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Mantoue où l’omniprésence d’une famille toute puissante… les Gonzague!

Texte et photos de Céline et Jacques

Voici le 18e d'une série de reportages relatifs à un formidable voyage réalisé dans « l’autre Italie » à l’automne 2012.

 Cathédrale San Pietro, Mantoue, Lombardie, Italie.

Mantoue, Lombardie, Italie, mercredi, 17 octobre 2012 – Le quartier historique de Mantoue, la ville où régna la famille Gonzague durant près de quatre siècles, s’ouvre sur une enfilade de trois superbes places aux bâtiments tous aussi beaux les uns que les autres, nous ramenant sans coup férir au Moyen-Âge! Ce n’est donc pas un hasard si Mantoue est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO depuis 2008! Bienvenue chez les Gonzague!

Photo ci-dessus : La façade de la cathédrale San Pietro de Mantoue a été entièrement refaite entre 1756 et 1761 affichant, à compter de cette date, un style baroque en marbre de Carrare.

Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.

Notre hôtel à Mantoue, le « Casa Poli », étant situé un peu en retrait du centre historique de la ville, nous devons quitter l’hôtel dès 8 h 15 pour être ponctuels à notre rendez-vous, prévu pour 9 heures, avec notre guide locale.

C’est sous un ciel passablement nuageux et par une température assez fraîche que nous amorçons, à pied, notre périple vers la cité des Gonzague!

En cours de route, nous enjambons une petite rivière qui traverse la ville. De la rue où nous sommes, la via Trieste, la vue sur le ruisseau, où les façades des immeubles se reflètent dans l’eau, est fort jolie.

Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : Le cours d’eau que nous traversons se nomme le « Rio ». Il s’agit d’un canal qui unit deux des trois lacs de la ville, les lacs Supérieur et Inférieur

L’eau de la rivière coule le long des fondations des maisons qui s’élèvent des deux côtés du cours d’eau. Des portes s’ouvrent… directement sur l’eau. « Ce n’est pas un problème, mentionne notre accompagnateur de Voyages Lambert, Jean-Marc Lechat, les riverains mantouans n’habitent pas le rez-de-chaussée de leur maison. »

Nous passons devant la petite église baroque San Marino, un lieu de prière dédié à Saint-Martin de Tour, puis devant un ancien palais, le Casa del Rabbino, un édifice datant de 1680, aujourd’hui converti en appartements.

 Casa del Rabbino, Mantoue, Lombardie, Italie.

 Casa del Rabbino, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photos ci-dessus : L’ancien palais juif, la « Casa del Rabbino », est particulièrement bien décoré.

Nous arrivons sur la Piazza delle Erbe, la place aux herbes, entourée de vieux édifices à arcades. La place des herbes de Mantoue doit son nom à un marché de fruits et légumes qui s'y tenait à l’époque où la famille Gonzague tenait le haut du pavé.

Piazza delle Erbe, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : Au-dessus des bâtiments de la « Piazza delle Erbe », nous pouvons apercevoir l’imposante coupole de l’église Sant’Andrea.

D’un côté, il y a des maisons de style « Renaissance », en terre cuite, converties en condo, et de l’autre nous pouvons voir une église en forme de rotonde, dont les fondations sont légèrement sous le niveau actuel de la place. « Il s’agit de l’église San Lorenzo datant du XIe siècle », nous fait remarquer Jean-Marc.

L’église San Lorenzo, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : L’église San Lorenzo construite au XIe siècle avec la permission de Mathilde de Canossa.

Tour de l’Horloge, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : Tout à côté de la rotonde se dresse une tour, la Tour de l’horloge, construite en 1473!

Nous traversons la place des herbes et apercevons, sur la place Alberti, l’église Sant’Andrea, dont l’architecte Leon Battista Alberti, venu de Florence, amorça la construction en 1472 sur l'emplacement d'un monastère bénédictin, dont il garda le campanile gothique.

Église Sant’Andrea, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : L’église Sant’Andrea abrite, dans sa crypte, de précieuses reliques, des gouttes de sang du Christ ! Ces minuscules traces de liquide écarlate sont les grandes vedettes des processions annuelles du Vendredi saint.

Puis, nous arrivons sur la Piazza Sordello, la place du Sordello, elle qui est la grande place principale de la ville. Son pavé est en petite pierre ronde.

