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Tourisme Allemagne – Au Land des merveilles

Revue de presse

Carolyne Parent, Le Devoir, le 21 septembre 2013

Bacharach, Allemagne.En Rhénanie-Palatinat, on trouve des vestiges qui remontent aux Romains, des châteaux qui feraient bonne figure dans les contes de Grimm et des vignobles produisant des rieslings qui rendent heureux. Itinéraire 100 % plaisir dans les vallées du Rhin et de la Moselle.

Rhénanie-Palatinat — Attention, férus d’histoire, fins gourmets et contemplatifs, ce circuit est pour vous ! Et pour vous aussi, écolos, puisqu’on ne se déplacera qu’en train, à pied et à vélo. La destination ? Le Land de Rhénanie-Palatinat, dans l’ouest de l’Allemagne, et plus précisément le triangle que forment les villes de Coblence, Trèves et Mayence.

Le but : apprivoiser la Gemütlichkeit, ou le bien-vivre local. Une influence du voisin français, tout près ? Sans doute, d’autant que ces territoires ont déjà fait partie de la France, fin XVIIIe, début XIXe siècle. (Voilà donc pourquoi les parlures du cru se sont enrichies de mots tels chaise longue, trottoir, parapluie, qu’on croirait tirés d’un poème de Lautréamont !)

Photo ci-dessus : Détail d’une maison colorée de Bacharach, dans la vallée du Haut-Rhin moyen. Tout le village est comme ça ! (Photo Carolyne Parent)

Mais, bien avant les Français, il y eut les Romains. Au confluent du Rhin et de la Moselle, il y a plus de 2000 ans, ils fondèrent Castrum ad Confluentes, alias Coblence. Au Deutsches Eck, une pointe de terre s’avançant entre les deux boulevards d’eau, on constate que les stratèges du Club Med n’auraient pas mieux choisi : le site est superbe !

Au centre-ville, le fleuve qui a assuré la prospérité de la région est célébré au Forum Confluentes. Ce monumental monolithe de verre laiteux renferme le Romanticum, une aire d’exposition interactive où le visiteur est invité à jouer le rôle d’un passager à bord d’un navire sillonnant le cours d’eau, le temps d’en découvrir les attraits.

Il y apprendra notamment que Karl Baedeker, qui a publié à Coblence, en 1832, le premier guide de voyage moderne, a débuté sa carrière en décrivant minutieusement les châteaux de la vallée du Haut-Rhin moyen.

Inscrite à l’inventaire du Patrimoine mondial de l’UNESCO, cette vallée est fa-bu-leu-se. Sur 65 kilomètres entre Coblence et Bingen se succèdent les coteaux abrupts et couverts de vignes du Mittelrhein, une quarantaine de châteaux et de forteresses, et jusqu’à un poste de péage datant du Moyen-Âge, posé sur un îlot en plein milieu de la voie d’eau. Oui, ce Rhin romantique porte bien son nom !

Une excursion de deux heures à bord d’un bateau de croisière, un verre de riesling à la main, est sûrement agréable, mais le hic, c’est qu’on ne navigue pas bien loin. Pour visiter des villages tels que Bacharach, sortis tout droit d’un livre d’images, s’attarder dans une Weinhaus ou encore admirer le rocher qui a inspiré la kolossal légende germanique de la Lorelei, cette nymphe qui, par ses chants, envoûtait les marins jusqu’au naufrage, il vaut mieux prendre la route.

Un bon plan : louer un vélo à Coblence, rouler sur la rive gauche du Rhin en direction de Bingen (la piste cyclable y est plus belle), puis revenir en ville à bord du train régional du Mittelrhein, dont certains wagons sont réservés aux cyclistes. Les plus sportifs pédaleront aussi en bordure de la Moselle, de Coblence à Trèves. Long de quelque 240 kilomètres, ce parcours est également semé de vignobles et de villages dont l’ardoise des constructions brille au soleil, tels des diamants noirs.

Auguste et ses Romains
Sur les hauteurs de Trèves, en surplomb de la rivière, émerge d’un boisé un jeune couple pas du tout échevelé, mais armé d’une bouteille de vin et de deux verres. C’est vrai que le site panoramique de la colonne Sainte-Marie, duquel on a vue jusqu’au Luxembourg, est bien choisi pour trinquer, et on regrette de ne pas y avoir pensé !

La plus vieille ville du pays, fondée vers l’an 16 avant J.-C., ajouterait Baedeker, est le berceau de la viticulture allemande. Auguste et ses Romains y ont apporté la vigne, et aujourd’hui, riesling, müller-thurgau et autres pinots s’épanouissent tout autour de la cité.

Les Romains y ont aussi laissé des monuments uniques qu’a reconnus l’UNESCO, dont la Porta Nigra, qui faisait partie du système défensif de la ville, les thermes impériaux et l’Aula Palatina ou la basilique de Constantin, reconstruite et partiellement intégrée au palais des Princes-Électeurs.

