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Chiusi : au cœur de la civilisation étrusque!

Texte et photos de Céline et Jacques

Voici le 38e d’une série de reportages relatifs à un formidable voyage réalisé dans « l’autre Italie » à l’automne 2012.

Sphinge de Chiusi, Museo Nazionale Etrusco, Chiusi, Toscane, Italie. Chiusi, Toscane, Italie, jeudi 25 octobre 2012 – Lors de notre voyage en Italie du Nord, en 2009, notre accompagnateur et nos guides locaux nous ont souvent entretenus de la civilisation étrusque. Puis, lors de la préparation de notre présent périple, nous avons lu sur les Étrusques tels que nous le recommandaient les documents de Voyages Lambert. Au même moment, à Montréal, le musée Pointe-à-Callière présentait, en exclusivité, l’exposition « Les Étrusques – Civilisation de l’Italie ancienne ». Qui plus est, lors de notre semaine à Paris, tout juste avant de rejoindre notre groupe en partance pour «L’Autre Italie », nous avons visité la section des Étrusques du Musée du Louvre… mais ce n’est qu’à Chiusi que nous avons vraiment réalisé que nous marchions réellement sur les pas de cette grande civilisation oubliée !

Photo ci-dessus : Une statue du « Sphinge de Chiusi », le Sphinx est la représentation d’un être mythique dont le corps prend la forme de celui du lion, monté d’un buste de femme et d’ailes d’oiseau. Le Sphinx avait pour mission de garder les tombes!

Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.

Le réveil sonne encore tôt ce matin, en fait à 6 h 10, car nous devons grimper dans l’autocar à 8 h 15, l’horaire des visites de la journée étant pour le moins intense!

À notre sortie de l’hôtel, le « Brufani Palace » de Pérouse, le soleil brille, mais c’est frais. Le mercure indique 12 degrés Celsius. Toutefois, les météorologues italiens prévoient qu’il grimpera à 22 et même 23 en après-midi. Chouette alors!

À l’heure prévue, notre chauffeur dans le nord de l’Italie, Giovanni, lance son véhicule sur la route, la même que la veille, car nous retournons de nouveau en Toscane. Nous filons en direction de Chiusi pour nos premières découvertes du jour. Nous y verrons, nous lance notre guide locale dans la région, Anne-Claire, le plus beau musée étrusque de l’Italie.

Peu après notre départ, nous traversons un banc de brouillard plutôt compact, et ce, sur quelques kilomètres. Puis, le soleil réapparait… tout juste à temps pour nous permettre d’admirer de nouveau le lac Trasimène.

Notre guide locale profite du trajet pour nous dresser un bref portrait de la ville de Chiusi et de la civilisation étrusque.

« Chiusi était une des douze villes importantes de l’Étrurie. Il y en a six en Toscane, quatre en Ombrie et deux au Latium. »

 Étrurie, Toscane, Ombrie, Latium, Italie.

Photo ci-dessus : Une petite recherche effectuée dans le cadre de la rédaction de ce texte nous a permis d’identifier ces douze villes importantes de l’Étrurie soit : Véies, Caere, Tarquinia, Vulci, Volsinies (Orvieto), Chiusi, Pérouse, Cortone, Arezzo Volterra, Vetulonia et Fiesole. (carte provenant du livre Les Étrusques, de la collection « Les Voyages d’Alix »)

« C’est à Chiusi, ajoute-t-elle, que se retrouve le tiers des 10 000 inscriptions funéraires étrusques qui ont été découvertes à ce jour. »

« Les objets provenant de la civilisation étrusque sont éparpillés dans de nombreux musées de par le monde, et ce, parce que les tombes étrusques ont été l’objet de nombreux pillages », se désole notre guide.

Comme nous le mentionnions en introduction, avant de rejoindre notre groupe en Italie pour le présent voyage, nous avons séjourné une semaine à Paris et nous en avons profité pour visiter la section du Musée du Louvre consacrée à la civilisation étrusque et nous y avons admiré un très grand nombre d’objets, dont certains gigantesques.

