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Le mot et la locution du jour : showrooming ou encore mieux furetage en magasin

Textes et recherches de Jacques Lanciault

Je consigne ici le fruit de recherches sur le sens, l’étymologie, l’écriture ou encore la prononciation de certains mots ou expressions sur lesquels je bute, ou qui tout simplement suscitent ma curiosité au fil de mes lectures...

Jeudi 26 décembre 2013

untitledSource de la recherche :
Les paragraphes suivants, tirés d’un texte d’Émilie Folie-Boivin publié dans le quotidien Le Devoir du 23 décembre 2013 :

«Après avoir regardé toutes ces années L’auberge du chien noir sur votre écran cathodique, vous vous dites : ça y est, 2014 sera en HD. En bon consommateur, vous lisez alors Protégez-vous, fouillez les forums de comparaison de modèles, allez en magasin tester quelques articles et tombez amoureux de l’un d’eux. Mais avant de passer à la caisse, vous vérifiez avec votre téléphone intelligent si l’objet convoité peut être déniché à meilleur prix sur Internet. Bingo ! D’un clic, l’achat se conclut sur le Web, avec la promesse de recevoir le fameux téléviseur de 60 pouces livré à votre porte, avant même la diffusion du prochain épisode.

Ce magasinage nouveau genre s’appelle le showrooming. Le mot faisait d’ailleurs concurrence à twerk, bitcoin et selfie, consacré mot de l’année par les sages du dictionnaire britannique Oxford. Le showrooming, c’est le fléau contre lequel se battent les Future Shop, Best Buy, Walmart et Home Depot de ce monde, qui voient ce phénomène naissant prendre ses aises grâce à la mobilité. Selon un récent sondage réalisé par Accenture, 74 % des Canadiens envisagent de se tourner vers le Web pour faire leurs achats des Fêtes, et plus du quart prévoient de conclure la moitié de leurs achats dans le cyberespace.

Définition :
L’encyclopédie libre Wikipédia définit le terme showrooming comme suit : «Le showrooming (en français, furetage en magasin selon l'Office québécois de la langue française) est la pratique du consommateur qui consiste à se rendre chez un commerçant en brick and mortar (« briques et mortier » en français) pour évaluer physiquement un produit qu’il achètera en ligne souvent moins cher.»

Le commerçant en brick and mortar devient donc un showroom gratuit pour ses concurrents.

Et effectivement Le grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française privilégie l’utilisation de la locution furetage en magasin en lieu et place du mot anglais showrooming!

Le grand dictionnaire définit furetage en magasin ainsi : «Pratique qui consiste à se rendre physiquement en magasin pour examiner un produit, puis à fureter sur Internet dans le but de trouver et d'acheter en ligne le même produit à moindre coût.»

Notes
Dans ce cas, les magasins sont pris, par les acheteurs, comme de simples salles d'exposition, d'où le terme anglais showrooming.

Au départ, les consommateurs rentraient chez eux après leur séance de magasinage, où ils pouvaient alors explorer le Web à la recherche du produit convoité. Aujourd'hui, ils peuvent fureter directement en magasin, au moyen de leur téléphone intelligent ou de leur tablette électronique.

Le terme furetage est utilisé dans ce terme pour faire référence à deux activités : le fait de fureter dans les magasins pour examiner le produit convoité et le fait de fureter ensuite sur Internet à la recherche du meilleur prix.

Voici d’ailleurs un article fort intéressant publié dans le quotidien Libération en avril dernier.

LE «SHOWROOMING» BIENTÔT À MAUVAISE ENSEIGNE

Philippe BROCHEN, Libération, le 28 avril 2013

Avec Internet, les comparateurs de prix décuplent. Les distributeurs physiques cherchent la parade.

