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Croatie – Soleil, mer et vélo en Dalmatie

Revue de presse

Anne Michaud, Le Devoir, le 14 janvier 2012

Dubrovnik, Croatie.Imaginez une mer turquoise qui vient lécher une plage de galets ou une crique rocheuse ombragée par des pins noueux. À l'arrière-plan, des maisons de pierre aux toits de tuiles rouges se pressent autour d'une église. En fond de scène, des montagnes arides découpent un ciel bleu sans nuages. Bienvenue en Dalmatie.

Photo ci-dessus : Dubrovnik vue des remparts. (Photo Anne Michaud)

Dubrovnik — Même si le soleil, la mer et les paysages somptueux y ont toujours été présents, cette région de la Croatie, tout comme le pays en général, n'a obtenu le statut de destination à la mode que très récemment. Il a fallu attendre l'éclatement de l'ex-Yougoslavie, puis la fin de la guerre civile qui a ensuite enflammé toute cette partie de l'Europe. C'est donc seulement vers la fin des années 90 que les touristes occidentaux ont commencé à découvrir les charmes de la Croatie, et particulièrement de la Dalmatie.

Aujourd'hui, des centaines de milliers de visiteurs venus principalement d'Europe de l'Est mais aussi de France, d'Allemagne, d'Italie, de Grande-Bretagne et plus récemment du Canada et du Québec, déferlent chaque année sur cette région aux avantages de taille: son climat, sec et très ensoleillé, et quelques centaines de kilomètres de littoral sur la mer Adriatique.

Ce qui en fait un véritable paradis pour les vacanciers, qui peuvent profiter d'une suite quasi infinie de journées ensoleillées pour lézarder sur les plages de galets ou partir en bateau à la recherche du lieu de baignade parfait. Et lorsque le soleil se fait moins ardent, il y a des dizaines de villes et villages où il fait bon flâner en admirant les édifices et monuments datant des époques romaine, slave ou vénitienne.

Split et Dubrovnik
Split et Dubrovnik figurent en haut de la liste des attractions majeures. Ces deux villes sont devenues tellement populaires qu'en juillet et août, elles sont littéralement submergées par les touristes. Cette très (et même trop) grande popularité s'explique du fait qu'elles figurent sur les itinéraires des grands paquebots sillonnant l'Adriatique.

Certains jours d'été, on peut voir jusqu'à une demi-douzaine de ces villes flottantes dans le port de Dubrovnik. Heureusement, l'affluence diminue un peu en fin de journée, lorsque les croisiéristes ont réintégré leurs bateaux, et c'est le moment idéal pour se balader dans la ville ou le long des remparts qui l'entourent.

Outre le fait qu'elle permet d'admirer la ville de haut, une telle balade donne l'occasion de constater l'étendue des travaux de reconstruction entrepris après la guerre civile. Pilonnés par plus de 2000 bombes, 68 % des édifices y ont subi des dommages. Du haut des remparts, on constate que la plupart des toitures ont été refaites; incidemment, c'est la ville de Toulouse qui a fourni la majorité des millions de tuiles nécessaires à cette reconstruction massive.

Par ailleurs, l'ampleur de ces travaux explique le fait que Dubrovnik, par opposition à Split, ait parfois un petit air de «fausse vieille ville»: plusieurs des édifices ont perdu la patine, l'aspect défraîchi et parfois même carrément sale que confèrent les siècles. Mais on ne va tout de même pas reprocher aux Croates d'avoir reconstruit cette ville fabuleuse, surnommée «la perle de l'Adriatique»!

Tout aussi incontournable que Dubrovnik, Split est aussi la seconde ville en importance du pays. Cela dit, les touristes y viennent surtout, et même seulement pour ce qui en constitue le coeur et l'âme, soit le palais de l'empereur romain Dioclétien, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Il ne reste que quelques vestiges de ce palais colossal mais ils permettent tout de même d'imaginer sa taille et de sa splendeur.

