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L’expression du jour : prendre le chemin de Canossa

Textes et recherches de Jacques Lanciault

Je consigne ici le fruit de recherches sur le sens, l’étymologie, l’écriture ou encore la prononciation de certains mots ou expressions sur lesquels je bute, ou qui tout simplement suscitent ma curiosité au fil de mes lectures...

La pénitence de Canossa.

Mercredi, 1er février 2012

Source de la recherche
Le paragraphe suivant tiré d’un texte d’Antoine Robitaille publié dans le quotidien Le Devoir du 27 janvier 2012, où il cite Yves Michaud :

« Quatre députés actuels ayant voté la motion condamnant les propos d'Yves Michaud le 14 décembre 2000 n'ont toujours pas offert d'excuses au Robin des banques qui aura 82 ans en février: Sylvain Simard (Richelieu), Nicole Léger (Pointe-aux-Trembles), Danielle Doyer (Matapédia) et Claude Pinard (Saint-Maurice). Ainsi, M. Michaud réclame une “motion d'urgence au congrès national du PQ” qui commence aujourd'hui afin de les forcer à le faire: “Y aura-t-il un juste parmi les délégués pour saisir le conseil national du Parti québécois d'une motion d'urgence pour ordonner aux quatre députés félons de cette formation politique de prendre le chemin de Canossa et confesser publiquement leur infamie?” L'ancien député et journaliste souligne que le 28 janvier 1077, dans un village alpin d'Italie, Canossa, Henri IV, du Saint-Empire romain germanique, demanda pardon au pape Grégoire VII de l'avoir offensé. »

Définition :
Ni dictionnaire Le Grand Robert de la langue française ni celui du correcteur électronique Antidote ne définissent l’expression prendre le chemin de Canossa. Dans la citation publiée, monsieur Michaud explique le sens de la locution.

Toutefois, le site Internet « Les expressions françaises décortiquées » présente une page explicative sur l’expression Aller à Canossa, qui aux Pays-Bas se dit prendre le chemin de Canossa.

L’expression signifie : « Céder complètement devant quelqu'un. S'humilier devant quelqu'un. »

Elle provient du fait suivant :

« Pour aller à Canossa de nos jours, il vous suffit de suivre la charmante voix de votre GPS qui va normalement vous orienter vers l'Émilie-Romagne, pas très loin de Modène.

Las ! À l'époque de la naissance de cette expression, les véhicules n'étaient pas encore équipés de cette merveille technologique.

Ce qui n'a pas empêché le pape Grégoire VII, en 1077, d'y aller séjourner et d'y rencontrer l'empereur Henri IV d'Allemagne.
Ce petit plaisantin d'empereur avait en effet cru bon de proclamer la déchéance du pape après le conflit des Investitures. Le pontife décida alors de l'excommunier.

Du coup, les vassaux de l'empereur refusèrent de continuer à le suivre. Ce qui l'obligea finalement à aller rencontrer le pape pour le supplier de lui accorder son pardon.

C'est au château de Canossa qu'eut lieu cette rencontre où l'empereur fut humilié de devoir "se coucher" devant le pape qui ne lui donna une réponse positive que trois jours plus tard, après l'avoir bien laissé ruminer en costume de pénitent et pieds nus dans le froid en plein mois de janvier. L'excommunication fut alors levée.

C'est Bismarck qui, en 1872 utilisa l'expression "nous n'irons pas à Canossa" devant le Reichstag. Il voulait ainsi exprimer son désaccord avec le Vatican qui soutenait le parti catholique allemand, et son refus de céder aux injonctions du pape, alors que Bismarck, qui avait des volontés trop laïques aux yeux du pape Pie IX, venait de se voir refuser l'envoi d'un ambassadeur allemand au Vatican.

Bismarck voulait donc dire par là : "Nous ne nous humilierons pas en cédant aux Catholiques".»

La photo ci-dessus : L'empereur Henri IV agenouillé devant Mathilde de Toscane en présence du Pape Grégoire VII qui l'a excommunié, miniature du XIIe siècle. (Photo provenant de Wikipédia)

Remplis sous: La folie des mots Mots clés:
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