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Sarajevo aurait mérité mieux!

Texte et photos de Céline et Jacques Lanciault

Voici le 19e d'une série de reportages relatifs à une longue balade en Croatie, à laquelle se sont greffées de trop courtes incursions en Bosnie-Herzégovine et au Monténégro, le tout réalisé à l’automne 2011.

Minaret, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Sarajevo, Bosnie-Herzégovine, jeudi 13 octobre 2011 –Journée plutôt difficile aujourd’hui! Est-ce la fatigue du voyage, nous en sommes après tout à notre douzième journée? Est-ce l’omniprésence de la guerre, tant dans les propos de notre guide que par les stigmates qu’affichent de nombreux édifices de la ville? Est-ce la journée pluvieuse? Probablement, une pincée de sel de chacun! Quoi qu’il en soit, nous découvrirons le «Tunnel de Sarajevo» et nous nous baladerons dans le vieux quartier turc de la ville, Baščaršija. Puis, après une longue attente pour le dîner, nous entrerons dans une mosquée, de laquelle nous serons expulsés sans aménité aucune. Finalement, la journée se terminera dans le tohu-bohu d’un souper de spécialités bosniennes!

Photo ci-dessus : Minaret de Sarajevo!

Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.

Debout dès 6 h 45 ce matin. Nous descendons au restaurant sis au sous-sol de l’hôtel pour le petit-déjeuner, qui est frugal, mais bien.

Puis, nous rejoignons le groupe dans le lobby de l’hôtel à 8 h 30. C’est frais et brumeux sur Sarajevo, le mercure peine pour le moment à atteindre 6 degrés Celsius!

Hôtel Art, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : Avant d’amorcer notre marche vers l’autocar, j’ai photographié cette jolie rose sur la terrasse de l’Hôtel Art… comme si j’avais le pressentiment que la journée ne nous offrirait que peu d’occasions de réjouissances pour l’œil.

Nous quittons l’hôtel à pied pour rejoindre notre autocar qui est garé non loin devant un parc. Nous traversons de nouveau le petit pont qui enjambe la rivière Miljacka, là où flottent ce matin plusieurs canards sauvages.

Selon notre guide local, Dino, c’est une première pour lui que de voir des canards sur cette rivière. Il suppose que les palmipèdes doivent fuir les forêts où ils sont la cible des chasseurs.

Le car prend la route à 8 h 45. À droite, nous voyons un ancien bâtiment austro-hongrois, c’est la mairie du quartier centre et le siège de différents ministères du canton. Puis, voilà une mosquée du XVIe siècle, la mosquée Ali Pacha.

Et encore ce matin, nous devons nous contenter d’observer les monuments et les bâtiments importants de la ville des fenêtres du car…, et ce, comme beaucoup de superbes paysages croisés depuis le début du périple. C’est vraiment une lacune importante de ce voyage. C’est décevant!

Sarajevo est située au pied du mont Trebević, qui domine le paysage sur notre gauche.

Nous croisons le musée national, lui qui était autrefois le siège du gouvernement.

La ville de Sarajevo s’est développée d’est en ouest. Elle est multiethnique et de ce fait est souvent comparée à Jérusalem!

Nous passons devant l’ambassade américaine… grillagée!

Le car roule actuellement sur la rue du maréchal Tito, appelée durant la guerre 1992-1995 rue des Snipers. «Les automobilistes devaient y rouler à 200 km à l’heure pour ne pas être tués», nous assure Dino.

D’ailleurs dans le superbe roman de Margaret Mazzantini, Venir au monde, dont le théâtre principal de l’action se situe à Sarajevo durant la guerre de 1992-1995, on peut y lire un intéressant passage quant à l’« Allée des Snipers », alors que le personnage principal revient à Sarajevo bien des années après la fin de la guerre :

« Les vieux immeubles gris du réalisme socialiste sont encore debout, leurs balcons empilés les uns sur les autres comme des classeurs écaillés dans une administration, les trous de grenades recouverts de rustine en crépi.