« Cette place porte le nom, nous précise notre accompagnateur de Voyages Lambert, d’un troubadour de Mantoue qui chantait en langue provençale et que Dante Alighieri a rendu célèbre dans sa “Divine Comédie”. »

Nous sentons une odeur assez forte, que nous croyons, à tort, être une odeur de crottin de cheval.

La place est entourée des nombreux bâtiments ayant appartenu à la famille Gonzague. D’un côté de la place il y le Palais ducal, de l’autre les palais Castiglioni et Bianchi et en coin, la cathédrale avec sa façade refaite à la Renaissance et son palais épiscopal.

Piazza Sordello, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : La Piazza Sordello avec d’un côté la cathédrale et de l’autre le Palais ducal.

Cathédrale de Mantoue, Piazza Sordello, Mantoue, Lombardie, Italie.

Cathédrale de Mantoue, Piazza Sordello, Mantoue, Lombardie, Italie.

Cathédrale de Mantoue, Piazza Sordello, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photos ci-dessus : La cathédrale de Mantoue et son campanile.

Palazzo Bianchi, Piazza Sordello, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : Le superbe « Palazzo Bianchi » sur la place Sordello à Mantoue.

C’est sur cette place que nous rejoignons notre guide locale à Mantoue, Alessia.

Le Palais ducal
Après les présentations d’usages, Alessia nous indique que « Mantoue a atteint le maximum de sa splendeur sous la domination de la famille Gonzague. Nous allons amorcer notre visite de la ville par le complexe monumental du Palais ducal, un ensemble comprenant des bâtiments, des galeries, des places et des jardins reliés entre eux et pouvant être parcourus intérieurement. Cet ensemble constitue une sorte de ville dans la ville, fruit de 400 ans d’histoire de cette famille! »

Guide locale, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : Notre guide locale à Mantoue, Alessia.

« Mantoue, ajoute-t-elle est une ville où la famille Gonzague a régné sur la cité durant 400 ans, du XIIIe au XVIIe siècle. »

« Leur palais compte 500 pièces. Lors du règne des Gonzague, c’était à la fois le palais du gouvernement et la résidence de la famille. L’ensemble couvre une superficie de 34 000 mètres carrés. »

« Toutefois, déplore-t-elle, nous ne pourrons pas voir la pièce la plus populaire de l’édifice, “la chambre des époux”, puisque les responsables de l’établissement l’ont fermée, par mesure de sécurité, suite à un récent tremblement de terre. En lieu et place, s’empresse-t-elle d’ajouter, nous verrons la chambre d’Isabelle d’Este de Ferrare, mariée à un Gonzague. »

Palais Ducal des Gonzague, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : La façade du Palais ducal des Gonzague à Mantoue, une photo qui est loin de rendre l'immensité de l'endroit, puisque celui-ci renferme 3 places, 15 cours, un parc en plus de quelque 500 pièces! Notre guide a raison, « Une ville dans la ville ».

Nous entrons dans le palais, là où les photos sont interdites!

« Le palais, qui était la résidence officielle de la famille Gonzague, est aujourd’hui devenu un musée », souligne notre guide.

Nous voyons une magnifique peinture montrant la place devant le palais à l’époque des Gonzague.

Palais Ducal des Gonzague, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : Évidemment, nous avons dû nous rabattre sur Internet pour obtenir quelques photos nous rappelant notre visite du Palais ducal. Voici un grand tableau de Domenico Morone, faisant plus de trois mètres de large, représentant le combat entre les Gonzague et les Bonacolsi pour le pouvoir à Mantoue.

Notre guide nous raconte, au fil des salles que nous traversons, l’histoire de ceux qui régnèrent en ces lieux!

« En 1328, les Gonzague ont pris le pouvoir en délogeant la famille de Bonacolsi. Dès lors, les nouveaux maîtres des céans s’installèrent dans le palais.

En 400 ans de règne, les Gonzague avaient accumulé nombre de trésors, si bien qu’à une époque l’inventaire des biens de la famille présentait une liste de plus de 250 000 objets précieux…, dont pratiquement tout de cette collection disparut à la suite d’une série d’événements malheureux dont on date le début à l’année 1627!

On commença tout d’abord par vendre certains biens pour des raisons d’urgence financière. Puis, en 1630, il y eut un problème de descendance et une branche collatérale de France s’amena à Mantoue, ramenant de nombreuses œuvres dans l’Hexagone.

