Chez les Lantigua, le baseball est une affaire de famille, alors que John Anthony semble suivre les traces de son père Eddie.(Photo LE SOLEIL, JEAN-MARIE VILLENEUVE)

Le prochain repêchage du baseball majeur, les 5, 6 et 7 juin, pourrait être un chapitre important dans le cheminement sportif du fils aîné d'Eddie Lantigua, dont la puissance au bâton a longtemps fait résonner le Stade municipal. À 18 ans, John Anthony y est admissible pour la première fois.

Et pour y entendre son nom, le jeune homme a mis les bouchées doubles. Il rentre d'un séjour de huit mois en République dominicaine, où sa présence au sein de l'académie de baseball de son grand-père lui a permis de peaufiner plusieurs facettes de son jeu.

«Si je suis allé en République, c'était pour m'améliorer. Je considère que les huit mois passés là-bas ont fait de moi un meilleur joueur dans tous les aspects, autant à l'offensive qu'en défensive», explique celui qui s'alignera avec les Castors CDE de Charlesbourg, les champions en titre de la Ligue de baseball junior élite du Québec qui ouvraient leur saison, vendredi soir, et qui disputent un programme double, samedi, au parc Henri-Casault.

En fait, le séjour au pays familial avait un double objectif. Non seulement pouvait-il se développer à vitesse accélérée sous le soleil de Moca, où son père a grandi, mais on pensait qu'il pourrait recevoir une offre de contrat sans passer par le repêchage en raison de ses origines.

Mais voilà, John Anthony est né à New York et ne possède pas la nationalité dominicaine. Qui plus est, il est considéré comme un joueur nord-américain en raison de ses années passées à Québec, où il vit avec son père depuis l'enfance. À l'instar de son frère, Erick, John Anthony est en processus de devenir citoyen canadien, une étape franchie par le paternel il y a déjà quelques années.

«Quand les gens des ligues majeures ont dit à mon grand-père que je ne pouvais pas signer un contrat à titre de joueur autonome parce que je n'avais pas la citoyenneté dominicaine, je suis revenu à Québec. Mais les dépisteurs m'ont quand même vu, ça pourrait m'aider au repêchage, tout comme le camp d'essai [sur invitation] qui a lieu à Montréal, mercredi, où je dois montrer ce que je peux faire et prouver que je suis un bon candidat.»

Au sein de la Ligua Deportiva David Lantigua, John Anthony a fréquenté des joueurs plus vieux que lui. Il y jouait au baseball à raison de trois sessions par jour, sept jours sur sept. Ancien dépisteur des Dodgers de Los Angeles, des Cubs et des White Sox de Chicago, Juan David Lantigua travaille désormais à son compte. Il a permis à plusieurs joueurs d'obtenir un contrat, comme les lanceurs Ramon Ortiz à l'époque, et Jose Luis Cisnero, présentement dans la filiale AAA des Astros de Houston.

«Ça m'a aidé d'aller là-bas. Si j'étais repêché et qu'on m'envoyait dans les ligues mineures, je serais prêt à jouer dans ce calibre. Mais pour l'instant, je dois disputer des matchs, voir de l'action, prendre des élans au bâton. Pratiquer, c'est bien, mais c'est en jouant qu'on s'améliore», dit celui qui a obtenu un essai privé avec les Brewers de Milwaukee, à Toronto, cette saison.

Chanceux
John Anthony, qui maîtrise parfaitement l'espagnol et le français et se débrouille fort bien en anglais, complète sa cinquième secondaire à l'éducation aux adultes tout en fréquentant le programme sport-études Cardinal-Roy basé à ExpoCité. Il ne dira jamais assez de bien de Jean-Philippe Roy, Michel Laplante et tous ceux qui l'encadrent.

«Je suis chanceux qu'on s'occupe de moi comme ils le font, je l'apprécie beaucoup. Pour rentrer à sport-études, ça prenait de bonnes notes, ils ont trouvé une manière pour que je puisse y aller quand même. Quand je suis parti en République, ça n'avait rien de négatif contre eux», dit celui dont l'attitude plaît au personnel.

Vendredi, les Castors CDE ont disputé leur premier match d'une saison importante pour le joueur concerné. Au bâton, le numéro 31, John Anthony Lantigua...