Il a suffi d’un nid-de-poule… J’ai dû réprimer le vieil instinct – baisser la tête. Ces courses démentes. On traversait l’allée des snipers à deux cents à l’heure, courbés sur les sièges, le souffle court entre les jambes, les carcasses rouges des tramways empilées les unes contre les autres pour défendre la ligne de front. Je me retourne vers Pietro. Il n’a pas de gilet pare-balles. Je me mords la joue. Du calme… »

Ouf…

Nous nous dirigeons vers l’aéroport où c’est encore plus brumeux et humide, et ce, en raison de la proximité des trois rivières qui coulent à Sarajevo.

Nous traversons le quartier Ilidža, qui avant la guerre 1992-1995 était un quartier serbe. D’ailleurs, au terme du conflit 1992-1995, une grande partie du quartier a été cédée à la République serbe de Bosnie.

Tout près, il y a le quartier Butmir, qui lui est bosniaque. C’est dans cette petite municipalité que l’on retrouve l’aéroport de Sarajevo, qui par ailleurs est souvent nommé l’aéroport de Butmir!

La guerre en Bosnie-Herzégovine
La proximité de l’aéroport entraîne Dino à nous parler de cette fameuse guerre, et ce, vraisemblablement pour nous préparer à notre prochaine visite, le « Tunnel de Sarajevo ».

Il faut savoir que durant la guerre, l’aéroport était gardé par les troupes des Nations unies et que durant presque toute la durée du siège de Sarajevo, l’aéroport est devenu une sorte de pont humanitaire!

« Notre guerre a commencé en avril 1992 », nous précise notre guide. « À l’époque, pour reconnaître la Bosnie-Herzégovine comme pays indépendant, la Communauté européenne avait exigé la tenue d’un référendum. Celui-ci fut tenu les 29 février et 1er mars 1992! Seulement 63,4 % des électeurs éligibles votèrent, mais ceux-ci se prononcèrent à 99,7 % en faveur de l’indépendance. Les Serbes de Bosnie-Herzégovine s’abstinrent de voter!

Suite aux résultats de ce scrutin, la Communauté européenne et la Croatie voisine ont reconnu le nouveau pays le 6 avril 1992. Les États-Unis ont fait de même le lendemain. Le drapeau de la Bosnie-Herzégovine fut donc hissé à l’ONU. Il n’en fallait pas plus pour que les Serbes attaquent la Bosnie...

La Bosnie-Herzégovine n’était pas préparée à cette guerre, elle ne possédait ni armée ni armes.

Durant ce conflit, Sarajevo fut privé d’électricité, d’eau et de chauffage durant plusieurs années! »

Pour se faire une idée assez juste de ce qu’a été le siège de Sarajevo, Dino nous recommande le roman « Le violoncelliste de Sarajevo », écrit par un Canadien, Steven Galloway.

Le tunnel
Nous descendons du car à 9 h 15, tout juste à côté de l’aéroport. Il y a là l’entrée d’un tunnel, qui à l’époque faisait 800 mètres de long par un mètre de large et 1,6 mètre de haut. Il a été creusé dans le plus grand secret par une poignée d’habitants de Sarajevo.

Ce tunnel partait de la ville de Sarajevo et passait sous l'aéroport pour finalement aboutir à Butmir au pied du mont Igman.

Les Serbes, ayant appris l'existence du tunnel, ont tout tenté pour le détruire en bombardant la région et en tentant d’inonder le passage en creusant eux aussi un tunnel, mais ils ne réussirent pas.

Dino précise que « les forces de l'ONU étaient au fait de l’existence du tunnel, mais elles n’ont rien fait pour le détruire, ni pour le protéger d’ailleurs ».

Aujourd’hui, il ne reste du tunnel qu’une section de 30 mètres, le reste s’étant écroulé avec le temps. C’est la portion du tunnel que nous allons traverser!

Tunnel de Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : La bâtisse où aboutit le tunnel de Sarajevo à Butmir au pied du mont Igman.

Tunnel de Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photos ci-dessus : L’entrée du tunnel.

Nous descendons. Les plus grands d’entre nous doivent se pencher pour avancer, c’est sombre et humide. Et heureusement nous sortons rapidement dans une sorte de cour intérieure.

Il y avait des rails dans le tunnel. Ils servaient à transporter les marchandises.

Tunnel de Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Tunnel de Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photos ci-dessus : Claustrophobe s’abstenir!

