Otranto: ciò che una bella città (quelle belle ville!)

Texte et photos de Céline et Jacques

Voici le 11e d'une série de reportages relatifs à un formidable voyage réalisé dans « l’autre Italie » à l’automne 2012.

Otrante, Pouilles, Italie, dimanche, 14 octobre 2012 – Otrante ! Une toute petite ville, mais ô combien impressionnante! Un quartier médiéval aux dédales de ruelles fascinantes où se niche une très belle cathédrale… qui nous offrira ses trésors les plus spectaculaires. Un château aragonais qui en impose devant la mer qui offre une vue absolument idyllique sur la mer Adriatique!

Photos ci-dessus : La façade de la cathédrale d’Otrante est simple, mais l’intérieur renferme des trésors fabuleux : un plancher en mosaïque datant du XIIe siècle représentant « un arbre de vie »… qui repose sur le dos de deux éléphants et une chapelle qui conserve les ossements de quelque 800 des citoyens de la ville décapités par les Turcs à la fin du XVe siècle!

Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.

Il est 6 h 45 lorsque nous nous extirpons des bras de Morphée ce matin. Notre nuit a été des plus reposante dans notre chambre du superbe hôtel cinq étoiles le Risorgimento Resort de Lecce.

À 8 h 50, au terme d’un succulent petit-déjeuner, nous rejoignons le groupe dans le hall de l’hôtel et nous marchons, sous un ciel céruléen, jusqu’à notre autocar garé à un jet de pierre de notre lieu d’hébergement.

Celui-ci s’élance sur le bitume une quinzaine de minutes plus tard. Nous prenons la direction du sud, vers la ville d’Otrante.

Notre guide locale dans les Pouilles, Grazia, est avec nous. Elle a quitté la ville où elle demeure, Tarente, aux aurores pour nous rejoindre à Lecce.

Durant le trajet, elle nous présente la région et nous dresse un rapide portrait de l’histoire de la ville d’Otrante, vers où nous filons.

« Nous sommes sur la péninsule Salentine, dit-elle, ce qui correspond au talon de la botte italienne. C’est une région agréable, aux villages charmants et dont la belle côte rocheuse offre de nombreuses plages et criques peu fréquentées.

Ici, ajoute-t-elle, l'activité économique tourne autour de la culture des oliviers et du blé, de la fabrication du vin, de l’huile d’olive, des pâtes et de la céramique. Sans oublier le tourisme auquel la région s’éveille de plus en plus!

Otrante est une ville de 5 000 habitants. Toutefois, durant la saison touristique, sa population est multipliée par cinq pour atteindre le chiffre de 25 000.

La ville d’Otrante est la plus à l’Est de toute l’Italie. Elle fait face à l’Albanie de l’autre côté de la mer Adriatique.

Les conditions climatiques y sont excellentes d’avril à octobre, nous précise-t-elle, alors qu’il n’y a que très peu de pluie.

Des historiens avancent qu’Otrante était déjà habitée au Paléolithique, soit dans les temps préhistoriques!

Ce n’est toutefois que durant son appartenance à la Grande Grèce qu’Otrante devient une ville importante. Après sa période grecque, la cité est devenue une ville portuaire de premier plan au sein de l’Empire romain.

Ont suivi la décadence de Rome, les invasions barbares des Visigoths et des Vandales et la domination des Ostrogoths… avant qu’Otrante ne devienne tour à tour, byzantine, normande, angevine et aragonaise.

C’est une ville qui a vécu un grand drame, alors qu’en 1480, 18 000 soldats turcs ont envahi le cœur de la Cité et ont tué quelque 800 chrétiens qui refusaient de renier leur foi et de se convertir à l’Islam. Ils furent décapités!

Mais, les Turcs n’y sont restés que très peu de temps, les Aragonais ayant repris la ville rapidement, ne cédant leur emprise que quelques années par la suite aux Vénitiens.