En 1707, le duché de Mantoue est passé aux mains des Autrichiens et par la suite dans celles des Français, sous Napoléon… qui eux aussi ne se privèrent point du plaisir de s’approprier de portions du trésor.

C’en était bien plus qu’il n’en fallait pour que tous les biens soient éparpillés!

D’ailleurs aujourd’hui, s’indigne notre guide, il y a plus d’œuvres provenant de Mantoue dans les grands musées du monde, entre autres au Louvre et à l’Ermitage, qu’à Mantoue même!

Au tout début du XIVe siècle, les Gonzague étaient pourtant sans argent. Ils se sont enrichis en agissant à titre de mercenaires, ce qui leur a permis d’acquérir des terres très fertiles arrosées par le fleuve le Mincio, un cours d’eau qui traverse Mantoue. Ils possédaient alors beaucoup de chevaux, mi-Arabe et mi-Espagnol.

Nous ne visiterons que le premier étage, là où vivait la famille… avec ses quelque 1 000 serviteurs, nous précise notre guide, qui ajoute que le rez-de-chaussée était réservé à l’administration.

L’ensemble était si grand que les Gonzague s’y déplaçaient en cheval… même à l’intérieur des bâtiments.

Les habitants des lieux étaient vêtus d’habits taillés d’étoffe épaisse hiver comme été. L’hiver pour se conserver au chaud et l’été pour se protéger des moustiques, eux qui amenaient la malaria. »

Nous passons à une deuxième salle.

Notre guide nous avoue que l’odeur qui sévit dans Mantoue est fort désagréable. Elle explique que les senteurs nauséabondes proviennent des élevages de porcs, nombreux dans la région!

« Ici, précise-t-elle, il y a plus de porcs que d’habitants ».

Sur les murs, nous pouvons admirer des fresques. « Elles sont d’Antonio Pizanello, un artiste pisan qui vécut entre 1400 et 1450. Elles représentent des scènes des légendes arthuriennes des chevaliers de la Table ronde. L’œuvre est inachevée, car Pisanello dû partir promptement pour Venise… sans jamais revenir à Mantoue », nous apprend notre guide.

« Ce n’est qu’en 1970, lors de restaurations, nous confie Alessia, qu’a été découverte l’œuvre de Pisanello, elle qui était cachée sous une couche de crépi sur laquelle d’autres fresques avaient été peintes! »

Tournoi, palais ducal des Gonzague, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : Les restaurations du palais ducal de Mantoue ont révélé des dessins préparatoires réalisés par Antonio Pisanello.

Nous voici dans une salle où des échafaudages ont été installés pour réparer des fissures étant apparues suite au récent tremblement de terre.

Dans une autre grande salle, il y a des peintures, qui présentent une belle vue sur la ville où nous pouvons identifier le palais ducal et la forteresse avec sa tour carrée. L’œuvre a été réalisée en 1611 par l’artiste peintre Mario Francesco Borzoni.

On y voit également le Mincio et les trois lacs qu’il alimente tout autour de la ville, le lac Supérieur, le lac du Milieu et le lac Inférieur, le tout constituant une forteresse naturelle.

« À l’époque, souligne notre guide locale à Mantoue, il y avait un quatrième lac, le lac Paiolo, qui a été remblayé depuis pour combattre la malaria et par la suite pour y construire. »

En pénétrant dans la salle suivante, nous sommes surpris, il y a un important tableau de Rubens, le dernier peintre à avoir travaillé pour la famille Gonzague. Il était jeune lorsqu’il a peint ce tableau.

Sainte Trinité adorée par Vincenzo Gonzaga et sa famille, Mantoue, Lombardie, Italie.

Sainte Trinité adorée par Vincenzo Gonzaga et sa famille, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photos ci-dessus : Œuvre de Pierre Paul Rubens intitulée « Sainte Trinité adorée par Vincenzo Gonzaga et sa famille ». À gauche, Vincenzo I, qui porte un manteau blanc, est placé à côté de l’image de son fils Guillaume, qui curieusement affiche, à peu de chose près, le même âge que lui. À droite, Éléonore de Médicis, somptueusement vêtue, est agenouillée à côté de sa belle-mère Éléonore d’Autriche. Dans la partie haute de la toile, la Trinité se détache sur un fond doré très théâtral, soutenue par cinq grands anges.