Puis, nous entrons dans une salle de la petite maison au-dessus du tunnel. Nous y regarderons un court film d’une quinzaine de minutes sur la guerre et le tunnel.

Nous sommes assis sur des boîtes de bois…, celles où étaient entreposées les munitions à l’époque où le tunnel était utilisé.

Le film est titré « Sarajevo 1992-1995 ». Nous y voyons des tirs d’obus sur des édifices de la ville, des bâtiments en flamme, ceux-là mêmes que nous avons croisés sur la rue principale de Sarajevo il y a quelques minutes!

Nous pouvons constater qu’il y avait de l’eau dans le tunnel, car le sol était marécageux nous explique-t-on.

Nous voyons qu’on y faisait passer de la nourriture, des animaux, des armes et des personnes. Le film nous montre la désolation et la peur dans les yeux de ceux qui empruntent le tunnel. C’est un hommage au courage et à la débrouillardise de ces gens.

Après la projection, nous entrons dans un petit musée où sont exposés des objets de la guerre et plusieurs photos bouleversantes de l’époque.

Nous sortons et pouvons constater que la maison porte encore les stigmates de la guerre.

Tunnel de Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : Une maison affichant encore aujourd’hui des traces de balles!

En route pour Baščaršija, le centre historique turc de Sarajevo
Nous remontons dans le car à 10 heures et prenons la route en direction de notre hôtel.

Après quelques minutes de trajet, Dino nous précise que nous sommes présentement en
République serbe de Bosnie, « à ne pas confondre avec le pays la Serbie », prend-il le soin d’ajouter. « Il n’y a pas de frontière, car la République serbe de Bosnie est une des deux entités composant la Bosnie-Herzégovine. Elle occupe 54 % du territoire de la Bosnie ».

« Aux Serbes déjà présents en Bosnie-Herzégovine en 1990, se sont ajoutés quelque 300 000 autres, eux qui ont dû quitter la Croatie lors du grand nettoyage ethnique du début des années 1990 », souligne notre guide, encore sous le coup de l’émotion de la visite du tunnel.

Nous apercevons des affiches en alphabet cyrillique.

La République serbe de Bosnie dispose de son propre système de santé et d’éducation et ils ont leurs propres ministères, alors qu’en Bosnie Herzégovine, il y a dix cantons qui gèrent chacun leurs services… et pourtant ils font tous partie d’un même pays.

D’ailleurs, lors de notre passage en Bosnie-Herzégovine, le pays, un peu comme la Belgique, n’avait pas de gouvernement!

En fait, les dernières élections ont eu lieu le 3 octobre 2010, soit depuis un peu plus d’une année au moment de notre visite. D’ailleurs, ce n’est qu’au début de 2012 que les partis politiques en présence se sont entendus sur la composition d’un gouvernement.

Dans son édition du 29 décembre 2011, le journal «Le Courrier des Balkans» mentionnait : «L’accord pour la répartition des ministères, selon le principe d’une représentation égale des trois “peuples constitutifs” du pays, est le suivant : les Croates auront les ministères de la Justice, des Droits de la personne et des Réfugiés, les Serbes auront ceux de l’Économie, du Commerce extérieur, des Relations économiques et des Affaires civiles, tandis que les partis de la coalition SDP (multiethnique)-SDA (musulman) se partageront les ministères des Affaires étrangères, de la Sécurité et de la Défense, ainsi que le ministère des Transports et des Communications. Le nouveau premier ministre sera un Croate.»

Nous croisons un cimetière musulman avec sa multitude de croix blanches, puis un autre, celui-ci chrétien orthodoxe, où les croix sont noires.

Nous avons un magnifique panorama sur Sarajevo tout en bas. « C’est ici que se positionnaient les “snipers” », de lancer notre guide!

À droite, nous voyons l’ancien cimetière juif du XVIe siècle.

On dirait qu’il n’y a pas de cueillette d’ordures ici. Les gens vont déposer leurs sacs de déchets dans de grands conteneurs sur les trottoirs. Ça déborde de tous côtés!

Le car amorce sa descente vers la vieille ville. À gauche, l’ancienne caserne de l’armée yougoslave, celle que les soldats ont désertée en mai 1992.

