Le palais des Papes: une forteresse dépouillée de toutes ses richesses du passé, ou presque

Texte et photos de Céline et Jacques Lanciault

Voici le 29e d’une série de reportages relatifs à un superbe périple qui nous a menés, au printemps 2012, à Barcelone en Espagne… puis dans le sud de la France tout d’abord à Avignon!

Avignon, France, vendredi 4 mai 2012 – Aujourd’hui, Avignon est de tous les livres d’histoire, et ce, parce qu’en 1309 la cour pontificale s’y installa! Avignon devient ainsi la « Cité des papes », un titre qu’elle gardera jusqu’en 1423, alors que la papauté retraversa définitivement les Alpes pour retrouver ses quartiers dans la ville éternelle, Rome!

Les neuf papes qui se sont succédé sur le trône pontifical au cours de cette période ont toutefois laissé un souvenir impérissable de leur passage à Avignon : le monumental palais des Papes, lui dont l’intérieur a été presque entièrement dénudé depuis le départ des héritiers de Saint-Pierre.

Photo ci-dessus : Le palais des Papes d'Avignon à la tombée du jour... Le monumental édifice a hébergé les papes de 1334 à 1423! Il a été construit sous la férule de Benoît XII et de Clément VI.

Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.

Le soleil brille avec éclat ce matin à notre réveil, vers 7 h 30. Nous sortons pour déjeuner et trouvons rapidement un comptoir où l’on sert cafés et viennoiseries. Excellent petit déjeuner!

Nous amorçons nos visites de la journée dès 9 h 15 en nous rendant au palais des Papes, situé à quelques pas de l’hôtel Kyriad, là où nous sommes hébergés à Avignon.

Photo ci-dessus : Le palais des Papes avec ses murs très hauts et ses quelques très étroites petites fenêtres est impressionnant. Il ressemble bien plus à une forteresse qu’à une résidence papale!

Nous entrons. Il nous en coûte 17€ au lieu de 21 sur présentation de nos « Avignon PASSion », ce prix incluant deux audio-guides.

Le palais des Papes a été construit en deux temps. Les parties nord et ouest, appelées Palais-Vieux, ont été érigées sous le règne de Benoît XII, entre 1334 et 1342, tandis que les deux ailes au sud, le Palais-Neuf l’ont été à compter de 1343, alors que Clément VI était souverain pontife.

La construction de l’ensemble s’est étirée de 1334 à 1352, alors que durant toute la période où Avignon a été « La Cité des papes » seulement neuf pontifes y ont habité, et ce, entre 1334 et 1423, soit Urbain V, Innocent VI, Grégoire XI, Clément VII, Benoit XVIII, Clément VI, Benoit XII, Clément V et Jean XII!

Nos audio-guides nous dressent d’ailleurs un résumé des réalisations de chacun de ces papes.

La cour d’honneur fait la jonction des deux palais et c’est de cet endroit que nous amorçons notre visite.

Photo ci-dessus : D’entrée de jeu, nous voyons une magnifique maquette du palais des Papes.

Puis, notre guide virtuel nous met en garde à l’effet qu’il ne reste pratiquement rien de la décoration intérieure que l’on y retrouvait à l’époque des papes. Les années de la Révolution française ont causé de nombreux dégâts au palais, puis en 1810, le bâtiment a été transformé en caserne… avec tous les outrages que cela implique!

Finalement, notons que depuis 1969, l’intérieur du palais a été aménagé pour en faire un centre de congrès… alors que la grande cour du palais est le théâtre des représentations du Festival d’Avignon depuis 1947!

D’ailleurs, on est actuellement à installer des estrades dans la cour d’honneur pour le prochain festival, et même si celui-ci ne prendra son envol qu’au début du mois de juillet.

Photo ci-dessus : La cour d’honneur du palais était encombrée de caisses de matériel en vue du Festival d’Avignon qui a lieu en début d’été!

Le Palais-Vieux
La période des papes à Avignon en a été une de richesse pour la papauté. Les trésors de l’institution, argent et biens précieux, étaient conservés, avec les archives, dans la « Tour du pape », dite aussi la Grande tour, où nous sommes actuellement.

Seuls le pape, le camérier et le trésorier pouvaient accéder aux locaux de la « Grande trésorerie ». Le camérier était en quelque sorte le premier ministre du pape.