Acheter ou payer. Ainsi formulé, le choix proposé au chaland a tout du célèbre acronyme «Tina» (There is no alternative) cher à feu Thatcher. C’est pourtant ce qui pourrait vous arriver un jour lorsque vous pousserez la porte d’un (grand) magasin. Dans la banlieue de Brisbane, en Australie, l’enseigne Celiac Supplies est déjà passée à l’acte. Depuis le 1er février, cette épicerie de produits sans gluten fait payer 5 dollars australiens (4 euros) tout client repartant le cabas vide. Une première mondiale, assurément. L’affichette scotchée à l’entrée du magasin explique sans détour les raisons de cette décision : «De plus en plus de gens utilisent ce magasin pour voir nos produits et vont les acheter ailleurs. Ces personnes ignorent que nos prix sont sensiblement les mêmes que dans les autres magasins, et que nous vendons des produits que vous ne trouverez nulle part ailleurs.»

Sangsues. Objectif de Celiac Supplies : éviter de perdre du temps et de l’argent avec des touristes du shopping qui viennent découvrir physiquement un produit, obtenir des démonstrations et des conseils auprès des vendeurs avant de rentrer à leur domicile comparer les prix en ligne pour acheter sur Internet ou dans une autre enseigne. Plus insolent encore : certains des adeptes de ce lèche-vitrines se servent de leur smartphone dans les rayons même du magasin pour mener in vivo leur enquête tarifaire auprès des concurrents.

Ce comportement de consom’acteur porte un nom : le showrooming. Et il agace au plus haut point les distributeurs qui entretiennent un réseau de vrais magasins. «Cette pratique s’inscrit dans le cours des choses et existait depuis longtemps avec des sites comparateurs comme Kelkoo, rappelle Philippe Moati, économiste cofondateur d’Obsoco (Observatoire société et consommation) et enseignant à l’université Paris-Diderot. Mais aujourd’hui, avec les smartphones, c’est devenu plus facile.»

De fait, avec Internet, acheter un produit ne se conçoit plus sans comparer les prix. A tel point que le géant Amazon, qui offre une palette de produits gigantesque et des prix bas, a développé une application dédiée. Baptisée «Price Check by Amazon», elle permet ni plus ni moins de scanner le code-barres d’une marchandise, d’afficher le prix Amazon et de proposer une ristourne de 5% si le bien est acheté dans les vingt-quatre heures suivant le scan ! C’est ce qui s’appelle de la concurrence déloyale, mais légale aux États-Unis. Pour neutraliser cette pratique, l’enseigne américaine Best By a développé son propre système de code-barres, inutilisable par les applications comparatrices de prix. Et, en représailles, d’autres magasins ont retiré de leurs linéaires la liseuse de livres numériques Kindle développée et vendue par Amazon.

En France, la Fnac et Darty sont les deux chaînes qui souffrent le plus du showrooming, compte tenu de leurs lignes de produits (électronique, high-tech, électroménager, produits culturels…). Elles ne désemplissent pas, mais leur chiffre d’affaires ne suit pas…

Pour autant, assistera-t-on demain à la disparition des bons vieux magasins en dur ? «Non, affirme Philippe Moati. En revanche, on va constater un scénario d’étiolement, de contraction de l’appareil commercial physique.» Soit une réduction de la superficie de ces lieux de vente et de leur positionnement. «Actuellement, un magasin est un point de vente. Demain, on verra des points de contact, chacun développant des fonctions particulières : démonstration, conseil, vente, stockage…»

Aimant. Une autre solution consistera à fidéliser le client. C’est déjà le cas avec la multiplication des cartes d’adhérent qui offrent des réductions de prix significatives. Payantes sans représenter un fil à la patte, elles fonctionnent comme autant d’aimants qui incitent l’adhérent à les rentabiliser. Le moteur principal du showrooming étant la compatibilité des offres entre le magasin physique et les sites d’e-commerce, l’autre parade résidera dans la vente de produits exclusifs. Ou encore un positionnement de marque-enseigne, à l’image d’Adidas qui a choisi d’ouvrir ses propres boutiques. «La plupart des marques hésitent toutefois à le faire, car elles craignent de se mettre les distributeurs à dos», note Moati. Enfin, les grandes chaînes de magasins accueilleront de plus en plus de showrooms financés par les marques ou les fournisseurs. Car, prédit l’économiste, pour écouler leurs produits, les fabricants auront toujours besoin des vitrines de distributeurs et des conseils offerts par leurs vendeurs.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

Remplis sous: La folie des mots Mots clés:
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