Nous descendons du car à 10 h 30. Notre accompagnatrice de Voyages Lambert, Johanne Duhamel, et notre guide local, Dino, nous distribuent des figues et nous servent un petit verre de grappa. Nous en avons besoin… moralement, suite à la lourdeur des propos de la matinée, et physiquement, en raison du froid!

Nous marchons jusqu’à l’hôtel pour une pause technique… et pour récupérer nos parapluies, car maintenant il pleut.

Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : Un commerçant s’est installé aux abords d’un des ponts traversant la Miljacka.

Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : Un petit hôtel international.

Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : Les tramways de Sarajevo.

Nous nous rendons sur la rue principale de la vieille ville, sous la pluie.

 Baščaršija, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : Baščaršija sous la pluie!

Nous passons devant la cathédrale catholique du Sacré-Cœur-de-Jésus construite en 1889, à l’époque de l’empire austro-hongrois, eux qui ont annexé la Bosnie-Herzégovine en 1878.

La cathédrale, qui est de style néogothique, a été rénovée partiellement, elle possède deux clochers et deux horloges dorées. C’est joli! Nous constatons que les fondations du bâtiment sont trouées de balles. Dino, mentionne qu’à l’intérieur c’est plein de vitraux. Dommage, nous ne les verrons pas, car nous n’y entrons pas!

Cathédrale catholique du Sacré-Cœur-de-Jésus, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : La cathédrale catholique du Sacré-Cœur-de-Jésus et ses deux clochers affichant des horloges.

Dino nous parle longuement devant la cathédrale. Il est difficile de le suivre, car il saute du coq à l’âne… et il pleut de plus en plus fort!

Pharmacie de la vieille ville, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : Nous croisons ce bâtiment de style austro-hongrois, qui abrite une pharmacie, « Apoteka stari grad », Pharmacie de la vieille ville!

Nous poursuivons et arrivons devant une église orthodoxe. Il s’agit de la cathédrale serbe orthodoxe de la Nativité.

Cathédrale serbe orthodoxe de la Nativité, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : La cathédrale serbe orthodoxe de la Nativité… que nous ne visiterons pas.

Nous reprenons notre promenade. Nous voici sur une place publique où il y a plusieurs boutiques et, au centre, des danseurs qui donnent un spectacle de folklore.

Troupe folklorique, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Troupe folklorique, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photos ci-dessus : Une troupe folklorique donnait un spectacle sous la pluie.

Dino commence à nous raconter un film se rapportant à l’époque de la guerre en Bosnie-Herzégovine. C’est l’histoire d’une femme qui doit avouer à sa fille qu’elle est née du viol de sa mère par un soldat serbe. Avant de conclure son histoire, Dino se met à pleurer et doit s’interrompre.

Après quelques recherches sur Internet, j’en arrive à la conclusion qu’il nous a parlé du film «Sarajevo mon amour», un film dramatique de Jasmila Zbanic sortit sur les écrans en 2006. On peut lire le synopsis suivant dans l’encyclopédie libre Wikipédia :

« Esma, mère célibataire, vit avec sa fille de douze ans, Sara, dans le Sarajevo d'après-guerre. Sara souhaite partir en voyage scolaire, et Esma commence à travailler comme serveuse dans une boîte de nuit afin d'économiser l'argent nécessaire. Sara devient amie avec Samir qui, comme elle, n'a pas de père. Leurs pères respectifs sont supposés morts en héros. Samir est surpris que Sara ignore les circonstances du décès de son père : son père à lui a été massacré par les Chetniks (1) près de Žuč parce qu'il refusait de quitter la tranchée qu'il défendait. Pourtant, chaque fois que mère et fille évoquent ce sujet délicat, les réponses d'Esma se font vagues. La situation se complique alors que l'école propose d'emmener gratuitement les enfants en voyage, à condition qu'ils fournissent un certificat prouvant que leur père est mort en héros. Esma explique à Sara que le corps de son père n'a jamais été retrouvé, et donc qu’elle ne possède pas un tel certificat. Elle promet cependant d'essayer de l'obtenir.