Au début des années 1800, Otrante devient napoléonienne pour une très courte période avant de devenir pour de bon italienne. »

Grazia précise que nous visiterons la vieille ville toute piétonne, sa cathédrale, elle qui durant la conquête turque avait été transformée en caserne, et finalement son lungomare, là où la mer Adriatique est superbe.

« Dans la cathédrale, nous verrons des témoignages émouvants du massacre turc », nous précise-t-elle.

« Les restes des martyres sont conservés dans une chapelle qui leur est dédiée. Le pape Jean-Paul II a sanctifié ces restes lors d’une visite à Otrante en 1980. Puis, Benoît XVI a authentifié de manière définitive leur martyre par un décret promulgué par la congrégation pour la cause des saints, le 6 juillet 2007. »

Nous descendons du car à 10 heures. Il fait beau, le soleil brille malgré la présence de quelques nuages.

Notre guide nous mène vers la vieille ville. Nous traversons des jardins publics et un petit pont sous lequel coule une rivière presque à sec.

Photo ci-dessus : Notre guide locale dans les Pouilles avait raison : Otrante offre une vue magnifique sur l’Adriatique

Puis, nous arrivons devant d’imposantes fortifications. Nous sommes face à la porte Alfonsina, elle qui date de la fin des années 1400. Nous la franchissons et entrons de plain-pied dans la vieille ville d’Otrante. Il y a tout plein de ruelles et de petites boutiques.

Photo ci-dessus : Les imposantes fortifications de la vieille ville d’Otrante.

Photo ci-dessus : La Porta Alfonsina a profité récemment d’une touche de restauration!

Photo ci-dessus : Derrière la Porta Alfonsina, des habitations ont été érigées à même les fortifications de la ville.

Photo ci-dessus : Des commerçants sont à installer leurs étals devant les fortifications de la cité.

La cathédrale d’Otrante
Nous empruntons une rue dallée qui nous mène jusqu’à la cathédrale d’Otrante, elle qui est de style roman.

Photo ci-dessus : D’une petite ruelle, nous apercevons le clocher de la cathédrale d’Otrante.

« La cathédrale a été construite par les Normand au XIIe siècle. Sa façade a été refaite au XVe siècle. Elle est aujourd’hui de style Renaissance », nous souligne notre guide. « Avant les rénovations, elle était romane. »

Photo ci-dessus : La cathédrale d’Otrante a été sous la coupe des restaurateurs de 1980 à 1991. Sa façade est une belle réussite. Quatre colonnes entourent le portail de la cathédrale d’Otrante.

Photo ci-dessus : L’église est dotée d’une magnifique rosace et de magnifiques décorations sculptées.

Photos ci-dessus : Tout à-côté, un édifice municipal où les armoiries de la ville sont bien en vue.

Nous sommes sur la Piazza Basilica et les cloches sonnent à toute volée. Il y a une messe en cours à l’intérieur et de l’extérieur nous entendons les fidèles qui chantent.

Nous entrons.

« La cathédrale est dédiée à la Vierge de l'Annonciation », nous indique notre guide.

Nous voyons sur le sol une immense mosaïque. Elle couvre tout le plancher de la nef. Le plus surprenant est que des fidèles y circulent librement!

L’église est bondée. Les bancs sont tous occupés par des locaux qui participent activement à la cérémonie. La messe semble tirer à sa fin.

Photo ci-dessus : L’église de la cathédrale d’Otrante était bondée en ce dimanche matin.

Photos ci-dessus : La communion est très populaire lors de la messe célébrée dans la cathédrale d’Otrante. D’ailleurs, quelques membres de notre groupe ont rejoint les fidèles pour recevoir le corps du Christ.

Le célébrant est assisté de jeunes servants et servantes de messe. Ils sont vêtus de chasubles blanches… comme chez nous dans les années 1960!

La mosaïque qui décore le sol représente un fabuleux arbre de la vie posé sur le dos de deux éléphants. « Nous y retrouvons la symbolique de la rédemption de l’humanité, du bien et du mal, du paradis et de l’enfer », nous signifie Grazia.