Ce musée à ciel ouvert le dispute au butin archéologique du Rheinische Landesmuseum. Celui-ci comprend de superbes mosaïques ; une sculpture de pierre en forme de galère illustrant le transport de tonneaux de vin sur la Moselle ; des pièces d’or à l’effigie de Néron comme de Septime Sévère, battues à Trèves ; et même un string antique en peau de bouc ! Les pièces les plus impressionnantes sont toutefois des monuments funéraires historiés dépeignant avec ostentation des scènes du quotidien de riches Romains. « Ils ont été trouvés par un viticulteur qui voulait agrandir sa cave, au village de Neumagen, le « Pergame de la Moselle » ! », dit la guide Elke Hermsdorf-Hubertz.

Après toutes ces déambulations dans la ville natale de Karl Marx, vivement les blancs désaltérants du terroir ! Assoiffés, unissez-vous à la place du marché principal, où la Ville a eu la bonne idée de construire un kiosque qu’elle loue aux viticulteurs des environs pour y vendre leurs vins. Sympa comme minibar ! Le magnifique Weinstube Kesselstatt propose quant à lui une vaste sélection de rieslings de son vieux vignoble. Une autre bonne adresse est XO, le bar assorti d’un restaurant et d’une épicerie fine de Wolfgang Becker - non, pas le réalisateur du film Good Bye, Lenin ! mais un chef vedette au pays. Les gourmets voudront sans doute dîner au restaurant qui porte son nom, deux fois étoilé Michelin (lire : « À la sauce Becker’s », page xx).

Du vin dans son ADN
Sur la rive gauche du Rhin, Mayence est la capitale du Rheinhessen, la plus grande région viticole d’Allemagne. Cela se voit tant aux collines rayées de vignes qui l’entourent qu’à… ses monuments. Aux mains des archevêques, le commerce du vin a financé la construction de magnifiques églises. Des nobles et des membres du clergé ont également fait ériger de prestigieux hôtels particuliers et donné à la ville jardins et théâtres, un riche patrimoine qui, au même titre que son célèbre carnaval, fait toujours la fierté des Mayençais.

Un de leurs illustres compatriotes, Johannes Gutenberg, père de l’imprimerie moderne, s’est d’ailleurs vu tirer d’affaires grâce au vin. « Un archevêque en fit un gentilhomme alors qu’il était surendetté, et comme ce titre était assorti d’un don de 3000 litres de vin par an, il a pu survivre en les vendant », dit la guide Beate Martens.

Jusqu’au XIXe siècle, la vigne fut cultivée à l’intérieur même des murs de la cité. À l’emplacement des vignobles d’autrefois, on trouve aujourd’hui des négociants en vin et d’accueillantes vinothèques.

Histoire de rendre visite à un viticulteur, nous prenons au centre-ville un tram qui nous mène en dix minutes au faubourg de Mainz-Hechtsheim, où plusieurs vignerons ont leurs domaines. Au Weingut Lemb Becker défilent les bouteilles : un excellent sekt (mousseux) de pinot blanc, ainsi que des rieslings et des sylvaners, dont on apprécie le caractère fruité et la faible teneur en alcool.

« Il y a des années, on disait : si tu veux boire un bon riesling, va en Rheingau [le terroir d’en face] ; pour un bon sylvaner, va en Rheinhessen, lance Uwe Lanzi, un client. Mais ça change : nous aussi, nous avons appris à produire de bons rieslings aux arômes d’abricot et de pêche ! »

En effet, et, gemütlichkeit oblige, on en redemande !

Carolyne Parent était l’invitée de l’Office national allemand du tourisme.
Collaboratrice

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L’Allemagne n’est pas Berlin
L’Allemagne n’est pas Berlin. « Et ce n’est pas non plus l’Oktoberfest ! », lance Sascha Mayerer, conseiller chez Historic Highlights of Germany.

Créé en 1977, cet organisme fait la promotion de 13 villes allemandes sélectionnées selon des critères précis : compter entre 100 000 et 300 000 habitants, être une cité universitaire qui s’explore bien à pied - les étudiants créant souvent des secteurs intéressants - et être représentative de sa région aux plans culturel et historique. Ces villes sont Rostock, Osnabrück, Potsdam, Münster, Erfurt, Coblence, Wiesbaden, Mayence, Trèves, Würzburg, Heidelberg, Augsburg et Fribourg-en-Brisgau. « Nous nous adressons aux voyageurs indépendants qui ont déjà visité les grandes villes du pays et qui veulent découvrir autre chose », poursuit M. Mayerer.

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EN VRAC

S’envoler : avec Air Canada en vol direct sur Francfort.

Sur place, voyager en train, dès l’aéroport de Francfort. En effet, nul besoin de voiture car la Deutsche Bahn nous dépose de centre-ville en centre-ville. Pratique et économique!

Consulter le guide Voir Allemagne : il est beau à regarder, inspirant, fiable, éloquent sans être verbeux, bien organisé, bref, c’est le compagnon de voyage idéal.

Découvrir de bonnes adresses :

à Trèves, le charmant hôtel Zum Christophel, situé en face de la Porta Nigra et le Château Monaise, réputé pour sa carte des vins ;

à Mayence, Weinhaus Wilhelmi, un resto-bar à vin qui a du cachet (Rheinstrasse 51) ;Laubenheimer Höhe, un restaurant rustique avec vue sur les vignes ; et, place de la Cathédrale, le samedi avant-midi, le marktfrühstück. On s’y procure des fromages, des charcuteries, du pain et du vin, et on pique-nique sur place. Ambiance festive, tout comme à la « plage » de Mayence, en bordure du Rhin !

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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