En réalité, elle tente d'emprunter l'argent dont Sara a besoin, auprès de son amie Sabina, de sa tante et de son employeur. Sara ne peut se défaire du sentiment que quelque chose ne va pas. Choquée de découvrir qu'elle ne figure pas sur la liste des enfants de héros de guerre dressée par l'école pour le voyage, elle se bagarre avec un camarade de classe et, reprenant à son compte l'histoire du père de Samir, lui raconte que son père a été massacré par les Chetniks dans la tranchée qu'il défendait. Une fois rentrée chez elle, Sara interroge sa mère et exige de connaître la vérité. Esma craque et lui révèle brutalement les faits : elle a été violée dans un camp de prisonniers, et forcée de garder l'enfant né de ce viol. Sara réalise soudain qu'elle est l'enfant d'un Chetnik, mais le fait de connaître la vérité lui permet de commencer à surmonter le traumatisme.

Finalement, Sara part en voyage et fait signe à sa mère au dernier moment. Dans le car, les enfants chantent une chanson populaire évoquant Sarajevo, Le Pays de mes rêves, et Sara reprend l'air à son tour, concluant le film sur une note optimiste. »

(1) L’encyclopédie libre Wikipédia propose la définition suivante pour le terme Chetniks : « Les membres de l’Armée yougoslave de la patrie sont généralement désignés sous le terme de Tchetniks, également orthographié Chetniks. Četnik signifie en serbe :Membre d'une compagnie militaire ou de manière plus générique Combattant armé. Bien que d'autres groupes armés aient pu, à des époques différentes, être désignés sous ce nom, le terme de Tchetniks désigne généralement, depuis la Seconde Guerre mondiale, l'Armée yougoslave de la patrie. »

Après une telle lecture, l’émotion de notre guide nous semble des plus logique, lui qui est Bosnien et qui a vécu la guerre.

Après cet émouvant épisode, Dino nous mène vers une grande place où, nous dit-il, « jadis quelque 300 personnes et 70 chevaux pouvaient s’y retrouver ». La place abrite un café sous un tilleul. C’est le caravansérail de Morica Han. Au-dessus, on y trouve des chambres pour les voyageurs et un restaurant.

Caravansérail de Morica Han, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : La devanture du restaurant du caravansérail.

La Grande Mosquée Gazi Husrevbegova
Après ce court arrêt, nous nous dirigeons sur une rue piétonne vers une mosquée, la Grande Mosquée Gazi Husrevbegova, un bâtiment construit en 1531. Avant la guerre, il s’agissait d’une des plus belles mosquées des Balkans, un symbole architectural de la période ottomane. Mais, durant la guerre de 1992-1995, elle fut lourdement endommagée et sa reconstruction financée par des fonds saoudiens lui a enlevé une grande partie de son charme.

Nous arrivons à la grande mosquée que nous devons visiter… mais elle est fermée jusqu’à 15 heures.

Grande Mosquée Gazi Husrevbegova, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : Une des entrées de la mosquée Gazi Husrevbegova.

Grande Mosquée Gazi Husrevbegova, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : Un endroit extérieur pour la prière.

Grande Mosquée Gazi Husrevbegova, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : Le minaret de la mosquée Gazi Husrevbegova. Étant donné la grande proximité de la mosquée et de notre hôtel, c’est fort probablement le muezzin de cette mosquée dont nous avons entendu l’appel à la prière la nuit dernière.

Pour parer à ce contretemps, notre guide téléphone au restaurant où nous devons dîner, mais ils ne peuvent nous recevoir avant 13 heures 30 et il n’est que 12 h 20!

Le guide nous donne rendez-vous devant le restaurant à 13 h 15! Il pleut. Ce serait un euphémisme que de dire que nous n’étions pas contents. Surtout que notre hôtel était à deux pas et que personne n’a cru bon de nous en informer.

Nous nous promenons dans le quartier. J’en profite pour acheter une veste de laine, car j’ai froid et que nos vêtements sont mouillés.

À 13 h 15 nous nous rendons au Restauran Pod Lipom, un restaurant de spécialités bosniennes.

Nous y mangeons très bien. Pain succulent, bonne soupe qui nous réchauffe, des rouleaux à la viande, un délice. Nous sommes quatre à notre table et on nous amène pour dessert, quatre plats différents. Génial!

Le propriétaire, un ami de Dino, nous précise que l’ex-président américain, Bill Clinton a mangé ici. Il nous remet d’ailleurs une carte postale sur laquelle une photo le montre en compagnie de l’ex-président américain!