« Le grand tableau a été découpé en plusieurs morceaux, lance notre guide, et ce, pour en faire des tableaux plus petits… plus faciles à cacher pour empêcher Napoléon de rapporter l’œuvre en France. »

Puis, nous entrons dans une galerie, une sorte de loggia, avec un plafond remarquable, tout en fresques. C’est la Galleria degli Specchi, la galerie des Glaces ! Le plafond a été réalisé, en 1773, sous la supervision de Giacondo Albertolli!

Galleria degli Specchi, Palais ducal, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : La superbe Galleria degli Specchi!

« C’est Guillaume, le fils de Federico II et de Marguerite de Montferrat, qui fit moderniser les formes architecturales du Palazzo Ducale », peut-on lire sur Internet. « Il fit, entre autres, créer une galerie où il serait possible d’exposer le nombre croissant de statues antiques qui s’accumulaient dans les collections des Gonzague. Cet espace s’inspirait de l’apparition récente de la galerie comme lieu de représentation à l’intérieur des résidences nobles, notamment dans des centres d’avant-garde comme Rome et Florence. »

La galerie est décorée d’un magnifique plafond où il y a des phrases en lettres or sur fond bleu, une réalisation d’Andréa Mantegna.

Sur un des deux murs de la pièce, il y a un beau tableau en trompe-l’œil, un anneau dessiné sur le mur suit le visiteur qui le regarde.

Nous entrons dans une enfilade de pièces « appartenant individuellement à chaque membre de la famille », nous indique notre guide, dont la maîtrise de la langue française est impressionnante.

D’une fenêtre, Alessia attire notre attention sur le haut d’un clocher qui laisse voir de nombreux stigmates du tremblement de terre du 29 mai dernier. Des travaux y sont réalisés afin de solidifier la structure.

Le quotidien français « Libération » écrivait ce qui suit dans son édition internet du 29 mai 2012 :

« Une secousse d'une magnitude de 5,8 et une réplique de magnitude supérieure à 5 ont touché l'Émilie-Romagne, une région déjà touchée par un séisme meurtrier le 20 mai.

Un nouveau séisme a durement touché mardi le nord-est de l’Italie, faisant au moins quinze morts et des blessés, neuf jours après un autre tremblement de terre qui avait causé six victimes, dont quatre ouvriers et des milliers de déplacés dans la même région.

Dans cette région riche en patrimoine culturel et prospère en raison de la présence de nombreuses PME, le nouveau séisme a aussi provoqué l’effondrement de bâtiments déjà à demi-écroulés depuis le tremblement de terre de magnitude 6 du 20 mai. Le célèbre Palais ducal de Mantoue a aussi subi des dégâts avec un déplacement de l’axe du clocher de la basilique palatine. Le séisme a été ressenti dans tout le centre-nord de l’Italie, de Bolzano, près de la frontière avec l’Autriche, jusqu’en Toscane. »

Et d’ajouter notre guide : « L’épicentre du tremblement de terre était à une centaine de kilomètres d’ici ». Elle émet l’hypothèse qu’il pourrait bien avoir été causé par une explosion liée à la recherche de gaz dans les sous-sols!

« Le dernier tremblement de terre à être survenu dans la région, avant celui-là, avait eu lieu dans les années 1700 », affirme-t-elle.

Après avoir fermé cette parenthèse, notre guide reprend son histoire de la famille Gonzague :

« La première femme du duc Vicenzo, ne pouvant lui donner d’enfant, elle fut enfermée pour permettre au duc de se remarier avec une des femmes de la famille Médicis, qui lui a donné cinq enfants », soutient notre guide.

L’encyclopédie libre Wikipédia précise d’ailleurs ce qui suit sur sa page réservée à Vincent 1er de Mantoue:

« Le 2 mars 1581 à Plaisance, à l'âge de 18 ans, Vincent, alors prince héritier, épousa Marguerite Farnèse (1567-1643), fille d'Alexandre Farnèse, duc de Parme et de Plaisance et de Marie de Portugal, âgée de 14 ans. Le mariage, sans postérité, fut annulé dès 1583.

Le 29 avril 1584 à Mantoue, Vincent épousa en secondes noces, Éléonore de Médicis (1566-1611), fille de François Ier de Médicis, grand-duc de Toscane et de Jeanne d'Autriche. Ils eurent six enfants.