Outre les notaires qui géraient les impôts, des clercs, des scribes et des secrétaires faisaient également partie du personnel de la grande trésorerie.

Nous voyons une affiche où sont mentionnés tous les cas où la papauté prélevait des sommes d’argent. Il y a entre autres une entrée qui précise « droit de dépouille ». Cela signifie que lors du décès d’un ecclésiastique, toute la succession revenait au Saint-Siège!

Nous sommes maintenant au troisième niveau de la « Tour du pape ».

Photo ci-dessus : Dans une des fenêtres, nous voyons cette belle cloche.

En empruntant l’escalier intérieur de la « Grande Trésorerie », on arrive dans la salle de Jésus, une salle servant d’antichambre. C’est ici qu’attendaient les cardinaux avant de voir le pape. Cette salle était située à proximité des appartements privés du pape. Le camérier, l’homme de confiance du pape, logeait dans cette salle.

Nous passons dans le « Revestiaire pontifical », l’endroit où le pape revêtait ses ornements, avant de se rendre aux réunions du consistoire, c’est-à-dire la grande assemblée des cardinaux.

Et justement, la salle du Consistoire se situe au rez-de-chaussée. C’est un endroit qui servait de lieu de réunion et de réception des ambassadeurs et des légats.

Il y a eu un important incendie dans la salle du Consistoire en 1413, le feu a entièrement détruit les peintures et le plafond. Notons également que cette salle a servi de dortoir aux militaires au XIXe siècle!

Nous entrons dans la chapelle Saint-Jean, qui était réservée aux hauts dignitaires de l’église. C’est une belle chapelle où les murs et le plafond sont décorés de fresques. Le reste de la salle est toutefois vide.

Nous arrivons dans une cour intérieure. Il s’agit du cloître de Benoît XII. Il y a du gazon au centre, mais aucun arbre. Les murs sont toutefois bien préservés.

Photo ci-dessus : Le cloître de Benoît XII

Au-dessus de la salle du Consistoire, au deuxième étage du cloître, se trouve la salle du Grand Tinel, une salle mesurant 48 mètres de long, une des plus grandes du palais.

Le Grand Tinel servait de réfectoire. Une énorme cheminée servait à garder les plats au chaud lorsque des banquets y étaient servis.

Tout près nous remarquons un dressoir, une petite salle ayant pour but de soustraire les préparatifs du repas du regard des convives.

Puis, nous voyons la grande cuisine dans une tour. Plafond en dôme avec des fenêtres pour permettre l’évacuation de la fumée des viandes rôties.

Nous passons devant la chapelle Saint-Martial, qui est malheureusement fermée aux visiteurs.

Nous arrivons dans la chambre de parement, l’antichambre de la chambre à coucher du pape. C’est ici qu’attendaient les personnes ayant obtenu des audiences particulières avec le Saint-Père.

Dans cette chambre se trouvent une cheminée, un autel, des sièges et deux candélabres en fer... Autrefois s’y trouvait un riche décor mural.

Photo ci-dessus : La cheminée de la chambre de parement.

Nous arrivons dans la « Tour de l’étude »… le studium de Benoît XII, le seul espace du palais ayant conservé son sol du XIVe siècle! Le studium, le cabinet de travail du pape, est situé tout près de sa chambre.

Cette chambre du pape est située au cœur de la « Tour des Anges »! L’endroit a été rénové. Les murs, les plafonds et les planchers ont été restaurés entre 1911 et 1930.

À l’extérieur, il y a les jardins pontificaux : le jardin de Benoît XII et le verger d’Urbain V où il y a la grande fontaine griffon. À l’époque, l’endroit abritait une importante ménagerie où vivaient plusieurs animaux, dont certains sauvages. Il y avait également plusieurs sortes d’oiseaux.

Nous quittons le Palais-Vieux de Benoit XII pour entrer dans le Palais-Neuf de Clément VI.

Le Palais-Neuf
La « Chambre du cerf » est située au troisième étage de la « Tour de la Garde-Robe ». La décoration y est nettement plus gaie. Les murs sont couverts de scènes de chasse. C’est d’ailleurs une des fresques qui a donné son nom à la pièce.

Nous arrivons dans la sacristie du nord, la sacristie pontificale, où l’on commence à pouvoir admirer des sculptures et d’autres objets d’époque.