De plus, le labyrinthe d'édifices et de ruelles tortueuses qui occupe l'intérieur des murs du palais se laisse arpenter avec bonheur. C'est une véritable cité dans la cité, vibrante et animée à toute heure du jour et de la nuit, où l'on croise aussi bien des touristes de tous les coins du monde que des ménagères qui font leurs courses ou des artisans qui vaquent à leurs occupations. On admire Dubrovnik, mais on tombe amoureux de Split!

Les îles croates
De Split, il n'y a qu'un traversier à prendre pour découvrir les îles de Brac, Hvar et Vis, alors que Korcula et Mljet, plus au sud, sont accessibles depuis Dubrovnik ou la péninsule de Peljesac. Un séjour sur l'une ou l'autre (et préférablement deux ou trois) de ces îles constitue habituellement le clou d'un voyage en Dalmatie tellement elles sont paradisiaques.

Classée parmi les 10 plus belles îles du monde par le Traveler's Magazine, Hvar est la plus connue et fréquentée. On y vient généralement pour voir et être vu, se faire bronzer sur les plages naturistes (mais la nudité n'est pas obligatoire) des îlots Pakleni, manger dans les restos à la mode et sortir en boîte le soir. De plus, la ville de Hvar elle-même compte plusieurs édifices datant de la Renaissance.

Mais pour découvrir ce qui rend l'île de Hvar unique, il faut s'éloigner de la foule et s'aventurer sur les hauteurs, dans les terres; on y trouve d'immenses étendues arides où poussent des millions de plants de lavande, de romarin, de thym, de laurier et d'aneth qui embaument l'air.

Moins fréquentée par les people mais très populaire auprès des vacanciers en général, l'île de Brac est connue pour sa pierre blanche, qui a servi à la construction du palais de Dioclétien à Split et de la Maison-Blanche à Washington (imaginez le transport!), et Zlatni Rat, la longue plage de galets en forme de doigt qui figure sur toutes les affiches et tous les sites vantant les charmes de la Croatie. Mais même si c'est la plage qui nous y attire, c'est le charme des villages de Brac, et particulièrement Bol, relié à Zlatni Rat par une belle promenade ombragée, qui nous retient.

Il vaut aussi la peine d'aller faire un tour du côté nord de l'île pour voir le village de Pucisca où s'élevaient une douzaine de châteaux, dont certains encore debout, et les mille et une baies qui appellent à la baignade aux environs de Splitska.

Autre arrêt incontournable, Korcula se situe à l'extrémité de l'île du même nom. Malgré la foule, cette petite ville entourée de remparts, aux rues pavées de marbre et dont certains édifices datent des XIVe et XVe siècles, mérite amplement le déplacement. Et pour ceux qui préfèrent la quiétude, il y a tout près de là des baies et des îlots qui demeurent assez tranquilles, même en plein coeur de l'été.

Enfin, si on veut suivre les traces d'Ulysse, il faut se rendre sur l'île de Mljet; selon la légende, c'est là que la nymphe Calypso l'aurait gardé auprès d'elle durant sept ans. On peut même faire une promenade en bateau qui nous conduit jusqu'à la grotte où Ulysse aurait séjourné. Mais la principale attraction de Mljet, c'est le parc national qui couvre tout l'ouest de l'île et qui englobe les lacs Veliko Jezero et Mali Jezero, des étendues d'eau salée où l'on peut se baigner et autour desquelles on peut faire une agréable promenade en vélo.

Pédaler la Dalmatie
Parlant de vélo, qu'en est-il du cyclotourisme en Dalmatie? Est-ce un pays, ou une région, qui se prête bien à ce type de voyage? Absolument, et j'en ai fait l'expérience l'été dernier. Je voyageais en transportant mes bagages sur mon vélo, mais des voyagistes québécois offrent des circuits accompagnés en Dalmatie.

Imaginez: des routes au pavage impeccable qui serpentent à travers la lavande et les criques invitant à la baignade, des automobilistes courtois qui laissent amplement d'espace en vous dépassant et un ciel toujours bleu, jour après jour...

En revanche, les montées sont parfois très longues (6, 8 kilomètres et même plus), quoique relativement douces (rarement plus de 8 %, généralement autour de 6). Une montée de huit kilomètres à 6 %, ça prend du souffle et du mollet, surtout par grande chaleur, mais une fois au sommet, la beauté des paysages récompense amplement les efforts.