Vincent Ier est décédé en 1612, à l'âge de 50 ans, léguant à la postérité le souvenir d'un prince représentatif de l'âge baroque. »

Nous entrons dans les appartements du père du duc Vincenzo, Guillaume 1er. « Ces appartements, nous mentionne Alessia, permettaient à la famille d’entrer directement dans l’église. »

Le plafond est en bois sculpté doré fait d’après un dessin du Tintoret! Il y a une grande salle à manger servant de salle de banquet… à côté d’un jardin suspendu de 14 mètres de hauteur.

Jardin Suspendu, Palais ducal, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : Le Jardin Suspendu du Palais ducal de Mantoue, construit en 1579 et 1580! (Photo numérisée du livre : Mantoue et ses trésors d’art de Rosella Vantaggi)

Deux des murs sont surchargés d’oeuvres : de faux rochers, des coquillages et aux extrémités de la salle, des statues qui se font face!

Nous entrons dans la chambre à coucher de Marie-Thérèse d’Autriche, un appartement qu’elle a occupé à la fin du XVIIIe siècle. L’endroit est de style néoclassique, décoré de tapisseries françaises.

Notre guide nous rappelle qu’il s’agissait d’une époque de graves problèmes d’hygiène : « Les seigneurs faisaient leurs besoins n’importe où dans les couloirs du palais. Les domestiques voyaient bien à ramasser, mais le mal était fait. Qui plus est, et comme mentionné précédemment, les résidents se déplaçaient dans les bâtiments en cheval! Évidemment, il y avait de mauvaises odeurs à des kilomètres à la ronde… »

« C’est sous Marie-Thérèse d’Autriche que les choses se sont améliorées de ce point de vue. »

Nous entrons dans une salle décorée de plusieurs tapisseries datant de 1783. Il y a également des répliques de certaines œuvres réalisées par Raphaël à la chapelle Sixtine.

« Quand les Autrichiens ont quitté les lieux, ils ont apporté avec eux ces tapisseries », nous signale notre guide. « Elles ont été rapportées à Mantoue au terme de la Première Guerre mondiale. »

« Les Gonzague possédaient quelque 300 tapisseries de grande valeur! Toutes cousues de fils de soie, de laine, d’argent… fabriquées à la main. Pour réaliser une seule tapisserie, 40 personnes devaient y travailler durant 12 mois », estime notre guide mantouane.

Nous voyons une petite chapelle privée, qui, au dire d’Alessia, faisait partie des appartements du père du duc Vincenzo.

Nous arrivons aux appartements d’Isabelle d’Este, de laquelle l’encyclopédie libre Wikipédia nous apprend ce qui suit :

« Isabelle d’Este fut l'une des principales femmes de la Renaissance italienne et une figure à la fois culturelle et politique de tout premier plan.

Elle n'avait que six ans lorsque son contrat de mariage fut signé, le 28 mai 1480, entre les Este et les Gonzague, contrat qui la “fiançait” au fils aîné du marquis Frédéric Ier de Mantoue, François, alors lui-même âgé que de treize ans.

Elle épousera finalement, à Mantoue, le 12 février 1490, âgée de quinze ans, François II de Mantoue, âgé de vingt-trois ans et qui est depuis 1484, marquis de Mantoue. Ils eurent ensemble pas moins de huit enfants. »

« Elle installa ses appartements au Palais ducal, tout près de la “Chambre des Époux”, peinte par Mantegna. Une des pièces qu’elle occupait servait de studiolo. Elle y recevait ses hôtes parmi les allégories peintes par Andrea Mantegna, le Pérugin, le Corrège et Lorenzo Costa », nous résume notre guide.

« Mais, tous les tableaux de ses appartements sont exposés au Louvre, tandis que tous ses objets de valeur sont à l’Ermitage », déplore-t-elle.

Notre accompagnateur de Voyage Lambert sépare le groupe en deux pour la visite de la camera grande d’Isabelle d’Este, une pièce décorée par l’artiste Lorenzo Léon Bruno en 1522.

Nous entrons tout d’abord dans le petit studio où sont exposés des tableaux que Montegna a réalisés à l’âge de 60 ans.

Parnasse, de Montegna, Palais ducal, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : Toile intitulée « Le Parnasse », un tableau réalisé en 1497 par Andrea Mantegna occupait le « studiolo » du vivant d’Isabelle d’Este. Aujourd’hui, il est conservé au Musée du Louvre.

Nous voyons un coffre-fort dans une petite pièce conçue en forme de grotte! Il y a aussi plusieurs armoires en bois où elle remisait ses objets précieux : bijoux, livres anciens, etc.