La suite lui appartient!
À 17 ans, Eddie Lantigua avait été mis sous contrat par les Dodgers de Los Angeles après avoir été «caché» par ceux-ci pendant deux ans. Si quelques options s'offrent à son fils John Anthony, l'ancien joueur des Capitales de Québec aimerait bien qu'il puisse faire son entrée dans le baseball professionnel par la grande porte du repêchage.

«Notre désir, c'est juste qu'il soit repêché. Ça n'a rien à voir avec le rang de sélection ou l'argent. Après, c'est à toi de faire ton chemin jusqu'en haut», dit celui qui est à l'emploi de Groupe Canam, le fabricant de composantes métalliques.

Mais Eduardo Amalio Lantigua n'est jamais loin d'un losange. En plus de jouer encore avec les Expos de Sherbrooke (senior), il dirige toujours son école à Boischâtel, vend des bâtons et gants B45 à des joueurs mexicains, donnera des cours à la boutique du même nom et se promènera d'un parc à l'autre pour y voir jouer ses deux fils, John Anthony (Castors CDE) et Erick (Condors).
John Anthony soutient qu'il ne ressent pas de pression de porter le nom du joueur le plus populaire de l'histoire des Capitales. Et l'auteur de 209 circuits et 994 points produits en 19 saisons dans le baseball mineur et indépendant ne lui en rajoute pas.

«Lorsqu'il était plus jeune, c'était peut-être difficile pour lui. Il voulait sûrement jouer comme papa, frapper comme papa, être bon comme papa. À travers le temps, je lui ai fait comprendre qu'on ne devait pas mélanger les choses. Toi, tu es John Anthony, et moi, je suis Eddie. Tu n'as pas à être les deux. Si tu penses être comme moi, tu ne seras jamais toi-même», confiait celui qui a aussi joué dans les filiales des Indians de Cleveland et des Cubs de Chicago avant d'aboutir à Québec.

Selon lui, le travail des derniers mois pourrait être payant pour John Anthony. Et si jamais on l'oubliait au repêchage, d'autres options s'offriraient à lui.

«Nous avons parlé à JP Roy, il pourrait aller dans les collèges américains. Il y a aussi des équipes qui aimeraient l'avoir en République s'il n'était pas sélectionné. Après avoir appris qu'il ne pouvait pas signer tout de suite, il aurait pu rester là-bas, mais j'ai dit, non, tu reviens ici pour finir l'école et pratiquer avec ton équipe. Pour l'instant, son rêve est d'être repêché.»

«Ici, c'est chez moi»

Séparé de son fils pendant huit mois, Eddie a noté que le niveau de confiance de John Anthony était plus élevé et que son profil de joueur de baseball était plus précis.

«À son âge et avec les informations qu'il détient, je dirais que s'il continuait à se développer ainsi au cours des prochaines saisons, il pourrait jouer dans les majeures à 24-25 ans. S'il avait la chance d'évoluer dans les ligues mineures à tous les jours, il serait surpris de ce qu'il pourrait accomplir.»

À son arrivée à Québec, en 1999, Eddie ignorait qu'il y déposerait ses valises. Il pensait qu'ici, l'anglais prédominait. Mais non, on y parlait français.

«J'étais mêlé un peu. Je me demandais dans quoi je m'embarquais, mais il faut croire que c'était dans la bonne affaire parce que j'y suis encore, une quinzaine d'années plus tard. Ce qui fait plaisir, c'est quand mes enfants répondent "Québec" lorsqu'on leur demande d'où ils viennent. Pour moi, Québec, ce n'est pas juste une ville, ça représente aussi une vie, la mienne. Ici, c'est chez moi.»

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Un troisième Lantigua dans le cercle d'attente
Eddie a fait sa marque, John Anthony trace son propre chemin. Mais ce n'est pas tout, puisqu'un troisième membre de la famille pointe à l'horizon. À 16 ans, Erick Lantigua a réussi à se tailler un poste avec les Condors de Charlesbourg, au niveau midget AAA, après avoir percé l'alignement de l'équipe du Québec dans le bantam, l'été dernier.

«Je pense qu'il a encore plus de talent que John Anthony et moi. Erick possède les cinq outils pour réussir, soit la puissance, la moyenne, la vitesse, la défensive et la force du bras. Il n'a que 16 ans et n'a pas encore tout compris, mais ça s'en vient», disait le paternel, en gardant un oeil sur son troisième fils, Rafael, qui s'amusait à catapulter des balles dans la cage des frappeurs de la Boutique B45 au moment de la séance photographie...

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

Remplis sous: Baseball et softball Mots clés:
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