À noter qu'en raison de la chaleur, qui peut frôler les 40 °C, et de la difficulté de se loger à cette période, il est préférable d'éviter la Dalmatie à vélo en juillet et août. Aussi, les vélos sont admis sur les traversiers, mais pas sur les hydroglisseurs qui relient les îles entre elles ou au continent.

Hôtels et restaurants
Après les fleurs, le pot... Même si la Dalmatie est une destination prisée, son infrastructure hôtelière n'est pas encore vraiment prête à accueillir le tourisme international. La plupart des hôtels du pays datent des années 60 ou 70, soit l'époque où la Croatie appartenait à la Yougoslavie. Ce sont généralement de grands bâtiments de béton, froids, sans âme et qui n'ont souvent pas fait l'objet de rénovation ou d'amélioration depuis leur construction.

À voir la décoration, le mobilier, les appareils sanitaires et l'absence de climatisation, on se croirait parfois revenu au temps de la guerre froide! Par contre, les prix, eux, sont très modernes: en haute saison, une chambre double coûte au moins 120 $ la nuit et plus souvent de 150 $ à 180 $, incluant un petit-déjeuner infect.

L'alternative suggérée par la plupart des guides de voyage, ce sont les chambres chez l'habitant (sobe en croate). Beaucoup moins chères, elles ne sont tout de même pas données (de 60 $ à 80 $ pour deux personnes en haute saison) et la qualité des installations varie énormément. De plus, en juillet et août, plusieurs propriétaires refusent de louer pour une seule nuit. On peut donc être obligés de payer le prix fort pour une chambre très quelconque...

Il existe toutefois l'Association nationale croate des petits hôtels familiaux (www.omh.hr) qui visent à offrir un accueil chaleureux, une expérience agréable et le confort moderne. Les restaurants de ces hôtels permettent de découvrir le meilleur de la cuisine dalmate avec des menus variés, contrairement à la majorité des restaurants de Dalmatie, presque identiques et où la qualité des plats est souvent très moyenne.

En vrac
L'hôtel Marco Polo (www.hotel-marcopolo.com), à Gradac (une petite ville plutôt quelconque, entre Split et Dubrovnik), est membre de l'Association nationale croate des petits hôtels familiaux. Je me suis régalée au restaurant Nicolo Polo. À Korcula, l'hôtel Korsal (www.hotel-korsal.com) fait lui aussi partie de l'association. C'est un hôtel neuf, tout petit (10 chambres), très bien situé et confortable. De plus, la cuisine qu'on y sert est savoureuse.

À Bol, sur l'île de Brac, à la Villa Giardino (villa.giardino@st.t-com.hr) recommandée sur le site www.tripadvisor.com, nous avons été conquis par la beauté des lieux, la chaleur de l'accueil et le confort. Le genre d'endroit qu'on a du mal à quitter...

À Zadar, la Villa Hresc (www.villa-hresc.hr) est un appart-hôtel situé à quelques kilomètres du centre-ville, au bord de l'eau. Joli jardin avec piscine et succulent petit-déjeuner. Nous avons aussi soupé au restaurant Kornat (situé tout près du quai d'embarquement des traversiers de la ligne Zadar-Rijeka), aussi recommandé sur le site www.tripadvisor.com, et y avons mangé un plat divin de lotte (ou baudroie). Le vin maison, un Babic, était aussi délicieux que peu coûteux.

Un repas mémorable: au restaurant Lesic Dimitri (www.lesic-dimitri.com), à Korcula. L'assiette dalmatienne permet de découvrir quelques-uns des meilleurs fromages de la région. Et l'addition n'est pas plus salée que dans les restaurants voisins, beaucoup plus ordinaires.

Trois agences québécoises offrent des circuits de vélo accompagnés en Dalmatie (Croatie): www.ekilib.com, www.veloquebecvoyages.com et www.expeditionsmonde.com.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, il est loin d'être certain que les Dalmatiens soient originaires de Dalmatie. Quant aux habitants de cette région de Croatie, ce sont des Dalmates.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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