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Bisson ne voyait pas de lumière au bout du tunnel

Revue de presse

Marc Brassard, Le Droit, le 27 juillet 2013

Chris BissonRares sont les athlètes professionnels qui décident dès l'âge de 23 ans que l'heure de la retraite a sonné pour eux. La plupart d'entre eux, peu importe l'âge, veulent poursuivre leur carrière jusqu'à ce que quelqu'un leur dise qu'ils ne sont pas assez bons pour le faire.

Photo ci-dessus : Christian Bisson (à gauche) gardera de bons souvenirs de sa carrière au baseball, à laquelle il a récemment mis fin «selon ses propres termes». (Courtoisie des Missions de San Antonio)

Christian Bisson a pourtant pris la décision d'accrocher son gant et ses crampons il y a maintenant près d'un mois, alors que l'espoir des Padres de San Diego s'approchait pourtant des majeures, ayant accédé cette saison au niveau AA avec les Missions de San Antonio. Ce choix de quatrième ronde en 2010 est de retour à la maison familiale, dans le secteur Orléans d'Ottawa, avant de retourner à l'université du Kentucky, où il avait joué son baseball collégial, le mois prochain pour terminer son baccalauréat en kinésiologie.

Et même si son dernier coup sûr dans les rangs professionnels a été un triple qui a procuré une victoire à son équipe, Bisson me confiait hier qu'il n'a aucun regret. «J'avais commencé la saison en frappant la balle solidement, mais rien ne tombait et je n'avais donc pas une bonne moyenne. Puis vers le 15e match, je me suis blessé pour la deuxième fois de la même façon, une hyperextension de mon coude droit (celui avec lequel il lance) qui l'a laissé gros comme un pamplemousse. Quand je suis revenu au jeu, ça n'allait pas bien (au bâton) et je me suis retrouvé réserviste, jouant peut-être un match sur six», relate ce joueur d'avant-champ, qui frappait pour ,191 en 32 parties cette saison, après deux bonnes campagnes au niveau A (,261 et ,288 de moyenne).

Comme il ne voyait pas de lumière au bout du tunnel, craignant aussi qu'une autre blessure au coude nécessite une opération, Bisson a demandé une rencontre avec le gérant des Missions, Rich Dauer, ainsi que les dirigeants des mineures des Padres.

«Je leur ai demandé directement, "Est-ce que j'ai des chances de jouer un jour pour le club des majeures?" Et ils m'ont carrément répondu: "Non". J'étais encore sous contrat pour deux ans avec les Padres. Je ne me voyais pas continuer à jouer dans leur organisation en sachant que je n'avais pas de chance de jouer pour eux un jour. Et comme je ne jouais pas, je ne voyais pas comment ils auraient pu m'échanger, où que j'aurais pu aller avec un autre club s'ils m'avaient libéré. De toute façon, ça m'aurait laissé un mauvais goût dans la bouche», pense-t-il.

Le temps des décisions
Au lieu d'attendre de se faire "couper", ce qui lui semblait inévitable, Bisson a parlé avec ses proches, ses parents René et Roxane, et sa blonde de longue date, Stéphanie, et il a finalement décidé de prendre les choses en main.

«Quand j'ai commencé dans le baseball professionnel, je pensais jouer jusqu'à ce qu'on m'arrache le chandail sur le dos, comme un peu tout le monde. Mais là, je me suis dit que soit j'allais partir comme ça, soit je pouvais partir selon mes propres termes. Dans ma tête, je pars au sommet. J'ai une belle vie qui m'attend à Ottawa, une bonne famille, une copine avec qui je suis depuis longtemps, de bons amis. Il ne me manque que mon diplôme pour pouvoir la commencer, aller à la banque avec un emploi stable et demander une hypothèque pour m'acheter une maison», dit-il.

Faire son chemin dans la jungle des mineures du baseball, ce n'est pas évident et ce n'est pas très payant non plus, une fois la prime à la signature (256000$ dans son cas) empochée: cette saison, dans le AA, Bisson faisait 700$ aux deux semaines, donc 1400$ par mois environ. «J'adore encore le baseball et j'aurais aimé jouer plus longtemps. Mais je suis à l'aise avec la décision que j'ai prise», souligne celui qui entend poursuivre ses études pour devenir physiothérapeute, une fois qu'il reviendra dans la capitale baccalauréat en poche.

De bons souvenirs
Christian Bisson aura quand même de bons souvenirs de sa carrière du joueur de baseball, dont un des faits saillants aura été la conquête de la médaille d'or de l'équipe nationale aux Jeux panaméricains de 2011.

Il a aussi quitté San Antonio sur une bonne note: « À mon avant-dernier match, j'ai claqué un triple de deux points comme frappeur suppléant qui a procuré la victoire à mon équipe. C'est un bon 'feeling' que ce soit mon dernier coup sûr en carrière. Mais mon dernier match, le lendemain, a été tout aussi bon (malgré une fiche de zéro en trois) car avec une égalité de 3-3 en fin de neuvième, notre premier but Johan Limonta a frappé un circuit walk off. Tout le monde savait que c'était mon dernier match et notre "coach" a suggéré aux gars quand on l'a accueilli au marbre de faire quelque chose de spécial pour moi, alors ils m'ont levé sur leurs épaules et m'ont sorti du terrain, puis on a fait le "party" dans le vestiaire », relate-t-il.

Ce jeune homme a fait preuve de beaucoup de maturité alors qu'il était rendu à la croisée des chemins à un jeune âge. Pas de doute qu'il aura du succès dans la "vraie" vie.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

Remplis sous: Baseball et softball Mots clés:
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  1. très bon texte de Marc Brassard, sûrement triste de lire que la carrière d’un baseballeur de chez-nous se termine ainsi …

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