« On peut y voir les douze signes du zodiaque, ainsi que le nom des douze mois de l’année inscrit en latin », ajoute-t-elle.

Photos ci-dessus : L’encyclopédie libre « Wikipédia » mentionne ce qui suit quant à la célèbre mosaïque de la cathédrale d'Otrante : « Pantaleone, un moine d’origine grecque, est l’auteur de la mosaïque monumentale qui décore le plancher de la nef de la cathédrale d'Otrante. Il a réalisé son œuvre entre 1163 et 1165. On peut y remarquer des scènes de l'Ancien Testament et des figures profanes mythologiques ou historiques. Dans la partie centrale de la nef s'étend un “Arbre de la Vie” et sur la droite douze médaillons représentent les mois et le Zodiaque. Sur le sol, d'autres scènes sont inspirées de la culture chevaleresque avec les histoires du Roi Arthur. Figurent aussi, le Paradis, l'Enfer, Satan entourés d'un cheval et d'un dragon... »

« La nef est ceinturée de quatorze colonnes datant du XIIe siècle, dont deux sont en marbre, nous lance notre guide, ce qui indique poursuit-elle qu’elles proviennent d’une église plus ancienne, qui était auparavant sur ce site ».

Vers l’avant de l’église, il y a quatre petites colonnes représentant la décapitation des 800 chrétiens, colonnes situées près d’une porte latérale.

Photo ci-dessus : Quatre très belles colonnes soulignant la décapitation de 800 chrétiens par les Turcs.

Photo ci-dessus : Le plafond de la nef est en bois doré à caissons.

Photo ci-dessus : Le maître autel de la cathédrale d’Otrante. Le devant est en argent ! Il est l'œuvre d'un orfèvre napolitain.

À notre droite, il y a la chapelle des martyres, à gauche la chapelle du Saint-Sacrement.

La chapelle des martyrs
Nous entrons dans la chapelle des martyrs.

Sur l’autel, tout au centre de la chapelle, il y a une statue de la vierge datant du XIVe siècle. Derrière, les ossements des chrétiens massacrés par les Turcs sont exposés dans de grandes fenêtres! Très macabre!

D’ailleurs, la pierre ayant servi à décapiter les gens est placée bien en évidence devant l’autel.

Photo ci-dessus : L’autel de la chapelle des martyrs de la cathédrale d’Otrante… avec derrière les ossements exposés!

Photo ci-dessus : La statue de la Vierge sur l’autel de la chapelle des martyrs.

Photo ci-dessus : Un autel richement décoré..

Photo ci-dessus : Vraiment macabre!

Nous sortons de la chapelle des martyrs et nous nous rendons dans la petite chapelle du Saint-Sacrement, elle qui est dotée d’une croix très ancienne.

Tout juste à côté de l’entrée de cette chapelle, il y a une belle statue de la Vierge, vêtue de bleu, de rouge et de vert. Elle porte l’enfant Jésus.

Photo ci-dessus : L’autel de la chapelle du Saint-Sacrement.

Les gens arrivent pour la prochaine messe. Nous nous dirigeons vers la sortie.

De beaux tableaux en vitraux représentent les stations du chemin de croix.

Les fonts baptismaux, datant de 1554, sont situés à la gauche de l’entrée principale.

Nous sortons.

Photo ci-dessus : Dehors, les cloches se sont de nouveau mises à résonner!

Tout près de la cathédrale, il y a le Palazzo Lopez, un édifice du XVIIe siècle, qui abrite aujourd’hui le Musée Diocésain d’Art sacré.

Nous poursuivons notre promenade dans la vieille ville d’Otrante.

Photo ci-dessus : De superbes bâtiments tout près de la mer à Otrante

Photo ci-dessus : Et encore des bougainvilliers en fleurs.