« Peu de gens ont eu la chance de voir ces beautés », nous signifie notre guide.

Nous sortons dans le jardin privé d’Isabelle d’Este, l’endroit où se termine notre visite du Palais ducal!

Il est 11 h 25 et nous nous dirigeons vers la grande place. Notre guide attire notre attention sur les galets qui pavent la place. « Ces galets ont réglé un immense problème de boue. Ce fut la première place pavée d’Italie », nous dit-elle.

L’église Sant’Andrea
Nous nous dirigeons vers l’église Sant’Andréa…, qui malheureusement est fermée pour la semaine! Notre guide ne le savait pas. Elle est déçue, car, pour elle, cette église est « le monument ecclésiastique le plus célèbre de la ville ».

« La construction de l’église s’est amorcée en 1472 pour se terminer vers 1600. La coupole, toutefois, n’a été ajoutée qu’entre 1732 et 1782 », nous lance-t-elle.

L’église a été construite pour accueillir les pèlerins venus assister à la procession du «Précieux Sang du Christ»… qui aurait été apporté à Mantoue par le centurion Longin, celui-là même qui a transpercé de sa lance Jésus-Christ alors crucifié! Cette relique, qui fut retrouvée en 804, est conservée dans la crypte.

Nous nous rendons sur la piazza Alberti pour mieux voir l’arrière de l’église. Le dôme a été ajouté à la demande de Marie-Thérèse d’Autriche. Les murs de l’église sont en brique. Il y a peu de marbre dans les monuments de Mantoue.

Église Sant’Andrea, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : L’église Sant’Andrea était malheureusement fermée lors de notre passage à Mantoue.

« En raison de la présence du sang du Christ dans la ville, toutes les représentations de Jésus à Mantoue, le montrent blessé! », nous indique notre guide.

Nous voyons des maisons accrochées de part et d’autre de l’église.

Sur la piazza, Alessia attire notre attention sur un bâtiment affichant des fissures très voyantes du dernier tremblement de terre.

Nous voyons la maison du marchand en terre cuite, de style gothique vénitien, à trois étages avec quatre colonnes à chapiteaux.

Casa del Mercante, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : Sur la place des herbes, nous pouvons admirer la maison du marchand Boniforte da Concorezzo qui s’établit à Mantoue en 1455.

Église de San Lorenzo
Nous voici devant l’église ronde de San Lorenzo, « qui date de 1080 », précise notre guide.

« Elle a été construite par la famille de Canossa pour rendre hommage au Saint Sépulcre de Jérusalem. C’est la plus vieille église de Mantoue. »

« Les Canossa, nous raconte Alessia, possédaient des terres de Crémone à Rome! Ils ont fait construire des châteaux et des forteresses! Mais, Mathilde, elle, a fait construire cette église, lieu de culte et de prières. »

Nous y entrons.

C’est sombre et sans décoration. « Comme dans toutes les églises de cette époque, précise notre guide, les femmes prenaient place en haut, tandis que les hommes demeuraient au niveau du sol. »

Église de San Lorenzo, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : À l’intérieur, la nef circulaire est entourée de dix colonnes sur lesquelles est appuyée la coupole.

Église de San Lorenzo, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : Bien après sa construction, on y ajouta quelques fresques représentant le martyre de Saint Laurent, mais celles-ci sont à peine visibles.

« Les Gonzague, qui ne comprenaient pas la valeur de cette église, ont décidé de la fermer au culte. Elle fut laissée à l’abandon, une chance, car ils auraient bien pu la faire détruire! Elle a été envahie par les maisons qui se construisaient tout autour. Puis, elle a été restaurée. Aujourd’hui, elle est peu utilisée, sauf pour des baptêmes et des mariages. »

Guide locale, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : Notre guide locale, Alessia, nous racontant les malheurs de l’église San Lorenzo.

Nous sortons et notre guide nous mène tout près de la tour de l’Horloge que nous avons vue lors de notre arrivée dans le centre historique ce matin.

Tour de l’Horloge, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : La Tour de l'Horloge a été érigée en 1473 et fut enrichie la même année de l'horloge astronomique conçue et réalisée par l'astronome Barthélémy de Manfredi.