Photo ci-dessus : Des salles vides du Palais-Vieux, nous voici dans des salles du Palais-Neuf où nous retrouvons quelques objets qui ont été offerts par des villes d'Europe. Ils représentent les personnalités accueillies au Palais.

Photo ci-dessus : Dans la sacristie du nord se trouvent les gisants d’Anne d’Auvergne et de Louis II de Bourbon.

Photo ci-dessus : Un moulage en plâtre de Philippe-le-Hardi, fils de Jean-le-Bon, duc de Bourgogne en 1363. Pas l’air commode le monsieur!

Il y a un magnifique retable intitulé « Du Portement de la croix ». Celui-ci proviendrait de l’église du couvent des Célestins à Avignon.

Photo ci-dessus : Retable du portement de la Croix!

Photos ci-dessus : Il y a également ce superbe tombeau!

Nous arrivons dans ce qui est appelé : « La Grande chapelle »! C’est bien plus grand que bien des églises. Elle est dédiée aux apôtres Saint-Pierre et Saint-Paul. Elle mesure 52 mètres de longueur, par 15 mètres de large par 20 de haut!

Photo ci-dessus : La grande chapelle, aussi appelée « Chapelle clémentine » parce que c’était la chapelle du pape Clément VI, a été inaugurée en 1352. Elle a également servi de dortoir aux militaires au XIXe siècle.

Nous continuons notre visite de cet immense palais et arrivons dans la « Sacristie du Sud » qui se trouve dans la « Tour Saint-Laurent ». Elle est aussi appelée « Revestiaire des cardinaux ».

Nous y voyons la « chambre neuve » du camérier.

Il s’y trouve deux maquettes en bois représentant le palais des Papes au XVIe et au XVIIIe siècle.

Photo ci-dessus : Moulage du tombeau d’un pape.

Photo ci-dessus : Des armoiries aux belles couleurs.

Photo ci-dessus : Un vêtement qui n’est pas sans rappeler celui des « gardes suisses » que l’on retrouve à la place Saint-Pierre de Rome.

Dans la « chambre des notaires », nous pouvons admirer plusieurs tableaux des différents notaires qui y sont passés.

Nous montons un escalier qui nous mène au sommet de la « Tour de la Gâche »! Nous avons alors une vue impressionnante sur la cour d’honneur que nous avons vue au début de notre visite. Nous avons également une vue imprenable sur le clocher de la cathédrale Notre-Dame-des-Doms, sur la Tour de l’Horloge et sur le Rhône.

Photo ci-dessus : La cathédrale Notre-Dame-des-Doms affiche un clocher carré d’une hauteur de 39 mètres et du haut de la Tour de la Gâche du Palais des papes la statue de la Vierge en fonte dorée qui orne son sommet depuis 1859… est tout près de nous !

Mais notre plaisir est de courte durée, car nous sommes subitement envahis par un groupe de jeunes bruyants… qui dans leurs propos à notre égard ont laissé voir une très mauvaise éducation!

Nous redescendons et arrivons sur une loggia où se trouve la « Fenêtre de l’indulgence ». C’est de cet endroit que le pape bénissait la foule rassemblée dans la cour d’honneur.

S’y trouve le portail de la grande chapelle que nous avons traversé avant de monter à la « Tour de la Gâche ».

Nous terminons la visite à 11 h 30.

Pour sortir, nous devons obligatoirement passer par « La bouteillerie du palais » où il y un grand stock de bouteilles de vin… et la boutique-cadeau du Palais.

Nous sortons finalement alors qu’il est presque midi.

Après avoir déposé nos achats à l’hôtel, nous nous mettons à la recherche d’un restaurant… intérieur, car le temps est maintenant plutôt incertain.

Nous entrons finalement à « La Casa Castagno » et partageons, Céline et moi, une pizza au jambon et une salade verte.

À suivre…
Le musée du Petit palais!

Photo ci-dessus : Impossible de se tromper, direction le Petit Palais!

Bibliographie
Atlas en fiches, Provence-Alpes et Côte d’Azur, le Rhône et le tourisme en France, Éditions Atlas, 2008;

Encyclopédie libre WikipédiaAvignon, Le pont Bénézet, le Palais des Papes et plusieurs autres pages;

Guide Lonely Planet, Provence, Élodie Rotham, Isabel Ros et als, Lonely Planet, 2011, 520 pages;

Avignon, Éditions Bonechi, 2012, 65 pages.