Nous quittons le restaurant à 15 heures sous la pluie pour nous rendre à la Grande Mosquée!

Après que Dino et notre accompagnatrice de Voyages Lambert eurent acheté nos billets, nous y entrons. Nous sommes le seul groupe à l’intérieur.

Grande Mosquée Gazi Husrevbegova, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Grande Mosquée Gazi Husrevbegova, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Grande Mosquée Gazi Husrevbegova, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Grande Mosquée Gazi Husrevbegova, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : L’intérieur de la mosquée Gazi Husrevbegova.

Mais, dix minutes après notre arrivée, deux fidèles arrivent pour prier. Ils enguirlandent vertement notre guide, car pour eux la présence d’infidèles en leur lieu de prière est inacceptable!

Nous sortons…

La poisse nous colle vraiment à la peau aujourd’hui!

Dino nous explique que la mentalité des musulmans de la capitale est mauvaise, tant pour la ville que pour le tourisme. « L’administration municipale a besoin d’argent pour entretenir les édifices publics, donc demande aux gens d’accueillir les touristes. Mais, les musulmans veulent leur mosquée pour eux seuls, se foutant éperdument du côté pratique des choses. »

Grande Mosquée Gazi Husrevbegova, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : Si seulement deux fidèles priaient à l’intérieur de la mosquée, à l’extérieur ils étaient passablement plus nombreux.

En sortant de la mosquée, nous apercevons deux mausolées, un petit et un gros côte à côte. Gari Husrev Begova repose dans le plus imposant.

Nous terminons ainsi nos visites de Sarajevo à 15 h 30 et rentrons à l’hôtel transis!

Notre chambre à l’Hôtel Art, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : Ce n’est qu’en arrivant dans notre chambre, au terme de notre journée de visites, que nous constatons que le tapis de la chambre pourrait bien servir de tapis de prière.

Souper bosnien
Nous retrouvons le groupe à 20 heures pour un souper dans un restaurant de spécialités. Nous partons à pied et marchons quelque 15 minutes pour nous y rendre. Heureusement, la pluie a cessé.

Les sièges du restaurant sont des bancs en bois très inconfortable. On nous sert de la grappa en guise d’apéro… et une bouteille de vin pour Céline et moi, puisque les deux personnes qui partagent notre table ne prennent pas de vin. Ouf!

Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : Lors du service de l’apéro, une des membres du groupe qui croyait qu’on lui servait de l’eau a demandé au serveur de bien remplir son verre!

Il y a un guitariste et une chanteuse. Celle-ci se nomme « Dragana », Dino semble bien la connaître. La musique est très forte et nous éprouvons des difficultés à nous entendre. Assez curieusement, environ les trois quarts des chansons interprétées provenaient du répertoire américain!

Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : Notre chanteuse d’un soir, « Dragana .

Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.

Photo ci-dessus : Les gens du groupe, dirigés par notre guide Dino, ont tout de même profité de la soirée pour s’amuser.

Le souper a consisté en une entrée d’antipasti et une assiette de poissons. Céline, qui ne mange pas de poisson, a eu droit à du bœuf, le tout servi avec quelques légumes. Pour dessert, un succulent gâteau aux noix

Méli-mélo
La Bosnie-Herzégovine a été successivement romaine, slave, hongroise, ottomane, austro-hongroise et yougoslave !

Les Turcs ont occupé la Bosnie-Herzégovine jusqu’en 1878, laissant un héritage toujours bien présent aujourd’hui.

La Bosnie a ensuite été annexée à l’empire austro-hongrois.

Beaucoup de familles juives ont immigré en Bosnie à la fin du XVe siècle, notamment en provenance d’Espagne d’où les Rois Catholiques les avaient chassés. Aujourd’hui, il n’y a plus que 700 familles juives habitant Sarajevo.

Durant la guerre 1992-1995, des terroristes arabes provenant de l’Arabie Saoudite et de l’Iran sont venus ici pour faire la guerre et ainsi influencer les musulmans d’ici. Ces derniers n’acceptent pas les Arabes, ils ont été plus influencés par la Turquie.

Selon Dino, 700 mosquées ont été détruites durant la guerre.

En Serbie, dont Belgrade est la capitale, 700 mosquées ont été brûlées durant les guerres du début des années 1990.