Et notre guide de poursuivre : « L’horloge qui décore la tour a été offerte aux gens de la ville par les Gonzague… pour leur démontrer qu’ils maîtrisaient la mesure du temps. À l’époque, elle marquait les heures par des chiffres romains et par d'autres indications telles que les signes du zodiaque, les heures planétaires, les jours lunaires et la position des astres! »

Tour de l’Horloge, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : Sous l'horloge prend place une belle statue de la vierge.

Il y a beaucoup de magasins et de terrasses sur la place des Herbes, des bâtiments provenant de différentes époques.

« Notre guide s’y arrête et notre accompagnateur, Jean-Marc Lechat, nous annonce que c’est maintenant l’heure de la pause dîner. Il est 12 h 15 et il fixe le rendez-vous pour le début des visites de l’après-midi à 13 h 30, ici même, au centre de la place.

Nous nous rendons, comme plusieurs autres membres du groupe dans un restaurant offrant des tables à l’intérieur, car c’est trop froid pour nous à l’extérieur…, surtout qu’il n’y a pas de soleil.

Nous entrons à l’Osteria delle herbe où nous mangeons chacun une pizza, capriciosa pour moi et Margarita pour Céline.

Méli-mélo
Mantoue est une ville de 49 000 habitants.

On y vit d’agriculture… et aussi d’usines de pétrochimie.

C’est la capitale européenne des bas-culottes », nous a révélé notre accompagnateur.

Mantoue remonterait à l’an 2000 avant Jésus-Christ, alors qu’un petit village préhistorique s’y est installé.

Aux alentours des années 1000, la ville était étrusque.

Avant que les Romains ne s’emparent de Mantoue, les Gaulois s’y étaient installés.

Après la chute de l’Empire romain, Mantoue subit les invasions barbares et la domination des Goths, des Byzantins, des Lombards et des Francs.

Vers l’an 1000, Mantoue était partie intégrante des territoires de la famille des Canossa.

Au XIIe et XIIIe siècle, Mantoue fut une commune libre.

En 1212, au cœur des batailles entre Guelfes et Gibelins, la famille Bonacolsi s’empara de la ville et y régna durant quelque 50 ans.

C’est en 1328 que les Gonzague prirent le pouvoir. Ce fut alors le début d’une période faste de victoires militaires et de splendeur artistique.

Le déclin de la dynastie des Gonzague s’amorça en 1627 avec le décès du dernier homme de la famille. Guerre de succession, mise à sac des richesses, la peste et le décès du dernier descendant mirent un terme au règne de la famille en 1707.

Les Autrichiens devinrent dès lors les maîtres des lieux… jusqu’en 1797, alors que Napoléon Bonaparte s’empare de la ville.

C’est tout près de Mantoue qu’eut lieu le 24 juin 1859 la bataille de Solférino, durant la campagne d'Italie. L'armée française de Napoléon III, alliée à l'armée sarde triompha de l'armée autrichienne de l'empereur François-Joseph. Au cours de cette bataille, quelque 330 000 soldats ont combattu!

Henri Dunant, un homme d'affaire et humaniste suisse, se trouvait à Solférino, en voyage d’affaires, à ce moment et il découvre l’horreur qui s’y déroule. Il écrit alors un livre intitulé Un souvenir de Solférino qu'il publie en 1862. Une année plus tard, il participe à Genève à la fondation du « Comité international de secours aux militaires blessés » qui allait devenir en 1876 le « Comité international de la Croix-Rouge ».

Mantoue redevient autrichienne en 1815, suite au Congrès de Vienne.

Finalement, en 1866, Mantoue entre au sein de l’État italien.

À suivre
La Palais du Té et le théâtre scientifico!

Le palais du Té, Mantoue, Lombardie, Italie.

Photo ci-dessus : La plus grandiose villa Renaissance d'Italie : le palais du Té!

Bibliographie
Atlas en fiches (Italie, régions du nord et du Sud, Mezzogiorno, le Pô et les Apennins), Éditions Atlas, 2008;

Encyclopédie libre Wikipédia, Italie, régions d’Italie, villes d’Italie et de nombreuses autres pages;

Guide Voir, Italie, Éditions Libre Expression, 2007, 720 pages;

Lonely planet, Italie, Lonely Planet Publication, 2010, 836 pages;

Mantoue et ses trésors d’art, Rosella Vantaggi, Casa Editrice Perseus, 127 pages.

Patrimoine mondial de l’UNESCO, Éditions UNESCO, 2009, 832 pages ;

Les Pouilles, civilisation, art et histoire, Edizioni Kina Italia, 96 pages.

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