Le château aragonais
Nous arrivons sur la Piazza Castello où il y a un immense château entouré d’anciennes douves. Il fait face à la mer.

Le château est actuellement utilisé pour des expositions temporaires. Celle du jour offre des œuvres d’Andy Warhol.

Autrefois, le château fut caserne militaire et prison.

Photos ci-dessus : L’impressionnant château aragonais d’Otrante.

Le soleil et la mer!
Nous montons sur l’esplanade du château… d’où nous avons une vue superbe sur la marina et la mer Adriatique turquoise et cristalline. Le soleil nous caresse de ses chauds rayons, la vue est tout à fait sublime, que de beaux moments.

Photos ci-dessus : De sublimes images!

Nous poursuivons.

Notre guide nous informe que tout au long du lungomare, il y a plusieurs boutiques offrant des spécialités locales.

Aujourd’hui, le programme de Voyages Lambert prévoyait « une promenade en bateau pour découvrir la côte escarpée, rocheuse et jalonnée de grottes le long de la mer Adriatique ». Notre accompagnateur de l’agence, Jean-Marc Lechat, nous informe qu’il vient tout juste d’être avisé que la petite croisière est annulée en raison de la mer qui est trop agitée. C’est dommage.

Il nous annonce « pause dîner », et ce, même s’il n’est que 11 h 30…! Il fixe le rendez-vous pour le départ à 13 heures, près du monument « Aux héros de la foi et de la patrie ».

Après avoir baguenaudé durant près d’une trentaine de minutes, nous nous attablons sur la petite terrasse d’un restaurant, le Il cantico dei cantici.

C’est agréable. Céline savoure une salade, tandis que je m’excite les papilles avec des pâtes… encore des oreillettes, elles sont si bonnes. Nous prenons un dessert et un café… que nous dégustons sous la pluie, car il vient tout juste de commencer à pleuvoir.

Nous repartons de la terrasse vers 12 h 45 et nous rejoignons le groupe quinze minutes plus tard. Nous filons vers le car qui démarre à 13 h 10 en route pour Santa Maria dei Leuca…

Photo ci-dessus : Monument érigé à la mémoire des martyrs d’Otrante, massacrés par les Turcs en 1480

Méli-mélo
Depuis l’arrivée de Mario Monti en tant que premier ministre de l’Italie, les commerces du pays peuvent maintenant ouvrir leurs portes le dimanche... Une chance, où aurions-nous dîné?

Les pâtes de la région sont des oreillettes, comme celles que nous avons mangées hier soir et que j’ai savourées ce midi.

Les Pouilles se divisent en quatre zones géographiques distinctes : le Tavoliere, une vaste plaine dans le nord, les Murge, des hauts plateaux, le Gargano, avec ses montagnes, et la péninsule du Salento, couverte de collines, où nous nous promenons aujourd’hui.

Les Messapiens étaient les anciens habitants du Salento, eux qui vivaient entre les deux mers, Adriatique et Ionienne.

À suivre
La route en bord de mer vers le bout du talon de la botte, Santa Maria dei Leuca, là où les mers Ionienne et Adriatique se fusionnent.

Photo ci-dessus : Santa Maria dei Leuca et la mer Adriatique sous un ciel orageux!

Bibliographie
Atlas en fiches (Italie, Régions du Sud, Mezzogiorno et les Apennins), Éditions Atlas, 2008;

Encyclopédie libre Wikipédia, Italie, Pouilles, Basilicate, Bari, Trani, Castel del Monte, Bitonto, Altamura, Matera, Alberobelle, Castellana Grotte, Tarente, Otrante et de nombreuses autres pages;

Guide Voir, Italie, Éditions Libre Expression, 2007, 720 pages;

Lonely planet, Italie, Lonely Planet Publication, 2010, 836 pages;

Patrimoine mondial de l’UNESCO, Éditions UNESCO, 2009, 832 pages ;

Les Pouilles, civilisation, art et histoire,, Edizioni Kina Italia, 96 pages.