Aujourd’hui à Sarajevo, il y a une importante industrie de pièces d’autos.

Il fut un temps où Sarajevo était la deuxième ville en importance dans l’Empire ottoman, après Istanbul.

Sarajevo est fort populaire auprès des touristes. Elle est la première ville qu’ils visitent en Bosnie-Herzégovine. Ici, il y a aussi de nombreuses ambassades et plusieurs consulats.

L’agriculture, tout comme l’industrie du bâtiment, est en plein essor en Bosnie-Herzégovine.

Curieusement, nous mentionne notre guide, il y a un lobbying assidu auprès des élus pour favoriser l’importation, alors que pourtant les produits existent déjà ici.

Sarajevo compte sur une population de tout près de 500 000 habitants. Quelque 200 000 voitures arpentent les rues quotidiennement.

Les nationalistes, qui ont gagné de justesse aux dernières élections, veulent, au dire de Dino, séparé la Bosnie de l’Herzégovine.

Fête nationale de la Croatie
Dans notre texte relatant notre visite de la ville de Šibenik (Un tout petit arrêt pour voir une très grande cathédrale, celle de Šibenik) nous mentionnions ce qui suit :

“Aujourd’hui, 8 octobre, nous annonce Ivana, c’est la fête de l’indépendance de la Croatie. Les commerces sont fermés, sauf quelques boutiques pour touristes.” Toutefois, mentionnons que la fête nationale de la Croatie est fêtée le 25 juin de chaque année!

Le fait que la fête de l’indépendance soit le 8 octobre et que la fête nationale de la Croatie soit le 25 juin nous chicotait !

Finalement, lors de nos recherches relatives aux guerres ayant sévi en ex-Yougoslavie, nous avons trouvé notre réponse.

Le parlement de la Croatie a déclaré son indépendance le 25 juin 1991, toutefois, quelques jours plus tard, soit le 7 juillet, la Croatie, tout comme la Slovénie d’ailleurs, a accepté un moratoire de trois mois sur l’application de sa déclaration d’indépendance. Et, à l’échéance du moratoire, le 8 octobre, la Croatie est devenue indépendante… d’où la fête de l’indépendance du 8 octobre !

À suivre
Trajet de Sarajevo à Dubrovnik!

Port de Dubrovnik, Croatie.

Photo ci-dessus : Notre première vue de Dubrovnik ! Trois beaux bateaux de croisière.

Bibliographie
Encyclopédie libre Wikipédia, Croatie, Istrie, Opatija, Poreč, Rovinj, Dalmatie, Pag, Zadar, Trogir, Šibenik, Split, Hvar, Bosnie-Herzégovine, Počitelj, Mostar, Sarajevo et une foule d’autres pages;

Atlas en fiches (La Croatie, l’Istrie, l’économie de la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, Sarajevo, l’économie de la Bosnie-Herzégovine) , Éditions Atlas, 2008;

Bosnie-Herzégovine, Turistička Naklada D.O.O. Zagreb, 2008, 160 pages;

Croatie, merveille de l’Adriatique, Éditions Minerva, 2004, 128 pages;

Dalmatie, Histoire, culture, patrimoine artistique, Forum, Zadar, 2008, 156 pages;

Guide Voir, Croatie, Éditions Libre Expression, 2008, 296 pages;

L’agonie yougoslave (1986-2003), Renéo Lukic, Les presses de l’Université Laval, 2003, 613 pages;

Le croate pour les touristes, Extrade, 2007, 159 pages;

L’Istrie, Turistička Naklada D.O.O. Zagreb, 2007, 128 pages;

Lonely planet, Croatie, Lonely Planet Publication, 2011, 352 pages;

Patrimoine mondial de l’UNESCO , Éditions UNESCO, 2009, 832 pages.

Venir au monde, Margaret Mazzantini, Robert Laffont, 2010, 460 pages.

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  1. Bonjour Jacques et Céline,

    Je suis avec un grand intérêt votre récit sur notre voyage en Croatie. J’ai toujours hâte au prochain. Bravo Céline pour les moindres détails (heures des départ, description de ce que tu as vu, etc..), dont tu as pris note. Votre site est très culturel. Bon sang! vous en avez fait des recherches.

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