« Du temps des Étrusques, continue-t-elle, il y avait à Chiusi des ateliers où l’on fabriquait des urnes funéraires, tout comme à Volterra et à Pérouse d’ailleurs. À Pérouse, les urnes étaient fabriquées en travertin, à Volterra, comme vous l’avez sans doute vu lors de votre passage dans cette cité, elles étaient d’albâtre et ici, à Chiusi, elles sont en pierre fétide. »

L’encyclopédie libre Wikipédia nous apprend ce qu’est la pierre fétide : « La pietra fetida est l’expression italienne qui désigne un type de pierre calcaire légère, typique de l’aire de Chiusi, en Toscane. »

« Elle doit son nom à une désagréable odeur - qui en émane lorsqu’on la travaille, et ce, en raison de la présence dans la pierre de particules de soufre. Cette propriété olfactive peut s’expliquer par la proximité de la carrière des pierres fétides des eaux thermales de Chianciano. »

« Comme le tuf, elle est relativement facile à sculpter. Au VIe siècle av. J.-C. les Étrusques de Clevsi (aujourd’hui Chiusi) l’utilisèrent abondamment pour leurs mobiliers funéraires : statues cinéraires, cippes, urnes architectoniques, urnes aux couvercles anthropomorphes, bas-reliefs, etc. »

« Dans la campagne de Chiusi, nous précise notre guide, une nécropole étrusque a été retrouvée. Elle se nomme Poggio Renzo. Nous nous y rendrons après la visite du musée pour y voir « La tombe du singe », Tomba della Scimmia, une tombe où des fresques décorent les murs, dont l’une montre justement un singe qui observe des jeux. Cette tombe date du Ve siècle avant Jésus-Christ. »

Anne-Claire attire notre attention sur des catacombes à notre droite. « Il y a deux sites de catacombes près de Chiusi, celles de Sainte Mustiole et celles de Sainte-Catherine d’Alexandrie. Ces catacombes, qui ont été découvertes autour des années 1640, remontent au IIIe siècle de notre ère, car précise-t-elle, le christianisme était présent à Chiusi dès le IIe siècle. »

Notre guide nous apprend que c’est dans la nécropole de Sainte-Mustiole que les archéologues ont retrouvé l’anneau nuptial de la vierge. « L’anneau serait tombé du doigt de la Vierge… lors de son ascension au ciel! » Wow!

« Sainte-Mustiole est la patronne de Chiusi. Elle aurait été martyrisée avec une grande barbarie en même temps que Saint- Irénée. »

Puis, tout juste avant de voir l’autocar se garer pour nous laisser descendre, notre guide nous informe que nous nous arrêterons un court instant à la cathédrale, un édifice datant du IVe siècle, puis après une pause santé nous nous rendrons au musée.

Nous descendons du car à 9 h 25.

Nous marchons quelques minutes et nous arrivons sur la place de la cathédrale, dédiée à San Secondiano, le saint patron de la ville!

Cathédrale San Secondiano, Chiusi, Toscane, Italie.

Cathédrale San Secondiano, Chiusi, Toscane, Italie.

Photos ci-dessus : La cathédrale San Secondiano et son campanile.

Mais, la cathédrale est fermée… le curé étant en vacances! Notre accompagnateur de Voyages Lambert, Jean-Marc Lechat, décrète donc que c’est le moment de la pause santé.

Nous entrons dans un très petit café-bar tout près de l’église et nous y savourons un expresso et un cappucino.

Puis, nous amorçons une très courte promenade qui nous mènera au Museo Nazionale Etrusco.

Chiusi, Toscane, Italie.

Photo ci-dessus : Une magnifique statue dans un parc de Chiusi.

Chiusi, Toscane, Italie.

Photo ci-dessus : La louve de Rome est également présente à Chiusi.

Le Museo Nazionale Etrusco de Chiusi
Nous entrons dans le musée à 9 h 50.

Museo Nazionale Etrusco, Chiusi, Toscane, Italie.

Photo ci-dessus : Voici l’édifice du Museo Nazionale Etrusco de Chiusi.

Le musée présente des collections des vestiges étrusques provenant des sites locaux de nécropoles datant de la période allant du VIIe au IIIe siècles avant Jésus-Christ.

Museo Nazionale Etrusco, Chiusi, Toscane, Italie.

Photo ci-dessus : Le canope de Dolciano, est une urne funéraire servant à conserver les cendres du mort incinéré. Celui-ci date du VIIe siècle avant Jésus-Christ. « Les canopes sont propres à Chiusi », affirme notre guide.

Museo Nazionale Etrusco, Chiusi, Toscane, Italie.

Photo ci-dessus : Une feuille de bronze embossée provenant probablement d’une partie d’un charriot.

« Les tombes des Étrusques étaient construites comme de véritables maisons », nous indique Anne-Claire..

Nous voyons la photo d’un célèbre vase grec… qui est exposée à Florence.

Anne-Claire nous explique qu’au début de la civilisation étrusque, les maisons étaient rondes. Toutefois, à compter de l’âge de bronze elles sont devenues carrées.

Souvent, lorsqu’elle parle des Étrusques, notre guide utilise le mot « villanovien ». Il faut savoir que la première nécropole étrusque fut découverte en 1853 dans les champs du village de «Villanova» tout près de Bologne. Le nom est resté et aujourd’hui les références à la culture villanovienne sont fréquentes.

Entre les années 900 et 750 avant Jésus-Christ, les cendres des défunts étaient versées dans des vases biconiques en terre cuite ne présentant qu’une seule anse.

Nous entrons dans une salle où il y a des vases provenant d’Athènes. Ils sont en céramique noire et rouge et ils affichent des scènes de la mythologie grecque.

Tout à côté nous pouvons voir d’autres vases, ceux-ci produits en Étrurie, et qui tentent d’imiter ceux provenant d’Athènes. Il est facile de constater que les couleurs sont moins belles, mais ce n’est pas en raison du talent moindre des artistes étrusques, mais plutôt parce que les matières premières utilisées ne sont pas les mêmes qu’en Grèce.

Notre guide nous indique que les vases corinthiens que nous voyons servaient de flacons de parfum.

Museo Nazionale Etrusco, Chiusi, Toscane, Italie.

Photo ci-dessus : Nous voyons des urnes provenant du VIe siècle avant Jésus-Christ. Elles sont en pierre fétide, comme ce Sphinx qui avait pour mission de garder les tombes.

Nous entrons dans une salle où les vitrines sont bondées de bijoux et d’accessoires domestiques en bronze.

Nous voyons la Tomba della Pania, datant de 620 avant Jésus-Christ. Elle a été découverte en 1873.

Notre guide nous répète que de très nombreux objets ont été volés lors de pillages. Elle ajoute qu’en plus, lors de la Deuxième Guerre mondiale, le musée a été bombardé et que des objets ont été détruits.

« En dans les années 1960, ajoute-t-elle, il y a eu un vol important! Malgré tous ces malheurs, le musée possède de fort belles pièces et en bonne quantité. »

Museo Nazionale Etrusco, Chiusi, Toscane, Italie.

Museo Nazionale Etrusco, Chiusi, Toscane, Italie.

Photos ci-dessus : Un magnifique sarcophage!

Museo Nazionale Etrusco, Chiusi, Toscane, Italie.

Photo ci-dessus : Une urne funéraire impressionnante.

Museo Nazionale Etrusco, Chiusi, Toscane, Italie.

Photo ci-dessus : Un autre superbe sarcophage.

Museo Nazionale Etrusco, Chiusi, Toscane, Italie.

Museo Nazionale Etrusco, Chiusi, Toscane, Italie.

Photos ci-dessus : Un sarcophage découvert dans la nécropole di « Poggio Renzo ».

Nous entrons dans une pièce qui est la reconstitution d’une salle mortuaire retrouvée dans la nécropole que nous allons visiter après le musée.

Museo Nazionale Etrusco, Chiusi, Toscane, Italie.

Photo ci-dessus : Un sarcophage dans une salle mortuaire reconstituée.

Museo Nazionale Etrusco, Chiusi, Toscane, Italie.

Museo Nazionale Etrusco, Chiusi, Toscane, Italie.

Photo ci-dessus : Et d’autres, mais cette fois-ci très colorés!

Nous descendons d’un étage et nous voyons des objets produits en terre cuite provenant de l’époque romaine.

Il y a entre autres les restes d’un carrelage romain en céramique intitulé « La chasse aux sangliers ». Selon notre guide, il date du premier siècle avant Jésus-Christ.

Museo Nazionale Etrusco, Chiusi, Toscane, Italie.

Photo ci-dessus : La chasse aux sangliers!

Anne-Claire nous fait remarquer qu’il n’y a pas d’objets en verre chez les Étrusques, le verre étant apparu plutôt à compter de l'époque romaine.

Finalement, nous voyons le « glirarium » dont nous avions vu la copie hier. Rappelons qu’on y élevait des loirs.

Museo Nazionale Etrusco, Chiusi, Toscane, Italie.

Photo ci-dessus : Un glirarium.

La nécropole Poggio Renzo
Nous sortons du musée un peu avant 11 heures et nous reprenons le car pour nous rendre à la nécropole de Chiusi. Une personne du musée nous y devance pour nous permettre l’accès.

Durant le trajet, d’au plus une dizaine de minutes, notre guide nous parle de la tombe du singe.

« C’est en 1849 que fut découverte la tombe du singe, Tomba della Scimmia, où les premières personnes à y avoir accès ont constaté que les murs étaient recouverts de fresques représentant des courses de chars, des hommes à cheval, un gladiateur et deux boxeurs. Ils notèrent la présence d’un petit singe dans un arbre - ce qui serait le symbole de la luxure -, ce qui donna son nom à l’endroit. Ces aquarelles avaient été dessinées en l’honneur du défunt.

Nous descendons du car à 11 h 05 et nous marchons dans un champ jusqu’à la tombe du singe.

Pour la visiter, notre guide nous divise en trois groupes de neuf personnes, car c’est très petit. Évidemment, on nous avise que les photos sont interdites.

Nécropole Poggio Renzo, Chiusi, Toscane, Italie.

Photo ci-dessus : Céline attend son tour pour entrer dans le caveau nommé la tombe du singe.

Nous descendons dans la tombe, il y a quatre pièces en forme de croix. Le plafond et les murs sont recouverts des fresques affichant encore de belles couleurs! Certainement, qu’elles ont été restaurées.

 Nécropole Poggio Renzo, Chiusi, Toscane, Italie.

Photo ci-dessus : Évidemment, sur Internet nous avons réussi à retrouver une photo de la tombe du singe!

Après notre sortie de la caverne, nous étions du troisième groupe, nous reprenons le car à 11h30 en direction de Gubbio… une cité sise à deux heures de route de Chiusi!

À suivre
Gubbio et le fou de Gubbio.

Gubbio, Ombrie, Italie.

Photo ci-dessus : À Gubbio, en Ombrie, une fontaine attire les fous!

Bibliographie

Atlas en fiches (Italie, régions du nord et du Sud, Mezzogiorno, le Pô, l’Adige et les Apennins), Éditions Atlas, 2008;

Encyclopédie libre Wikipédia, Italie, régions d’Italie, villes d’Italie et de nombreuses autres pages;

Les Étrusques (1), Collection Les voyages d’Alix, Jacques Denoel et Jacques Martin, Casterman, 2004, 56 pages;

Les Étrusques (2), Collection Les voyages d’Alix, Jacques Denoel et Jacques Martin, Casterman, 2007, 56 pages;

Guide Voir, Italie, Éditions Libre Expression, 2007, 720 pages;

Lonely planet, Italie, Lonely Planet Publication, 2010, 836 pages;

Mantoue et ses trésors d’art, Rosella Vantaggi, Casa Editrice Perseus, 127 pages.

Patrimoine mondial de l’UNESCO, Éditions UNESCO, 2009, 832 pages ;

Les Pouilles, civilisation, art et histoire, Edizioni Kina Italia, 96 pages.

Commentaires (0) Trackbacks (0)
  1. Merci pour le partage de vos découvertes en terre étrusque. Vos photos de sarcophages colorés m’intéressent car elles sont relativement récentes. Trois ou quatre d’entre elles pourraient figurer sur mon blog consacré à la civilisation étrusque, avec votre autorisation, bien entendu. L’adresse : http://www.arossf.over-blog.com ( Au fil du temps..Etruscomania et autres… Perspectives sur la civilisation étrusque).
    Dans l’attente de votre aval…cordialement. Merci.

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